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| | Les premières sépultures de la préhistoire | |
Les premières sépultures de la préhistoire
Trouver un squelette fossilisé ne prouve pas la sépulture La découverte d'un squelette bien conservé, dans une position anatomique, pourrait laisser logiquement penser qu'on est en face d'une sépulture volontaire. Il n'en est rien : les circonstances de l'ensevelissement ont pu reproduire fortuitement une apparence de pratique funéraire. Plusieurs indices sont recherchés pour prouver l'existence d'une inhumation volontaire. Les premières sépultures prouvées sont datées de 100 000 ans et se trouvent dans l'actuel Israël. | Définition d'une sépulture "Mot le plus souvent utilisé enpréhistoire à propos des inhumations. Le concept de sépulture ajoute à celui d'inhumation l'activité funéraire qui préside à l'enterrement du mort..." La préhistoire - Histoire et Dictionnaire sous la direction de Denis Viallou. |
Comment prouver l'existence d'une inhumation volontaire ? Plusieurs critères sont pris en compte pour déterminer une activité sépulcrale. Pour Bernard Vandermeersch, "il semble que le meilleur critère soit la préservation du squelette en connexion". C'est-à-dire que les ossements sont retrouvés positionnés de manière anatomique par rapport au corps originel. D'une manière ou d'une autre, le corps a donc été preservé des charognards et de l'éparpillement des ossements. La tombe a pu ainsi être "aménagée" avec des blocs de pierre qui renforcent l'intérieur de la sépulture ou d'une dalle qui protège l'ensemble. Les études taphonomiques peuvent révéler d'autres indices d'une inhumation volontaire. - la tombe a pu être remblayée avec des sédiments différents de la pleine terre où a été creusée la fosse. - le corps peut avoir été recouvert d'une matière spécifique. On a trouvé parfois des ossements présentant des traces d'ocres sur tout ou partie du corps. - des objets accompagnant les corps démontrent la volonté d'accompagner le défunt dans son dernier voyage : outils, ossements d' animaux, qui ont pu servir d'offrande funéraire.
Un exemple d'inhumation intentionnelle : St Germain-la-rivière Découverte en 1934 par R. Blanchard, la sépulture simple de St Germain-la-rivière a livré le squelette d'une femme âgée d'une vingtaine d'années. La datation montre un âge de 15 780 ans BP.
Les preuves d'un rite funéraire sont multiples. - Le corps était en position repliée, une main posée sur sa tête, dans une attitude évoquant celle du sommeil. - Elle portait autour du cou, un collier formé de 70 canines de cerf trouées. - De petits coquillages ont été retrouvés au niveau du bassin (un reste de vêtement ?). - L'ensemble de la sépulture était recouvert d'ocre rouge. - Le corps était déposé dans une fosse dont les parois étaient formées de dalles, le tout étant recouvert de 2 grosses pierres. | | | Squelette de Saint Germain-la-rivière (Musée de Préhistoire - Les Eyzies) |
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Plusieurs types de sépultures
On peut distinguer les types de sépultures en cherchant à savoir si l'inhumation a eu lieu en un seul ou plusieurs temps.
Les sépultures primaires La découverte des ossements indique que ceux-ci ont été déposés en une seule fois, à un seul moment. Si le fossile a bénéficié d'une protection, on peut donc espérer retrouver la quasi-totalité du squelette.
Un exemple : La sépulture individuelle de Noyen-sur-Seine (au musée de Nemours)
Les sépultures secondaires Les vestiges humains peuvent avoir été déplacés avant d'être inhumés. Les causes de ce déplacement peuvent être multiples : embaumement de tout ou partie du corps, rite "religieux"... On a pu remarquer que c'est souvent la tête du défunt (la boîte crânienne) qui a subi un traitement particulier. Exemple : à la Ferrassie, le crâne de LF6 a été retrouvé à plus d'un mètre du corps.
On peut également classer les tombes suivant le nombre d'individus qui les composent.
| La Sima de los Huesos Ce site fait partie du complexe des sites pleistocènes de Atapuerca (Espagne). Les restes de 30 individus on été retrouvés dans cet aven de 13 mètres de profondeur, tous représentants de l'espèce Homo Heidelbergensis. On estime l'âge des ossements à environ 350 000 ans. La présence de tant de restes humains, concentrés dans une petite bande sédimentaire ne semble pourtant pas dûe à un événement catastrophique. Par ailleurs, un outil lithique a été retrouvé, associé à cet ensemble d'hominidés. La Sima de los Huesos, une sépulture collective ? Si la communauté scientifique est divisée sur le sujet, les plus grands spécialistes affirment que rien ne permet toutefois de penser que nous nous trouvons face à une sépulture collective. | Les sépultures simples Les inhumations les plus fréquentes : la tombe ne contient qu'un seul individu. Exemple : à Laugerie Basse la sépulture d'un homme.
Les sépultures doubles Ici deux individus sont présents dans la même fosse. Pour des sépultures doubles, les corps doivent avoir été enterrés au même moment (voir la découverte d'un couple enlacé en Italie, à Mantua). Dans le cas contraire il est possible que la tombe ait été simplement réutilisée, sans qu'aucun lien n'existe entre les deux corps. Exemple : la récente découverte à Krems en Autriche d'une sépulture double.
Les sépultures multiples Il peut arriver de retrouver dans une même fosse le corps de plusieurs individus. A de rares exceptions près, les inhumations ont été multiples et les corps déposés sur une période plus ou moins longue (jusqu'à plusieurs dizaines d'années). | Des sépultures vieilles de 100 000 ans Les plus anciennes sépultures volontaires datent de 100 000 ans. C'est au Proche-Orient que l'on trouve les premières preuves d'une inhumation intentionnelle des morts, à Skhul et Qafzeh en Israël, et à Qena en Egypte. Dans toutes ces premières tombes sont enterrés des représentants de l'espèce Homo sapiens.
Les sépultures de Skhül (Mugharet es-Skhül) - 100 000 ans
Fouillé depuis 1929, et plus particulièrement en 1930 parDorothy Garrod (Université de Cambridge), le site de Skhül a livré 10 squelettes (7 adultes et 3 enfants) et 16 os isolés.Tous les fossiles étaient en position repliée, inhumés dans des fosses de faible profondeur. La datation des sépulturesa évalué leur âge à 100 000 ans. Ce sont donc les plus anciennes tombes retrouvées à ce jour. Certains des squelettes présentaient des fractures certainement occasionnées lors de combats. Skhul V Le squelette d'un homme accompagné d'une mandibule de suidé (un sanglier ?) volontairement déposée sur le corps. | | | Skhul V : une sépulture simple | Les sépultures de Qafzeh (Dejbel-Qafzeh) - 92 000 ans Les premières fouilles du site de Qafzeh datent des années 1930. C'est le Consul de France à Jérusalem et préhistorienRené Neuville qui fit les premières découvertes. En 1965, l'anthropologue Bernard Vandermeersch reprend les fouilles sur le site. 25 squelettes ont été mis à jour sur les sites, ainsi que de nombreux éléments prouvant l'existence d'une industrie lithique. A l'exception de Qafzeh 9 et 10 toutes les sépultures ne contenaient qu'un seul individu (sépultures simples). Tous les restes humains sont des hommes modernes et appartiennent donc à l'espèce Homo sapiens. Certains présentent des caractéristiques semblables à celles de Cro-Magnon.
Qafzeh 9 et Qafzeh 10 Découverte en 1967, la sépulture double est constitutée d'un corps de femme de 20 ans et de celui d'un enfant d'environ 6 ans. On a pu démontrer que ces 2 individus avaient été inhumés simultanément. C'est la seule sépulture double connue de l'époque Moustérienne. | | | Qafzeh 9 et 10 : une sépulture double |
Néanderthal aussi enterrait ses morts Loin de la brute que l'on imaginait au siècle dernier, Homo neandertalensis avait déjà des préocupations culturelles. 38 sépultures ont été mises à jour sur l'aire de répartition des Néandertaliens. Une particularité : ces sépultures sont toujours situées sur un site d'habitat que témoigne la proximité d'éléments lithiques. En France l'Abri de la Ferrassie (Dordogne) a livré huit sépultures néandertaliennes. La nécropole de La Ferrassie. Voir aussi l'Homme de Regourdou à Montignac
Les sépultures de Shanidar - 50 000 ans A Shanidar (Kurdistan irakien) la tombe 4 (-50.000) renfermait le squelette d’un néandertalien inhumé sur un lit de plantes fleuries appartenant à sept espèces précises : achillées jaunes et blanches, centaurées jaunes, muscaris bleues, séneçon jaune vif, éphédras, cette plante dont les fleurs sont petites et insignifiantes mais dont les vertus hallucinogènes sont connues a pu servir de litière, et, enfin, une dernière espèce non déterminée. Pour Arl. LEROI-GOUGHAN le choix de ces espèces précises, l’organisation de leur cueillette implique l’existence d’un langage. (article de ZAF) | |
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