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Le réductionnisme dogmatique
Réduire c'est ramener au plus petit, au plus élémentaire. La réduction dans les sciences comporte trois aspects complémentaires. Le premier concerne la manière de connaître (enjeu épistémologique), le second concerne ce qui existe dans le monde (enjeu ontologique) et le troisième la délimitation des domaines scientifiques (enjeu mixte). Le présent article porte sur les excès du réductionnisme (le réductionnisme dogmatique), non sur ses aspects positifs qui n'ont plus à être démontrés.
PLAN
- 1/ Présentation du réductionnisme
- Définition
- Une conséquence de la méthode
- La conséquence d'un choix métaphysique
- Une seule science physique
- Le nouveau réductionnisme
- Démonstration du nouveau réductionnisme
2/ Notre critique du réductionnisme
Un excès d'emblée
Un excès de méthode
Une métaphysique douteuse
Une démonstration impossible
Une pluralité évidente
Le principe central est erroné par excès
Des infirmations multiples
3/ Conclusion
1/ Présentation du réductionnisme dogmatique
Définition
Le réductionnisme dogmatique exige de tout ramener vers le niveau d'organisation le plus simple. Cela se traduit par le fait de ramener les aspects psychologiques et représentationnels au biologique, puis les aspects biologiques au biochimique, puis au chimique, puis à des aspects physiques. Le réductionnisme devient dogmatique lorsqu'il prétend être la seule méthode possible. Il est généralement lié à une métaphysique matérialiste aboutissant au « physicalisme », doctrine qui donne comme seul existant ontologique la matière inerte et comme seule science légitime la physique. Nous allons voir les trois aspects du réductionnisme sur le plan de la méthode, sur le plan ontologique), sur le plan épistémologique et montrer leurs relations.
La méthode
Dans notre modernité scientifique on admet que la bonne manière de connaître est analytique. Il convient de décomposer l’objet de la recherche en autant de parcelles que possible, jusqu'aux plus élémentaires. Cette décomposition et la simplification qui en découle permettront de trouver l’explication les plus appropriées. On en trouve l'origine chez Descartes. Décomposer en autant de parcelles qu’il se pourrait dit Descartes et construire de longues chaînes de raison toutes simples.
La décomposition en éléments simples permettrait de se situer au niveau où joue le déterminisme. Si l’on ne trouve pas d’enchaînement causal, c’est parce que l’on n’a pas réduit suffisamment pour trouver les éléments appropriés de la réalité. Il faut donc poursuivre. Cet aspect analytique est souvent appelé réductionnisme méthodologique. Il faut décomposer et simplifier au maximum les faits pour pouvoir les expliquer.
Cette méthode analytique a eu des réussites spectaculaires. Elle présente certaine limites que nous verrons plus loin(lorsque, par excès, elle aboutit à limiter ou détruire l'objet d'étude). Le réductionnisme dogmatique consiste à prétendre que cette méthode est sans limite et doit être appliquée systématiquement.
L'ontologie
Il s’associe souvent à ce principe méthodologique la croyance selon laquelle plus l’analyse porte vers les éléments simples, plus elle s’approchera du fondamental et découvrira les fondements du monde. Aller vers l’élémentaire c’est aller vers le réel ultime. Éliminer le complexe pour le ramener au simple, c'est aller vers la substance du monde. Le réductionnisme ontologique peut être vu comme est une démarche d’ontologisation de la méthode analytique. Le processus analytique de décomposition/simplification est transformé en affirmation sur l’être, sur le réel. En une formule on pourrait dire "Il n'y d'être que du simple".
Il existe un rapport entre le matérialisme et le réductionnisme. On remarque une coexistence des deux qui n'est pas fortuite, car elle dure et s'intègre avec force dans l’épistémè moderne. Il y une parenté de raisonnement entre la méthode analytique de la science (réduire le complexe au simple) et l'ontologie matérialiste qui suppose des atomes insécables, c’est-à-dire des éléments simples et derniers. La matière en tant que substance étendue est décomposable en éléments plus petits et la réduction est possible jusqu'à l'élément ultime. C'est une opinion répandue et prégnante dans notre manière de penser moderne.