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 Le capitalisme peut-il être moral?

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جنون
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26022016
مُساهمةLe capitalisme peut-il être moral?



Le capitalisme est le système de production et d'échanges de biens marchands dans le quel celui qui dispose d'un capital de départ vise à maximiser son profit propre (privé) en faisant usage du travail ou des services de salariés qui vendent ou louent leur force de travail au profit  de qui les emploie et les paie, à savoir de qui dispose par son propre fond ou par emprunt  d'un capital financier pour ce faire. Le profit privé plus value ou bénéfice ou intérêt du capital investi est donc le seul but du capitaliste, comme la maximalisation de son salaire celui du salarié, (ce qui implique un conflit ouvert ou latent entre profit et salaire ). Ainsi le capitalisme transforme le capital investi est une relation sociale d'exploitation entre capital et travail en vue du profit du capitaliste.  De ce fait, le capitalisme  instaure le règne de l'égoïsme dans les relations économiques et des rapport sociaux qui sociaux de production et d'échange qui en découlent procèdent . En cela le capitalisme n'est pas et n'a pas à être moral au sens du souci altruiste qui consiste à travailler ou à s'employer au service des autres.

Mais la notion de morale est ambiguë: On peut distinguer 3 sens dans l’usage que l’on fait de ce terme
la morale peut faire référence:
1) Soit à des valeurs universelles en droit susceptible de promouvoir l’entraide et la coopération pacifique, donc la concorde civile. C’est la morale politique de la justice
2) Soit à des valeurs qui visent à instaurer des rapports purement généreux et désintéressés (et donc gratuits) entre les hommes et exigent le sacrifice consenti (obligation) de tout ou partie de l’intérêt personnel au profit des autres et de la communauté voire de l’humanité toute entière. C’est la morale "religieuse" de l’altruisme universel, de l’amour, de la charité et de la compassion. active.
3) Soit il s’agit de règles de comportement qui rendent possibles l’accord durable entre des partenaires en vue de la promotion de leurs intérêts mutuels. Il vise la confiance des partenaires les uns vis-à-vis les autres qui passe par le respect des contrats et des droits des parties contractantes, sans souci de l’universel humain, ni valeurs ou principes d’action transcendant le jeu des intérêts particuliers. C’est la morale économique des affaires et du droit y afférant (sans jeu de mot)
Il est clair que le capitalisme, du point de vue de ses finalités, n’a rien à faire de la notion 2 de la morale ; sa visée c’est le profit de ceux qui investissent et le moyen, la satisfaction des clients et le contexte, la plus ou moins libre concurrence (le but étant pour chaque entreprise de détenir le monopole ou la position hégémonique ou au moins dominante sur le marché)
 Le capitalisme n’a pas à être moral au sens 2, mais à l’être au sens 3, sauf à perdre la confiance indispensable à son fonctionnement efficace (ex: l’importance de l’image de marque et de l’honnêteté commerçante et contractuelle). Quant u sens un cela relève de la responsabilité de la politique au sens démocratique du terme. La démocratie est donc le moyen d’obliger le capitalisme d’être moral au sens 1 (justice sociale), sauf à s’auto-détruire et à accepter la violence comme mode normal des relations entre les hommes .En l’absence de religion compensatrice politiquement dominante la violence civile est a conséquence nécessaire de l’injustice sociale.
Et encore lorsque celle-ci devient insupportable et la violence sociale prend alors la forme de la violence religieuse: le pire de toute car marquée par le délire de l’absolu.
Donc le capitalisme n’est pas spontanément moral au sens 1 et encore moins au sens 2 et il est absurde de demander qu’il le devienne par lui-même, c’est à la puissance publique de le contraindre à l’être au sens 1 en vue de la paix civile. Le capitalisme démoralise spontanément la société au sens 1 et 2. En cela il est par nature amoral, voire immoral au sens 1 si on le laisse faire (ou si on ne régule pas son fonctionnement en vue de réduire les inégalités). La capitalisme a sa morale la 3 qui n’est pas négligeable en cela qu’elle fait du contrat et non de la violence physique ouverte la norme des relations humaines (Le commerce vaut mieux quel la razzia et le meurtre). 

La morale publique et laïque (la 1) ou mieux la justice sociale et les droits des hommes relèvent de l’autorité de la politique et non de l’économie (capitaliste fractionnée ou d’état, comme l’expérience historique l’a montré). Laissons donc le sens 2 à la foi religieuse privée, elle ne peut valoir comme valant pour tous dans une société pluraliste et libérale (donc démocratique), sauf à vouloir l'abattre par une révolution qui instaurerait un état totalitaire qui prétendrait opérer une révolution morale de l’économie par la force, voire par la terreur physique ou religieuse (symbolique pour le non-croyant, mais très réelle pour le croyant).
Le 27/05/07



Le capitalisme peut-il être moral ?
Le capitalisme est le système de production et d'échanges de biens marchands dans lequel celui qui dispose d'un capital de départ vise à maximiser son profit propre (privé) en faisant usage du travail ou des services de salariés qui vendent ou louent leur force de travail au profit de qui les emploie et les paie, à savoir de qui dispose par son propre fonds ou par emprunt d'un capital financier pour ce faire.
Le profit privé, plus value ou bénéfice ou intérêt du capital investi, est donc le seul but du capitaliste, comme la maximalisation de son salaire celui du salarié, (ce qui implique un conflit ouvert ou latent entre profit et salaire ). Ainsi le capitalisme transforme le capital investi est une relation sociale d'exploitation entre la capital et la travail en vue du profit du capitaliste. De ce fait, le capitalisme instaure le règne de l'égoïsme dans les relations économiques et des rapports sociaux de production et d'échange qui en découlent procèdent. En cela le capitalisme n'est pas et n'a pas à être moral au sens d'altruiste. Mais la notion de morale est ambiguë : On peut distinguer 2 sens dans l’usage que l’on fait de ce terme
1) Soit le terme de "morale fait référence à une vision de la relation aux autres purement altruiste, selon des valeurs qui visent à instaurer des rapports généreux et désintéressés (et donc gratuits) entre les hommes et qui exigent le sacrifice consenti (obligation) de tout ou partie de l’intérêt personnel au profit des autres et de la communauté, voire de l’humanité toute entière. C’est la morale "religieuse" de l’altruisme ou amour universel, qui fonde la charité et la compassion. Ou bien elle fait référence à la tentative rationnelle de Kant pour qui la morale concerne le sphère de l'action par devoir et non pas celle de l'intérêt et/ou du désir qui ne peut qu'être "conforme"à la morale, à savoir respecter les droits et la dignité d'autrui, sans être morale en elle-même. Le capitalisme ne peut être moral selon la vision rationnelle de Kant, mais n'est pas forcément immoral. Le capitalisme dans le meilleur des cas ne peut être qu'a-moral c'est-à-dire conforme aux règles intéressées de la réciprocité universelle contractuelle.
Si, pour Kant, le capitalisme est compatible avec la moralité à la condition que chaque partenaire de la transaction et du contrat commercial ou de travail respecte sa parole propre et les droits d'autrui, il n'en est pas de même du point de vue d'une morale chrétienne qui fait de l'amour universel (absolu chez Dieu) et de la charité les fondements de la morale. Ces deux valeurs fondamentales ne s'incarnent que dans le don gratuit, sans revendication, même cachée, d'un retour ou d'une réciprocité matérielle ou affective. L'attitude morale consiste à renoncer à tout espèce d'égoïsme ou d'intérêt personnel jusqu'au sacrifice de soi dans l'amour de Dieu et des autres dont le Christ, fils de Dieu et Dieu incarné, est l'icône et le modèle absolu. En cela le capitalisme, voire le commerce marchand, est, pour un chrétien authentique, à l'exemple même de la passion (sacrifice) et du message du Christ, doublement immoral : 
Son but est le profit égoïste financier dans la compétition, voire l'exploitation et donc la négation de l'amour désintéressé envers autrui. La charité dans le contexte du capitalisme n'est jamais que l'alibi et le masque trompeur de l'égoïsme qui cherche à se légitimer aux yeux de ses victimes. L'hypocrisie et le détournement du Christ sont donc plus immoral encore en cela que l'injustice et le refus d'amour de l'autre qu'incarne le capitalisme dans les faits prétend se justifier au nom même de la liberté personnelle par le recours au don hypocritement désintéressé du riche au profit des pauvres dans le but de masquer l'injustice de la domination du riche sur la pauvre en le transformant en assisté dépendant de ce prétendu don.
Son moyen est la compétition pour le profit privé, c'est-à-dire la concurrence libre et non-faussée.  Ce moyen unique génère et exacerbe l"égoïsme individuel aux dépens des autres en faisant du don une mystification morale ou un alibi pour le commerce. Mais plus encore en faisant des désirs somptuaires (voire la pub) et de la consommation auto-valorisante la source du seul sens possible de la vie ici-bas, il dissout tout espèce d'altruisme sincère sauf à en faire une occasion de se faire valoir aux yeux des autres pour en profiter. Donner pour recevoir telle est la règle du commerce et le don en apparence gratuit appelle nécessairement un contre don en faisant à autrui obligation de rembourser la dette matérielle et morale ainsi consentie. Le don apparemment charitable est perverti ou converti en dette perpétuelle, en assistance liberticide de l'autre, par la culpabilité permanente qu'il entretient chez l'autre qui ne peut la rembourser, e,n obligation, voire en allégeance vis-à-vis du bienfaiteur.
En cela le capitalisme est profondément immoral, car il est, par principe, incompatible avec les valeurs chrétiennes. Se dire chrétien et pratiquer le capitalisme, c'est dévoyer le christianisme en son essence idéale. Pire encore, c'est tenter de justifier le capitalisme au nom de la liberté personnelle. Ce qui est proprement diabolique, car cela revient est assurer la triomphe de la liberté égoïste de chacun contre la liberté des autres dans le refus de toute solidarité et de la fraternité humaine aimante. 
Si le capitalisme est anti-chrétien dans son but et ses moyens, un chrétien authentique ne peut être qu'anti-capitaliste. C'est pour cela que le christianisme authentique ne peut considérer comme moral que le communisme universel intégral, c'est bien ce que l'on voit dans les actes des apôtres concernant les premières communautés chrétiennes dans lesquelles tout appartenait à tous et où la redistribution était de l'ordre du partage et du don de la communauté à chacun . Marx reprendra cette utopie communiste en refusant le propriété privée des moyens de production et d'échange et plus largement en prévoyant l'abolition dans la société réconciliée, égalitaire, sans riches ni pauvres des relations monétaires et commerciales. Il ne convient pas d'abolir la religion chrétienne a-t-il dit, mais de la réaliser pratiquement en ce monde par la révolution communiste, c'est-à-dire par l'abolition de la propriété privée des moyens de productions et d'échange pour en faire la propriété de tous ceux qui créent et consomment les richesses produites dans l'égalité de fait et non seulement de droit selon le principe, à chacun selon ses besoins ! Le capitalisme est par nature immoral car il est fondé sur la recherche du profit sans limite, c'est-à-dire l'avidité, voire la cupidité des plus riches et l'exploitation de l'homme pauvre , transformé en simple moyen de production, par l'homme riche. Il est aussi immoral en cela que, par la publicité omniprésente dans l'espace social, il tend à faire de tous des consommateurs frénétiques pour lesquels les désirs matériels égocentriques, narcissiques, l'emportent sur l'amour et le partage. Il aggrave nécessairement les inégalités qui lui sont nécessaires pour vivre, du fait que la hausse du taux de profit, voire son maintien, dans la mesure où il tend à baisser, implique la hausse du taux d'exploitation afin de l'emporter dans la concurrence (ex : réduction des salaires moyens dans la monde et délocalisation).
Mais il est clair que la morale chrétienne (ou communiste ou même kantienne) est utopique car trop ambitieuse pour être humaine, elles ne vaut que pour des saints religieux ou purement rationnels ou des moines vivants hors du monde ou coupés de la société réelle et/ou pour des hommes qui n'existent pas, dès lors qu'ils seraient dépourvus de désirs propres et surtout de tout narcissisme ! Sans parler du salut post-mortem, rien ne dit que les plus saints ou déclarés tels renoncent à tout intérêt personnel ne serait-ce que le sentiment auto- valorisant (dignité et estime de soi) de faire le bien autour d'eux en servant Dieu.
De plus cette vision de l'amour universel et sacrificiel de soi ne fait pas d'autrui nécessairement une personne libérée de la dette à l'égard de l'acte d'amour et de générosité dont elle est l'objet ainsi que du sentiment de culpabilité qu'engendre l'inégalité dans le pouvoir de répondre, à son tour, à la mesure de cet amour infini : Elle crée les conditions d'une dépendance permanente aux autres et à Dieu liberticide dès lors que la liberté est aussi d'agir pour soi comme fin, à savoir pour ses propres fins. Elle sacrifie le liberté individuelle réaliste à une exigence utopique et impraticable de solidarité infinie. Elle fait de l'égoïsme le contraire de la liberté en faisant de l'altruisme une libération de soi alors que c'est dans le bon l'usage de cette passion qu'est l'amour de soi que peut s'inscrire une authentique et réaliste solidarité entre des personnes libres
 
2) Soit le terme de morale fait référence à des valeurs universelles en droit susceptible de promouvoir l’entraide et la coopération pacifique, donc la concorde civile. C’est la morale politique de la justice dans le respect la liberté et des intérêts individuels. Elle promeut des règles de comportement qui rendent possibles l’accord durable entre des partenaires en vue de la promotion de leurs intérêts mutuels. Il vise la confiance des partenaires les uns vis-à-vis les autres qui passe par le respect des contrats et des droits des parties contractantes, sans souci de l’universel humain, ni valeurs ou principes d’action transcendant le jeu des intérêts particuliers. C’est la morale économique des affaires et du droit y afférant (sans jeu de mot).
Il est clair que le capitalisme, du point de vue de ses finalités, n’a rien à faire de la notion de la morale purement altruiste ; sa visée c’est le profit de ceux qui investissent et le moyen, la satisfaction des clients et le contexte, la plus ou moins libre concurrence (le but étant pour chaque entreprise de détenir le monopole ou la position hégémonique ou au moins dominante sur le marché)
 Si le capitalisme n’a pas à être moral au sens 1, doit-il et peut-il l'être au sens 2 ? 
Certainement oui, sauf à perdre la confiance indispensable à son fonctionnement efficace (ex : l’importance de l’image de marque et de l’honnêteté commerçante et contractuelle), mais ce sens 2 relève de la responsabilité de la politique au sens démocratique du terme, car le capitalisme est spontanément anti-concurrentiel, voire mafieux, donc injuste, en vue de faire le maximum de profit. La démocratie est donc le moyen d’obliger le capitalisme à être moral au sens 2 (justice sociale), sauf à s’auto-détruire et à accepter la violence comme mode normal des relations entre les hommes .En l’absence de religion compensatrice politiquement dominante la violence civile est en effet la conséquence nécessaire de l’injustice sociale. Mais lorsque celle-ci , par défaut de la politique, devient insupportable, la violence sociale risque alors de prendre la forme de la violence religieuse : le pire de toute car marquée par le délire de l’absolu.
Donc si le capitalisme n’est pas spontanément moral au sens 2 et il est absurde de demander qu’il le devienne par lui-même, c’est à la puissance publique de le contraindre à l’être en vue de la paix civile. Le capitalisme démoralise spontanément la société au sens 2. En cela s'il est par nature au moins amoral au sens 1, mais il devient immoral au sens 2 si on le laisse faire (ou si on ne régule pas son fonctionnement en vue de réduire les inégalités). La capitalisme a besoin d'une morale libérale et soucieuse du droit contractuel, ce qui n’est pas négligeable en cela qu’elle fait du contrat et non de la violence physique ouverte la norme des relations humaines (Le commerce vaut mieux quel la razzia et le meurtre). 
La morale publique et laïque (ou mieux la justice sociale) et les droits des hommes relèvent de l’autorité de la politique et non de l’économie (capitaliste fractionnée ou d’état, comme l’expérience historique l’a montré). 
Laissons donc le sens 1 à la foi religieuse privée, il ne peut valoir comme valant pour tous dans une société pluraliste et libérale (donc démocratique), sauf à vouloir abattre elle-ci par une révolution qui instaurerait un état totalitaire qui prétendrait opérer une révolution morale de l’économie par la force, à savoir une révolution idéologique ou culturelle totalitaire, n'hésitant pas à utiliser la terreur physique ou religieuse.Contentons nous de viser à contraindre démocratiquement, par le droit du travail et les luttes sociales, le capitalisme à adopter des règles de fonctionnement qui l'oblige à prendre en compte la réduction des inégalités sociales de droit et de fait .
La question de savoir comment le faire dans un monde capitaliste irréversiblement sans frontières est l'enjeu du débat politique dans lequel l'internationalisme doit prendre le pas sur la nationalisme, encore plus aujourd'hui que du temps de Marx. Ce n'est pas gagné, comme le montre le succès relatif du Front national en France et de ses frères jumeaux en Europe. 
Le 12/03/2011



Commentaire critique:
Voyons maintenant nos points de désaccord.

1. Je ne suis pas sûr qu’il faille mettre à part les morales altruistes. En réalité, aucune morale n’est purement altruiste. Tout homme cherche à réaliser ses désirs. Ces derniers peuvent être égoïstes ou altruistes, mais ce sont toujours les désirs d’une personne. Ainsi, en étant altruiste, on réalise aussi son propre but. D’ailleurs, que dit Kant ? Traite toute personne - que ce soit toi ou un autre - comme une fin en soi, et pas comme un simple moyen. Pour Kant, le respect doit aller à tout autre humain, y compris à soi-même.
 
Il en va de même pour le christianisme. Si le commandement suprême est "Aime ton prochain comme toi-même", alors il s’ensuit logiquement qu’on ne peut bien aimer les autres si on ne s’aime pas soi-même. Enfin, la morale communiste n’implique aucunement l’immolation des individus à la communauté. Pour Marx, la société communiste sera une libre association d’individus, non un kholkoze stalinien.

2. Puisque les morales "altruistes" tiennent aussi compte de l’intérêt personnel, il n’est pas sûr qu’elles soient aussi irréalisables que vous le dites. Si le christianisme et le communisme ont échoué à créer une société vraiment morale, c’est parce qu’une minorité a utilisé ces deux doctrines à des fins idéologiques, pour asservir les masses en leur faisant croire que leur devoir était de se sacrifier à une idole (Dieu, l’Eglise, Staline, le Parti, etc.).

3. Je relève une contradiction (au moins apparente) dans vos propos. Vous dites que le capitalisme suppose une "concurrence libre et non faussée" puis, un peu plus bas, vous concédez que la concurrence est en fait plus ou moins libre, car chaque entreprise a pour but "de détenir le monopole ou la position hégémonique ou au moins dominante sur le marché".

4. Vous appelez à un encadrement démocratique du capitalisme. L’intention est louable, mais elle me paraît peu réaliste. Pourquoi les capitalistes ont-ils consenti dans l’histoire à modérer leur avarice ? Pourquoi y a-t-il eu d’importants progrès sociaux aux 19ème et 20ème siècles ? Parce qu’il fallait couper l’herbe sous le pied des révolutionnaires. Bismarck, les travaillistes anglais, la droite gaulliste ont consenti à des compromis historiques parce qu’il fallait sauver le système. Ainsi, les réformes sociales-démocrates ont-elles vu le jour sous la pression de mouvements révolutionnaires. Depuis que ces mouvements se sont affaibli, la sociale-démocratie est devenu social-libéralisme, et les réformes sont devenues des régressions.




Réponse :
Excellent commentaire auquel je vais m’employer (tenter) de répondre point par point.

1) Il est discutable d’affirmer que la morale chrétienne ne soit pas sacrificielle de ses désirs propres au profit de l’amour du prochain et de Dieu (ce qui est tout un pour un chrétien). Le péché, le mal originel, est inscrit, pour le christianisme, dans l’amour de soi, appelé "orgueil" et exige le sacrifice de soi et le renoncement soi (humilité). La charité chrétienne ne commence pas par l’amour de soi-même mais par l’amour du prochain, à l’image du sacrifice consenti du Christ pour sauver l’humanité par delà (de) la mort.

Ceci dit il y a un narcissisme masqué (dénié) du chrétien qui consiste à s’aimer soi-même au service de Dieu et du prochain en vue de son salut post-mortem. Mais la culpabilisation et la condamnation (au sens littéral) de la recherche du bonheur (ou désir) propre (dit égoïste) ici-bas, comme manifestation d’orgueil, est permanente dans la tradition chrétienne. 

2) Il faut donc distinguer une morale altruiste sacrificielle par rapport à une morale altruiste qui fait de la recherche du bonheur réciproque ou mutuel ici-bas une condition du bonheur personnel, mais il ne s’agit plus de morale religieuse dès lors qu’elle ne relève d’aucun commandement divin et de l’espérance en un salut post-mortem. Cette morale n’est en rien absolue : elle est relative, humaniste ou libérale en tout cas immanente et suppose la volonté de justice et d’intérêt mutuel ou général donc l’exigence de politique libérale et de droits universels. 

3) En effet le capitalisme est traversé par le conflit entre la nécessité globale de la concurrence au niveau macro-économique et le désir de monopole au niveau micro-économique. C’est pour quoi le politique doit intervenir macro-économiquement pour réguler la libre concurrence (il n’y a pas de liberté sans règles du jeu), non faussée par le désir et le danger permanent monopolistique spontané de chaque entreprise.("le renard libre dans le poulailler libre" est le contraire de la liberté économique : il génère la dictature du fort sur le faible, voire l’élimination de ce dernier) 

4) En effet l’encadrement démocratique du capitalisme, à l’échelle mondiale, reste à penser. J’ai l’intention de publier un prochain article sur le sujet, mais je peux dire, dès maintenant, que toute tentative de nationaliser ce problème est vouée à l’échec, de même que toute tentative de réduire les droits démocratiques, y compris dans le domaine économique, me semble porter le danger totalitaire (de droite ou de gauche) comme les nuées portent l’orage. 

Les luttes (de classes) pour la justice sociale et l’écologie s’inscriront dans un projet internationaliste ou seront écrasées et/ou détournées et trahies par des régimes plus ou moins totalitaires de type socio-nationalistes.



La politique de Nicolas Sarkozy et la moralisation du capitalisme
La politique de NS n’est pas (plus) ultra-libérale mais nationale, voire étatiste pseudo-libérale ; c’est pourquoi son discours peut séduite largement de la droite à la gauche tous ceux qui pensent encore qu’il existerait une économie nationale. Or on sait que les entreprises du CAC 40 sont, d’une part largement financées (plus de 40%) et donc leurs sous-traitants par des capitaux américains ou étrangers et que d’autre part leurs marchés et activités en France ne représentent que 15% de l’ensemble de leur chiffre d’affaire. Ce que cherche à faire NS est de construire des ensembles multinationaux qui soient profitables au maximum de capitalistes patrons et cadres très supérieurs prétendument français et de maintenir en France une part un peu plus importante de leurs activitésau service de son but qui est aussi le but concurrent de tous nos partenaires européen. 

Il est faux d’affirmer qu’Adam Smith ne comptait que sur l’égoïsme exclusif pour faire tourner l’économie à l’équilibre, car celui-ci devait s’exercer sur ce fond de sympathie qui seule permet de prendre en compte que son propre iintérêt suppose que l’on soit capable de comprendre l’intérêt des ses partenaires dans le cadre d’un relation durable mutuellement profitable. Le fond de la relation économique est pour lui la confiance qui suppose la mutualisation en effet automatique, mais dans ce cadre seulement, de l’intérêt bien compris. De plus A. Smith était parfaitement conscient que les inégalités économiques engendraient protections et monopoles anti-libéraux et que l’état était enclin au monétarisme et au protectionnisme des plus puissants contre les plus défavorisés ; les travailleurs salariés. Il serait bon que l’on relise A. Smith et que l’on ne se contente pas de répéter, comme les petits marquis incultes du prétendu l’ultra-libéralisme (ou anti-libéral despotisme du capital), la fable du boucher sorti de son contexte, celui de la théorie morale de la sympathie naturelle. 

Pour conclure la question est de savoir si l’on peut, non pas moraliser le capitalisme contre l’intérêt des capitalistes , ce qui n’a pas de sens, mais obliger polltiquement les capitalistes à comprendre leur intérêt en société de telle sorte qu’ils n’utilisent pas leur pouvoir comme des despotes irresponsables au point de perdre la confiance sur laquelle repose leur intérêt bien compris, y compris celle, toujours minimale et objet de conflit, de ceux qui travaillent pour eux . 

Lire mon étude et les textes d’A. Smith sur la pensée libérale



L'argent et le libéralisme
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