فدوى فريق العمـــــل *****
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| | ESSAI NUCLÉAIRE EN CORÉE DU NORD : COMMENT SAVOIR S’IL S’AGIT D’UNE BOMBE H ? | |
La première bombe H de l’histoire, surnommée “Ivy Mike”, d’une puissance de 10 mégatonnes. Elle explosa dans l’atmosphère le 1er novembre 1952 lors d’un essai américain sur un atoll des Bikinis (Océan Pacifique) – Ph. OTICE / domaine public Aussitôt la proclamation faite par Pyongyang, la nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre autour du globe : le régime Nord-coréen aurait essayé, avec succès, sa première bombe H la nuit dernière. Mais comment les experts peuvent-ils confirmer que pareille explosion a bien eu lieu ? BOMBE H POUR HYDROGÈNELa bombe H, c’est ni plus ni moins la bombe la plus puissante existant au monde. Un premier étage contient une bombe atomique au plutonium, capable d’engendrer, par fission nucléaire, une détonation suffisamment puissante pour déclencher, dans le deuxième étage, une réaction en chaîne de fusion nucléaire.Celle-ci intervient entre des atomes de deutérium et de tritium, deux isotopes lourds de l’hydrogène, et provoque une explosion dite “thermonucléaire” qui libère une énergie colossale : on l’évalue à 1000 fois celle de “Little Boy”, la bombe atomique américaine (à fission nucléaire), qui ravagea Hiroshima le 6 août 1945 !Afin de la rendre utilisable comme arme nucléaire, il faut que la bombe H soit miniaturisée, pour pouvoir l’embarquer dans des missiles. Ce que Pyongyang dit avoir réussi également. UN SÉISME A BIEN ÉTÉ DÉTECTÉ EN CORÉEConcernant l’essai de la nuit dernière, il est certain qu’une bombe a explosé sous le sol de la Corée du Nord : les sismographes du monde entier ont effectivement détecté un séisme, à 1h30 UTC, localisé qui plus est aux alentours du centre d’essais nucléaires de Yongbyon, comme le rapporte l’OTICE (Organisation du traité d’interdiction complète des essais nucléaires).C’est là qu’ont eu lieu tous les précédents essais nord-coréens en 2006, 2009 et 2013. Mais si, dans les trois cas, c’était une bombe atomique que la Corée du Nord testait, le régime de Kim-Jong Un prétend cette fois avoir fait détoner une bombe à hydrogène fabriquée dans le pays.Comment vérifier cette allégation ? Les essais nucléaires menés par les plus grandes puissances jusqu’en 1996. La France se place troisième. – Ph. The Official CTBTO Photostream / CC UN RÉSEAU DE SURVEILLANCE MONDIAL DES ESSAIS NUCLÉAIRESUn premier indice vient des sismographes de l’OTICE. Distribués sur toute la surface du globe et connectés par satellite, ils forment un réseau de surveillance mondial des essais nucléaires pilotés par l’organisation, basée à Vienne. Les 282 stations comprennent, en plus des détecteurs sismiques, des capteurs hydroacoustiques à infrasons et des détecteurs de radionucléides, dont les mesures seront analysées dans un second temps.Qu’ont donc dit les sismographes la nuit dernière ? “D’après les premiers bulletins, émis automatiquement, la magnitude du séisme est autour de 4,9, indique Patrick Grenard, assistant spécialisé du secrétaire exécutif de l’OTICE. Elle est comparable au séisme du dernier essai nord-coréen, survenu en février 2013″, précise-t-il.Or, à l’époque, la Corée du Nord proclamait avoir testé une bombe atomique. Il serait donc surprenant qu’une bombe H, immensément plus puissante en théorie, n’ait pas provoqué un tremblement de terre plus intense ! IL N’EST PAS EXCLU QU’IL S’AGISSE D’UNE FORME SIMPLIFIÉE DE BOMBE HC’est sur cette même base qu’un autre organisme d’experts en essais nucléaires, l’ISIS (Institut for science and international security), siégeant à Washington, invite à la prudence. Dans uncommuniqué (PDF), son président David Allbright, qui mène des analyses des images satellites pour suivre les activités nucléaires de nombreux pays, dit ne pas croire à l’hypothèse de la bombe H.L’explication avancée par l’expert ? Le plus probable est que la Corée du nord “bluffe” à propos de ce test, qui ne serait autre qu’une “bombe atomique à fission semblable à celles explosées précédemment”.Cependant, Allbright met en garde, car il est prouvé que la Corée du Nord mène, depuis un certain temps, des recherches sur les matériaux thermonucléaires, base de la bombe H.Les ingénieurs nord-coréens pourraient avoir développé, selon lui, une forme simplifiée de la bombe H. Au lieu des deux étages habituels, elle n’en comprendrait qu’un seul, capable néanmoins d’atteindre des puissances de dizaines de kilotonnes. L’Afrique du sud a travaillé sur un tel type de dispositif : une bombe à fission (bombe atomique classique) comprenant en son centre une tablette solide de lithium, deutérium et tritium, ce qui “permet de booster son rendement”. SEULES DES ANALYSES SUR PLACE POURRAIENT TRANCHERPour en avoir le cœur net, il faudrait que des inspecteurs soient envoyés sur place. Seuls des prélèvements de matériaux, soumis à l’analyse d’experts en armes nucléaires, permettraient de savoir ce qui se prépare au centre d’essais d’Yongbyon.L’AIEA, agence internationale de l’énergie atomique, est l’organisme mandaté par l’ONU pour effectuer de telles inspections. Spectromètres à rayons X ou gamma, détecteurs d’émissions de neutrons, analyseurs multicanaux… un arsenal d’instruments leur permettent de vérifier si un pays développe, sans le déclarer, des armes nucléaires. Cependant, l’AIEA n’est pas la bienvenue en Corée du Nord, qui ne reconnaît pas l’ONU.Quant à l’OTICE, elle attend encore, pour pouvoir missionner des inspecteurs, que les huit derniers pays ratifient le traité de non prolifération des essais nucléaires, sans quoi celui-ci ne sera pas officiellement en vigueur. Parmi eux, les Etats-Unis, l’Inde, la Chine et… la Corée du Nord.—Fiorenza Gracci > Lire également dans les Grandes Archives de S&V : | |
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