زمرودة مرحبا بك
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| | Maroc L'armée | |
« Au Maroc, l’armée reste une force mal connue, la presse n’en parle jamais sinon pour exalter son rôle dans la "défense du trône". Commandée par le roi, qui cumule les titres de chef suprême et de chef d’état-major général, son budget, lorsqu’il est présenté aux députés, ne fait l’objet d’aucune discussion. Il est voté tel quel.
Depuis les deux coups d’État fomentés par l’armée au début des années 1970, Hassan II méfiant à l’égard des militaires, les faisait surveiller par la gendarmerie de l’inamovible général Housni Benslimane. Pas un déplacement de l’armée n’est passible s’il n’est encadré par les gendarmes. Et, lorsque des exercices de tirs sont organisés, la gendarmerie est là qui fait les comptes des munitions utilisées. "Benslimane est le vrai patron de l’armée", affirme un officier sous couvert d’anonymat.
Pour ôter à ses généraux toute velléité de coup d’État, Hassan II avait imaginé une autre parade : les enrichir par l’octroi de fermes agricoles, de lotissements à bâtir ou simplement en les laissant se livrer à toutes sortes de trafics juteux. La recette a été efficace. Grâce aux largesses du roi défunt, à son laxisme, quantité d’officiers supérieurs ont bâti des fortunes colossales dans l’immobilier, l’agriculture, la pêche ou l’industrie.
"Des grades au commandement des unités, tout ce qui est source d’enrichissement rapide s’achète et se vend", accuse un officier d’infanterie. Les bons de carburant distribués aux unités sont revendus à l’extérieur des casernes. Des officiers prélèvent leur dîme sur la nourriture destinée aux soldats. D’autres n’hésitent pas à mettre la main sur les primes octroyées aux militaires en garnison au Sahara occidental. Au Maroc où le chômage des jeunes atteint des proportions catastrophiques, il faut même payer pour pouvoir être enrôlé dans l’armée. » Extraits d’un article de Jean-Pierre Tuquoi, Le Monde, décembre 1999.
L’affaire Mustapha Adib
« L'histoire de ce jeune officier d'aviation - il a 31 ans - bien sous tous rapports commence en octobre 1998. Choqué de voir son lieutenant-colonel arrondir ses fins de mois en revendant le carburant destiné à l'armée, il écrit au futur Mohammed VI, alors prince héritier et coordinateur des bureaux et services de l'état-major. Le prince ordonne une enquête, qui confirme ses dires. Le lieutenant-colonel coupable de détournement est poursuivi et condamné. Mais la hiérarchie militaire, elle, se venge : brimades, humiliations, mutations... Le jeune capitaine décide, malgré le règlement, d'alerter la presse étrangère. Son histoire est publiée le 16 décembre dans les colonnes du Monde. Poursuivi en justice pour "violation des consignes militaires et outrage à l'armée", il a été condamné, le 17 février, à cinq ans de prison, au terme d'un procès à huis clos émaillé d'incidents de séance, mais qui aura eu le mérite de poser - au grand jour - le problème de la corruption » (L’express mars 2000)
Mutapha Adib a été condamné à la peine maximale par le tribunal militaire de Rabat (cinq ans d’emprisonnement) au terme d’un procès à huis clos sans que ses droits à la défense ne soient respectés. La condamnation a été cassée par la Cour suprême en juin 2000 une première au Maroc. Un second procès du même style réduit la peine de prison de moitié en octobre 2000. Comme lors du premier procès, le tribunal a refusé d’entendre Moustapha Adib ainsi que les témoins de la défense. En février 2001, la Cour suprême rejète le pourvoi en cassation. Le jeune officier reste en prison. La hiérarchie militaire a été plus puissante que la Justice.
En 2000, Transparency International, une ONG spécialisée dans la lutte contre la corruption, lui a décerné le Prix de l’intégrité 2000, maigre consolation pour le jeune homme qui a été déchu de son grade et rayé des cadres de l’armée par le roi Mohammed VI.
Mohammed Adib a été libéré en mai 2002 après avoir purgé sa peine de deux ans et demi de prison. Il ne sera pas réintégré dans l'armée. | |
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