Le Cercle de Vienne
La Conception scientifique du monde, connue aussi sous le titre Manifeste du Cercle de Vienne est un texte historique et programmatique de Rudolf Carnap, Hans Hahn et Otto Neurath, publié en 1929. Il décrit les projets épistémologiques et politiques des membres du Cercle de Vienne. Ce texte est dédié à Moritz Schlick venu rejoindre le cercle qui réunissait des philosophes et des scientifiques désireux de travailler à une conception scientifique du monde.
PLAN
- Le contexte de 1929
- Les thèses principales
- La science
- La métaphysique
- Au delà du "Manifeste"
Le contexte de 1929
Vienne est une ville culturellement et scientifiquement en pointe. Le Cercle d'épistémologie qui se forme à ce moment se compose de philosophes qui sont en même temps des scientifiques actifs. Ils ont pour projet de réfléchir sur le fondement et la nature de la connaissance scientifique, avec pour mot d'ordre l'éviction de la métaphysique. Ils veulent aussi fonder une philosophie rationnelle connectée avec l'avancée des sciences.
Le contexte intellectuel est très particulier: Le début du XXe siècle a connu des avancées spectaculaires dans les domaines de la logique, des mathématiques et la physique classique traverse une crise, car elle est ébranlée par la théorie de la relativité et par la naissance de la mécanique quantique. Du point de vue philosophique, il se produit une irruption de courants irrationnalistes, contre lesquels s'élève le Cercle. Il est apparu nécessaire de développer une approche philosophique qui soit capable de comprendre et d'intégrer les nouveautés de la science. Pour les fondateurs du Cercle, la philosophie doit être l’alliée privilégiée de la science dont elle doit pouvoir décrire les précédés.
Le Cercle est à l'origine de "l'empirisme logique" parfois nommé "positivisme logique". La thèse principal de cette école de pensée est que toute connaissance scientifique doit venir soit de l'expérience, soit d'une vérité logique ou mathématique. Ses membres les plus centraux furent Rudolf Carnap, Hans Hahn, Otto Neurath, Moritz Schlick. Participèrent également au travaux Hans Reichenbach, Philip Frank, Alfred Tarski, Karl Popper, Kurt Gödel, Ludwig Wittgenstein. Le cercle se réunira de 1929 jusqu'à 1936, date de l'assassinat de Moritz Schlick par un étudiant nazi. Par la suite, la plupart de ses membres émigrèrent pour fuir le nazisme.
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Les thèses principales
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Nous retiendrons du Manifeste uniquement l’aspect philosophique principal qui est l’exposé d’une conception scientifique du monde. Celle-ci n'est pas un ensemble d’affirmation, mais l'adoption d'une attitude empiriste associée à la logique. C'est pourquoi on parle de positivisme logique ou d'empirisme logique. La tâche de la science serait de décrire les faits observables du monde.
Le langage
La première thèse porte sur le langage. Le langage ordinaire est considéré comme trompeur et imprécis. Il faudrait dans le domaine philosophique et scientifique utiliser un langage précis fondé sur des évidences empiriques. Chaque proposition de base, élémentaire, devrait correspondre à un fait empiriquement avéré. C'est ce qui constituerait le sens de la proposition.
Cette thèse est assez violente, puisqu'elle dénie les contenus cognitivo-sémantiques pour ramener le langage une correspondance entre un énoncé syntaxique et fait empirique. Le sens serait cette correspondance et si elle n'existe pas, le propos serait dépourvu de sens. On emploie les termes de behaviorisme langagier ou behaviorisme logique pour désigner dette position.
La méthode scientifique
La connaissance commence par des propositions empiriques élémentaires qui sont appelés des "énoncés protocolaires". Chacun de ces énoncés est susceptible d'une vérification immédiate. À partir d'un ensemble d'énoncés vérifiés, par induction selon des raisonnements logiques et mathématiques, il serait possible de construire une théorie scientifique. Réciproquement, les théories scientifiques permettent de prévoir des faits descriptibles par des énoncés protocolaires, qui seront confirmés, ou infirmés, par l'expérimentation.
Les propositions élémentaires sont dites synthétiques, elles portent sur le monde et elles sont vraies si elles correspondent au monde. Cette correspondance est leur "signification". Les propositions logiques et mathématiques sont des propositions analytiques et sont vrais (ou fausses) par validité interne, indépendamment du monde. Elles sont sans significations.
Toutes les théories scientifiques pourraient se ramener à des systèmes explicatifs de type logico-mathématique et à des propositions élémentaires empiriques. Les premières sont les "explications" et les secondes la "justification" de la théorie explicative.
Cela abouti à distinguer le "contexte de la découverte" (renvoyé du côté des sociologues ou psychologues) et le "contexte de la justification". La philosophie analytique propose un analyse normative de la justification et laisse de côté le contexte de la découverte.