"Dans le vin, la vérité" : la célèbre locution latine témoigne de l'attachement des anciens à la boisson alcoolisée, censée apporter intelligence et sincérité.
C'est à Pline l'ancien que l'on doit cette locution latine, preuve qu'au premier siècle de notre ère, on accordait des vertus à la beuverie - et notamment celle de délier les langues et, sous l'emprise de l'alcool, de s'exprimer en toute franchise.
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[size=18]Comment l’alcool peut-il avoir un effet désinhibant ?Selon Tacite, il en était ainsi pour les Germains et pour les Gaulois : le grand historien latin rapporte qu'avant une prise de décision importante, chefs et aristocrates se réunissaient dans un immense banquet qui tournait à la soûlerie générale. Dans cette assemblée civile et religieuse, les idées nées de l'ivresse étaient listées et constituaient la base des décisions adoptées le lendemain...
Même vertu du vin chez les Grecs et les Romains : le déroulement du banquet tel que le décrit Platon est dirigé par un symposiarque qui veille à ce que les convives atteignent l'ivresse à la vitesse et à l'intensité voulues, afin d'amener à plus de sincérité, plus d'intelligence entre eux.
"C'est d'abord son effet sur le psychisme, l'ivresse et les sensations associées, cette véritable transe, qui ont fait du vin une boisson sacrée" , rappelle l'historien André Tchernia.
Judaïsme et christianisme sont fortement liés au vin
Dans la première des religions monothéistes, le judaïsme, le rapport au vin est plus ambigu : bien que synonyme de vie, il peut aussi conduire au péché. Le premier vigneron, Noé, s'enivre ainsi de son vin avant d'être découvert nu sous sa tente par ses fils. Quant aux filles de Lot, elles soûlent leur père pour s'unir à lui et assurer une descendance.
Le vin est véritablement omniprésent à travers l'Ancien Testament : Jean-Robert Pitte, membre de l'Académie des sciences morales et politiques, y a recensé pas moins de 141 citations ! Selon lui, le vin devient ainsi
"le compagnon le plus fidèle" du monothéisme juif. Et le rapport du christianisme au vin synthétise ces héritages juif, grec et romain.
Le Nouveau Testament évoque en effet fréquemment le vin, depuis les noces de Cana jusqu'à la Cène, où il devient à proprement parler "le sang du Christ". Un statut qui a sauvé la vigne au Moyen Age, pendant lequel les moines ont veillé à maintenir, pour le culte comme pour le commerce, une culture viticole très active.
D'après Science & Vie QR n°26 « Le guide du vin »A lire aussi :• Le self-control, ça se travaille• Comment notre espèce s'est-elle mise à boire ?[/size]