45Les sciences sont dynamiques, tant dans leurs méthodes que dans leurs résultats, car leur objet est le mouvement même de la matière. Le découpage spatial cristallise le devenir et isole les résultats dans des disciplines présentées comme incompatibles. Sans tomber dans le rêve de l’unification des sciences, la complémentarité des descriptions ouvre une voie nouvelle pour la philosophie des sciences : les sciences cognitives, pour autant qu’elles prendront en compte le corps vivant, devraient pouvoir aboutir à une description de ce type ; la génétique, la neurobiologie, l’éthologie et la paléontologie évolutionniste convergent pour penser le développement des êtres ainsi que pour modifier leur état sinon leur nature. La chimie et l’immunologie créent de nouvelles stratégies pour lutter contre les mutations pathologiques du vivant. En passant derrière le miroir de l’apparence, les sciences révèlent enfin la temporalité de l’être matériel. Reste à la pensée humaine de construire avec les sciences une philosophie de la matière vivante.