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 Obama : le rebond américain ?

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19072010
مُساهمةObama : le rebond américain ?

Obama : le rebond américain ?


Par Pierre
VERLUISE
*, le 18 janvier 2009 Obama : le rebond américain ?  Puce_impression Obama : le rebond américain ?  Puce_info



* Docteur en Géopolitique. Chercheur à l’IRIS.
Directeur du site géopolitique www.diploweb.com

Géopolitique des Etats-Unis. La fin de la Guerre
froide ouvre un "moment américain" que G. W. Bush fragilise par des
stratégies souvent inadéquates. Barack Obama devient président des
États-Unis, presque vingt ans après la chute du Mur, alors que son pays
a d’immenses défis à relever. Il lui faut, en effet, contribuer à
réinventer les bases de la puissance américaine dans le monde qui émerge
de la crise.



ALORS QUE Barack Obama devient
président des États-Unis, il importe de faire un point de situation pour
saisir l’ampleur du défi qu’il affronte.


Que les États-Unis soient les vainqueurs de la Guerre
froide (1947-1990) et de l’après-guerre froide ne fait pas de doute. Les
élargissements de l’OTAN à des pays issus du bloc de l’Est, en 1999
puis en 2004, en portent témoignage. Ainsi, l’OTAN augmente sa
superficie de 1 078 037 km2, ce qui représente presque deux fois celle
de la France métropolitaine. Avec 21 pays membres de l’Union européenne
également – voire d’abord - membres de l’OTAN, jamais les États-Unis
n’ont été si puissants en Europe. À bien des
égards, il s’agit pourtant d’une impression liée à un effet d’inertie de
nos représentations mentales, parce que des forces contraires sont déjà
à l’œuvre
. En effet, chacun sent intuitivement que Washington
« perd la main » au début du XXIe siècle. Comment
s’achève progressivement le « moment américain » ?


Quand les Etats-Unis "se tirent une balle dans le pied"



Le 11 septembre 2001, des
attentats terroristes frappent New-York et Washington. Ils marquent les
esprits, ce qui était leur principal objectif. Plus que le bilan
humain, 2 843 morts, ce sont les mesures prises par le président G. W.
Bush qui marquent une rupture. En lançant tous azimuts une « guerre
contre le terrorisme », il enclenche une mécanique guerrière et renforce
des dynamiques qui lui échappent progressivement. De façon imagée, les
États-Unis « se tirent une balle dans le pied ».


Le 7 octobre 2001 débutent
les frappes aériennes américaines et britanniques en Afghanistan, sur
les camps d’entrainement d’Al Qaida, l’organisation
d’Oussama Ben Laden à l’origine des attentats. Le 20 décembre 2001,
l’Organisation des Nations unies autorise le déploiement d’une force
multinationale en Afghanistan. Hors d’Europe, l’OTAN se trouve bientôt
engagée dans une opération particulièrement difficile. Certains experts,
comme Gérard Chaliand, considèrent une victoire militaire consolidée
comme improbable, voire impossible. [1]


L’administration de G. W. Bush accuse ensuite l’Irak de
Saddam Hussein d’abriter des armes de destruction massive. Ce que
conteste notamment les services de renseignement français. G. W. Bush et
Tony Blair lancent pourtant le 20 mars 2003
l’opération « Liberté de l’Irak ». Si les premiers jours ressemblent à
une démonstration de force, les États-Unis et leurs alliés peinent à
contrôler l’ensemble du pays et plus encore les esprits. Sans parler des
cœurs. La contestation politique progresse outre-Atlantique lorsque
l’opinion constate l’absence d’armes de destruction massive. En outre,
les morts et les blessés américains sont plus nombreux que prévu. La
démonstration de force vire au cauchemar.



Obama : le rebond américain ?  Usanycinemaguerre


2005, sortie aux Etats-Unis du film de
guerre consacré à l’Irak : "Over there". Crédits : P. Verluise



L’Irak se transformera-t-il pour Washington en un
nouveau Vietnam ? À Bagdad, la lutte pour le pouvoir est ouverte et nul
ne peut envisager à quoi ressemblera le pays dans quelques années.

La base de la puissance américaine se délite



Alors que les troupes américaines sont engagées sur deux
fronts, la base de la puissance américaine – l’économie – se fragilise.


Au mois d’août 2007, la
crise des subprimes touche le rêve américain en son
cœur : la maison individuelle. L’internationalisation de la crise des
crédits immobiliers américains à risque provoque une forte baisse des
principales bourses mondiales. Les banques centrales des pays de la
Triade injectent plusieurs centaines de milliards d’euros. Cela ne
suffit pas à enrayer une crise dont les origines remontent pour partie
aux années Reagan.


Le 15 septembre 2008, la
crise des subprimes contribue à la faillite de la
banque d’affaire américaine Lehman Brothers, fondée
en 1850. La banque d’investissement Merrill Lynch se
voit rachetée par la Bank of America. Puis la
première caisse d’épargne américaine – Washington Mutual
– disparaît. Les bourses du monde entier s’effondrent. Les banques
hésitent à accorder des crédits aux entreprises, ce qui amorce une crise
économique de grande ampleur. En effet, l’activité risque d’être
comprimée par les deux bouts : en amont, moins de crédit pour financer
la production et les projets ; en aval moins de demande pour acheter les
produits et les services.

Dans la tourmente



Le 4 novembre 2008,
l’élection du démocrate Barack Obama à la présidence des États-Unis fait
date. Avec un taux de participation élevé, il est le premier Noir à
accéder à ce poste. Il s’agit très probablement d’un évènement
important, mais suffira-t-il à estomper les responsabilités des
États-Unis dans la crise mondiale ? Quels seront
les effets du ralentissement de l’activité économique et du
développement du chômage dans de nombreux pays sur les représentations
des États-Unis ?
Non seulement les piliers de l’hyperpuissance
semblent effondrés, mais Washington emporte dans la tourmente les deux
autres pôles de la Triade, le Japon et l’Union européenne. C’est dans ce
contexte qu’Alain Bauer écrit : « […] tout ce qui semblait durablement
stable depuis la chute du mur de Berlin, il y a presque vingt ans, est
en passe d’être emporté ». [2]


Quand le 20 janvier 2009,
Barack Obama devient président des États-Unis, presque vingt ans après
la chute du Mur, son pays a d’immenses défis à relever. Il lui faut,
notamment, renouer le dialogue américano-iranien, parce que Téhéran est
devenu le centre de gravité des crises du Moyen-Orient. Il lui faut
encore savoir que faire avec le Pakistan. Sans parler de la crise
économique...


Saura-t-il rompre avec l’autisme de G. W. Bush,
notamment à l’égard de ses alliés ? L’Irak devrait lui rappeler durant
quelque temps que la vieille pratique – diviser pour régner – ne
correspond pas nécessairement aux intérêts supérieurs des États-Unis
dans le monde qui émerge de la crise. Il lui faut, en effet, contribuer à
réinventer les bases de la puissance américaine.


Pas plus que la chute du Mur le 9 novembre 1989, le 11
septembre 2001 ou le 15 septembre 2008 ne marquent « la fin de
l’histoire ». Elle continue, par nature tragique et imprévisible.
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