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Pour une psychopathologie humaniste
Nous utilisons le terme de psychopathologie, qui est bien approprié pour désigner la pathologie psychique, mais aussi parce qu'il est socialement neutre et permet d'échapper aux clivages institutionnels entre psychologie clinique, psychanalyse et psychiatrie. On peut vouloir que la psychopathologie ne soit pas une science humaine pour en faire une technique comportementale, une neurobiologie appliquée, un exercice classificatoire des troubles. Ce sont des options largement représentées actuellement. Pour notre part nous considérons que la psychopathologie se doit d'être une science humaine. En tant que science humaine elle aura à s'occuper de l'homme. A ce titre l'humanisme qui est la doctrine philosophique selon laquelle l'homme doit être mis en avant et respecté, semble compatible avec la psychopathologie.
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JUIGNET Patrick. Pour une psychopathologie humaniste. Philosophie, science et société, 2015. [en ligne] http://www.philosciences.com [/size]
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PLAN[/size]
- 1/ Humanisme et théorisation en psychopathologie
- Les principes d'une science de l'homme
- Le psychisme comme intermédiaire entre science et humanisme
2/ Humanisme et pratique thérapeutique
3/ Conclusion : la cohérence du principe
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1/ Humanisme et théorisation en psychopathologie
Les principes d'une science de l'homme
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L'humanisme est fondé sur une assertion ontologique selon laquelle l'homme existe et doit être respecté dans son être. En premier lieu se pose donc la question de savoir ce qu'est l'homme. La même question se pose pour la psychopathologie qui s'appuie toujours, qu'elle l'avoue ou pas, sur une conception de l'homme. Il s'ensuite que, selon la conception de l'homme qui sera adoptée, les conséquences seront différentes du point de vue de la théorie comme de la pratique. D’emblée pour situer notre propos nous dirons que l'homme est complexe et que cette complexité se retrouve dans sa personnalité. Une psychopathologie comme science humaine sera donc centrée sur la personnalité qui, du point de vue de la théorisation en ce domaine, se ramène à la structure psychique. L'humanisme est non seulement compatible mais congruent avec la psychopathologie. Il indique le véritable objet de cette connaissance qui est l'homme et non une portion d'homme, une partie, tout simplement parce que les conduites humaines auxquelles s'intéresse la psychopathologie sont d'abord déterminées par l'ensemble de ce qui constitue l'homme même si parfois elles ont un primum movens plus limité.