Pour la première fois, des preuves scientifiques ont montré que les Égyptiens préhistoriques connaissaient les techniques pour préserver les organes autour de 4000 av. J.-C., 1500 ans avant que la momification artificielle ait censé avoir commencé. Petit rappel :
Les théories traditionnelles sur la momification égyptienne antique estim(ai)ent que dans la période préhistorique, les corps étaient naturellement desséchés (séchés) par enfouissement dans le sable du désert chaud et sec, sans autre forme d’intervention humaine.
Ensuite, la momification artificielle pratiquée dans la période pharaonique, environ 2500 av. J.-C., impliquait :
L’éviscération (enlèvement des organes internes, à l’exception du cœur)
Le dessèchement des tissus mous par un agent desséchant tel que le
natron, un sel naturel des lacs égyptiens
L’application de baumes antibactériens, comprenant des mélanges de résines, d’huiles et de graisses.
Dans toutes les techniques utilisées dans la momification artificielle, la base scientifique repose sur la déshydratation des tissus mous pour prévenir les dégradations engendrées par les bactéries.
Image d’entête : momie de Ramsès II qui a profité de cette recette.
Mais, apparemment, des sépultures préhistoriques montrent que les anciens Égyptiens maitrisaient déjà la science de ce qui deviendra plus tard la base de la vraie momification.
Une étude (lien plus bas) menée par des chercheurs de l’université Macquarie, York et d’Oxford (Angleterre) renverse quelques vieilles hypothèses sur les origines de la momification. Les chercheurs ont analysé des résidus bruns et brillants de textiles funéraires vieux de 6000 ans qu’ils estimaient être imprégnés de substances d’embaumement. Les textiles ont été trouvés entre 1920 et 1930 et sont originaires des sites, aujourd’hui détruit, de Badari et Mostagedda en Haute-Égypte. Les sites étaient parsemés de petits cimetières. Certains n’avaient que 50 tombes, d’autres 200, pour un total d’environ 600. Les fouilles ont ainsi révélé une civilisation préhistorique jusque-là inconnue, antérieure à… rien de connu à l’époque.
Les chercheurs ont examiner au microscope 92 échantillons de tissus imprégnés en utilisant des techniques de micro et macro photographie et ils ont réalisé 12 analyses biochimiques des substances d’embaumement.
Tirée de l’étude, l’un des échantillons de tissus imprégnés d’une matière aux propriétés antibactériennes :
Le biochimiste Stephen Buckley, de l’université York, qui à une certaine expérience dans l’identification des composés organiques anciens, a utilisé la spectrométrie de masse, une technique analytique qui mesure la masse des composés avec une très grande précision, afin d’identifier les mixtures d’embaumement. Son analyse a révélé que les résidus “ressemblant à du caramel mou” sur les tissus étaient en fait des “recettes” complexes. Plusieurs ingrédients avaient non seulement été mélangés ensemble, mais chauffé à températures élevées. De la résine de pin, de la gomme végétale ou du sucre, des extraits de plante aromatique, de la cire végétale et du pétrole naturel ont été mélangés dans une base de graisse ou d’huile. Les chercheurs ne connaissent pas encore la source exacte de ces produits, ils y travaillent… mais ils estiment raisonnablement que cela pourrait être de l’huile de lin mélangé avec de la graisse animale, comme celle d’hippopotame ou de gazelle, de la gomme arabique et la cire végétale proviendrait de feuille de céréales, comme de l’épeautre. Le résultat le plus surprenant, c’est qu’il n’y a pas eu de grand changement dans la recette des mélanges d’embaumement utilisés lorsque la momification pharaonique était à son apogée, 2500 à 3000 ans plus tard. Les seules différences résident dans l’introduction ou la substitution d’un ingrédient, selon la disponibilité ou l’évolution des croyances religieuses.
L’étude publiée sur PlosOne : Evidence for Prehistoric Origins of Egyptian Mummification in Late Neolithic Burials.
الجمعة أبريل 08, 2016 3:11 am من طرف جنون