La psychologie des profondeurs, était une des premières désignations de la psychologie analytique tant l’Inconscient apparaissait comme un territoire nouveau et mystérieux à découvrir!
C’est un concept, essentiellement Jungien, que je vais tenter de décrire dans la vision que j’en aie.
Il est important de préciser que cette approche dans la recherche est en premier lieu un travail sur soi-même que le chercheur étudie et élabore.
La progression des recherches sur le sujet s’est enrichie au fil des temps, par une structuration élaborée de la Psychanalyse dans une optique élargie Jungienne et des apports essentiels de la Psychopathologie et d’autres branches.
Cette psychologie est de nos jours plus représentée par une version moderne de la Psychologie Analytique qui a intégré certains apports des branches plus axées sur les neurosciences ou les facteurs sociaux et sociétaux.
Elle garde le « cœur » de son origine Jungienne et permet de structurer la Psychothérapie Analytique qui n’a pas perdu de sa « profondeur » mais a gagné en termes de durée plus courte et d’efficacité!
Il est fondamental de bien distinguer dans cette approche, comme dans toutes celles de notre branche,la Psychologie, ce qui est du domaine de la recherche et de la science et ses applications thérapeutiques qui sont protocolisées et ont obtenues des résultats tangibles et significatifs.
C’est en ce sens que le praticien qui se passionne doit être soigneusement équipé et préparé, et c’est aussi dans la même image la raison pour laquelle il doit suivre une supervision régulière qui démarre avec ses études et se continue tout au long de sa pratique avec un apprentissage et une mise à jour continue de ses connaissances.
La présentation souvent métaphorique que je fais de ses origines n’est que le fruit de ma propre rencontre avec ce domaine.Elle ne constitue donc pas une véritable définition de cette approche, mais le sens et le ressenti de cette découverte et des pistes d’enseignements et de recherches qui peuvent en découler.
Pour qui celui qui s’y intéresse avec respect et prudence, c’est une discipline de l’esprit, au même titre que la plongée sous-marine est une discipline sportive.
Mais le chercheur ici ne recherche ni or ni trophée, il « plonge » pour comprendre des mécanismes et trouver des pistes de réponse, et en cela pour continuer dans la comparaison sportive, il faut bien qu’il se mouille le maillot!
Il doit demeurer en permanence pleinement conscient de ses limites et capacités; et pour cela être bordé par une éthique et une déontologie sans faille, et se faire « éclairer » par d’autres disciplines.
Mon approche en terme de recherche fondamentale dans ce domaine, pourrait très grossièrement se décrire par un « ressenti » qui n’est que l’écho de ma propre subjectivité:
Il faut descendre vers l’inconnu, sans beaucoup de lumière
L’exercice est rude car plus on plonge, plus est dense la nature de nos découvertes
Comme dans la plongée aussi, il faudra respecter des règles, des seuils, des paliers, à l’immersion comme à la remontée
Seules nos limites physiques et organiques nous empêchent, en plongée, de descendre plus profondément. De même, dans ce monde dont Jung , parmi d’autres, a soulevé le voile, seules nos capacités psychiques, culturelles, cognitives et spirituelles nous freinent dans cette immersion, mais elles nous protègent aussi .
Cela constitue donc en soi un apprentissage, que nous réalisons en nous approchant du Soi, et nous assumons notre incomplétude, sans doute définitive, tout au moins dans notre cycle de vie actuel.
Nous pensons y avoir entraperçu un petit morceau de vérité, une petite parcelle de nous-mêmes, un fragment du Grand Tout, de ce Mundus Unus ou Unus Mundus cher à nos Anciens, mais rien n’est sûr.
La spiritualité nous interpelle, mais plutôt que de rechercher en vain la réponse à l’éternelle question, est-ce que Dieu existe, nous préférons considérer comme plus confortable, que c’est une nécessité pour que tout cela ait un sens.
Parfois nous ne trouvons en apparence, absolument rien et nous nous interrogeons sur l’intérêt de cette plongée.
Mais deretour à l’air libre, nous ne serons plus jamais tout à fait celui que nous étions avant d’y pénétrer.
De nouveau sur la terre ferme, nous nous ancrons dans l’ici et maintenant , avec humilité.
Bien téméraire et imprudent celui qui plongera en se croyant autonome, indépendant au sens individualiste du terme, dans notre langage, je dirais « autosuffisant », pour rester dans la courtoisie.
Cette discipline nécessite une approche multidisciplinaire qui rend vaines les querelles de chapelle pour en revendiquer une sorte de propriété presque terrienne.C’est à mon sens aussi illusoire et grotesque que de revendiquer la propriété d’une parcelle d’astre.
Ce qui me semble acquis, dans un raccourci audacieux, c’est que la seule chose dans notre monde qui soit permanente, c’est l’impermanence.
Ainsi, celui qui tente l’aventure persuadé de son autosuffisance et de son savoir ne trouvera, en définitive, que lui-même, ou peut-être son ombre déformée par l’eau.
Souhaitons-lui de ne pas rencontrer l’Ombre, au sens jungien du terme !
Il regagnera la terre ferme, dans le meilleur des cas, persuadé et rassuré qu’au fond de l’eau, il n’y a rien d’autre que le sable, et il en est mieux ainsi.
Dans une hypothèse plus pessimiste, il en ressortira chagriné mais, espérons-le, grandi, si, au fond de l’eau, il n’a trouvé que sa propre suffisance.
C’est peut-être, je ne sais pas, l’équivalent de l’initiation baptismale aquatique de la religion, une simple plongée ordinaire, la surprise des découvertes, ou simplement cette perception, ce sentiment qui transcende les séparations hémisphériques de notre entendement cérébral, une certitude qui nous dit que si ce que nous avons vu n’est peut-être que le fruit de l’ivresse des profondeurs, cette ivresse est agréable et sans doute addictive car nous n’aurons d’autre échappatoire que d’y plonger à nouveau plus profondément.
Voilà à présent ce que C.G.JUNG en disait :
« Comprenons-nous jamais ce que nous pensons ? Tel est notre intellect..
Mais au-dessus, existe une pensée qui revêt la forme des grandes images primitives, des symboles, plus vieille que l’homme préhistorique, innée en lui depuis les temps reculés et survivant à toutes les générations […].
La vie n’est possible dans toute sa plénitude qu’en accord avec elle. La sagesse consiste à y revenir.
Si cette âme supra-individuelle existait, cela enlèverait sans doute tout caractère personnel à ce qui se traduit dans le langage de ses images, nous la verrions probablement subspecie aeternitatis ; cela ne sera plus ma souffrance, mais la souffrance du monde, non plus une souffrance personnelle qui isole, mais une douleur sans amertume qui nous relie à tous les hommes. Que cela puisse guérir, il n’est sans doute point besoin d’en chercher les preuves. »
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