Les cerveau est toujours en activité, donc il pense toujours (Ph. Nickolai Kashirin via Flickr CC BY 2.0)
“En neurosciences, toutes les activités cérébrales sont des pensées. Qu’on soit en phase de sommeil, dans le coma ou éveillé, le cerveau est en activité, donc produit des pensées. Il peut moduler son activité, mais ne s’arrête jamais. En fait, le seul moment où on ne pense pas, c’est quand on est mort”, explique Bernard Mazoyer, spécialiste de neuro-imagerie cognitive à l’université de Caen. Je suis, donc je pense, en somme !
Cela dit, tout dépend de ce que vous aviez en tête en utilisant le terme “penser”. Les neuroscientifiques, eux, parlent plus souvent de processus d’imagerie mentale (visuelle, auditive, langagière, motrice…) et différencient les images conscientes des images spontanées.
Penser à rien sollicite un “réseau par défaut”
S’il s’agit pour vous aussi de savoir si, en état d’éveil, certaines images mentales peuvent ne pas atteindre le champ de la conscience, il est indéniable que c’est le cas. Il suffit que notre cerveau ne soit pas accaparé par un objectif précis pour que des pensées spontanées s’y produisent, mais sans nécessairement toutes accéder à la conscience. Sans compter que l’accès à la conscience peut être modulé, par exemple par l’hypnose ou la méditation. Mais même cette dernière ne permet pas, contrairement aux idées reçues, de se vider la tête : “
La méditation est la forme de pensée la plus contrôlée qui soit, celle qui consiste à se focaliser sur un type unique de pensée”, affirme Bernard Mazoyer.
Il semblerait donc que même quand on a l’impression de ne “penser à rien”, on pense quand même. Sauf que nos rêveries ne sollicitent pas la même zone du cerveau que la réflexion consciente. On le sait depuis l’avancée des techniques de neuro-imagerie des années 1990, grâce notamment à l’IRM fonctionnelle qui permet de visualiser les aires cérébrales qui s’activent ou se désactivent dans une situation mentale donnée, explique Jean-Philippe Lachaux, chercheur à l’Inserm : “
Quand on ne fait rien de précis, c’est un ensemble de zones réparties dans les lobes frontal et pariétal qui est le plus actif, on l’appelle le réseau par défaut.”
Plutôt que penser, vagabonder
Ce réseau qui gère nos pensées spontanées est encore mal connu, mais plusieurs études scientifiques récentes ont montré que le vagabondage mental (daydreaming), qui peut occuper jusqu’au tiers de notre temps d’éveil, stimule la créativité car le réseau par défaut aurait tendance à provoquer des associations inédites entre les neurones.
S.O.
D’après S&V n°1113 > Lire également