Portrait du aye-aye
Découvert en 1780 à Madagascar, ce petit lémurien d’environ 2,5 kg est l’un des mammifères les plus surprenant de notre planète.
L’aye-aye est surtout insectivore. La main de l'aye-aye porte un majeur griffu, long et grêle, accessoire très utile pour se nourrir.
Le aye-aye est très habile de ses mains. By
Joachim S.Muller Ses larges pavillons auditifs très sensibles, semblables à ceux des chauves-souris, captent le moindre bruit émis par les insectes cachés dans le bois. Une fois ses proies repérées, il insinue son majeur osseux et très fin dans les fissures et sous l'écorce des arbres pour les déloger.
Aye-aye. © dinosoria.com
À certaines époques de l'année, un arbre, l'eugenia, produit des excroissances semblables à des balles, remplies d'un tissu spongieux dont l'aye-aye raffole tout particulièrement. L'animal attaque d'abord l'écorce de ses incisives dont la structure et la croissance permanente évoquent tout à fait celles des rongeurs.
II introduit ensuite son long doigt pour récolter la pulpe odorante. L’aye-aye aime aussi les fruits; son doigt spécialisé se révèle particulièrement utile pour gratter la chair tendre de la noix de coco.
Mains d'un aye-aye
L'aye-aye vit seul ou en couple, notamment au moment de la reproduction. Bien qu’il soit considéré comme solitaire, les observations ont prouvé que ce lémurien entretient des relations sociales avec les individus géographiquement proches.
Il semble apprécier ses contacts et rencontre ses congénères plusieurs fois par nuit.
Reproduction
La reproduction est lente car une femelle ne met au monde qu'un seul petit tous les 2 ou 3 ans. La période de reproduction a lieu entre octobre et février.
La gestation dure entre 152 et 172 jours. A la naissance, le petit pèse en moyenne 109 grammes.
La journée, la femelle se repose avec son bébé dans un nid de feuilles construit dans un arbre à environ 10 m au-dessus du sol.
Aye aye en plein festin nocturne. By
Joachim S.Muller Le bébé est sevré au maximum à 20 semaines. Il atteindra sa maturité sexuelle à 2,5 ans.
En captivité, le record de longévité est de 23,3 ans.
Un messager du mal
Considéré comme un messager du mal par les paysans malgaches, l'aye-aye a payé un lourd tribut à la peur des villageois.
Lorsqu'un aye-aye est aperçu près d'un village, on consulte l'Ombiasy, le sage et sorcier local. Et bien que l'animal soit protégé par la loi, il fait souvent l'objet d'une mise à mort rituelle... à moins que l'Ombiasy ne le déclare sans danger.
Le aye-aye est en danger extrême d'extinction. © dinosoria.com
Beaucoup de vieux malgaches vivent encore dans ces superstitions; heureusement, les jeunes y sont de moins en moins sensibles.
Mais si l'aye-aye fait moins peur, il est toujours autant attiré par les noix fraîches dans les cocoteraies, dont il vient se délecter la nuit. Un geste que ne lui pardonnent pas les exploitants qui, généralement, le tuent à coup de bâton.
Bébé aye-aye né en captivité. © National Geographic La destruction des habitats forestiers malgaches a réduit la population des aye-ayes.
II y a une quarantaine d'années, on considérait même l'animal définitivement éteint. Ce sont les zoologues français Jean-Jacques Petter et sa femme qui le signalèrent à nouveau en 1956, dans une petite forêt du