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  René Guénon (1886-1951) : L'ordre social par la Tradition véritable

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فدوى
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التوقيع :  René Guénon (1886-1951) : L'ordre social par la Tradition véritable I_icon_gender_male

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21022016
مُساهمة René Guénon (1886-1951) : L'ordre social par la Tradition véritable

 René Guénon (1886-1951) : L'ordre social par la Tradition véritable Guenon_rene René Guénon (1886-1951) : L'ordre social par la Tradition véritable
- La vie et l'oeuvre
René, Jean, Marie, Joseph Guénon est né le 15 novembre 1886 à Blois, d'un père architecte appartenant à la meilleure bourgeoisie catholique de la ville. 
Brillant élève, il fréquente les collèges libres de Blois, passe son baccalauréat de philosophie en 1903 et de mathématiques élémentaires en 1904, puis prépare à Paris, au collège Rollin, les mathématiques spéciales mais, en 1906, il décide de renoncer aux études universitaires. 
Dès cette époque René Guénon fréquentait le monde des occultistes. Il suit les cours de l'"Ecole Supérieure libre des sciences hermétiques" et reçoit l'initiation des principales organisations parisiennes à prétentions ésotériques.
Il appartient notamment à l'Ordre martiniste, prétendu successeur de l'Ordre des Elus-Cöens fondé au XVIIIème siècle auquel avait appartenu Joseph de Maistre. 
Guénon se fait, en même temps, admettre dans deux obédiences "irrégulières" de la franc-maçonnerie. Ces expériences sont de courte durée, René Guénon ne les estime pas satisfaisantes.
En 1909 il fonde une revue "La Gnose" qui disparait, faute d'abonnés, en 1912. C'est à cette époque que Guénon s'initie à la tradition chinoise (taoïsme), à la tradition hindoue (vedisme) et à la tradition islamique. Il publie dans sa revue deux de ses principaux ouvrages: "L'homme et son devenir selon le Vedanta"; "Le Symbolisme de la Croix".
En 1912 René Guénon entre dans l'Islam et prend le nom de Abdel Wahed Yahia (Serviteur de l'Unique). La même année il épouse une jeune Tourangelle et installe son foyer dans un petit appartement (occupé par lui depuis 1904) d'un ancien hotel du XVIIIème siècle, au 51 de la rue Saint-Louis-en-l'Ile, qui fut vers 1840 la résidence des archevêques de Paris. 
C'est également à cette époque que René Guénon se fait admettre à la Loge Thébah de la Grande Loge de France. Mais pas plus que les obédiences "irrégulières" le "Rite écossais ancien et accepté" ne lui donne satisfaction, de telle sorte qu'en 1913, sous le pseudonyme "Le Sphinx" il collabore à une revue catholique antimaçonnique.
Réformé en 1906 René Guénon ne participe pas à la guerre 1914-1918. Il est professeur de philosophie dans des Institutions libres à Saint-Germain en Laye, à Sétif en Algérie, à Blois.
En 1919 il décide de se consacrer entièrement à son oeuvre et publie en 1921 deux ouvrages: "Introduction générale à l'étude des doctrines hindoues" chez Marcel Rivière et "Le Théosophisme, histoire d'une pseudo religion", chez Desclée de Brouwer; en 1923 chez Marcel Rivière "L'erreur spirite" et en 1924 "Orient et Occident". Aux Editions Bossard il publie en 1925 "L'homme et son devenir selon le Vedanta", "L'Esotérisme de Dante"; en 1927 "La crise du monde moderne" et "Le Roi du monde".
Son épouse décède en 1928.
L'oeuvre de Guénon semble alors intéresser certains militants de l'Action française (Léon Daudet notamment) alors que Charles Maurras lui-même lui est profondément hostile - d'une part, et les milieux surréalistes d'autre part (René Daumel).
En 1929 Guénon publie "Autorité spirituelle et pouvoir temporel" et "Saint-Bernard". En 1930 une maison d'édition le charge de se rendre en Egypte pour y recueillir des textes ésotériques islamiques. 
Guénon part pour Le Caire et y restera jusqu'à sa mort.
En 1931 et 1932 sont publiés aux Editions Véga "Le Symbolisme de la Croix" et "Les Etats multiples de l'Etre". 
En 1934 René Guénon épouse une jeune musulmane, fille d'un cheikh, qui lui donne deux filles et deux fils.
Pendant la 2ème Guerre mondiale Guénon écrit "Le Règne de la quantité et les signes des temps", "Les Règles du calcul infinitésimal" puis "Aperçus sur l'initiation" et "La Grande Triade". 
Malade depuis septembre 1950 René Guénon décède le 7 janvier 1951.
René Guénon a eu, après 1945, une influence certaine, encore que souterraine. Des hommes tels que Drieu La Rochelle, René Barjavel, Louis Pauwels, Raymond Abellio, André Gide, ont été impressionnés par lui.
- La philosophie de René Guénon: contre le modernisme, pour la Tradition véritable
Contre le modernisme
René Guénon est l'adversaire irréductible du monde dit moderne. 
Anti-scientifique, anti-rationnaliste, anti-individualiste, anti-réformé, anti-égalitaire, anti-démocratique , anti-matérialiste René Guénon est pour un élitisme intellectuel préparant l'avénement du nouveau cycle historique qui succédera au cycle actuel de la civilisation matérialiste occidentale.
Le monde moderne, qui commence au début du XIVème siècle selon Guénon, traduit un processus de dégénérescence par matérialisation progressive.
Pour les modernes la réalité ne peut être que la réalité sensible. Ainsi la Science s'affirme-t-elle comme étant susceptible d'abolir les croyances - alors que pour Guénon la Science n'est qu'un savoir ignorant, arbitrairement limité, utilitariste.
Dans les civilisations traditionnelles les sciences, c'est-à-dire les connaissances, ne sont que de simples dépendances ou de simples reflets de la connaissance absolue qu'est la connaissance métaphysique - voilà pourquoi elles sont supérieures et non pas inférieures à la Science, savoir partiel uniquement orienté vers l'utilitaire.
Cet esprit utilitaire a-t-il, pour autant, permis d'améliorer réellement la condition humaine ?
Rien n'est moins certain car chaque nouvelle découverte engendre de nouveaux besoins qui placent l'homme en déséquilibre psychique, or le déséquilibre ne peut être la condition d'un véritable bonheur: "la civilisation moderne vise à multiplier les besoins artificiels, et elle créera toujours plus de besoins qu'elle n'en pourra satisfaire, car une fois qu'on s'est engagé dans cette voie, il est bien difficile de s'y arrêter et il n'y a même aucune raison de s'arrêter à un point déterminé" (La Crise du Monde moderne, p. 108).
Si le monde occidental est comme il est c'est la philosophie moderne qui en est responsable, celle qui commence avec Descartes, la philosophie rationaliste.
Dans un premier temps l'on place la raison au-dessus de tout, niant ainsi l'intuition intellectuelle et puis l'on rabaisse la Raison elle-même à un rôle essentiellement pratique, l'on fait du "naturalisme", qui est la négation de la métaphysique, du "relativisme" que ce soit sous la forme du "criticisme" de Kant ou du "positivisme" de Comte pour aboutir à un "évolutionnisme" qui est la négation même du rationalisme premier - incapable d'expliquer le changement dans sa complexité et sa multiplicité - pour finir dans le "pragmatisme" le plus vulgaire qui est la négation de l'intelligence et de la connaissance, la substitution de l'"utilité" à la "vérité"; nous quittons alors le monde de l'humain pour l'infra-humain et l'appel au "subconscient" marque le renversement complet de toute hiérarchie normale.
La seule métaphysique véritable que l'occident ait connu est celle d'Aristote et de Saint Thomas d'Aquin.
Le catholicisme l'a préservé dans une certaine mesure encore que la mentalité moderne ait infecté cette religion pour en faire un vague "moralisme" qui aboutit à la disparition de tout élément supérieur à l'humain. Alors que la doctrine est le refuge de la tradition, en occident la mentalité moderne méconnait l'importance primordiale de la doctrine et ce refus de l'intellectualité trouve son expression idéale dans le protestantisme.
L'erreur fondamentale c'est l'individualisme fondé sur l'égalitarisme et qui conduit au démocratisme alors que la vérité ne peut être qu'inégalitaire et élitiste.
En faisant de l'individu, par la Raison, le maître de l'interprétation, la philosophie moderne fondée sur "le préjugé chimérique de l'"égalité" va à l'encontre des faits les mieux établis. dans l'ordre intellectuel aussi bien que dans l'ordre physique: c'est la négation de toute hiérarchie naturelle, et c'est l'abaissement de toute connaissance au niveau de l'entendement borné du vulgaire" (Orient et Occident, p. 59). 
Au nom de l'égalité l'on a voulu imposer une uniformisation dans tous les domaines "par exemple en distribuant à tous un enseignement identique comme si tous étaient pareillement aptes à comprendre les mêmes choses, et comme si, pour les leur faire comprendre, les mêmes méthodes convenaient à tous indistinctement (La Crise du Monde moderne, p. 84). 
L'instruction obligatoire a pour résultat d'empècher la constitution des élites et de créer des légions de demi-savants, à l'esprit "encombré d'idées fausses, souvent indéracinables". Mieux vaudrait la pure et simple ignorance car "l'ignorant garde du moins la possibilité d'apprendre s'il en trouve l'occasion ; il peut posséder un certain "bon sens" naturel qui, joint à la conscience qu'il a ordinairement de son incompétence, suffit à lui éviter bien des sottises".
La démocratie est une de ces sottises, car pour Guénon la "démocratie" est l'expression parfaite, sur le plan politique, de cette négation de l'intellectualité qu'il a décelée dans la Science et la philosophie moderne.
"L'argument le plus décisif contre la "démocratie" se résume en quelques mots : le supérieur ne peut émaner de l'inférieur, parce que "le plus" ne peut pas sortir du "moins"... Il est trop évident que le peuple ne peut conférer un pouvoir qu'il ne possède pas lui-même ; le pouvoir véritable ne peut venir que d'en haut".
Affirmer que la démocratie est "le gouvernement du peuple par le peuple" est une escroquerie car il est contradictoire d'affirmer que les hommes puissent être à la fois gouvernants et gouvernés, parce que, pour employer le langage d'Aristote, un même être ne peut être "en acte" et "en puissance", en même temps et sous le même rapport.
En réalité si l'on a inventé le suffrage universel c'est pour faire croire au peuple qu'il se gouverne lui-même, ce qui le flatte.
Bien entendu ce sont des minorités qui gouvernent réellement. Affirmer que "la majorité doit faire la Loi" est une idée "essentiellement erronée" qui ne correspond à aucune "réalité effective", étant donné que, soit par manque d'intelligence, soit par ignorance pure et simple, "l'avis de la majorité ne peut être que l'expression de l'incompétence", et que les véritables meneurs de jeu ne sont pas ceux que la masse a désigné, ou croit avoir désigné, pour gouverner en son nom.
Plus fondamentalement le démocratisme est un matérialisme.
Puisque "c'est le renversement complet de l'ordre normal, puisque c'est la proclamation de la suprématie de la multiplicité comme telle, suprématie qui, en fait, n'existe que dans le monde matériel ; au contraire, dans le monde spirituel, et plus simplement encore dans l'ordre universel, c'est l'unité qui est au sommet de la hiérarchie, car c'est elle qui est le principe dont sort toute multiplicité ; mais, lorsque le principe est nié ou perdu de vue, il ne reste plus que la multiplicité pure, qui s'identifie à la matière elle-même" (La Crise, pp, 90-91).
Enfin la démocratie est à condamner parce qu'elle ne peut créer de véritables élites.
L'autorité de la véritable élite ne peut venir que de sa supériorité intellectuelle et non reposer sur une force numérique. Toutefois, l'égalité étant, de fait, impossible, on voit naître de prétendues élites fondées sur des supériorités contingentes et toujours d'ordre matériel, ce qui ne peut manquer de susciter l'envie et la haine chez ceux qui, malgré l'affirmation du dogme égalitaire, sont dépourvus du matériel.
Faut-il donc, face au système démocratique, agir fermement pour restaurer les anciennes valeurs ? Faut-il réagir ?
René Guénon est contre toute réaction qui aurait pour objectif de restaurer un "traditionnalisme", un "classicisme" gréco-latin qui ignorerait l'existence de civilisations différentes, qui serait étroitement borné. Ce ne serait qu'une tentative de revenir à un stade moins avancé de la décadence alors que c'est une véritable restauration intellectuelle qu'il faut entreprendre afin de préparer l'avènement du nouveau cycle historique qui verra le triomphe du spirituel sur le matériel.
Pour la Tradition véritable
La tradition hindoue divise un "cycle humain" (man-vantara) en quatre âges que la tradition antique dénomme âge d'or, d'argent, d'airain et de fer. L'âge de fer correspond à l'âge sombre (Kali-Yuga) des hindous, qui aurait débuté bien avant la période historique que Guénon situe à partir du VIème siècle avant J.C.
A cette époque "des changements considérables se produisent. En Chine l'on assiste à la division de la doctrine entre taoïsme et confucianisme, aux Indes apparaît le bouddhisme, Rome naît à l'Histoire, la Grèce connaît le début de la civilisation dite "classique" avec les premiers symptômes de la décadence moderne, à savoir les débuts du "rationalisme".
Les cycles ne se développent pas d'une manière linéaire mais avec des phases ascendantes et descendantes. En certaines occasions un redressement partiel peut survenir. 
Ainsi, le mouvement de chute, en occident, est-il interrompu par une phase ascendante du règne de Charlemagne au début du XIVème siècle. Ce redressement est accompli par le christianisme authentique. 
Avec la Renaissance c'est à nouveau la décadence. L'"humanisme" nous conduit inéluctablement à l'époque redoutable, où, selon la tradition hindoue, "les castes seront mêlées, où la famille même n'existera plus".
Le principe de l'institution des castes (les Brahmanes, les guerriers, les commerçants, les manuels) correspond à une vision métaphysique de l'univers. La hiérarchie des castes correspond aux différences profondes des êtres c'est-à-dire à leurs aptitudes spirituelles respectives. 
Méconnaître cette hiérarchie ne peut conduire qu'au désordre et à la confusion. En Occident la distinction établie entre clergé, noblesse et tiers-état (avec en 4ème lieu les serfs) revêt une signification analogue. Or que s'est-il passé en Occident ? La caste des guerriers s'est tout d'abord révoltée contre le pouvoir spirituel (Philippe le Bel, Gallicanisme en France) puis la caste des commerçants contre celle des guerriers (1789 en France) enfin les serfs ont pris à leur tour le pouvoir (1917 en Russie).
Si nous sommes donc à la fin de l'âge sombre du fer nous allons vers le commencement de l'âge suivant, l'âge d'or, qui connaîtra le redressement de la spiritualité dans toute sa plénitude.
Une élite véritable doit oeuvrer pour son accomplissement. Cette tâche ne peut être qu'intellectuelle. Il s'agit de retrouver les principes de la métaphysique véritable. Or la métaphysique antique et la métaphysique médiévale, malgré leurs qualités, sont insuffisantes (Aristote et St. Thomas d'Aquin sont insuffisants) c'est pourquoi l'on doit se tourner vers l'Orient.
On ne saurait le faire comme le font habituellement les occidentaux avec leurs préjugés et leurs mentalités perverties mais totalement, sans restrictions aucunes, afin de pouvoir s'immerger dans la "métaphysique pure" sans passer par le stade religieux, un stade de sentimentalité sans doute nécessaire à la masse mais imparfait pour une élite qui doit pratiquer l'intellectualité. 
C'est donc à l'étude des seules traditions encore intactes que Guénon invite : la tradition hindoue, la tradition chinoise et la tradition ésotérique islamique (la tradition hindoue est toute fondée sur le Veda-Brahmanisme-Hindouisme, et la tradition chinoise sur le taoïsme).
L'initiation à la Tradition au travers de ces traditions permettra, selon Guénon, d'entrevoir la Vérité, unique, éternelle, immuable, transcendante.
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