فدوى فريق العمـــــل *****
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الموقع : رئيسة ومنسقة القسم الانكليزي تاريخ التسجيل : 07/12/2010 وســــــــــام النشــــــــــــــاط : 7
| | évaluation des différentes activités ou systèmes sociaux | |
véritiste. 2. l’évaluation des différentes activités ou systèmes sociaux 2. a. le « marché » des idéesL’intérêt majeur de l’ouvrage réside à mon sens en ce que Goldman se livre, après ces remarques méthodologiques et conceptuelles, à l’analyse concrète de certains systèmes sociaux. Nous mentionnerons, de manière non-exhaustive, et approfondirons ici certaines des interrogations de l’auteur ainsi qu’un certain nombre de distinctions centrales qu’il propose. Goldman s’interroge tout d’abord sur cette pratique sociale essentielle qu’est la diffusion d’idées et plus particulièrement sur l’un des principes qui la sous-tend, à savoir la liberté d’expression. Force est de remarquer que l’existence de cette dernière n’est pas seulement adossée à des justifications épistémiques : on peut ainsi promouvoir la liberté d’expression même si l’on considère qu’elle favorise davantage la diffusion de croyances fausses. Toutefois, l’approche véritiste de l’auteur exclut, malgré leur légitimité, de telles considérations ainsi que, comme on l’a vu précédemment, la question de la compatibilité et/ou de la hiérarchisation entre les différentes finalités, en l’occurrence ici morales et cognitives. Les questions que l’auteur aborde portent dès lors sur la vertu épistémique de la liberté d’expression : cette dernière favorise-t-elle la découverte et/ou la transmission de vérités ? Quelle est la valeur cognitive de la censure ? Comme il le remarque, la censure peut porter sur le contenu de tel discours (par exemple, parce qu’il est en lui-même jugé stigmatisant, diffamant, etc.) ou sur ses propriétés extrinsèques (du fait de la nature, des propriétés sociales, etc. de l’émetteur). Une forme de ces deux censures est-elle épistémiquement justifiable ? La question de la place des débats est également centrale : le fait de débattre est-il nécessairement bénéfique d’un point de vue véritiste ? Plus généralement, la concurrence entre idées est-elle cognitivement positive ? On peut penser ici à la thèse défendue par Bronner, selon laquelle « à un certain niveau de concurrence [sur le marché cognitif], la pression à diffuser une information est telle, que la probabilité de sa fiabilité tend à décroître »6. Nous n’exposerons pas dans le cadre de cet article les conclusions provisoires auxquelles parvient Goldman. Remarquons simplement qu’il mentionne les bénéfices épistémiques d’une loi contraignant à révéler l’identité social des émetteurs d’idées, lorsque leur appartenance et leurs intérêts sociaux hypothétiques entretiennent des rapports étroits avec le type de question qu’ils abordent – ce qui n’est pas sans rappeler, par exemple, l’adoption en 2012 de la charte déontologique par le comité exécutif de l’AEA (American Economic Association) demandant à chaque auteur d’ « identifier chaque partie intéressée de laquelle il a reçu un soutien financier substantiel, pour un total d’au moins 10000 dollars au cours des trois dernières années »(cf.http://www.aeaweb.org/PDF_files/PR/AEA_Adopts_Extensions_to_Principles_for_Author_Disclosure_01-05-12.pdf) et rejoint, par ailleurs, toute une tradition française de critique des médias. Les critiques « anti-conspirationnistes » de telles approches semblent de peu de poids, à moins qu’elles justifient soit l’idée, très peu plausible, selon laquelle la seule manière pour l’intérêt de contaminer la formation de nos opinions est de nature stratégique, soit l’idée selon laquelle toute forme de pensée critique implique, en tant que telle, ce type d’idées. Or, non seulement les journalistes, économistes peuvent simultanément croire former des opinions objectives et avoir des jugements en réalité contaminés par des biais socialement conditionnés mais il est, de plus, fort délicat d’attribuer l’adhésion à cette thèse fallacieuse à toute pensée critique des médias. Enfin, les arguments dénonçant la suspicion généralisée à laquelle serait censée mener cette pratique ainsi que la stigmatisation sociale potentielle qu’elle contiendrait semblent de peu de poids puisque, si on la met correctement en oeuvre, cette même pratique est censée exclusivement enrichir l’évaluation des raisons avancées par les divers émetteurs d’idées. On ne saurait, bien évidemment, réfuter un argument qui résiste aux diverses tentatives de réfutations qu’on lui oppose en arguant du fait que celui qui l’énonce avait un intérêt à l’énoncer ou à croire en son contenu : la réalité peut s’avérer parfaitement conforme à ce qu’on aimerait qu’elle soit. 2. b. l’autorité épistémique de la scienceGoldman aborde également la question de la science, activité explicitement orientée vers la découverte de vérités et l’accroissement de connaissances. L’attribution d’autorité épistémique à la science est-elle légitime ? On peut constater que l’idée d’une supériorité cognitive de la science n’est pas nécessairement présupposée par le projet de fonder une épistémologie sociale véritiste : il est possible d’évaluer épistémiquement l’activité scientifique sans lui attribuer d’autorité quelconque en ce domaine. L’auteur examine les objections habituelles à la thèse de l’autorité épistémique de la science. Nous nous arrêterons sur un argument, déjà mentionné : « l’argument des biais », consistant à dire que tout point de vue (et donc également le point de vue du chercheur) est situé et doncbiaisé. Comme le remarque d’ailleurs Goldman, les critiques postmodernes de l’autorité scientifique ont à ce propos tendance à se focaliser sur l’irrationalité motivée, c’est-à-dire affective, et délaissent souvent le champ exploré par les psychologues sociaux de l’irrationalité cognitive. On peut d’ores et déjà constater que l’idée selon laquelle le fait qu’un point de vue soit socialement situé implique qu’il soit biaisé semble, sans même invoqué l’argument de la réflexivité, plus que contestable. Penchons-nous toutefois sur la réponse que fournit l’auteur. Face à l’argument du biais, on peut rappeler, en se basant en grande partie sur les arguments de Goldman, que : - l’existence de biais n’entame pas la possibilité de former par ailleurs des croyances épistémiquement rationnelles - l’influence des biais peut être neutralisée de manière prospective (par l’anticipation de justifications publiques de nos opinions) ou rétrospective (autrement dit, l’explicitation des biais permet, dans de nombreux cas, de les corriger) - certaines contraintes épistémiques objectives pèsent sur les processus motivationnels biaisés de formation de croyances7 – ces derniers consistant d’ailleurs très souvent à interroger de manière asymétrique (c’est-à-dire orientée vers la confirmation d’une idée préalable) notre environnement évidentiel8 - les biais peuvent avoir des effets épistémiques positifs à long terme9 et constituer, sous certaines conditions, des indicateurs fiables de vérités10 Toutefois, si l’on doit attribuer une autorité cognitive et même, comme le prône l’auteur, une supériorité épistémique comparative à la science, en quoi consiste cette autorité ? Est-elle liée au fait que le corpus de savoir scientifique « contient » un grand nombre de vérités, au type de méthode que la science met en oeuvre lorsqu’elle interroge la réalité ? L’approche véritiste de la science peut également porter sur des questions plus structurelles : les caractéristiques intrinsèquement sociales de la science accroissent-elles sa dimension « véristique » ? Quel type d’organisation de la division du travail cognitif permet-il l’optimisation épistémique ? L’auteur s’interroge ensuite sur les hypothétiques effets épistémiques des motivations non-épistémiques typiques des chercheurs, telles que la quête de profit économique ou symbolique. Contribuent-elles en tant que telles au progrès de la connaissance ? On a, à ce propos, souvent dénoncé le fameux « sophisme de composition » qui consiste à transférer de manière illégitime les propriétés des parties à celles du tout qu’elles sont censées produire. L’une des conséquences d’un tel sophisme serait de ne pas voir les effets involontaires et contre-intuitifs de l’agrégation de comportements individuels. Si l’agrégation de vices privés est ainsi susceptible de contribuer au bien public, on peut dès lors penser qu’il existe un phénomène équivalent dans le domaine scientifique : la combinaison des « vices » cognitifs privés (la formation de croyances irrationnelles) pourrait avoir, comme nous le remarquions plus haut, des effets épistémiques optimaux (l’accroissement des découvertes et donc des connaissances sur le long terme). Remarquons toutefois que, quel que soit le domaine concerné, ce type de raisonnement doit être nuancé, dès lors qu’il devient une forme d’automatisme mental. S’il est vrai que le sophisme de composition existe, on peut parfois entrevoir dans certains raisonnements un « sophisme d’agrégation », consistant à considérer que les effets émergents sont nécessairement contre-intuitifs et antithétiques aux comportements individuels qui les produisent. L’une des conséquences d’une telle erreur de raisonnement est visible lorsqu’on constate l’empressement avec lequel certains essayistes utilisent par exemple l’idée, devenue dans certains milieux un dogme, selon laquelle les bonnes intentions auraient, en politique, des résultats nécessairement catastrophiques d’un point de vue moral. Aux sarcasmes convenus à l’égard des « bonnes âmes » qui se drapent dans leur vertu pourrait légitimement répondre une critique de ces esprits prétendument dotées d’une lucidité supérieure, qui se drapent quant à eux dans une vision cynique et non moins confortable de la réalité, vision tout aussi naïve malgré sa prétention au réalisme. En ce domaine, le démystificateur ou le pourfendeur lucide des « intentions pures » pourrait bien succomber à un biais que l’on peut qualifier d’« émergentiste », biais dont Hirschmann a tenté d’expliciter la métaphysique implicite11, et qui constitue comme l’antithèse du biais intentionnaliste si souvent décrié. Le chapitre se termine sur une réflexion concernant l’attribution d’autorité épistémique. Comment un novice peut-il imputer une forme d’autorité épistémique à un individu x eu égard à telle question q s’il est inapte, du fait de son ignorance concernant le domaine auquel appartient q, à évaluer les énoncés produits par x, et plus particulièrement s’il est inapte à évaluer le contenu des raisons que livrent les experts ou producteurs de discours ? Comment peut-il, ainsi, parvenir à identifier leur « qualité » de bonnes raisons ? C’est donc la question des conditions de détection de la compétence qui est ici en jeu, question d’autant plus cruciale qu’une forme de « transitivité » opère à ce niveau : le fait d’attribuer une autorité épistémique à x permet en effet très souvent d’attribuer une autorité aux attributions d’autorité épistémique elles-mêmes qu’effectue à son tour x12. En ce sens, l’imputation d’autorité cognitive fournit aux agents sociaux un nombre potentiellement indéfini de points d’appui épistémiques mais aussi pragmatiques si l’on songe au fait que nos croyances ont aussi pour fonction d’orienter nos acti | |
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