Une écriture préhistorique ?
Comme vous le savez, la préhistoire s'arrête avec l'apparition de l'écriture. Le titre peut donc sembler étrange, car officiellement, l’écriture est née à Sumer, en Mésopotamie, au IVe millénaire avant notre ère.
Pourtant, en examinant au microscope, un jour de 1965, un fragment d’os de renne vieux de 32 000 ans, l’archéologue américain Alexander Marshack a cru y discerner une forme d’écriture.
En effet, à la vue de ces marques, il eut le sentiment que ces tracés gravés en zigzag étaient délibérés.
Des marques analogues ont été découvertes sur d’autres vestiges de la période glaciaire. Ces marques ont toujours été considérées comme de vulgaires graffitis.
Mais, pour Marshack, cet os, fragment d’un outil de l’homme de Cro-Magnon, découvert en Dordogne en 1911, portait la plus ancienne notation humaine.
Pour lui, les hommes préhistoriques connaissaient déjà une forme de communication écrite.
Il a émis l’hypothèse selon laquelle ces inscriptions seraient de nature astronomique. Un homme de Cro-Magnon aurait consigné le passage des saisons en relevant les phases de la Lune sur un « carnet » en os.
Depuis 1965, cet archéologue a découvert ce qu’il considère être des calendriers lunaires sur une quinzaine d’objets de la période glaciaire.
Simples graffitis ou communication écrite ?
Ces vestiges portent d’autres notations qui seraient relatives aux trophées de chasse.
Autant dire que cette théorie du calendrier est très controversée et non reconnue officiellement.
Outre les scientifiques qui ne voient dans ces annotations aucune signification particulière, d’autres leur attribuent une signification différente de celle de Marshack.
C’est le cas du géologue-archéologue Jean de Heinzelin, dont l’interprétation a de quoi surprendre.
Selon lui, les traits et les points figurant sur les outils seraient en fait la plus ancienne arithmétique du monde.
Les hommes de la dernière glaciation, affirme-t-il, utilisaient un système de calcul de base dix et jonglaient avec les nombres premiers.
Toute interprétation est toujours sujette à controverse. Cependant, nous savons que l’homme de Cro-Magnon était plutôt coquet. C’était, de plus, un artiste accompli. Les peintures rupestres sont là pour en témoigner.
Cet ancêtre, que nous considérons comme primitif, possédait un sens artistique indéniable.
Ces inscriptions ne sont pas, à mon avis, de vulgaires graffitis sans aucun sens. Elles devaient certainement en avoir un pour ces hommes.
Mais peut-on parler de communication écrite ? Je vous laisse juge.
V.Battaglia (22.01.2006)