La plupart des gens préfèreraient sans doute oublier que leurs poils et leur peau sont aussi des écosystèmes… des lupanars aux millions d’acariens microscopiques. Mais une analyse de leur ADN révèle qu’ils nous sont incroyablement fidèles et cela pourrait aider les scientifiques à retracer les anciennes migrations humaines et peut-être à trouver de nouvelles façons de traiter les maladies courantes de la peau. Cette espèce d’acarien vit donc dans et autour des follicules pileux de l’humain et d’autres mammifères. Le généticien évolutionniste Michael Palopoli et ses collègues du Bowdoin College (États-Unis) ont échantillonné l’ADN des acariens qui vivent sur un groupe de 70 humains de différentes origines.
Le séquençage de l’ADN mitochondrial a révélé différentes lignées qui correspondent étroitement à la géographie ancestrale de leurs hôtes humains. Une lignée d’acarien est fréquente chez les personnes d’ascendance européenne, peu importe où ils vivent dans le monde aujourd’hui et elle est persiste même après des générations dans de nouveaux endroits. D’autres lignées d’acariens sont plus fréquentes chez les personnes d’origine asiatique, africaine ou latino-américaine.
Image d’entête : Demodex brevis (Dan Fergus et Megan Thoemmes) et ci-dessous le Demodex folliculorum Il y aurait, selon les chercheurs, quelques raisons possibles à cette fidélité inhabituelle de nos acariens. Certains type de peau de personnes de différentes origines géographiques pourrait "sélectionner" les acariens de différentes lignées mitochondriales. Mais les chercheurs ne connaissent pas encore précisément les éléments qui favorisent une lignée d’acariens sur une autre, c’est d’ailleurs ce qui pourrait les aider à déterminer comment et pourquoi ces créatures, habituellement inoffensives, ont déjà été liées à des troubles cutanés comme la rosacée et la blépharite, entre autres. Ainsi et cela reste à déterminer, l’une de ces différentes lignées mitochondriales d’acariens pourrait être plus susceptibles que les autres de provoquer des maladies de la peau.
L’exploitation des séquences d’ADN de nos collants amis acariens pourrait également fournir un nouvel outil aux scientifiques, permettant de retracer les anciennes migrations humaines via leurs transmissions à travers différentes espèces.
Jusqu’à présent, ce début d’étude sur les lignées d’acariens semble raconter une histoire cohérente avec le modèle de migration humaine appelé "Out of Africa", qui estime que tous les êtres humains vivants aujourd’hui proviennent d’un groupe qui a quitté l’Afrique, il y a environ deux millions d’années. Selon les chercheurs :
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Les quatre clades divergents apparaissent dans les acariens sur les personnes d’ascendance africaine, alors que seuls des sous-ensembles apparaissent sur les Européens ou les Asiatiques. Donc, notre hypothèse est que l’ensemble des quatre clades était présent sur nous lorsque nous vivions en Afrique, mais depuis que nous l’avons quitté, différents sous-ensembles ont migré avec les Asiatiques et les Européens.
L’échantillonnage d’acariens d’une plus grande variété d’ascendances humaines, y compris de personnes vivant aujourd’hui en Afrique, pourrait aider à révéler comment les acariens et les humains ont coévolué.
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Il semble que les acariens sont assez fidèles aux individus d’une région particulière, du moins à la grande échelle que nous avons examinée jusqu’à maintenant et le signal n’en reste pas moins que les acariens varient considérablement chez les personnes provenant de divers secteurs géographiques, de sorte qu’il offre la promesse de devenir un système pour tester d’ou elles sont originaires.