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 Maroc Le paysage politique

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31102010
مُساهمةMaroc Le paysage politique

« Le Maroc appartient à cette frange de pays arabes où un décalage existe entre l'opinion publique, travaillée par un retour à l'islam, et un régime qui privilégie l'alliance avec l'Occident. » (Jean-Pierre Tuquoi)

Le paysage politique du Maroc est difficile à lire dans le résultat des élections. Les député ayant une faible influence sur les destinées du pays (tout se jouant au Palais royal), les Marocains se déplacent peu pour voter. Aux législatives de septembre 2007, le taux de participation était de 37 %.

Lors des scutins précédants, les résultats électoraux avaient été manipulés par l'administration, le poids des différentes forces politiques marocaines n'a pas toujours été facile à appréhender. Longtemps c'est la gauche qui a vu son score minimisé par le pouvoir. Lors des législatives de 1997 (et encore en 2002), c'était les islamistes qui aient eu à le déplorer. Le chiffre même de la participation, 51 % en 2002, selon le ministre de l’Intérieur, était douteux.

Les législatives de septembre 2007, ont été marquée par la victoire des partis conservateurs, l'Istiqlal en tête. Les islamistes du PJD dont ont attenadient la victoire, n'arrivent qu'en deuxième position. La gauche est la grande perdante du scrutin. De la première place l'USFP se retrouve à la cinquième.

Au municipales de 2009, le Parti authenticité et modernité (PAM) créé par Fouad Ali El-Himma, un proche du roi, devenu le premier parti du pays. Tour à tour « parti de l'ami du roi » et prétendument parti d'opposition, son président, tout « opposant » soit-il, s’est retrouvé nommé à la tête de la seconde chambre du Parlement et en janvier 2010 est rentré en force au gouvernement... Le paysage politique marocain est toujours aussi peu cohérent.


Le paysage politique marocain est très émietté :

La Koutla a aujourd'hui disparu. (La Koutlah al democratiya ou « Bloc démocratique »), réunissait les cinq partis de l'opposition d'avant 1999. Les principaux font aujourd’hui figure de « majorité » gouvernementale. Deux d’entre eux sont des scissions successives de l’Istiqlal, le vieux parti nationaliste.

USFP, Union socialiste des forces populaires : Parti socialiste né en 1975 d’une scission de l’UNFP, qui a longtemps été le fer de lance de l’opposition au roi. Première force politique marocaine depuis le début des années 1990, vainqueur des législatives de 1997 (13,9 % des voix et 57 sièges) et de celle de 2002 (15,2 % et 50 sièges). L'USFP est tombé à 11,6 % en 2007 et 2009. Cet ancien parti d'opposition paye ainsi 10 ans de participation gouvernementale. Son président de l'époque, Abderrahame Youssoufi, avait été nommé Premier ministre en 1998. Mais, l’immobilisme gouvernemental a beaucoup déçu et l’USFP a largement perdu contact avec sa base militante et électorale. Lors du VIe congrès d’avril 2001 (le précédent avait eu lieu en… 1989) de fortes divergences sont apparues avec la CDT (Confédération démocratique du travail), le second syndicat marocain traditionnellement lié au parti, comme avec la Jeunesse socialiste, la branche jeunesse de l’USFP, de plus en plus critique. Enfin, une faction du parti dite « Fidélité à la démocratie » a boycotté le congrès et réclame une monarchie parlementaire.

L’Istiqlal (« l’indépendance ») : parti nationaliste, démocrate mais plutôt conservateur. C’est le grand mouvement de libération arabo-islamiste fondé en 1943 par le militant nationaliste Allal El Fassi (son dirigeant jusqu’en 1974) avec le parrainage du futur Hassan II. Il a participé à des gouvernements dans les années 1970, 1960 et 1980, puis s’est allié à l’USFP la principale force de l’opposition. Aux législatives de 2002, il a obtenu le deuxième meilleur score avec 48 élus améliorant nettement ses position (32 députés en 1997). Depuis 1998, l’Istiqlal est dirigé par Abbas el-Fassi, qui s'est efforcé de démocratiser le fonctionnement interne du parti, notamment en imposant un quota de 20 % de femmes parmi les cadres, y compris au bureau politique. L’Istiqlal a été le grand vainqueur des municipales de 2003, puis des législatives de 2007. Avec 19 % des voix, c'est le deuxième parti marocain (après le PAM).

PPS, Parti du progrès et du socialisme : petit parti de gauche, dirigé par Ali Yata de 1946 jusqu’à sa mort accidentelle en 1997, Ismaël Alaoui lui a succédé. C’est l’héritier du Parti communiste marocain fondé en 1943 et interdit en 1959. Le PPS a abandonné la doctrine communiste en 1995. Il a obtenu 11 députés en 2002 (3,3 %) (contre 9 en 1997). En 2007, le PPS a encore profité du déclin de l'USFP en réalisant un score de 5,2 %.

PSU, Parti socialiste unifié : né en octobre 2005 de la fusion entre la GSU et l’association Fidélité à la démocratie. Il est dirigé par Mohamed Moujahid (ancien secrétaire général de la GSU) et Mohamed Sassi (de Fidélité)

La GSU, la Gauche socialiste unifiée, était née en juillet 2002 et regroupait quatre formations nettement marquées à gauche : L’Organisation de l’Action démocratique et populaire (OADP), les Démocrates indépendants, le Mouvement pour la démocratie et Potentialités de Gauche, fondues en une seule structure partisane. C'est la seule formation de gauche a prôner une réforme radicale de la constitution dans un sens plus démocratique. L'OADP, Organisation de l’action démocratique et populaire, était un petit parti de gauche né au début des années 1980 et issus du Mouvement du 23 mars (extrême gauche non communiste). Il avait recueilli 8 % des voix en 1997, mais seulement 4 sièges. En 2002, il doit se contenter de 3 députés. L’OADP soutenait le gouvernement Youssoufi, mais sans y participer n’y participe pas. La direction de la GSU est collégiale, l'ancien chef de l'OADP, Mohammed Bensaïd, n'occupera que le poste honnorifique de président.

UNFP, Union nationale des forces populaires : tout petit parti centriste, héritier d’une scission de gauche de l’Istiqlal fondé en 1959 par Mohamed Ben Barka, Abderrahim Bouabid et Mohamed Basri. Il a été lui-même très affaibli par le départ de son aile gauche qui a donné naissance à l’USFP en 1974. N’est plus représenté au parlement.

RNI, Rassemblement des indépendants : parti de droite modéré, créé de toute pièce par le Palais à la fin des années 1970 et dirigé par Ahmed Osman beau-frère du roi Hassan II. Le RNI qui représente la bourgeoisie industrielle et commerçante a obtenu 41 sièges aux législatives de 2002 (contre 46 en 1997). Il maintient son score en 2007 : 12 %. C'est le 3e parti du pays.


Les partis du makhzen, ex-partis du wifak : (ou wifaq, l'« entente » en arabe) qui regroupe la droite. On les appelle aussi les « partis de l'administration » (appelés ainsi car créés par le pouvoir à l'époque d'Hassan II. Ils ont été créés successivement, le nouveau éclipsant le précédant sans le faire disparaître, d’où un émiettement qui permettait au Palais de ratisser le plus large possible et de donner l’illusion d’un grand pluralisme.


PND, Parti national démocratique : né en 1980 d’une scission du RNI en de former un nouveau gouvernement (novembre 1981) sur lequel s’est appuyé le Palais pendant deux ans. Il a amélioré ses positions en 2002 : 12 députés (contre 10 en 1997).

UC, Union constitutionnelle : parti de droite fondé par le Premier ministre Maati Bouabid, sur ordre du Palais en 1983 afin d’élargir l’assise populaire du pouvoir lors des élections de 1984. L’UC, dirigée par Mohamed Jalal Essaïd, s'est effondré au législatives de 2002 : 16 sièges (contre 50 sièges en 1997 et beaucoup plus à l’époque de sa création). C’est presque le seul a toujours avoir eut un discours néolibéral sur les questions économiques. En 2007, l'UC a obtenu 8,3 % des voix contre 4,9 en 2002.

MDS, Mouvement démocratique et social : parti de droite populiste né au printemps 1997 sous la direction de Mohamed Harchane. Le MDS est le seul parti à ne pas avoir voté le programme gouvernemental d’A. Youssoufi. Il a subi un rude revers aux législative de 2002 : 7 sièges (contre 32 en 1997).


Nouveau dans le Jeu politique

FFD, le Front des Forces Démocratiques a été fondé en 1997. Son secrétaire général, Thami Khyari, a appartenu aux deux gouvernement Youssoufi. Le logo de ce mouvement centriste représente un olivier. Ses premières législatives ont été un succès : 12 députés élus.

Forces Citoyennes : parti de droite créé en 2001 par Abderrahim Lahjouji, un homme d'affaires devenu célèbre grâce à son sens de la communication, une sorte de Berlusconi à la marocaine, mais sans les succès électoraux : 2 députés élu en 2002. Son chef n'a même pas réussi à se faire élire à Anfa où il se présentait.

PRD, le Parti de la réforme et du développement, dirigé par Abderrahman El Cohen, est né en 2001 à l’issue d’une scission au sein du Rassemblement national des Indépendants (RNI). 3 députés élus en 2002.

PML, le Parti marocain libéral est dirigé Mohamed Ziane. Le cheval de bataille de cette petite formation nationaliste est la rétrocession de Sebta et Melilla au Maroc. 3 députés élus en 2002.

PED, Parti de l'environnement et du développement : petit parti écologiste (2 députés élus en 2002).


Les partis berbéristes

MP, Mouvement populaire, fondé en 1957 par Mahjoubi Ahardane, son président actuel. Le roi s'était appuyé sur cette formation pour contrer l'Istiqlal et USFP. Il a subi un net revers aux législatives de 2002 : 27 députés (contre 40 élus en 1997).

MNP, Mouvement national populaire : scission du MP, créée en 1991 par Majhjoubi Ahardane après avoir été évincé de la direction du MP. Avec 18 députés élus en 2002 (contre 19 en 1997), il conserve ses positions.


Le « réseau amazigh pour la citoyenneté », nouvelle association issue de l'association amazigh, Tamaynoute (créée en 1978) a décidé de boycotter les élections de 2002. Ahmed Arahmouch dirigeant du réseau (ex-vice président de Tamaynout) estime que : « Il ne peut pas y avoir de démocratie sans amazighité dans la constitution ».


Les partis islamistes

Selon le professeur Mohamed Tozy, politologue, les islamistes pourraient rassembler de 25 à 30 % de l’électorat. Encore faudrait-il qu'ils puissent présenter des candidats partout (ils n'ont été autorisés à le faire que dans la moitié des circonscriptions) et que les électeurs se dépassent plus massivement : un marocain sur deux n'a pas voté en 2002, notamment parmi la clientèle traditionnelle des islamistes. Ces conditions étant posées la fin des manipulations des résultats électoraux par le Palais, ont permis aux islamistes d'augmenter de façon significative leur présence au Parlement.

PJD, Parti de la justice et du développement : un parti islamiste « modéré », refusant la violence (mais qui prône tout de même l'application, à terme, de la charia au Maroc). C'est la première formation de l'opposition. Le PJD serait même le première parti marocain s'il n'avait pas cédé aux pressions du Palais vivant lui faire limiter son nombre de candidats. Les législatives de 2002 ont été un grand succès : 42 élus (contre 14 en 1997) alors qu'il n'a été autorisé à présenter des candidats que dans la moitié des circonscriptions. En avril 2004, Saâd Eddine Othmani (psychiatre et diplômé de droit islamique né en 1956) a pris la tête du parti, il succédait à Abdelkrim Kahatib. Ce parti a qui on donnait toute les chances de remporter les législatives de 2007, n'est arrivé qu'en deuxième position : 14 % des voix (contre 13 en 2002). En juillet 2008, Abdelilah Benkirane, député de Salé, a été élu secrétaire général.

MPCD, Mouvement populaire constitutionnel et démocratique : islamistes modérés, surnommés les « islamistes du Palais ». Ce petit parti a opéré une percée notable en novembre 1997 : 4,3 % des voix et 9 députés. Autrefois petit parti proche du makhzen, il s’est ouvert récemment à un courrant islamiste modéré à qui il offre son étiquette.



Hors du jeu politique :
Al Adl oual Ihssane
(Justice et Bienfaisance) dirigé par Cheikh Yassine, est la principale organisation islamiste. Elle n'a pas été autorisée à se transformer en parti politique et donc ne se présente pas aux élections. Prenant à contre-pied les islamistes algériens qui ont dérivé vers la violence, il mise sur une islamisation progressive et en douceur de la société marocaine par le biais de ses actions de bienfaisance. Son idéologie est rétrograde et anti-démocratique (le nom de cette association peut aussi se transcrire Al'Adl wa al Ihasan et se traduire « Justice et spiritualité »). Nadia, la fille de Cheikh Yassine fait figure de porte-parole du mouvement. Au début des années 1980, elle fut la première femme à porter le foulard islamique à l'université de Fès.

« Aux yeux d'une partie des intellectuels marocains, Justice et Bienfaisance pèse davantage que le PJD. Entre les deux formations, les différences sont moins idéologiques que tactiques. Le PJD apparaît sur certains thèmes de société comme plus rigide que Justice et Bienfaisance. Mais tous défendent un modèle de société obéissant à la loi de l'islam. Des groupuscules imprégnés d'islam existent aussi mais leur travail est clandestin et on ignore leur poids réel. » (Jean-Pierre Tuquoi, Le Monde 20 mai 2003)


« Les islamistes servent d’épouvantail commode. Cela permet au pouvoir de justifier son immobilisme, son absence de réformes, et d’accuser trop facilement de "pousse-au-crime" ceux qui le critiquent. Pas de réforme du statut de la femme parce que cela aiderait les islamistes; pas d’élections anticipées et vraiment démocratiques parce que les islamistes en profiteraient ; pas de véritable modernisation des mœurs parce que les islamistes en tireraient bénéfice… Mais les islamistes ne sont pas si importants que cela. Et, politiquement, ils sont même depuis l’intronisation de Mohammed VI et sa popularité auprès des pauvres, sur la défensive. » Mohamed Tozy, cité par le Monde diplomatique, juillet 2000.

Al Haraka Min Ajli Al Ouma et Al Adl Wa Al Ihssane deux assocations islamistes qui ont décidé de ne pas participer aux élections de 2002.

Groupuscules terroristes (dits « salafistes combattants ») :

« Nés en Egypte dans les années 1970, les takfiri considèrent tous les musulmans comme mécréants. Leur mission : réislamiser, par le retour à ce qu'ils croient être l'orthodoxie sunnite. Y compris par la force. Leurs cadres sont des vétérans de la guerre contre les Soviétiques en Afghanistan. Et, rien que pour l'année 2002, 166 personnes - agents du makhzen (l'Etat), fumeurs de haschisch, amateurs de vin - ont été abattues par des takfiri. » (Farid Aichoune, Le Nouvel Observateur, mars 2006)


Droit chemin (Al-Sirat Al-Moustaqim), dirigé par Zakaria Miloud.


Apostat et Pèlerinage (Al-Hijra Wal-Takfir), accusé de six meurtres depuis 1998.



Extrême gauche

PADS, Parti de l’Avant-garde démocratique et socialiste : parti d’extrême gauche issu d’une scission de l’USFP, non représenté au Parlement. Il n'a participé depuis sa création en 1984 à aucune échéance électorale. Un certain nombre de ses membres ont été emprisonnés pour leurs appels au boycott des élections de 1997. Il représente l’opposition radicale au régime.

Nhej Ad-Democrati (La Voie démocratique) : courrant orbitant autour de la revue du même nom, fondée par d’ancien d’Ila Al Amam.
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