سميح القاسم المد يــر العـام *****
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تعاليق : شخصيا أختلف مع من يدعي أن البشر على عقل واحد وقدرة واحدة ..
أعتقد أن هناك تمايز أوجدته الطبيعة ، وكرسه الفعل البشري اليومي , والا ما معنى أن يكون الواحد منا متفوقا لدرجة الخيال في حين أن الآخر يكافح لينجو ..
هناك تمايز لابد من اقراره أحببنا ذلك أم كرهنا ، وبفضل هذا التمايز وصلنا الى ما وصلنا اليه والا لكنا كباقي الحيونات لازلنا نعتمد الصيد والالتقاط ونحفر كهوف ومغارات للاختباء تاريخ التسجيل : 05/10/2009 وســــــــــام النشــــــــــــــاط : 10
| | L'Irak : L'âge des ténèbres | |
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| The BRussells Tribunal
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Première partie : “Victoire !” un bilan dévastateur Au lendemain de l’invasion de 2003, le verdict triomphaliste des médias occidentaux était que, la guerre venait d’être gagnée, l’Irak se voyait assuré d’un avenir radieux et démocratique. Journaliste au New York Times, William Rees-Mogg exultait, célébrant la victoire : « 9 avril 2003, le Jour de la Libération pour l’Irak. » Libération obtenue par « ce moteur de libération mondiale » que sont les États-Unis. « Après 24 années d’oppression, trois guerres et trois semaines de bombardements continus, Bagdad émerge à peine de l’âge des ténèbres. La journée d’hier était une journée de libération historique[1]. « Le problème de cette guerre pour, je pense, pour de nombreux Américains, demeure que les prémisses qui nous semblaient en justifier le déclenchement, à savoir la détention par Saddam Hussein d’armes de destruction massive, se sont avérés invalides », déclara aux reporters le Secrétaire à la Défense Robert Gates, en visite officielle en Irak. « De sorte que, si on regarde les choses sous cet angle et qu’on cherche rétroactivement comment on devrait aborder cette guerre, même si le bilan est plutôt positif au point de vue des USA, l’ombre au tableau reste la manière dont elle a démarré »[2]. Robert Gates reconnaît donc bien ici que cette guerre était illégale du point de vue du droit international car il n’y avait en réalité aucun « casus belli ». Mais dans la même phrase, il n’en déclare pas moins que le bilan est plutôt positif pour les États-Unis. Mais qu’entend-il par là exactement ? Comment le bilan colossal des victimes et des destructions pourrait-il s’avérer positif pour les USA ? Et que dire des responsabilités ? Lorsqu’on sait que l’Irak paie encore aujourd’hui des réparations pour son invasion du Kuwait de 1990, qu’en est-il du paiement de réparations par les USA pour les destructions infligées illégalement à l’Irak ? « Nous avons combattu ensemble, nous avons ri ensemble et parfois pleuré ensemble. Nous sommes restés côte à côte, payant ensemble le prix du sang », déclarait le Général Ray Odierno aux officiers irakiens et aux centaines de soldats et d’officiers américains réunis pour la cérémonie qui mettait officiellement fin aux opérations de combat. « C’était pour les idéaux de liberté et de justice que nous partageons »[3]. Oui, ils ont ri ensemble, comme riaient les infâmes auteurs des « meurtres collatéraux » de l’attaque en hélicoptère de combat contre les civils de Bagdad, en juillet 2007 – dont l’enregistrement vidéo a été récemment publié par Wikileaks – et qui tua plus d’une douzaine d’Irakiens, dont deux journalistes de Reuters. Quant au sang, nul doute qu’ils l’ont effectivement versé ensemble, et fort généreusement ! Celui de plus d’un million de mères, de pères, d’enfants et de vieillards irakiens… Et tout cela, M. Odierno, au nom des « idéaux de liberté et de justice que nous partageons ? » La plupart des Irakiens ne sont pas de cet avis. Pour eux au contraire, le pays a depuis sombré dans l’âge des ténèbres. Les faits Depuis 1990, début du régime de sanctions imposé par l’ONU, le taux de mortalité infantile a augmenté de 150% en Irak. En 2008, à peine 50% des enfants en âge d’entrer en école primaire étaient scolarisés, contre 80% en 2005 et près de 1 500 enfants étaient incarcérés dans des centres de détention. En 2007, les statistiques gouvernementales officielles dénombraient 5 millions d’orphelins en Irak. Plus de 2 millions d’Irakiens sont réfugiés hors du pays et près de 3 millions sont réfugiés (ou déplacés) à l’intérieur du pays. 70% des Irakiens n’ont plus accès à l’eau potable. Le nombre de chômeurs (sans indemnités) atteint officiellement les 50%, il est de 70% officieusement. 43% des Irakiens sont réduits à un épouvantable niveau de pauvreté. 8 millions d’entre eux auraient immédiatement besoin d’une aide d’urgence. 4 millions d’Irakiens sont sous alimentés et ont un urgent besoin d’assistance humanitaire. 80% des Irakiens ne disposent plus d’aucun système sanitaire (égouts et eaux usées). Les minorités religieuses sont au bord de l’extinction[4]. Dans une récente étude commanditée par Oxfam, 33% des femmes n’avaient reçu aucune assistance humanitaire depuis 2003 ; 76% des veuves n’avaient reçu aucune pension ; 52% des femmes étaient sans emploi ; 55% avaient été déplacées depuis 2003 et 55% avaient été victimes de violences – 25,4% avaient été victimes de violences de rue, aveugles ou indiscriminées ; 22% de maltraitances familiales ou conjugales ; 14% avaient subi des violences infligées par des miliciens ; 10% avaient subi des mauvais traitements ou avaient été enlevées ; 9% avaient été abusées sexuellement et 8% avaient subi des violences des forces multinationales[5]. En Irak, le Parlement est incapable de fonctionner, les bidonvilles ne cessent de s’étendre, les maladies prolifèrent de plus en plus, et on constate une véritable épidémie de maladies mentales. Le fait que des innocents soient quotidiennement tués fait désormais partie de la vie de tous les jours. William Blum brosse des aspects « bénéfiques » de cette guerre, un aperçu concis et particulièrement éloquent. « Aucun Américain ne devrait pouvoir oublier que la nation irakienne, la société irakienne, ont été détruites, ruinées, anéanties. Après 1991, les Américains ont bombardé douze années durant, avec toutes sortes d’excuses, puis envahi, puis occupé [l’Irak], en ont renversé le gouvernement, massacré et torturé la population à leur guise… Les habitants de cette malheureuse région ont littéralement tout perdu : leurs maisons, leurs écoles, leur électricité, leur eau potable, leur environnement, leur vie de quartier, leurs mosquées, leur archéologie, leur travail, leurs carrières, leurs professionnels, leurs services publics, leur santé physique, leur santé mentale, leur système de santé, leur couverture sociale, leurs droits des femmes, leur tolérance religieuse, leur sécurité, leurs enfants, leurs parents, leurs passé, leur présent, leur avenir, leurs vies… Plus de la moitié des habitants sont morts, blessés, traumatisés, emprisonnés, déplacés ou exilés à l’étranger… L’uranium appauvri pollue leur air, leurs terres, leur eau, leur sang, leurs gènes… Ils en enfantent des monstres épouvantables… Des éléments non explosés de bombes à fragmentation gisent un peu partout, attendant que des enfants les ramassent »[6]. A ce sinistre tableau, Hannah Gurman ajoute le défi suivant : « Quelque zèle que le gouvernement américain puisse mettre à effacer le passé de l’Irak et à en prédire l’avenir, les Irakiens ordinaires n’en seront pas moins confrontés aux réalités bien plus chaotiques et complexes du présent. Je défie Obama ou quiconque au sein de l’appareil politique américain, d’aller en Irak et d’y regarder un enfant dans les yeux. Un enfant qui sept ans après l’invasion américaine, n’a toujours pas de logement, d’eau potable, de sanitaires, d’électricité ni d’école. Allez lui dire maintenant, à cet enfant là, que la guerre d’Irak était une réussite »[7]. Il suffit de lire cette évaluation de la success story irakienne, par le Dr Riad El Taher : A ce jour, le bilan de l’aventure de Bush et Blair est le suivant : l’avenir des Irakiens est désormais entièrement aux mains de voyous et de profiteurs économiques. Aucun d’entre eux ne s’est jamais soucié le moins du monde de se rendre utile aux Irakiens. A preuve, la fortune considérable que Chalabi, Alawi, Maliki, Sistani, Hakin, Bayati, Bachachi, Baher Alom et Rubai ont instantanément tiré de leur aventure politique. Les ressources naturelles de l’Irak sont hypothéquées pour les 50 années à venir, au profit de compagnies pétrolières internationales. Les cerveaux comme les talents irakiens sont contraints d’émigrer. Les querelles religieuses s’enveniment, encouragées par la constitution. Les minorités religieuses – chrétiens, sabéens, etc. – sont harcelées ou contraintes à l’exil. Les droits de l’Homme, et en particulier concernant les femmes, sont constamment violés et ont largement régressé, notamment dans le domaine de la santé, de la maternité et de l’emploi. Les problèmes d’éducation, de santé, d’environnement et de gestion des ressources en eau sont complètement laissés de côté, et il en va de même de l’agriculture, des industries et de la culture. Grâce à Bush et Blair, plusieurs élections « démocratiques » se sont tenues en Irak, dont les votes furent achetés massivement par clientélisme, menaces ou intimidation. Aujourd’hui, les Irakiens ont accès par leurs téléphones cellulaires à de nombreuses chaînes télévisées détenues par la pègre de la Zone Verte et ses sponsors américains, britanniques ou koweitiens. La destruction de l’Irak a produit deux millions de réfugiés mais ils ne sont pas les bienvenus en Occident. A l’ONU, le Haut Commissariat pour les Réfugiés s’est dit préoccupé par ce problème et a dénoncé le rapatriement forcé systématique des réfugiés irakiens appréhendés en Europe, suite au renvoi par avion de 61 d’entre eux à Bagdad[8]. La contradiction fondamentale de ces « succès » est que les 100 décrets de Bremer ont fait de l’Irak, ce cauchemar infernal pour les Irakiens, un vaste paradis pour affairistes de tous crins. Ils ont littéralement colonisé le pays pour le capital : pillage organisé à grande échelle, un véritable coupe-gorge capitaliste expérimental comme arme de destruction de masse. On n’a pas laissé aux Irakiens le moindre rôle à jouer dans la planification et aucun des contrats de sous-traitance ne leur a été accordé pour partager les bénéfices. La nouvelle législation économique a institué une détaxation quasi-totale. Les investisseurs étrangers détiennent désormais 100% des actifs irakiens, avec en prime le droit d’expatrier l’intégralité des profits, d’importer à volonté et sans restriction. Il bénéficient en outre de contrats et de leasings à long terme, sur 30 ou 40 ans, dépossédant les Irakiens pour des décennies de leurs propres ressources, mais sécurisés de telle façon qu’aucun gouvernement ultérieur ne puisse les modifier, écrit Stephen Lendman[9]. Selon un rapport de Transparency International, la corruption qu’on observe en Irak est vouée à devenir « le plus grand scandale de corruption de l’Histoire »[10]. Tandis que les Américains se retirent, ils laissent derrière eux des centaines de projets abandonnés ou incomplets. Selon un audit d’une agence de surveillance financière américaine, plus de 5 milliards de dollars des contribuables américains se sont ainsi évaporés – soit plus de 10% des quelque 50 milliards que les Américains ont dépensés dans la prétendue reconstruction de l’Irak. Il ne s’agit d’ailleurs manifestement que d’une sous-estimation qui repose sur l’analyse, par l’Inspecteur Général Spécial pour la Reconstruction de l’Irak, de plus de 300 rapports d’experts comptables[11]. Malgré les 53 milliards « d’aide » dépensés depuis l’invasion de 2003, 70% des Irakiens n’ont toujours ni électricité ni eau potable. Ces fonds ont simplement rempli les poches d’entrepreneurs militaires étrangers et de membres corrompus de l’administration[12]. Selon l’Inspecteur Général Spécial pour la Reconstruction de l’Irak, pour près de 8.7 milliards de dollars, le Département de la Défense US est incapable de produire la moindre comptabilité crédible. Pour 9 autres milliards, 96% n’a pas été comptabilisé du tout. Il est d’ailleurs intéressant de souligner que la plupart de ces sommes ne provenaient pas d’aides mais de la vente du gaz et du pétrole irakien, ainsi que de plusieurs avoirs ou actifs gelés depuis la période de Saddam Hussein et vendus eux aussi[13]. Les autorités irakiennes ont dernièrement entamé la construction d’une enceinte de sécurité autour de la capitale Bagdad, rapporte la chaîne nationale Al-Iraqiya TV, citant le porte-parole de la sécurité à Bagdad. Ce mur de béton percé de huit postes de contrôle devrait être terminé vers l’été 2011[14]. De sorte que, bien que la population de Bagdad soit d’ores et déjà contrainte de vivre en communautés fermées (avec des barrières de « sécurité » en béton entre chaque quartier), c’est bientôt toute la ville qui sera enfermée et coupée du reste du pays comme une forteresse médiévale. En mai dernier, une étude intitulée l’Étude Mercer sur la Qualité de Vie[15], a rendu ses résultats concernant « les villes les plus habitables » en 2010. Bagdad était de loin la dernière – c’est à dire la ville la moins habitable de la planète. Cela tient à la totale destruction des réseaux d’égouts, des installations d’épuration, des usines, des écoles, des hôpitaux, des musées et des centrales électriques d’Irak par l’armée américaine[16]. UN-HABITAT, une agence des Nations Unies, a récemment publié un rapport de 218 pages intitulé L’État des villes dans le monde 2010-2011 : réduire la fracture urbaine[17]. Pour Adil E Shantoo, un fait particulièrement choquant y s’y trouve presque délibérément passé à la trappe, concernant les populations urbaines d’Irak : au cours des décennies qui précèdent l’invasion américaine de l’Irak, en 2003, les bidonvilles regroupaient moins de 20% de la population urbaine d’Irak. Aujourd’hui, ce pourcentage est de 53%, soit 11 millions de citadins sur 19 au total. Au cours de la dernière décennie, la plupart des pays ont fait des progrès pour diminuer la population des bidonvilles. L’Irak glisse au contraire dangereusement dans la direction opposée[18]. Lancé en 2007, le Global Peace Index (GPI) classe chaque année les pays en fonction de la tranquillité qui y règne, sur la base d’indices caractéristiques de paix ou de violence. Dans son rapport de 2009, sur 144 pays, l’Irak arrivait dernier, l’Afghanistan avant dernier. En avril 2010, Amnesty International publiait un rapport intitulé « Irak : compte-rendu sur les droits de l’Homme ». Leur conclusion était que : « la situation des droits de l’homme dans le pays reste grave. Toutes les parties du conflit en cours ont commis des abus choquants et la population civile continue d’assumer le coût des violences qui se poursuivent. La situation sur le plan sécuritaire est toujours précaire en dépit de quelques améliorations en 2009. Arrestations, kidnappings, fusillades et attaques armées contre des civils demeurent quotidiennes ». Il n’y a toujours aucun gouvernement digne de ce nom en Irak. Comme l’écrit Saad Jawad, qui enseigne les Sciences Politiques à l’Université de Bagdad, « certains analystes cyniques estiment que la situation actuelle reflète exactement ce que visaient les États-Unis (et Israël) ou ce que Washington avait en tête en jetant les bases de la nouvelle Constitution. Les tensions qui divisent actuellement l’Irak continuent d’affaiblir le pays et le maintiennent à la merci des USA, permettant à ceux-ci d’y conserver leur rôle de puissance tutélaire afin d’y perpétuer leur présence »[19]. Mais qui menace réellement la sécurité de l’Irak ? Qui est à l’origine des attaques meurtrières et des attentats à la voiture piégée ? Dans de nombreux cas, on dénonce la complicité des forces de sécurité. Le 28 août, les forces américaines ont arrêté un député d’Ahmad Chalabi, Ali Faisal al Lami – qui fut un temps le politicien irakien favori de l’administration Bush – pour son implication dans une série d’attentats qui avaient coûté la vie à des ressortissants américains et Irakiens. Al Lami est un responsable Shiite, membre du parti Sadriste et responsable du Justice and Accountability Committee, dirigé par Chalabi[20]. Ce que démontre cette information, c’est que les crapules qui sont venus en Irak avec les troupes américaines et dont les milices étaient armées, formées et financées par les USA, sont au moins partiellement responsables des séries d’attentats qui ravagent le pays. Lorsqu’on garde de tels faits à l’esprit, il semble ahurissant d’entendre des responsables américains parler, au sujet de l’Irak, d’un « bilan positif pour les USA ». Obama a proclamé la prétendue suspension définitive de la Mission de Combat en Irak[21]. Mais il refuse toujours de faire réellement le bilan de ces sept années de catastrophe, préférant regarder vers l’avenir et éluder ses responsabilités. L’un des commentaires les plus pertinents du discours officiel d’Obama fut sans doute celui de Chris Floyd : Après avoir fallacieusement déclaré le 30 août « la fin de la Mission de Combat en Irak », […] Obama a lâché ce qui était peut-être le mensonge le plus énorme, le plus honteusement malhonnête de la soirée : “A travers ce remarquable chapitre de l’histoire des États-Unis et de l’Irak, nous avons assumé nos responsabilités ». Nous avons assumé nos responsabilités ! Non, Monsieur le Président ! Certainement pas ! Pas tant que de nombreux Américains, et de très haut rang, n’auront été jugés pour crimes de guerre. Pas avant que les États-Unis n’auront payé des centaines de milliards de dollars de réparations sans restrictions aux Irakiens pour le viol de leur pays et l’extermination de sa population. Pas avant que les États-Unis n’aient ouvert leurs frontières à tous ceux et celles qui ont été et vont être chassés d’Irak par l’épouvantable niveau de destructions que nous avons infligé à leur pays, ou qui le quitteront pour fuir les ignobles crapules et les fanatiques qui nous doivent aussi bien la puissance que la totale liberté d’action qu’ils ont acquise dans le pays. Pas avant que vous-même, Monsieur le Président, faisant pénitence avec le sac et la cendre, n’ayez proclamé une Journée Nationale de la Honte, à célébrer chaque année par des lamentations, des réparations et des confessions, pour les crimes contre l’humanité que nous avons commis en Irak[22]. Mais les États-Unis n’ont aucune intention de payer la moindre réparation pour les destructions commises. Au contraire : Christopher Crowley, directeur d’USAID en Irak, a lui-même déclaré que les pressions qui exigent des Irakiens qu’ils prennent en charge le coût du Programme d’aides aux victimes américaines faisait partie d’un accord général sur l’ensemble des programmes d’assistance en Irak. Les USA “entendent obtenir l’augmentation de la contribution du gouvernement [irakien] à ces programmes, afin qu’ils puissent être maintenus sur le long terme », déclare-t-il. Selon Crowley, nombreux sont ceux qui aux USA estiment que l’Irak, avec les troisièmes plus grandes réserves mondiales de pétrole brut, a largement les moyens de payer d’une manière ou d’une autre pour les reconstructions de l’après-guerre. Lorsqu’on lui demande pourquoi le gouvernement irakien devrait payer des compensations pour les victimes des opérations américaines, il répond que les victimes « sont des citoyens irakiens »[23]. C’est littéralement incroyable : les USA exigent que ce soit le gouvernement irakien qui paie des compensations pour l’ensemble des morts et des destructions que la machine de guerre américaine a infligé à l’Irak. Et les raisons qu’ils avancent sont : 1) l’Irak peut vendre suffisamment de pétrole pour reconstruire le pays ; 2) les victimes sont irakiennes, donc les compensations doivent être payées par… les Irakiens ! C’est le monde à l’envers ! Commentaire d’un Irakien : « Quelqu'un pénètre chez moi illégalement, y détruit tout ce qui peut l’être, massacre ma famille, et exige que ce soit à moi de payer pour ce qui a été commis ? Mais à qui on parle, là ? A des sauvages à peine sortis de l’âge des cavernes ? » Certes, toutes ces destructions ont coûté énormément d’argent au contribuable américain. « Tandis que les États-Unis mettent fin aux combats en Irak, il s’avère que notre estimation de trois mille milliards de dollars (qui incluait à la fois le coût direct de la guerre pour le gouvernement US et l’impact général de celle-ci sur l’économie américaine), était de toute façon sous-évaluée. Par exemple, le coût de l’indemnisation des vétérans – diagnostics, soins, versement de compensations, s’avère supérieur à nos prévisions », écrit Joseph Stiglitz dans le Washington Post[24]. Un rapport publié en Inde par le Groupe de Prévision Stratégiques, dans un ouvrage intitulé Le coût des conflits du Proche-Orient, calcule en outre que, sur les 20 dernières années, ces conflits ont coûté aux nations et aux populations de la région plus de 12 mille milliards de dollars. Ce rapport précise que le Proche-Orient a enregistré « une forte augmentation des dépenses militaires au cours des 20 dernières années, et qu’il est désormais considéré comme la région la plus lourdement armée du monde »[25]. Imaginez les mêmes sommes dépensées en infrastructures rurales et urbaines, en réservoirs, en systèmes de désalinisation et d’irrigation, en reforestation, en pisciculture, en médecine et santé publique, en logement, en information et technologie, en emplois, en programmes d’intégration équitable de villes et de villages, en réparation des ravages des guerres, plutôt que dans des armes qui ne peuvent que semer la destruction. L’insupportable légèreté des services publics irakiens Comme nous l’avons vu plus haut, la très grande majorité des Irakiens n’ont plus accès aux services de première nécessité, tels que la distribution d’eau potable, le ramassage des ordures ménagères, un réseau électrique fiable, un réseau d’égouts fonctionnel, l’emploi, le système de santé, etc. L’Irak a d’ores et déjà sombré dans l’âge des ténèbres, non seulement au sens figuré mais même au sens le plus littéral du terme, car même la lumière est devenue une denrée rare. Des plaintes de plus en plus nombreuses dénoncent des coupures de courant qui réduisent l’alimentation électrique publique à seulement quelques heures par jour. Le 22 août dernier, les forces de l’ordre irakiennes ont eu recours aux canons d’eau et aux matraques pour disperser les manifestants dans la ville irakienne du Sud, Nasiriyah, et réprimer les émeutes qui avaient éclaté en protestation contre les coupures de courant, qui handicapent toute activité, et contre l’insuffisance des services publics. Des protestations similaires avaient déjà eu lieu à Nasiriyah en juin dernier lorsque 1 000 manifestants avaient essayé de prendre d’assaut le siège du Conseil Régional défendu par les forces de l’ordre, ainsi qu’à Bassorah, où deux personnes avaient été tuées lors d’affrontements avec la police[26]. Des émeutes similaires ayant éclaté pendant tout le mois de juin contre les pénuries d’électricité dans plusieurs villes d’Irak, le ministre Kareem Waheed fut finalement contraint de démissionner[27]. Il fut remplacé par Hussain al-Shahristani, ministre irakien du Pétrole, débarqué en Irak en 2003 dans le sillage des chars américains et britanniques. Il publia alors un décret interdisant toute activité syndicale et suspendant toute forme de coopération ou de pourparlers avec les syndicats de l’électricité publique. Il a lui-même supervisé les opérations de police imposant la fermeture des bureaux des syndicats et la confiscation de tout ce qui s’y trouvait : documents, mobilier, ordinateurs, etc. Akram Nadit, Représentant International de la Fédération des Syndicats et Conseils d’Ouvriers en Irak (http://fwcui.org/french/french.html), a alors lancé un appel à la population, lui demandant d’adresser des lettres de protestations à Al-Shahristani : « Cet ordre est une violation patente de la réglementation internationale du travail que votre gouvernement est tenu de faire respecter. Nous donc faisons appel vous pour que cette situation soit rétablie et qu’on mette fin à cet assaut contre les syndicats irakiens »[28]. Après la campagne de bombardement de l’Opération Tempête du désert de 1991, les centrales électriques et les lignes à haute tension irakiennes étaient détruites à 91% : soit 95 centrales électriques ainsi que l’intégralité des lignes de 400 000 et 135 000 volts. La distribution du pétrole était totalement stoppée et les sites de forage de Kirkuk, au Nord du pays et de Rumaila au Sud, ainsi que les raffineries, stations essence et sites de stockage du pétrole pour l’export des ports pétroliers d’Umm Qasr et de Fao étaient intégralement détruits. Les Irakiens parvinrent néanmoins à rétablir l’électricité en à peine six mois, en dépit des sanctions drastiques imposées au pays. La campagne de reconstruction qui suivit la fin des hostilités en mars 1991 fut un véritable exploit aux dimensions stupéfiantes. A l’heure actuelle, sept ans après la « libération », les principaux services publics ne fonctionnent toujours pas correctement. Un bloggeur irakien écrivait récemment : « Sous le précédent ministre, nous avions généralement droit à deux heures d’électricité puis quatre heures de coupure. Ce qui nous faisait en moyenne huit heures d’électricité par jour. Parfois c’était moins que ça. Aujourd’hui, sous Shahristani, on a moins de quatre heures d’électricité par jour pendant l’infernal été irakien où, plus de trois mois durant, la température ne descend jamais au-dessous de 50°C. Le grand vizir a trouvé une explication à ce problème et une solution simple pour résoudre le dilemme de l’électricité. Il estime que nous, les Irakiens, nous gaspillons l’électricité, et que dans chaque maison toute la famille devrait se rassembler le soir dans une même pièce et y dormir ensemble. Je ne sais pas comment il peut seulement dire une chose pareille ou même imaginer une solution aussi honteuse »[29]. A vrai dire, la chaleur torride de l’été, Shahristani ne s’en soucie guère. Ces chiffres donnent une idée des salaires de certains pontes irakiens : environ 700 000 $ US par an pour le Président et quelque 600 000 $ US pour les Vice-présidents – quoique selon certaines agences de presse irakiennes l’ensemble des revenus mensuels du Vice-président Adel Abdul Mahdi atteindrait le million de dollars US. Le salaire d’Al-Maliki [le Premier Ministre] est, lui, identique à celui du Président irakien. Le Président du Conseil de la Magistrature touche environ 100 000 dollars US par mois (sans compter les allocations). Leur retraite s’élève à 80% du montant de leur dernière paie, et ce jusqu’à la fin de leurs jours[30]. Liberté ? Justice ? Deuxième partie : L’interminable occupation et ses effets pernicieux. Quel retrait ? Lors même que le Président Barack Obama annonçait la fin des combats en Irak, les forces américaines poursuivaient leurs opérations militaires, malgré la prétendue fin de leur mission de combat en Irak. Le 1er septembre, les soldats américains prenaient d’assaut un village du Nord, tandis que leurs supplétifs irakiens en pillaient les maisons et y arrêtaient des dizaines d’insurgés présumés[31]. « A l’instar de la Grande Muraille de Chine », disait l’Ambassadeur Hill, « l’Ambassade US de Bagdad est l’une des choses qu’on peut voir à l’œil nu depuis l’espace. Je veux dire… elle est énorme ! »[32]. C’est le moins qu’on puisse dire ! S’étendant sur plus de 420 km2, c’est de très loin la plus grande ambassade du monde. Outre ses six immeubles résidentiels, elle dispose d’une piscine de luxe, ainsi qu’une installation de traitement de l’eau et d’uns station d’épuration. (…) Le Département d’État a exigé la présence d’une véritable mini armée pour protéger cette petite Amérique fortifiée – avec notamment 24 hélicoptères Black Hawk et une cinquantaine de véhicules anti-bombes[33]. Après ce mois de retrait, il restera encore 50 000 soldats américains dans 94 bases militaires US d’Irak, pour « conseiller » et former l’armée irakienne, « assurer la sécurité » et encadrer des missions « contre-insurrectionnelles ». Environ 5 800 d’entre eux appartiennent à l’armée de l’Air a déclaré le Major-Général Joseph Reynes, directeur de l’Air Component Coordination Element for U.S. Forces-Iraq[34]. Dans le même temps, le gouvernement américain ne fait pas que changer l’étiquette de l’occupation, il la privatise aussi. Quelque 100 000 supplétifs privés [contractors] travaillent pour les forces d’occupation, dont plus de 11 000 sont des mercenaires armés. Ce sont presque exclusivement des ressortissants de pays tiers et assez souvent de pays en voie de développement. Un Péruvien et deux Ougandais d’une compagnie de sécurité ont été tués il y a une quinzaine de jours lors d’une attaque à la roquette sur la Zone Verte[35]. Bien que le Pentagone réduise drastiquement ses forces de combat en Irak, l’armée américaine n’en prévoit pas moins de contrôler plus étroitement la couverture médiatique de ce qui s’y passe et la manière dont elle est présentée au public, en Irak aussi bien qu’aux USA [ou en Europe]. « Il est essentiel pour le succès du nouveau gouvernement irakien et de la mission des forces américaines en Irak, que tous deux communiquent efficacement en direction de nos publics stratégiques (à savoir le public irakien, arabe, international, américain et les forces américaines stationnées en Irak), afin d’assurer à nos principaux thèmes et messages un soutien optimum », claironnait le texte d’un appel d’offre pour une équipe de 12 experts civils destinée au secteur des « services de gestion des communications stratégiques » en Irak[36]. De toute évidence, la guerre et l’occupation continueront jusqu’à ce que le peuple irakien et le reste du monde imposent à Washington un retrait total d’Irak. La population des États-Unis a donc le devoir moral d’organiser un vaste mouvement d’opposition politique particulièrement déterminé contre l’actuelle occupation de l’Irak et la guerre qui y est menée par le gouvernement des Etats-Unis. Inutile d’imaginer que l’administration Obama ou aucune autre ultérieure quitte un jour l’Irak de son propre gré, conclut Kenneth J. Theisen du groupe américain anti-guerre World Can’t Wait[37]. La Résistance Populaire Nationale irakienne a récemment intensifié ses activités contre l’occupation : Selon le Général de Brigade Ralph O. Baker, commandant en second des Forces Américaines du centre de l’Irak, le nombre d’attaques à la roquette ou au mortier contre la Zone Verte fortifiée et l’aéroport de Bagdad a lui aussi fortement augmenté. Le Général Baker déclarait récemment qu’il y avait eu une soixante d’attaques de ce genre au cours des deux derniers mois, contre « deux ou trois » seulement dans les mois précédents[38]. La honteuse sous-évaluation du bilan des victimes civiles Tandis qu’à Washington, l’élite dominante voit dans la destruction de l’Irak « un bilan plutôt positif pour les États-Unis », la plupart des journalistes des médias corporatistes s’efforcent de maintenir le nombre officiel des victimes civiles irakiennes autour de 100 000 morts. Un mensonge de plus, une sous-estimation flagrante et une insulte aux souffrances du peuple irakien. Ce chiffre est celui de l’Iraq Bodycount, une organisation qui effectue un remarquable travail d’inventaire des victimes civiles dont le décès est attesté dans les médias de langue anglaise[39]. Bien évidemment, ce type de calcul peut difficilement servir de fondement scientifique à une estimation pertinente du nombre réel des victimes civiles irakiennes. Voici quelques exemples : sur 34 000 médecins inscrits en Irak, 20 000 ont quitté le pays suite à l’invasion américaine[40]. Depuis avril 2009, moins de 2 000 médecins y sont revenus et le même nombre y a été tué pendant la guerre[41]. Dans sa base de données, Iraq Bodycount signale seulement 70 médecins tués en Irak[42], ce qui signifie qu’ils ont pris en compte à peine 3,5% du nombre réel des médecins victimes du conflit. 108 intellectuels universitaires apparaissent dans leur base de données. Le BRussells Tribunal possède une liste non exhaustive de 448 universitaires assassinés[43], établie par recoupement de diverses sources. Bien que cette liste soit loin d’être complète, Iraq Bodycount mentionne à peine 24% du nombre des universitaires assassinés dont le BRussells Tribunal ait pu réunir les noms. La catégorie de victimes la mieux suivie de ce conflit est sans doute celle des journalistes. Le BRussells Tribunal a pu dresser une liste de 354 de professionnels des médias victimes de la guerre[44]. En septembre 2007, M. Habib al-Sadr, directeur général d’Al-Iraqiya [la chaîne de télévision nationale irakienne], confiait à l’AFP que depuis sa prise de fonctions en 2005, au moins 75 membres de son personnel avaient été tués et 68 autres blessés[45]. A l’époque, la liste du BRussells Tribunal consacrée aux professionnels des médias contenait moins du tiers de son total actuel. Mais pour Iraq Bodycount, le cumul dans cette catégorie ne dépasse pas 241 morts. Auteur de deux importantes études sur la mortalité en Irak, publiées dans la revue scientifique britannique The Lancet, l’épidémiologiste Les Roberts s’est défendu le 20 septembre 2007 contre des allégations dénonçant ses enquêtes comme « totalement biaisées », avec cet argument : « Présentée lors d’une conférence à Harvard, une recherche portant sur treize pays frappés par la guerre, a récemment montré que plus de 80% des morts violentes survenues au cours de conflits ne sont signalés, ni par la presse, ni par les gouvernements. Récemment cités dans Middle East Online, des membres de l’administration de la ville irakienne de Nadjaf expliquaient que 40 000 corps non-identifiés avaient été enterrés dans cette ville depuis le début du conflit. Dans son discours aux membres du Rotary Club du 5 septembre dernier – retransmis par le réseau américain C-SPAN (Réseau câblé et satellitaire pour les affaires publiques), Samir Sumaida’ie, l’ambassadeur irakien aux USA, a déclaré qu’il y avait 500 000 veuves récentes en Irak. La Commission Baker-Hamilton elle-même a constaté que le Pentagone ne signalait à peine le dixième du nombre d’incidents violents survenus pendant le conflit. Enfin, le vénérable institut de sondage britannique ORB a récemment publié les résultats d’un sondage selon lequel 22% des foyers irakiens ont perdu au moins un parent, victime des violences sous l’occupation, ce qui équivaut à un total d’un million deux cent mille de morts. Cette découverte corrobore assez largement les résultats d’un autre sondage effectué par la BBC en février dernier, selon lequel 17% des Irakiens avaient perdu au moins un de leurs proches dans le conflit. A l’heure actuelle, ce sont donc deux sondages et trois études scientifiques qui démontrent que les chiffres officiels et les estimations basées sur les déclarations médiatiques ont bien occulté 70 à 95% du total des victimes de la guerre en Irak. Et tout semble indiquer que la proportion d’occultation des faits par les médias ne cesse d’augmenter avec le temps » [46]. Une note de Sir Roy Anderson, Conseiller scientifique en chef auprès du Ministère britannique de la Défense, insiste que « l’approche méthodologique de l’étude [du Lancet] est solide et recourt à des méthodes que l’on peut considérer comme étant aussi proche que possible des « meilleures pratiques » de ce domaine, étant donné les difficultés spécifiques de la collecte et du contrôle des données, dans les circonstances qui prévalent actuellement en Irak ». Dans un courrier électronique publié par le Ministère britannique des Affaires Etrangères, dans lequel un responsable demande des précisions sur l’enquête du Lancet, celui-ci écrit : « Pour autant, la méthodologie de l’enquête employée ici peut difficilement être prise à défaut, c’est un mode d’évaluation de la mortalité dans les zones de conflit qui a depuis longtemps fait ses preuves »[47]. La polémique autour du nombre des victimes est sans doute loin d’être close, mais nous pouvons avancer avec certitude un excédent de plus d’un million de décès directement imputables à cette guerre – pour la plupart de mort violente. On peut trouver sur le site du BRussells Tribunal un archivage non exhaustif des articles relatant les virulentes polémiques répercutées dans la presse et les blogs au sujet du décompte des victimes civiles de l’occupation US : http://www.brusselstribunal.org/Lancet111006.htm Un été noir pour les intellectuels irakiens Le BRussells Tribunal s’est rendu célèbre par la vaste campagne lancée en 2005, qui visait à sensibiliser le public au sort des intellectuels irakiens. Le BRussells Tribunal reçoit régulièrement d’un large éventail de sources irakiennes, des informations complémentaires sur les exécutions sommaires d’intellectuels et d’universitaires irakiens. Voici un aperçu des principales exécutions répertoriées dans le courant de l’été : Ehab Al-Ani : Directeur d’hôpital à Al Qa’im, tué le 5 juin 2010 par une bombe artisanale. D’après l’enquête initiale, Dr. Al Ani n’a pas été tué au hasard. Ahmed Jumaa : Vice-chancelier de l’Université islamique à Ramadi, tué le 29 juin 2010 à Hit par une bombe artisanale. Le même jour, le professeur Ali Sayegh Zidane, cancérologue de l’Hôpital d’Harithiya à Bagdad, était abattu par des tireurs embusqués ou des snipers. 14 juillet 2010 : La police irakienne découvre le cadavre décomposé d’un professeur d’université Adnan Al-Makki, poignardé à mort, chez lui, à Bagdad. Le même jour, un autre professeur d’université est abattu dans l’Ouest de Bagdad par des tireurs ou des snipers. Son nom ne nous a pas été communiqué. 11 août 2010 : Tôt le matin, un groupe de tueurs fait irruption chez le Dr. Intisar Hasan Al Twaigry, directeur de l’Hôpital d’obstétrique Illwiyah, à Bagdad. Le Dr. Al Twaigry est assassinée, son mari est ligoté mais laissé en vie. Les tueurs emportent avec eux environ 20 000 dollars US. Mohammed Ali El-Din : Expert en pharmacologie, assassiné dans l’après-midi du 14 août 2010, dans la région d’An Numaniya. Abattu par des tireurs ou des snipers, Mohammed Ali El-Din était rentré en Irak à peine quelques mois plus tôt, après un séjour d’études à l’Université de George Washington, USA. Dr Kamal Qasim Al Hiti : Professeur de sociologie kidnappé dans Bagdad le 14 août 2010, à 16 h. Quelques semaines auparavant, il avait reçu une lettre de menaces contenant une balle et lui enjoignant de quitter le pays. Son corps mutilé, le visage en partie brûlé, a été retrouvé le 22 août dans le Tigre en face de la Zone Verte, dans le district al-Karada (sous contrôle du Conseil Suprême Islamique – Brigade Badr). Il a été torturé puis pendu. Très ouvertement critique contre l’occupation, il était l’éditeur du journal Al Mustaqila dont le siège avait été récemment mis à sac et qui fut finalement interdit pour avoir dénoncé l’occupation et ses milices[48]. 28 août 2010 : Le BRussells Tribunal reçoit le courrier électronique suivant : « Je voudrais ajouter le nom de mon ami très proche Dr. Samer Saleem Abbas, abattu à bout portant dans sa clinique privée par un homme armé d’un pistolet à silencieux, qui a froidement annoncé aux patients : « Inutile d’attendre ou de rester dans la clinique, votre médecin est mort ! » Le Dr. Samer a été abattu de 5 ou 6 balles, dont une dans la bouche… Il a été tué un stylo à la main. Il était spécialiste en radiologie et Président du département de radiologie de la section chirurgicale Al-Jerahat de la Cité de la Médecine, à Bagdad. Nous avons donné son nom à l’amphithéâtre de son département. Nous discutions ensemble et rêvions de donner une nouvelle impulsion à la radiologie en Irak après la guerre. J’espère sincèrement que ces informations vous seront suffisantes pour rajouter son nom à votre liste ». On ne voit toujours pas la fin de cette campagne d’assassinats systématique des meilleurs et les plus brillants cerveaux d’Irak. Il semble que près de 40% des Irakiens de classe moyenne avaient déjà fui le pays vers la fin de 2006. La situation n’a fait qu’empirer depuis, bien que la proportion de départs semble diminuer progressivement. Les actions visant à stopper et inverser cette fuite de cerveaux demeurent indispensables. Pour la plupart des observateurs hélas, force est de constater que le gouvernement ne prend aucune mesure concrète susceptible de créer les conditions nécessaires au retour en Irak des classes moyennes éduquées. Privé de classes moyennes, l’Irak n’a aucun avenir viable.
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