Appel à l’aide théorico-pratique : pour les fondements d’une nouvelle psychologiePublié le décembre 10, 2008 par Duarte Rolo | 13 Commentaires
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Bon, il faut que je vous dise. J’arrive pas à résoudre le problème tout seul et je suis vraiment embêté. Ce sera donc vous, oh fidèles lecteurs de paradoxa, qui apporterez la réponse!
Droit au but: en fait, mes préoccupations commencent avec la question suivante (très importante!) : dans quelles conditions peut-on produire des connaissances valables en psychologie? Ou plutôt, quels sont les critères qui nous permettent de valider des savoirs ou des connaissances en psychologie ? (j’engage ici la question de la vérité psychologique vous ne croyez pas?)
Bon, jusque là, c’est pas si compliqué que ça direz vous (et encore…). Mais la question se décline et se complexifie, en reprenant notamment les vieux débats de la psychologie comme celui de la scientificité de la discipline, de l’opposition entre objectivité/subjectivité, entre psychogénèse/sociogénèse/organogénèse…
J’avoue mon partis pris ou plutôt mon inclinaison pour une conception matérialiste (influencée notamment par la critique de l’idéalisme de la psychologie faite par Georges Politzer et récemment par la « psychiatrie sociale » de Louis Le Guillant) de toute discipline et c’est entre autres choses à cause de cette volonté de “marcher avec les deux jambes, l’une freudienne et l’autre marxiste” comme le défendait Tosquelles, que je me pose le problème de l’objecivité et de la positivité. Eh, oui n’en déplaise aux “psys”, il faudra bien discuter du positivisme et de la capacité de la psychologie à fournir des données positives, c’est à dire en relation avec des “faits”(avec quels faits, ça c’est encore une autre chose…). Bien évidemment, je suis le premier à critiquer toutes les espèces de néo-positivismes scientistes qui minent la pensée contemporaine, ce n’est pas ça qui m’intéresse et ce n’est pas ça dont on discute ici.
Toute discipline suppose, bien entendu, un rapport d’objectivité, ou plutôt une objectivation, à travers la construction d’une relation entre un objet d’étude et un sujet connaissant. Or, dans notre cas, l’objet est lui aussi sujet connaissant, agissant, souffrant…Est-ce pour autant qu’on se doit d’écarter la nécessité d’objectivité, entendue comme condition d’une validité universelle? (je pose simplement la question sans préjuger de la possibilité ou non d’une objectivité quelquonque en psychologie). Quelles sont les conditions nécessaires pour produire cette objectivité? Est-elle équivalente à une vérité? Est-elle nécessaire?
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Pourquoi la psychologie se garderait-elle de discuter de ses méthodes pour produire des connaissances valides, et serait-elle à l’abri de se justifier juste parce que son objet d’étude est le sujet et la subjectivité (“mais nous c’est différent parce qu’on travaille avec la subjectivité…”. Oui, et alors?!) ? Pourquoi se différencierait-elle tellement des autres sciences de l’Homme (qui ont rencontré et rencontrent également ce problème), comme elle a tendance à le faire? N’aurait-elle pas des choses à puiser dans les disciplines voisines, tout en se forgeant son indépendance? Pourquoi la psychologie cherche-t-elle tellement à se détacher des autres sciences humaines, sauf dans de rares exceptions?
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Prenons appui sur les affirmations suivantes pour continuer à réfléchir sur la question:
– “les troubles dans le vécu ne renvoyent pas qu’au vécu, le subjectif renvoie aussi à l’objectif, à une réalité que la manipulation des relations humaines ne saurait modifier profondément”, Louis Le Guillant (c’est là que s’arrête l’intervention thérapeutique et commence l’activité politique?).
– une théorie du sujet se doit de prendre en compte les déterminations sociales au risque de négliger un grand nombre de facteurs rentrant en compte dans la constitution de la personnalité, de l’action et même de la psychopathologie individuelle et collective. Se centrer sur la subjectivité de façon exclusive c’est rester purement à un niveau intrapsychique et faire l’impasse sur les impositions de la réalité. Néanmoins, il ne s’agit pas non plus d’accorder aux déterminismes sociaux une importance telle que le sujet s’en trouverait écrasé et privé de sa liberté. Il ne s’agit pas de faire une science de l’homme sans subjectivité, tentation facile et maintes fois réalisée, mais de chercher quelle est cette subjectivité humaine et comment elle entre en relation avec la réalité matérielle.
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Attention, pas de confusion. Je ne défends pas ici que la psychologie est une science comme les autres, et que, du fait que son objet soit différent, elle n’a pas de spécificités. Ce que je cherche plutôt c’est justement à interroger ces spécificités et à les rendre visibles et formalisables, de façon à (re)constuire des fondations solides à une discipline qui me semble encore hésitante sur bien des points.
Je pourrais résumer (non, je ne pourrais pas, mais je le fais quand-même, parfois il faut bien se simplifier la tâche…) toutes ces interrogations en une seule :
La psychologie existe-t-elle réellement ou existe-t-elle uniquement dans nos têtes?
Belle provocation, quelle confusion! Autant de questions naïves, diront certains, de questions mal posées penseront d’autres, ou enfin de fausses questions jugeront les derniers. Soit. Jouons le jeu de la critique radicale jusqu’au bout, contre tout relativisme et contre le danger de tous les courrants de pensée « post-quelque chose » et le risque de la déshistoricisation. Je vous en serai reconnaissant.
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« Au point de vue du matérialisme, c’est à dire du marxisme, les limites de l’approximation de nos connaissances à la vérité objective absolue sont historiquement relatives, mais l’existence même de cette vérité n’est pas contestable, comme il n’est pas constestable que nous en approchons. »
Lénine
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Duarte.
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