Peut-on prouver l’existence de Dieu par la raison ? Contrairement à ce que pensent beaucoup de gens, l’Eglise affirme que
l’homme, guidé par la lumière naturelle de la raison, peut arriver à une
certaine connaissance des vérités ultimes de l’existence. Ainsi, dans
sa dernière Encyclique
Fides et Ratio, la Pape
Jean-Paul II exhortait les philosophes à ne pas succomber au pessimisme
ambiant :
« C’est Dieu qui a mis au cœur de l’homme le
désir de connaître la vérité et, au terme, de Le connaître lui-même afin
que, Le connaissant et L’aimant, il puisse atteindre la pleine vérité
sur lui-même » FIDES ET RATIO §1.
Entendons nous bien, il ne s’agit de prouver que Dieu
existe à partir de la Bible. La Révélation n’est d’ailleurs pas objet de
démonstration, mais de manifester que l’intelligence peut, toute seule,
prouver l’existence d’une cause ultime de l’être, du mouvement et de la
perfection de l’univers.
Est-ce une preuve scientifique ? Non, car pour cela, il
faudrait parvenir à une
« connaissance certaine par
les causes ». Cela est bien sûr impossible, car Dieu est le
seul être incréé, cause de Lui-même. Il y a cependant une autre façon
d’obtenir une vérité, certes moins parfaite, mais tout aussi valide. Il
s’agit d’une
connaissance par l’effet.
Cette démonstration ne peut pas parvenir à nous dire
pourquoi la conclusion est vraie, mais elle peut
néanmoins affirmer avec certitude
qu’elle est vraie.
Ces preuves n’empiètent-elles pas sur la foi ? Non, car
la foi ne consiste pas à croire en l’existence nécessaire d’un premier
moteur, mais en une adhésion personnelle et pleine de confiance à toute
la révélation achevée spécialement en Jésus Christ. Il ne s’agit pas
d’une connaissance théorique mais d’un acte de totale soumission motivé
par l’amour de Dieu et des vérités qu’il nous a révélés. En outre, la
Bible ne dit nulle part que l’homme est incapable de découvrir, à la
lumière de sa raison naturelle, une certaine connaissance de Dieu et de
ses qualités. Au contraire, Saint Paul affirme
« Depuis
la Création du monde, nous pouvons contempler ses perfections invisibles
avec notre intelligence dans les oeuvres qu’il a accompli, comme son
éternelle puissance et divinité. » Rm 1.20
Parmi les plus fameux philosophes qui ont proposé des
preuves de l’existence de Dieu, on peut citer Aristote, St Augustin,
Boèce, St Anselme de Canterbury, Hugo de Saint Victor, Avicennes,
Maïmonides, Guillaume d’Auvergne, Alexandre de Hales, St Bonaventure, St
Albert le Grand, St Thomas d’Aquin, Duns Scott... et même Descartes !
Saint Thomas d’Aquin a résumé toutes les preuves de
l’existence de Dieu en cinq grandes voies
(Somme
Théologique Ia pars, q. 2, a. 2 et 3). Toutes les autres preuves
valides peuvent être réduites à l’une de ces voies. Contrairement à de
nombreux autres philosophes, St Thomas semble n’accorder aucun crédit
aux preuves qui procèdent à partir d’arguments « subjectifs » (ou
psychologiques). Voici, d’une façon très résumée, l’argument central de
chacune de ses preuves :
Le simple fait que
les choses (l’univers, le monde, tout ce qui contient de la matière)
sont en mouvement, nous renvoit à la nécessité d’un « premier moteur »,
c’est-à-dire une première cause de mouvement. Pourquoi ? Parce que tout
ce qui est mû, est mû par autre chose. Or, toute série de causes dépend
nécessairement d’une première cause. Il y a donc nécessairement un
premier moteur qui n’est pas mû.
Rien ne peut être
cause de soi-même, parce que pour l’être, il faudrait qu’il ait existé
avant lui-même. Ce qui est absurde. Il faut donc remonter à l’infini les
causes efficientes. Mais s’il n’y avait pas de première cause
efficiente, il n’y aurait pas non plus de dernier effet et encore moins
de causes efficientes intermédiaires. Or, on voit bien que dans la
nature, il y a un ordre de causes efficientes. Il faut donc qu’il y ait
aussi une première cause efficiente.
Si on considère vrai
que :
Tous les êtres peuvent ne pas exister. Sachant
que
rien de ce qui peut ne pas exister ne peut durer
éternellement, c’est-à-dire que
tout ce qui peut ne
pas exister, à un certain moment, n’existait pas. On doit en déduire
que
TOUS les êtres, à un certain moment, n’existaient
pas. Mais s’ils n’existaient à un certain moment, alors il ne
devrait rien exister maintenant ! Ce qui est absurde. Il faut donc que
la première prémisse soit fausse : Il y a donc (au moins) un être dont
l’existence est nécessaire.
L’imparfait renvoit
en effet toujours à quelque chose qui est plus parfait. Or, il y a des
choses moins parfaites, moins vraies, moins bonnes - et qui ont donc
moins d’être - que d’autres. Ces degrés de perfection impliquent
nécessairement l’existence d’un « maximum ». Or, puisque ce qu’il y a de
mieux dans un genre doit être la cause de tout ce qu’il y a dans le
genre, (par exemple : ce qu’il y a de parfait dans la bonté doit être la
cause de la bonté que l’on trouve dans toutes les choses). Il faut donc
conclure qu’il doit y avoir quelque chose qui est cause des êtres et de
toutes leurs perfections.
Tout ce qui est
ordonné vers une fin suppose un esprit. Or toutes les choses naturelles
sont ordonnées vers une fin. Il doit donc il y avoir un esprit par
lequel les être naturels sont ordonnées vers une fin.
Il est certain qu’on peut être un peu « déboussolé » par
ce type de raisonnements quand on n’est pas habitué à l’argumentation
philosophique. Cela signifie peut-être tout simplement qu’il faut
habituer l’intelligence à manier des concepts qui ne sont pas
mathématiques pour arriver à une intelligence philosophique et
spirituelle.