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 Les errements de la philosophie

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سوسية
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17022016
مُساهمةLes errements de la philosophie

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Les errements de la philosophie
 
La philosophie emprunte des chemins qui l'éloignent de sa vocation à penser de manière rationnelle et efficace. Nous avons identifié divers "errements philosophiques", qui sont autant de malheurs pour la philosophie (si l'on espère qu'elle soit une pensée raisonnable et utile). La distinction entre métaphysique, idéologie, sophistique, verbalisme et dévoiement est un peu arbitraire, mais elle permet de situer les problèmes.
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JUIGNET Patrick. Les errements de la philosophie. Philosophie, science et société. [en ligne] http://www.philosciences.com
 
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PLAN
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  • Premier malheur : la métaphysique
  • Deuxième malheur : l'idéologie
  • Troisième malheur : la sophistique
  • Quatrième malheur : le verbalisme
  • Cinquième malheur : le dévoiement
  • Conclusion




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Errements et droit chemin

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N'y a t-il pas un danger à définir des "errements" et ce qui sous entend un "droit chemin" ? N'est-ce pas là une attitude normative vis-à-vis de la philosophie ?  Il y a certainement un danger de limitation et de rigidité dans une telle attitude, mais il y en a plus encore à laisser dire n'importe quoi et à le déclarer philosophique. Toute la question est de savoir vers quoi l'on veut aller, c'est-à-dire de définir une éthique. Le but que nous assignons à la philosophie est la connaissance. Elle poursuit ce but selon son procédé propre, qui est avant tout réflexif et critique. Le domaine de la philosophie est immense et même par le droit chemin de la connaissance les possibilités sont infinies. Pour ceux qui souhaitent l'emprunter quelques repères peuvent être utiles.
Connaitre en ce qui concerne la philosophie c'est déployer une pensée formellement valide concernant des fait avérés afin d'avoir une compréhension de la réalité et plus générale du monde. Ce n'est donc pas créer de leurres des enjolivement des fictions, ce n'est pas défendre des intérêts personnels ou collectifs, ce n'est pas séduire, faire de belles phrases, être convainquant, ce n'est pas se payer de mots par des jongleries verbales ni produire des discours alambiqués et ésotériques. Tout cela ce sont des errements par rapport au chemin de la connaissance qui tout au contraire produisent des illusions et donc une méconnaissance
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La métaphysique

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L'attrait ou le répugnance pour la généralité indémontrable remonte probablement aux origines de la philosophie. Citons Xénophon qui opposait Socrate, s'abstenant de discuter de la nature de toutes choses, aux sophistes examinant comment le cosmos a pu naître, et selon quelles nécessités se produisent les phénomènes célestes. (Xénophon, Mémorables, I, 1, 10-12)
C'est à Kant que l'on doit la critique moderne (et décisive) de la métaphysique. Pour Kant nous ne pouvons connaître le monde que par notre expérience et par notre raison appliquée aux données de l'expérience. En effet nous n'accédons pas directement à l'être en soi, au réel, qui est une supposition. Prétendre discourir directement et de manière abstraite sur l'être comme le fait la métaphysique est vain. Autrement dit, les propositions transcendantes transgressent les conditions de possibilité de la connaissance et se révèlent par conséquent être des illusions. La connaissance valide dépend de l’expérience qui seule permet d'appréhender la réalité.
Le Cercle de Vienne a proposé une démarcation entre les énoncés qui portent sur des données empiriques et les énoncés ne se référant à rien en ce monde. Force est de constater qu’une partie de la philosophie parle de manière abstraite d’objets qui n’existent pas, c’est-à-dire fait de la métaphysique. Il y a plusieurs types de métaphysiques, qui d'ailleurs se mélangent et se superposent souvent, la métaphysique "fantastique", la métaphysique "généralisante" et la métaphysique "subjectiviste".
La métaphysique fantastique est la forme traditionnelle la plus répandue, car elle fait partie des dogmes religieux qui connaissent depuis les origines de l’humanité un succès jamais démenti. Ses thèmes sont le surnaturel, les dieux, l’âme, les esprits, les anges et démons, la vie après la mort (le paradis et les enfers), etc. Ces idées sont connues par révélation ou croyance et peuvent parfois faire l'objet de développements rationnels. Elles participent aux grand mythes explicatifs de chaque culture. La métaphysique subjectiviste consiste, en partant de notions ordinaires, à les remanier par une méditation personnelle, pour en faire des discours abstrait. Elle concerne soi, l’autre, le sujet, la liberté, la mort. Ces idées sont connues par une intuition intellectuelle qui les pose d’évidence pour être justes et effectives. Le résultat est un pseudo-savoir qui porte sur un monde chimérique. 
La métaphysique donne du sens et c’est même ce qui motive son succès. Ce sens sert à enchanter le monde, à lutter contre l’angoisse devant l’absurdité et l’immensité (Blaise Pascal en donne un exemple), à se consoler des difficultés de la condition humaine (l’impuissance et l’ignorance, la souffrance et la mort).  Le discours métaphysique, quoique sans objet légitime, a la prétention d'en avoir un et de dire des Vérités. Par ce fait, il embrouille le jugement et il pose des problèmes sans solutions. Une bonne partie de la philosophie, occupée à la métaphysique s'éloigne ainsi du réel pour se perdre dans une vaine abstraction.
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L'idéologie

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Forgé par Destutt de Tracy dans son Mémoire sur la faculté de juger (1796), pour éviter ceux de métaphysique et de psychologie, le terme d'idéologie a désigné la science dédiée à l'analyse des sensations et des idées.  Mais cette doctrine n'était pas seulement scientifique elle avait aussi une visée politique de réforme de la société. C'est ce deuxième aspect qui a prévalu dans l'usage.  
Pour Ludwig Feuerbach, auteur de l'Essence du christianisme (1841), l'idéologie est l'ensemble, plus ou moins cohérent, de représentations, de valeurs et de principes moraux, que génère une société. Elle apporte un réconfort aux hommes déchirés par les difficultés de la vie. C'est dans cette perspective que nous nous situerons. Par l'idéologie, les individus traduisent involontairement leur condition sociale, leurs aspirations, leurs frustrations. Une idéologie n'est pas neutre politiquement, elle poursuit un but, même si elle prétend le contraire, qui est la défense des intérêts du groupe social ou d'un État.
L'idéologie peut se définir comme un ensemble d'opinions partagées formant un récit qui exerce ses effets au-delà de la sphère privée. C'est une pensée asservie par les nécessités inhérentes à l’action collective. Elle est véhiculée et fréquemment réitérée par les membres du groupe, ce qui influence son contenu, qui se simplifie, et sa forme rhétorique, qui se rôde au fil du temps. Une partie de la philosophie s'emploie à reprendre et donner une forme cohérente à l'idéologie. En cela elle perd son exigence de vérité elle reprend des croyances adossées à des intérêts, elle falsifie la réalité en fonction d'une utilité politique supposée. "L'idéologie est toujours marqué par une falsification déterminée par certain intérêts" ( Elias N., Norbert Elias par lui même, Paris, Fayard, 1991, p. 135)
Une idéologie est orientée socialement et politiquement, elle poursuit un but qui est la défense (plus ou moins efficace d'ailleurs), d'un groupe social ou d'un État. En cela l'idéologie est trompeuse. Une idéologie ne recherche pas la connaissance, elle est normative, elle veut imposer des manières d'être et des manières de faire. La force affective de l'idéologie fait qu'elle s'impose à la rationalité et que la philosophie devient parfois son faire valoir. On pourrait supposer qu'il existe des idéologies positives, comme l'idéologie des Lumières qui prône la diffusion du savoir et critique la tyrannie. Malheureusement les idéologies sont le plus souvent utilisées par les partis politiques et les États pour manipuler les populations et les utiliser. 


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