[size=undefined]Patrick Juignet, Psychisme, 2011.[/size]
Anxiété et phobies sont des symptômes qui peuvent être rencontrés dans toutes les sphères de la psychopathologie. Nous nous intéressons ici à celles qui se manifestent chez une personne dont le psychisme est organisé sur un mode névrotique chez qui ces symtômes vont prendre une importance dominante.
PLAN
Clinique
L’enfance
L’angoisse est très fréquente dans l’enfance, mais toutes les angoisses ne se ressemblent pas. L’angoisse névrotique, c’est à dire qui est en rapport avec la structuration névrotique de la personnalité, apparaît vers quatre ans. Elle se manifeste par des crises anxieuses associées à une expression somatique (étouffement, spasmes digestifs) ou des peurs comme la peur du noir ou des autres enfants.
Ces peurs, vagues et variables, plus tardivement s’organisent en phobies permanentes (des gros animaux, de l’école par exemple). Souvent des terreurs nocturnes, des cauchemars, précèdent l’installation de la phobie. On a tendance à qualifier abusivement de phobie toutes les peurs de l’enfant. Ces troubles nocturnes produisent des insomnies, une énurésie, qui peuvent alarmer les parents.
La famille est généralement stable, structurée et structurante, mais un peu trop. Elle surprotège l’enfant.
Les phobies et l’angoisse parfois disparaissent ou au moins s’atténuent vers dix ans pour reparaître au début de l’adolescence ou plus tard à l’âge adulte. Toutefois cela n’est pas systématique et l’on trouve des sujets pour lesquels les phobies et l’angoisse sont constantes depuis l’enfance.
Du point de vue du caractère, l’enfant est craintif, timide, inquiet, avec une tendance à l’évitement et à la fuite. Il cherche à passer inaperçu, s’isole de ses camarades, évite les conflits. Ce caractère inquiet est généralement présent dès la seconde enfance et perdure pendant l’adolescence et à l’age adulte.
Caractère
Le sujet adulte agit peu et se limite constamment. Il a peur de mal faire, de se tromper ou bien considère que le destin rend inutile ses initiatives. La tendance au repli est fréquente : la personne a une vie refermée, elle diminue ses contacts.
Le phobique a une tendance à l’introspection sous forme d’une mentalisation douloureuse des problèmes associée à des rationalisations. Il est fataliste considérant que l’on doit se contenter de ce que l’on a. Timide et se sentant moins important que les autres, il se valorise peu.
Le sujet se sent fatigable, il a le sentiment d’avoir peu d’énergie, peu de ressources. Tout ceci entraîne une absence de réalisations satisfaisantes que ce soit dans le domaine professionnel ou relationnel. Il s’ensuit un vécu de frustration.
Les conduites
L’activité pratique et professionnelle est limitée, mais peut être efficace. La personne a peu d’ambition, ne prend pas d’initiative et évite de se faire remarquer. Elle se laisse parfois dominer par les collègues ou les amis et en souffre. Il y a une tendance à la passivité au fatalisme.
La personne a peu de contacts car le rapport à l’autre est pénible. Se sentant inférieure et ne sachant pas bien se défendre elle a tendance à fuir pour éviter les désagréments. Cela peut aboutir à la solitude.
Il y a générale une inhibition et peu d’appétence sexuelle qui entraîne une diminution de la vie sexuelle. Les relations sexuelles sont insatisfaisantes et rares, parfois remplacées par la masturbation, elle même culpabilisée.
L’angoisse
L’angoisse est une réaction associant des phénomènes somatiques et mentaux. Dans le cas d’une personnalité névrotique, l’angoisse est d’une intensité variable, mais elle ne prend jamais une forme déstructurante.
Elle se manifeste typiquement sous forme d’une anxiété chronique. Le fond permanent d’anxiété se traduit par une inquiétude permanente avec hyperémotivité, une instabilité, et des difficultés d’attention. Sur le plan somatique on note une tension musculaires, des somatisations fonctionnelles de type neurovégétatif : transpiration, sécheresse de la bouche, gène cardio-respiratoire. La personne est tendue, aux aguets, dans l’attente de quelque chose.
Il peut y avoir un retentissement fâcheux sur le sommeil qui entraîne une fatigue et une baisse de l’efficacité. Le risque de déclenchement de l’angoisse provoque une surangoisse car le sujet craint qu’elle ne se déclenche à nouveau.
On trouve aussi des crises d’angoisse aiguë. La crise se présente le plus souvent comme une exacerbation du fond anxieux mais elle est parfois inaugurale. Elle débute de manière précise. Elle est rapportée à un incident et fait après-coup l’objet de rationalisations plus ou moins élaborées. La personne est saisie d’une crainte extrême associée à l’idée d’une catastrophe imminente. Celle-ci est parfois précisée (crainte de la mort, de la folie). Il peut y avoir une sidération de toute mentalisation, un vide, une incapacité à penser à quoi que ce soit, une perte des repères.
Les aspects somatiques fonctionnels sont constants et souvent au premier plan. Ce sont des troubles neurovégétatifs respiratoires (sensation d’étouffement) ou cardio-vasculaires (précordialgies, palpitations, lipothymies, syncope). Parfois ce sont des signes digestifs (estomac noué, nausées, diarrhée, coliques) ou urinaires ( miction impérieuse, spasmes). Les aspects neuro-musculaires et neuro-sensoriels sont fréquents. Il s’agit de dysesthésies, de paresthésies, de tétanie, de paralysies.
الجمعة فبراير 19, 2016 9:46 am من طرف سوسية