Cognition et représentation
Partie II L'étude de la pensée et de la représentation
Les objets d’une science sont précédés par la désignation d’un référent premier (la partie du monde à laquelle s’adresse la science). Ici, nous ne proposons pas un objet de science, mais seulement un nouveau référent. Il s’agit d’étudier le mode cognitivo-représentationnel, au travers des faits que sont la pensée et l'action. Le domaine étant vaste de nombreuses études (philosophiques, linguistiques, cognitives, psychologiques, etc.) sont en jeu, produisant un éparpillement.
JUIGNET Puignet. L'étude des faits de type cognitif et représentationnel. Philosophie, science et société. 2015. en ligne http://www.philosciences.com
PLAN
- 1 Poser le problème
- 2 Caractères empiriques
- 3 Explications théoriques
1/ Poser le problème
1.1 Principe de la recherche
Les faits concernés par le problème sont diversement nommés pensée, cognition, intelligence, intentions, représentation, croyance, symbole, opinion, idée, etc. Ils sont souvent ramenés à l'esprit. C'est là ou l'affaire se complique, car elle prend une dimension métaphysique qui demande à faire intervenir la notion de substance.
Ce n'est pas la bonne voie car ce sont des aspects factuels parfaitement identifiables et repérables, pour peu qu'on applique la méthode appropriée. Il n'y aucun besoin de les ramener à une substance spirituelle. Si on admet que les aspects énumérés ci-dessus existent, ce qui est notre cas, il n'y a qu'une solution rationnelle pour les situer qui est de leur donner un caractère factuel.
Comme ces faits sont produits par des individus humains, il n'y a que deux possibilités concernant leur origine : soit ils sont générés directement par le fonctionnement neurofonctionnel, soit ils sont générés par le fonctionnement représentationnel (qui émerge du précédent). Tel est donc le problème auquel nous aboutissons, d'avoir à départager deux origines, d'ailleurs non exclusives.
Nous allons essayer de montrer que :
1/ Les faits considérés ont des aspects empiriques communs et des caractéristiques très spécifiques.
2/ Ils suivent des règles qui leur sont propres et donc ce qui les détermine est probablement différenciable.
3/ Il ne peuvent avoir une origine neurofonctionnelle et, dans la mesure où il n'ont que deux origines possibles, l'exclusion d'une genèse neurofonctionnelle est en faveur d'une genèse représentationnelle.
Si ces trois conditions sont réalisées, on pourra soutenir l'existence, au sein de l'individu humain, d'une entité identifiable, que nous appelons représentationnel. Si elles ne le sont pas, il faudra abandonner cette hypothèse.
Il faut noter que dans la mesure où les deux origines (neurofonctionnelle et représentationnelle) ne sont pas exclusives, la ligne de démarcation que nous allons tracer entre les deux n'est pas fixe et qu'elle est destinée à évoluer.
Nous allons tout d'abord chercher les traits empiriques communs aux conduites et aux productions symboliques et abstraites de l'homme qui constituent notre matériel empirique.
1.2 Pragmatique de la recherche
L'observation porte sur des actions effectuées par un individu humain identifiable. Cela veut dire que l’on prend en compte un individu présentant une autonomie et interagissant avec son environnement. Nous ne considérons pas cet individu isolément, mais en interaction avec l'environnement concret, relationnel et social. Surtout, nous le considérons en communication avec les autres humains.
Ces actes observables et descriptibles peuvent être répétés, chez le même individu et reproduits presque à l’identique d’un individu à l’autre. Nous ne considérons pas la situation solipsisme, d’un sujet isolé s’introspectant. Il y a toujours un degré de communication inter-humaine potentiel ou réalisé dans toutes les conduites considérées.
Ces conduites produisent des effets dans la réalité concrète et sociale. Le sens, d’une phrase ou d’une image, produit un effet chez celui qui l’entend : émotion, réflexion, projet de faire telle chose. Une conduite engendre d'autres conduites et attitudes dans l'entourage.
À partir de cette manière de procéder nous pouvons trouver des caractères empiriques communs à tous les faits concernés.
2/ Caractères empiriques
2.1 Catégorisation
Avant de caractériser les faits concernés, nous allons d'abord les décrire. Pour ce faire nous les regrouperons en catégories. Il s'agit d'actes de pensée, de symbolisation, de communication, etc., qui constituent des aspects massifs de la vie humaine, car ils concernent la vie quotidienne et la culture. Ce sont toujours et souvent simultanément des actes de représentation, aboutissant à des formes signifiantes plus ou moins abstraites et à des conduites finalisées.
La représentation
Nous désignons ainsi la capacité humaine à présenter quelque chose, soit mentalement, soit concrètement, de manière indépendante de la situation immédiate. Ce qui est présenté concerne des aspects concrets de l'environnement, mais, le plus souvent, c'est une construction imaginaire ou abstraite sui generis.
Par cette activité l'homme redouble le concret, s'approprie et transforme le monde. Il invente et crée des formes nouvelles pour lui-même et pour les autres hommes. La plupart des faits rentrent dans cette catégorie.
الخميس فبراير 18, 2016 10:12 am من طرف سوسية