** متابعات ثقافية متميزة ** Blogs al ssadh
هل تريد التفاعل مع هذه المساهمة؟ كل ما عليك هو إنشاء حساب جديد ببضع خطوات أو تسجيل الدخول للمتابعة.

** متابعات ثقافية متميزة ** Blogs al ssadh

موقع للمتابعة الثقافية العامة
 
الرئيسيةالأحداثالمنشوراتأحدث الصورالتسجيلدخول



مدونات الصدح ترحب بكم وتتمنى لك جولة ممتازة

وتدعوكم الى دعمها بالتسجيل والمشاركة

عدد زوار مدونات الصدح

إرسال موضوع جديد   إرسال مساهمة في موضوع
 

 Le capitalisme à la dérive

اذهب الى الأسفل 
كاتب الموضوعرسالة
هذا الكتاب
فريق العمـــــل *****
هذا الكتاب


عدد الرسائل : 1296

الموقع : لب الكلمة
تاريخ التسجيل : 16/06/2009
وســــــــــام النشــــــــــــــاط : 3

Le capitalisme à la dérive  Empty
19102010
مُساهمةLe capitalisme à la dérive

Suivant
Le capitalisme à la dérive
Dans les premiers jours du mois de mai, l’État grec était désigné comme la brebis galeuse de l’Union européenne. Et lesmesures d’austérité qui lui ont été imposées d’un commun accord par la Commission européenne et le FMI (Fondsmonétaire international), c’est-à-dire par les puissances impérialistes d’Europe, étaient présentées comme une justesanction envers un État qui « vivait au-dessus de ses moyens ». On parlait bien du risque d’une « contagiongrecque » – rien que cette désignation était orientée et mensongère car la Grèce n’était pas pour grand-chosedans la maladie du capitalisme en crise – mais elle n’était évoquée qu’à propos du Portugal et, dans une bienmoindre mesure, de l’Espagne.
Aujourd’hui, au moment où s’ouvre le G20, la réunion des principales puissances économiques de la planète, tous lesÉtats d’Europe sont engagés dans des politiques d’austérité plus ou moins brutales, ouvertement déclarées ouhy­po­cri­tement dissimulées par des jongleries verbales.
Il aura donc suffi d’un mois et demi pour que ladite « contagion grecque » se généralise. Et elle n’a pas affectéseulement les économies les plus fragiles d’Europe, ni les États réputés laxistes en matière budgétaire. Le 7 juin,c’est le gou­ver­nement du pays le plus riche d’Europe, l’Allemagne, qui passe pour le modèle même d’une gestionbudgétaire rigoureuse, qui annonçait un premier train de mesures d’austérité. Il vise à économiser 80 milliardsd’euros sur quatre ans : nouvelle taxe sur les combustibles ; protection sociale diminuée ; suppression de15 000 emplois dans la fonction publique.
La France ne pouvait pas ne pas suivre malgré les affirmations de Fillon rejetant les mots mêmes d’« austérité » oude « rigueur ». Les marchés financiers dictaient leurs ordres.
Il n’y avait pas besoin que ces ordres soient formulés. Les financiers ont leur propre langage fleuri. Le coût des empruntsde la France sur les marchés financiers commençait à croître par rapport au coût des emprunts de l’Allemagne alorsqu’avant la crise financière, les deux États étaient quasiment au coude à coude. « La France est en train dedécrocher. Sa prime de risque contre l’Allemagne a quasiment doublé en l’espace de six séances », notait unspécialiste de la banque Natixis.
C’était l’indice que les groupes financiers commençaient à se méfier de la France et de sa capacité à rembourser sadette, au risque que, la spéculation prenant le relais, l’État français trouve de plus en plus difficilement – et,surtout, de plus en plus coûteusement – de quoi emprunter pour assurer ses fins de mois.
Le gouvernement français commença par faire de l’esbroufe. Sarkozy jura d’inscrire dans la Constitution l’obligationd’assurer l’équilibre budgétaire ! Comme si les financiers pouvaient être convaincus par d’aussi piètresarguments ! Ils veulent des mesures concrètes, ne serait-ce que pour vérifier la capacité du gouvernement à en prendred’aussi drastiques contre les classes populaires qu’il sera nécessaire pour assurer le paiement des intérêts de ladette. La réduction du nombre des travailleurs de l’État faisait déjà partie de la panoplie pour plaire aux groupesfinanciers. Les mesures contre les retraites viennent de s’y ajouter. Aux dernières nouvelles, le gouvernement ne secontentera pas de réduire le nombre de fonctionnaires. Les salaires de ceux qui restent seront gelés. Et le gouvernement depromettre une baisse rapide et conséquente du déficit budgétaire. Ramener le déficit du budget de 8 % à 3 % dans lesquatre ans qui viennent, cela exige un rééquilibrage d’un montant de 100 milliards, pour l’essentiel en réduisant lesdépenses. Comment ? Cet extrait du Monde des 30 et 31 mai donne une idée des multiples mesures prises dans ladiscrétion qui ont toutes en commun de rendre la vie plus difficile pour les classes populaires : « Santé : legouvernement veut économiser 600 millions d’euros : les hôpitaux et maisons de retraite devraient subir des gels decrédits. […] La plus marquante des mesures annoncées vendredi par le gouvernement réside dans le gel de180 millions d’euros de crédits, qui devraient concerner des établissements médico-sociaux (création de places enmaisons de retraite…), et des hôpitaux (aides à la restructuration, compensation de charges de service public…).[…] Au total, des économies d’un montant de 1,84 milliard d’euros avaient été prévues pour cette année,grâce à des mesures phares comme la prise en charge de certains médicaments par l’assurance-maladie à hauteur de 15 %et non plus de 35 %, ou encore la hausse très controversée du forfait hospitalier, de 16 à 18 euros par jour. »
La Cour des comptes considère que les mesures d’économies sur les dépenses sociales, sur l’assurance maladie enparticulier, ne vont pas assez loin. Son président, tout en approuvant la réforme gouvernementale des retraites, trouvequ’elle est insuffisante. Il préconise le gel des salaires des fonctionnaires. Il est utile de préciser que leditprésident est le « socialiste » Didier Migaud.
Il en va de même partout en Europe. « Il ne fait pas bon être fonctionnaire actuellement en Europe », écrivaitfort justement le quotidien de droite Le Figaro. Baisse de 5 à 15 % des salaires en Irlande ; suppression des 13eet 14e mois et baisse de 7 % des retraites en Grèce ; gel des salaires et non-remplacement d’un fonctionnaire sur deuxau Portugal ; gel des salaires en Italie, en Espagne ; gel des embauches en Grande-Bretagne, sans compter les coupes dansles dépenses de fonctionnement qui se généralisent.
Et c’est évidemment encore pire dans la partie orientale, plus pauvre, d’Europe. En Roumanie, par exemple, à partir de cemois de juin, les travailleurs de l’État verront leurs salaires amputés de 25 % alors que les retraites et lesallocations chômage baisseront de 15 %.
La Grande-Bretagne justement qui, pour reprendre l’expression de la une du Figaro, « lance un pland’austérité sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale » : réduire ses déficits de 100 milliardsd’euros en quatre ans ! Étant donné l’état de décrépitude de certains services publics de ce pays, on imagine ce quece sera dans quatre ans. C’est le nouveau gouvernement conservateur qui a pris la responsabilité politique du pland’austérité. Mais c’est le gouvernement travailliste qu’il vient de relayer qui l’a élaboré.
L’envolée de la dette publique
Les mesures d’austérité varient d’un pays à l’autre dans la forme, et encore, pas beaucoup. Elles visent partout lemême but : récupérer sur les classes populaires de quoi compenser les sommes énormes prises dans les budgets des Étatspour sortir de la crise financière de 2008-2009 et pour tenter d’empêcher une nouvelle étape de celle-ci en 2010.
Une fois de plus, ce sont les solutions trouvées par les États pour sortir de l’étape précédente de la crise qui leurreviennent comme un boomerang. La phase la plus aiguë de la crise de 2008-2009 – crise de liquidités déclenchée par lapanique bancaire de la banque Lehman Brothers, le 15 septembre 2008 – a été surmontée par une intervention massive desÉtats en faveur des banquiers et du système bancaire. Mais cette intervention massive a creusé des trous béants dans lesbudgets des États. Tous les États sans exception ont accru leur endettement dans des proportions colossales. Comme leformulait avec concision l’économiste américain Nouriel Roubini :« Nous avons socialisé les pertes du secteurprivé et nous sommes dans une zone dangereuse », pour ajouter : « L’Europe comme les États-Unis, leRoyaume-Uni ou le Japon, sont confrontés à des déficits publics gigantesques ». Il précisait, concernant lesÉtats-Unis : « Pour le moment, le pays est à l’abri car l’appétit des investisseurs pour la dette américainereste vif, mais un jour les détenteurs de cette dette pourraient se réveiller et dire : “Même les États-Unis sontdans une situation critique”. »
Mais ces « déficits publics gigantesques » sont pain béni pour les groupes financiers. Pour combler lesdéficits, les États sont obligés d’emprunter toujours plus et, partant, de payer de plus en plus d’intérêts auxcréanciers. Le mécanisme s’auto-alimente. Conséquence de la financiarisation de l’économie, il l’aggrave. Pendant quela production, les investissements, souffrent faute de marchés prometteurs, les capitaux disponibles sont attirés vers lasphère financière, en l’occurrence essentiellement vers les prêts aux États. Et c’est sur ce mouvement de fond que segreffe la spéculation.
Les États sont en compétition pour placer leurs titres d’emprunt. Un pays dont la capacité de remboursement est mise endoute paie ses emprunts plus cher. Mais, par là même, il fragilise sa situation et s’endette davantage.
Sous l’impulsion des deux principales puissances impérialistes du continent, la France et l’Allemagne, les gouvernementsont cru désamorcer les mouvements spéculatifs en mettant sur la table, en accord avec le FMI, une somme de 750 milliardsd’euros afin de prêter aux États qui auraient des difficultés à se financer. La mesure visait à rassurer les marchésfinanciers : même si un État était défaillant et ne pouvait pas rembourser, cette cagnotte les rembourserait.
C’était un beau cadeau, un de plus, aux banques, mais cela n’a pas arrêté la spéculation. Et pour cause ! Des capitauxénormes circulent sur les marchés financiers et il n’est pas question pour leurs propriétaires de ne pas les fairetra­vailler, c’est-à-dire les placer de manière profitable.
La boucle est ainsi bouclée : les opérations financières tournent dans le vide, enrichissent les banquiers et leursmandataires et ruinent l’économie productive.
Une nouvelle phase de la crise financière ?
Depuis quelque temps, une nouvelle phase de la crise financière semble se dessiner. La méfiance à l’égard des Étatsréputés mauvais débiteurs est contagieuse. En effet, comment faire confiance à une banque qui détient, parmi les titresqu’elle possède, une trop grosse quantité de dettes souveraines de mauvaise qualité ?
Est en train de se produire en ce moment le même mouvement qu’après la faillite de la banque américaine Lehman Brothers :une nouvelle crise de confiance entre banques elles-mêmes. Les prêts aux États fragiles sont de plus en plus considéréscomme les obligations pourries des subprimes de 2008. Ce qui a fait dire au journal Le Monde des 30 et 31 mai2010 : « Le krach de 2008 a montré qu’une crise de liquidités – l’impossibilité d’obtenir de l’argentauprès d’autres banques ou des marchés – pouvait être fatale à une banque, fût-elle solidement capitalisée.[…] Plusieurs indicateurs attestent de tensions sur l’accès aux liquidités dont les banques ont en permanencebesoin, pour accorder des crédits aux ménages et aux entreprises. Ils montrent qu’elles sont de plus en plus réticentes àse prêter entre elles, quand elles n’ont pas arrêté de le faire. »
Le journal Les Échos du 27 mai 2010 avait déjà fait le même constat et évoquait la même menace : « Lesbanques américaines ne prêtent plus de dollars aux banques européennes et celles-ci ne se prêtent quasiment plus de cash[…]. Le problème est que les banques centrales doivent inonder le marché de liquidités pour pallier lesdifficultés du marché interbancaire à des coûts relativement élevés. Le principal risque est que les banques aient degraves difficultés de refinancement et qu’elles ne rechignent un peu plus à prêter aux entreprises, ce qui continuerait depénaliser la croissance. »
La sphère financière ne constitue pas un monde à part, déconnecté de l’économie productive. C’est la même économie.D’abord, parce que les profits financiers viennent en dernier ressort de la plus-value, c’est-à-dire de l’exploitation,tout comme les profits des entreprises productives. Il s’agit, en réalité, du même profit, plus exac­tement de la part,croissante, du profit global que la finance s’approprie.
Ensuite, parce que les entreprises de production ont besoin de la finance.
La vie économique quotidienne est rythmée par une myriade d’opérations, d’emprunts, de crédits. Quand le flot financiers’assèche, c’est toute l’économie qui se meurt. Or, pour la deuxième fois en deux ans, le volume des liquidités seréduit dangereusement pour des raisons internes à la sphère financière et à son fonctionnement. Par méfiance les unesvis-à-vis des autres, en raison cette fois de la quantité de « mauvaises dettes » d’État, les banques limitent leuractivité là où elle est indispensable au fonctionnement même de l’économie capitaliste. De nouveau s’esquisse lasituation aberrante de la crise de liquidités précédente : malgré la quantité colossale de liquidités que détiennentles banques, leur circulation est limitée sur le marché interbancaire. « Pour preuve, expliquent Les Échosdu 8 juin, le montant des liquidités déposées au jour le jour par les établissements bancaires auprès de la BCE aencore explosé : les banques ont amené en dépôt environ 350 milliards d’euros (contre moins de 1 milliard avant lacrise), ce qui représente autant de liquidités qui n’alimentent pas le circuit du crédit. En d’autres termes, lesétablissements financiers préfèrent stocker des montagnes d’argent à un taux faible plutôt que de les prêter. ».
Depuis vingt, trente ans, depuis le début de la longue période de stagnation de l’économie capitaliste, la finance parasitela production. Mais il arrive aux parasites de tuer ce qu’ils parasitent. Une nouvelle crise de liquidités entre banquesouvrira peut-être la porte à une longue période de dépression.
Pour désamorcer la crise de méfiance entre banques, la Banque centrale européenne multiplie les mesures de soutien à leurégard. Elle a abandonné les critères de notation sur les emprunts d’État grecs admis à la Banque centrale. Elle s’estengagée dans une politique de rachat d’emprunts des États de la zone euro. Qu’est-ce que cela signifie ? C’est unefaçon claire de dire aux banquiers : « Ne vous inquiétez pas des titres risqués détenus par vos partenaires dans lesopérations bancaires, la Banque centrale est prête à racheter tous les titres dont vous vous méfiez. » Pour le moment,même cela n’a pas suffi à convaincre les banquiers de se prêter les uns aux autres. Pourtant, ce genre d’annonce n’estpas sans contrepartie : c’est une façon d’attiser la méfiance, cette fois-ci à l’égard de la Banque centrale,c’est-à-dire envers l’euro. L’euro n’avait pourtant pas besoin de cela pour se détériorer par rapport au dollar. Auroyaume des aveugles…
Les menaces sur l’euro
L’autre victime présumée de l’évolution présente de la crise risque d’être l’euro. Victime, la monnaie européennel’est déjà par le fait que son cours en comparaison de celui du dollar s’affaisse. Elle cote désormais 1,20 dollar,contre 1,50 il y a six mois. Mais sa survie elle-même est menacée. Personne ne peut annoncer la date de ses funérailles, nimême si elles finiront par avoir lieu. En outre, la fin de la zone euro pourrait survenir de bien des manières. Exclusion dela zone euro des pays aux économies les plus fragiles ou départ volontaire ? Cela a été évoqué pour la Grèce. Aucontraire, retrait de la zone euro de l’Allemagne ? Maintien d’une zone euro plus réduite, limitée aux paysimpérialistes de la zone autour du duo Allemagne-France ?
L’euro n’a certainement pas sauvé de la crise les différents pays d’Europe. Sa disparition, totale ou partielle, seraitcependant un important facteur d’aggravation. Ce serait un retour au protectionnisme et à la multiplication desdévaluations compé­ti­tives et des crises de change permanentes entre monnaies européennes. Les capitalistes eux-mêmes ensont tout à fait conscients.
Et, sur ce continent où les économies des différents pays sont étroitement entremêlées, la disparition d’une monnaiecommune serait un recul catastrophique. Les bourgeoisies allemande et française en sont parfaitement conscientes. Pour lemoment, elles ont un intérêt majeur à maintenir l’euro, l’expression la plus marquante d’un marché commun européensi péniblement construit. Mais, aussi déterminée que soit la bourgeoisie des deux pays à maintenir la zone euro, cela ne vapas jusqu’à la création de cette « gouvernance commune » dont l’absence est pourtant le principal handicap del’euro par rapport au dollar. Le principal facteur, aussi, de la spéculation sur des titres portant sur des dettesd’État, pourtant libellés dans la même monnaie commune. Comme si, sur un chèque, ce qui comptait ne serait pas la sommeindiquée, mais qui a signé. La signature du Portugal, de la Grèce, voire de l’Espagne, vaut bien moins que celle del’Allemagne.
Le choix même des mots est significatif. On parle de « gouvernance commune », mais pas d’État commun. Mais unevéritable « gouvernance commune » présuppose un État commun. Aucune force politique significative, se plaçant sur leterrain de la bourgeoisie, ne l’envisage. Aussi attachées à la zone euro que soient la bourgeoisie allemande et labourgeoisie française, en tout cas à l’étape actuelle de la crise, rien ne dit qu’elles puissent maîtriser sonévolution. Elles ne maîtrisent absolument pas leur économie parce qu’elle n’est pas maîtrisable.
L’intensification de la lutte de classe de la bourgeoisie contre la classe ouvrière
Il serait vain de faire des prévisions sur l’évolution de l’économie capitaliste mondiale pour la période qui vient. Laseule prévision que l’on peut faire est qu’en matière de politique d’austérité, on n’a encore rien vu. Labourgeoisie se bat de toutes ses forces pour maintenir les profits des entreprises capitalistes en aggravant l’exploitation.Les États se battent pour rétablir l’équilibre de leurs budgets de la seule façon que puisse admettre la bourgeoisie :en multipliant les prélèvements sur les classes populaires, en réduisant les protections sociales, en faisant des économiessur les services publics, du moins sur les activités de service public qui concernent surtout les classes populaires.
Des hôpitaux, des écoles, des transports publics à deux vitesses, ce n’est certes pas nouveau. Contrairement aux légendesvéhiculées surtout par les grands partis réformistes, par la gauche, l’éducation, la santé n’ont jamais étéégalitaires. Comment pourrait-il en être autrement dans un monde dominé par l’argent ? Mais toutes les tares del’économie capitaliste, toutes les inégalités qu’elle produit et entretient, seront inévitablement démultipliées parla crise.
La classe ouvrière sera contrainte de se battre si elle veut sauvegarder ne serait-ce que par­tiel­lement son niveaud’existence. Mais des explosions sociales même virulentes, si elles peuvent freiner l’application de certaines mesuresantiouvrières, ne changeront pas fondamentalement l’évolution. Le problème qui se pose, c’est que, face à la politiquede la bourgeoisie qui se résume à faire supporter aux classes populaires le poids de la crise, il faut opposer une autrepolitique qui ouvre une issue à l’ensemble de la société.
Il est aujourd’hui banal de considérer la crise économique actuelle comme la plus grave depuis celle qui avait débuté en1929. Mais un des aspects les plus frappants dans la comparaison avec 1929 est que la grande bourgeoisie s’en sort mieuxaujourd’hui qu’alors. L’image du bourgeois sautant par la fenêtre de son bureau directorial en apprenant qu’il étaitruiné n’était, même après 1929, qu’une image d’Épinal. Évidemment, la crise actuelle n’a pas arrangé lesaffaires d’une partie de la bourgeoisie, généralement la moyenne et surtout la petite.
Le journal Les Échos des 11 et 12 juin 2010 a pu annoncer en s’en réjouissant que « le nombre demillionnaires a crû de 14 % en 2009 », en ajoutant : « La crise a glissé sur les plus fortunés. Selon ledernier rapport annuel de Global Wealth […], le niveau global de la richesse privée a opéré un remarquable comeback en 2009, avec un rebond de 11,5 % contre une chute de 10 % en 2008. » Certes, mesurer la richesse en yintégrant le prix des actions en Bourse ne donne qu’une approximation grossière. Mais le fond est clair : la bourgeoisie,en tout cas la grande, se sort bien de la crise de son économie. Pour elle, passé quelques moments de frayeur devant la menacede ce qu’elle appelle une « crise systémique », tout peut recommencer comme avant. Le comportement des groupesfinanciers, qui, à peine sortis de la mélasse – résultat de leurs spéculations d’avant 2008 –, se sont aussitôtremis à spéculer, est éclairant.
Mais la contrepartie de tout cela a été un recul considérable non seulement pour les classes exploitées mais pour toute lasociété.
Ce ne sont pas les prélèvements, extravagants pourtant, de la bourgeoisie sur la société qui sont en cause mais le priximposé à la société pour pouvoir les faire. Les années de crise ont fait retourner la société en arrière. Il nes’agit pas seulement de l’aspect matériel des choses. Le chômage durable d’une fraction importante de la populationlaborieuse poussée à la misère, les économies faites sur l’enseignement, sur la construction de logements sociaux, laghettoïsation des quartiers populaires, ne peuvent pas ne pas affecter la vie sociale. C’est toute la société qui est endécomposition. Elle est de plus en plus déstructurée, déshumanisée. Au recul des conditions matérielles correspond unrecul dans les idées, dans les comportements sociaux, dans la solidarité.
Jamais pourtant dans l’histoire l’humanité n’a disposé d’un arsenal aussi vaste de connaissances, de moyens matérielspour agir sur la nature, de capacités potentielles de vaincre pour de bon et définitivement la pauvreté matérielle,culturelle et morale.
Jamais n’a été aussi claire la responsabilité de l’organisation capitaliste dans l’incapacité de la société àavancer. Jamais n’a été aussi grand le fossé entre les possibilités de l’humanité sur le plan scientifique ettechnique et l’arriération de ses rapports sociaux.
Cela fait longtemps que l’évolution de l’économie capitaliste ne laisse plus de place à une politique réformiste,c’est-à-dire à l’espoir d’un lent mais irréversible mouvement d’amélioration pour la société. La politiqueréformiste d’aujourd’hui consiste simplement à prétendre pouvoir limiter les dégâts pour les classes exploitées, maissans y parvenir.
Alors que le capitalisme conduit la société droit dans le mur, la classe ouvrière, seule force sociale susceptible des’opposer à la bourgeoisie au nom de la perspective d’un changement révolutionnaire de l’ordre économique et social,se retrouve sans politique et sans parti pour l’imposer. On peut tourner et retourner la question dans tous les sens : laclasse capitaliste n’arrêtera de faire reculer la société en s’attaquant à la seule classe productive – la classeouvrière – que si celle-ci retrouve la combativité et surtout qu’elle la retrouve autour d’une politique toutentière orientée vers le renversement de la domination de la bourgeoisie et la transformation de l’économie en mettant finà la propriété privée des moyens de production.
Il ne s’agit pas seulement d’évoquer on ne sait quel « grand soir ». Il faut opposer une autre politique à tous lesproblèmes créés et aggravés par la gestion bourgeoise de la société.
La seule politique alternative
« Il faut bien rembourser les dettes », clament les dirigeants politiques et les commentateurs à plat ventre devant laclasse capitaliste. Mais que ceux qui les ont contractées le fassent donc !
Les salariés, les chômeurs, les retraités n’ont jamais vu la couleur de ces centaines de milliards que les États ontdéversées dans l’économie. Les classes exploitées n’ont pas à reconnaître une dette publique qui n’est, enréalité, que la dette de classe de la bourgeoisie.
Après avoir aggravé la dette publique, les États en font l’étendard de toutes les mesures contre les classes populaires.Les services publics en seront les victimes les plus faciles : il suffit de ne pas leur accorder les crédits dont ils ontbesoin.
Ces services publics ont pourtant été créés et se sont développés dans l’intérêt de la bourgeoisie elle-même. Faireprendre en charge par l’État l’éducation ou la santé était une façon de décharger la bourgeoisie de la nécessité dedonner des salaires qui permettent à tout un chacun de se soigner ou d’éduquer ses enfants.
Mais avec la crise, la bourgeoisie et ses représentants politiques à la tête de l’État raisonnent à court terme : illeur faut trouver de l’argent, un point c’est tout.
Les mois qui viennent seront marqués par des attaques de plus en plus violentes dont les seules limites seront définies parles rapports de forces. Ces attaques découlent toutes de la crise de l’économie capitaliste et de la façon dont labourgeoisie espère s’en tirer. Elles ne découlent pas d’une option politique particulière, et encore moins des choix del’équipe politique momentanément au pouvoir. Elles découlent de puissants intérêts de classe. Le rôle dévolu auxdirigeants politiques est de les appliquer et, le cas échéant, de les justifier comme ils peuvent. La panoplie variée desgouvernements en place en Europe, qui se sont tous engagés dans la politique antiouvrière, est éclairante à cet égard.Aucun n’est gêné de se justifier, même si tous disent l’inverse de ce qu’ils ont dit pour se faire élire.
Présenter les changements électoraux comme des faits décisifs a été de tout temps une tromperie. Et elle est plusgrossière encore en ces temps de crise. Les hommes politiques et les partis qui promettent de surmonter la crise ou mêmeseulement d’en préserver les classes populaires sans mettre en cause clairement l’organisation capitaliste del’économie sont, au mieux, des charlatans. Mais, en réalité, ils sont au service de la bourgeoisie ou ils rêvent d’yêtre et ils sont payés pour duper les classes populaires.
Le seul programme qui ouvre une perspective, c’est celui dont les différents objectifs, répondant aux problèmes cruciaux del’heure du point de vue des classes exploitées, conduisent en même temps à la remise en cause de la domination de labourgeoisie sur la société. Ce programme ne deviendra une force que lorsque les masses s’en empareront. Quand etcomment ? Personne ne peut le dire aujourd’hui. Mais ce n’est pas une question philosophique. C’est un programme delutte.
Les exploités ont pris beaucoup de retard par rapport aux exploiteurs. Rien d’étonnant à cela. Il y a le poids de la criseelle-même, la pression du chômage. Il y a aussi sur le plan politique toutes les trahisons des partis réformisteslorsqu’ils étaient au gouvernement. Et, même dans l’opposition, ces partis ont abandonné jusqu’à l’idée que laclasse ouvrière ne s’en sortira pas en se plaçant derrière la bourgeoisie, mais seulement contre elle, et jusqu’à toutlangage de classe.
La bourgeoisie a toutes les cartes en main pour imposer sa politique face à la crise. Mais, en même temps, elle fait ladémonstration qu’il n’y a pas de solution à la crise avec la toute-puissance des groupes financiers et sur la base de lapropriété privée des entreprises et des banques. Et la prudence même des dirigeants politiques de la bourgeoisie pourimposer leurs mesures antiouvrières, leur façon de les étaler autant que possible dans le temps, de tenter de les dissimulerderrière le rideau de fumée des pseudo-négociations avec les chefs syndicaux, montrent qu’ils craignent que les masses semettent en mouvement. Et cela peut venir vite.
C’est à ces moments-là qu’un programme de lutte révolutionnaire devient indispensable, vital. Comme le devient le particapable de porter ce programme, capable de ne pas dévier de sa route en entendant les sirènes électorales et malgré lapression des appareils réformistes. Un parti véritablement communiste.
Face au développement du chômage, cette lèpre de la société, principal facteur de décomposition sociale, il faut imposerla répartition du travail entre tous sans diminution de salaire et l’interdiction des licenciements.
Face à la démolition du pouvoir d’achat des salaires, aggravée encore par la détérioration des services publics, il fautl’échelle mobile des salaires et des retraites.
Face à la crise financière, il faut exproprier les banques, les unifier dans une seule institution bancaire contrôlée par lapopulation.
Et, surtout, face à l’irresponsabilité de la classe capitaliste, il faut imposer le contrôle des tra­vailleurs et de lapopulation sur les entreprises et sur l’économie.
24 juin 2010
الرجوع الى أعلى الصفحة اذهب الى الأسفل
مُشاطرة هذه المقالة على: reddit

Le capitalisme à la dérive :: تعاليق

لا يوجد حالياً أي تعليق
 

Le capitalisme à la dérive

الرجوع الى أعلى الصفحة 

صفحة 1 من اصل 1

 مواضيع مماثلة

-
» Théorie de la dérive
» Les transformations du capitalisme
» le capitalisme appliqué aux Beaux-Arts
» Vénézuéla : la lutte contre la crise du capitalisme avec plus de révolution par Manuel Sanchez
» Crise du capitalisme et intensification de la productivité: le rôle des animaux dans la chute tendancielle du taux de profit

صلاحيات هذا المنتدى:تستطيع الرد على المواضيع في هذا المنتدى
** متابعات ثقافية متميزة ** Blogs al ssadh :: منبر البحوث المتخصصة والدراسات العلمية يشاهده 23456 زائر-
إرسال موضوع جديد   إرسال مساهمة في موضوعانتقل الى: