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 Mécanisme et finalité dans les sciences.

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Mécanisme et finalité dans les sciences.  Empty
26022016
مُساهمةMécanisme et finalité dans les sciences.

Le mécanisme est la position qui affirme que dans la nature, dont l’homme fait partie, rien n’existe sans un ou des enchaînements déterminés selon des lois régulières et générales de causes et d’effets. Une cause c’est une cause efficiente qui précède ou est contemporaine de ses effets sans qu’elle ait besoin nécessairement d’une finalité pour les produire. La finalité est le but et/ou la fonction d’un processus plus ou moins complexe de causes à effets. Cette finalité peut-être externe ou interne 
1) Externe :  lorsqu’elle est l’expression des désirs de l’homme comme dans un processus technique ou celui-ci agit de l’extérieur en manipulant les causes (conditions initiales, et association de causalités différentes) en vue de produire des effets favorables à leur satisfaction 
2) Interne lorsque le but et/ou la fonction est programmé(e) par les mécanismes inhérents au processus et découlant de ses structures, sans intervention extérieure. 
Il est tentant de penser que les finalités particulières que l’on constate dans les organismes vivants (autoréparation, autoreproduction), voire que les grands équilibres naturels qui se reproduisent entre les organismes et leur milieu sont programmés par une méta-finalité extérieure à la nature, pour tout dire divine et surnaturelle, organisatrice de la nature toute entière, selon un modèle anthropomorphique de type technique ( les causes deviennent des moyens en vue d’effets qui deviennent des fins, voir la position d’Aristote).

Or cette tentation est scientifiquement stérile car elle fait obstacle à la compréhension des processus qui permettent la prévision rigoureuse et l’intervention technique de l’homme sur les processus naturels, comme l’avait déjà remarqué Descartes. Expliquer des processus par leurs finalités supposées et qui plus est futures, c’est inverser la démarche qui consiste à comprendre l’inconnu (ce qui va advenir, l’expérience future) par le connu ((expérience présente et passée) ; or expliquer le connu par l’inconnu ne nous fait guère avancer et ne nous permet de calculer aucune prévision, voire de résoudre aucune équation prévisionnelle. Les finalités sont qualitative et pour l’essentiel renvoient à notre interprétation subjective du monde dont nous voudrions qu’il ait un sens favorable à nos désirs. Aucune expérience n’est possible qui ferait intervenir au préalable une finalité, interne ou externe, hors celle de l’expérimentateur dans le seul but d’évaluer une théorie prévisionnelle quelconque. Cette dernière ne peut expérimentalement mettre en jeu que des processus mécaniques et mesurer leurs effets pour les confronter aux prévisions en vue de cette évaluation. Qui plus est, lorsque cette finalité est attribuée à Dieu et/ou à un principe métaphysique, qui par définition transcende l’expérience, nous sommes dans un cadre dans lequel Kant a montré (après Newton et Hume) que nous ne pouvons pas décider si une hypothèse et son contraire sont valides, car aucune hypothèse métaphysique n’est, ni directement, ni indirectement (dans ses conséquences) expérimentables et que nous n’avons par d’autre critère que l’expérience pour décider de la valeur objective (extérieure à nous) d’une hypothèse sur la nature (y compris la nôtre). Enfin parler de création et/ou de finalité externe métaphysique , c’est s’interdire d’agir moralement, sinon techniquement, sur la nature et pour reprendre le beau mot de Descartes de s’en rendre comme maître et possesseur : invoquer un principe d’ordre supérieur à l’homme et à la nature c’est obliger (et persuader) l’homme à s’y soumettre sans condition comme devant un ordre (aux deux sens du mot) sacralisé. Kant n’avait pas tort d’affirmer dans « La critique du jugement » que l’idée de finalité externe n’était qu’un jugement réfléchissant et non déterminant et qui pouvait tout au plus valoir d’idée régulatrice (c’est à dire éthique) pour l’homme ; mais à, ce titre toujours discutable et probablement suspecte pour qui veut affirmer l’impératif cartésien rappelé ci-dessus.
Qu’en est-il dans ses conditions des finalités internes du vivant et de la régularisation auto-entretenue des grands équilibres écologiques ? Il faut supposer soit qu’ils sont programmés par des structures complexes de causalités en boucles de rétroactions des effets sur les causes qui n’exigent aucun programmateur surnaturel, mais qui sont le produit de hasard physico-chimique faisant émerger et modifiant des structures sélectionnées par les conditions du milieu, soit qu’ils sont programmés plus ou moins consciemment par les hommes et/ou des organisme vivants en vue de mettre en œuvre leur fins particulières propres. Ceux-ci sont pour ce faire soit programmés par leurs structures propres transmises héréditairement, soit capables, sur fond de ses structures et de l’expérience (sociale et symbolique) d’autoprogrammation et donc d’automodification et de sélection de ses structures (par exemple neuronales, voire techniques dans le cas de manipulation génétique des génomes) collective et/ou individuelle. 
Si l’on écarte toute finalité « externe » métaphysique, quel est le rapport entre le mécanisme et le finalisme « interne » naturel ? Le seul qui soit scientifiquement et techniquement fécond : le mécanisme produit spontanément de la finalité et/ou de la fonction qui, à son tour produit des régulations et de l’ordre dans le jeu du mécanisme. Le hasard donc produit des structures ordonnées qui résistent au hasard. Cette capacité pour la contingence de produire des structures qui ont des propriétés non aléatoires, auto-réparatrices et auto-reproductrices, voire auto-transformables (plasticité neuronales) et auto-programmables comme cela semble le cas pour le cerveau humain, les biologistes l’appelle « l’émergence ». Le biologie et plus généralement les sciences ne prétendent pas expliquer « l’émergence » car  elle est une notion purement descriptive, qui ne se réfère pas à une simple hypothèse explicative mais à un fait qui se constate empiriquement ; on peut tout au plus s’interroger et faire des expériences sur la question de savoir dans quelles conditions objectives et mécaniques peut apparaître ce fait. on peut, pour des raisons métaphysique, éthiques et/ou esthétiques, regretter cette prétendue insuffisance de l’explication scientifique, mais c’est à ce prix que les sciences ne versent pas dans le métaphysique. Dans la connaissance, sinon dans la pratique, la raison doit reconnaître les limites de son pouvoir, car, sinon, comme le pensait Kant, elles produisent à coup sur de l’illusion (prendre les projection des désirs pour la réalité).

Il est alors possible de classer les sciences expérimentales selon leur rapport ou non aux différents types de finalité interne que les processus mécaniques mettent en oeuvre. 
1)  Il y a les sciences des mécanismes dépourvus de finalité programmée : Les sciences physiques et chimiques; qu'elles mettent en jeu des phénomènes à prévisibilité certaine ou statistique, linéaire ou chaotique,  ne change rien à leur nature. 
2)  Les sciences qui mettent en jeu des processus ordonnés stables et auto-régulés naturels et/ou artificiels : les sciences des systèmes mécaniques où les effets rétroagissent en boucles de rétroaction stables sur les causes sans programmation. (par exemple les systèmes informationnels automatiques). 
3)  Les sciences qui mettent en jeu des systèmes et des structures fonctionnelles programmées qui ont la propriété de se réguler (ex : l’homéostasie), de s’auto-réparer et de se reproduire dans des conditions d’un milieu qu’ils peuvent partiellement transformer en vue de ces mêmes finalités (voir la production de l’oxygène atmosphérique): les sciences du vivant ou sciences biologiques. 
4)  Les sciences qui s’intéressent aux comportement et aux processus humains qui mettent en jeu les propriétés du cerveau humain capable d’auto-programmation par la mise en œuvre d’un langage symbolique collectif (la question de savoir si ses structures fondamentales syntaxiques, voire sémantiques, sont innées ou acquises reste ouverte) qui fait émerger la culture, son développement historique, les valeurs qu’il produit et la conscience réflexive de soi : l’anthropologie ou sciences humaines. Elles ne peuvent être purement explicatives (ne faire intervenir que des conditions objectives) mais elles doivent être aussi compréhensives car les comportements humains mettent en jeu des valeurs, des  motivations et des désirs, donc des finalités subjectives plus ou moins conscientes qui émergent des propriétés du cerveau humain dans  ses relations affectives et cognitives avec sont environnement naturel/culturel, social et symbolique.

Cette classification maintient, contre tout réductionnisme, l’autonomie relative des différentes sciences sans faire intervenir de principe métaphysique transcendant la nature et l'expérience.
Sylvain Reboul, le 28/02/2000 


L'intelligent-design, machine de guerre anti-scientifique
La métaphysique de l’intelligent-design n’est pas déterministe, mais finaliste; c’est en cela qu’elle s’oppose au darwinisme et qu’elle ne peut pas être scientifique: aucune finalité inexistante ne peut expliquer par des relations testables en quoi ce qui n’existe pas encore (la fin) pourrait commander ce qui existe déjà (les moyens ou déterminations transformées en moyens).
S’il existe des finalités testables c’est dans le domaine des mécanismes déterministes biologiques en forme de boucle de rétro-action et de programmes physico-chimiques dont les modes d’action peuvent être objectivement observés et/ou virtuellement simulés. La métaphysique de l’intelligent-design elle prétend expliquer ce qui se passe par un soi-disant projet intelligent ni observable, ni simulable, pur objet de foi. On peut du reste l’attribuer à n’importe quel "auteur" ou principe transcendant ou immanent; c’est un terme dépourvu de signification déterminable.
En cela le présenter comme une contre hypothèse à la théorie de l’évolution c’est refuser la démarche rationnelle et expérimentale scientifique au profit d’un fidéisme religieux que l’on croyait disparu dans les oubliettes de l’histoire de l’enseignement.
Que cette position soit une machine de guerre contre les sciences, c’est très exactement l’argument du juge et je l’en félicite.
S. Reboul, le 22/12/05



Mécanisme scientifique et finalisme anti-scientifique
 L’hypothèse d’une loi interne de l’évolution n’est significative que si on oublie tous les échecs, les impasses qui ont marqué l’évolution et que l’on ne sélectionne que ce qui va dans le sens d’une prétendue finalité ordonnatrice dont personne ne peut dire ce qu’elle peut être et qu’aucune expérience ne peut tester puisque justement elle se situe par définition hors du domaine de l’expérience possible: Une proposition métaphysique ne peut être à volonté présentée comme une hypothèse scientifique sauf à la vider de tout caractère finaliste transcendant l’expérience, ce qui en ferait une hypothèse testable et nécessairement mécaniste
Ceci dit la théorie de l’évolution est ouverte, elle est elle-même en voie d’évolution, alors qu’une position métaphysique est nécessairement fermée sur elle-même: ex: évolution brusque d’équilibres ponctués, sélection sexuelle, gènes architectes, sélection culturelle (pour les humains) etc.. Elle est déjà testable sur des organismes simples à reproduction rapide et même mathématiquement simulable sur ordinateur...Elle est donc aujourd’hui devenue prédictible, contrairement à ce prétendait en son temps Popper: un ordre peut naître du désordre, on peut le vérifier expérimentalement et c’est cette pro-position qui est insupportable aux créationnistes, dont la position ne peut, en aucun cas, faire partie du débat scientifique, car elle hors tout critère possible de scientificité.
Le finalisme transcendant ne peut être scientifique et le finalisme immanent ne peut être scientifiquement que le résultat d'un mécanisme complexe. Ainsi la vision finaliste transcendante ne peut être que religieuse et ne peut valoir sur un plan éthique que pour qui désespère face à la mort inéluctable dans un univers dont tous les progrès de la connaissance scientifique confirment que venant du chaos, il y retourne.
S. Reboul, le 30/12/05



Le finalisme religieux contre la  théorie de l'évolution: 
critique de la position de Anne Dambricourt Malassé, paléontologue

Anne Dambricourt Malassé dans une interview récente pose des affirmations pour le moins vagues, logiquement imprudentes et souvent ambiguës:
1) Laisser entendre que le principe de finalité est "admis", voire reconnu en mécanique quantique, c’est aller (trop) vite en besogne: la mécanique quantique soulève le problème, sans encore l’avoir tout à fait résolu, du statut de la temporalité dans un champs de phénomènes qui n’est justement pas celui des processus biologiques. On ne voit donc pas comment l’auteure peut passer logiquement de la temporalité ou de son absence éventuelle sous une forme linéaire en mécanique quantique à la temporalité en paléontologie.
2) Cela d’autant plus qu’elle présente l’évolution comme un progrès linéaire quasi nécessaire; ce qui n’est qu’une représentation rétroactive, simplificatrice et pour tout dire réductrice des choses, ce qui n’est pas prouvé car les monstres non viables sont en effet eliminés avant l’âge de la reproduction: l’évolution apparaît aujourd’hui comme disparate multi-caractères, parfois régressive (en treme de complexité) et sa logique est loin d’être aussi pure qu’elle ne l’affirme. Les chimpanzés que je sache n’ont pas précédé les homos. Elle oublie dans son exposé les découvertes majeures que sont:
Mécanisme et finalité dans les sciences.  Pucela sélection sexuelle qui produit une pression sélective en effet orientée et, en ce qui concerne le genre homo la sélection sexo-culturelle elle même finalisée par cette même culture (les valeurs sociétales)
Mécanisme et finalité dans les sciences.  Pucel’existence de gènes architectes qui en mutant peuvent provoquer des modifications de caractéristiques différentes, fonctionnellement cohérentes ou non (et dans ce dernier cas elles sont éliminées par la sélection naturelle + sexuelle+ culturelle et la culture commence probablement avec les singes anthropoïdes préhomos comme on le voit chez les primates actuels), sans faire intervenir une logique univoque et encore moins un programme génétique préétabli ou préorienté.
3) Enfin elle dit se refuser à toute récupération religieuse de sa thèse (finalisme biologique phylogénétique interne) mais elle n’hésite pas à flirter, c’est le moins que l’on puisse, dire avec le sens chrétien de la vie.
Citation: "Le vrai débat.. consiste à savoir si, oui ou non, la théorie de l’évolution détruit les fondements de la foi judéo-chrétienne fondée au moins sur l’attente. Personnellement, je réponds également non, mais sur des considérations autres, lesquelles, précisément, ne sont pas assez connues aux États-Unis. Je pense en particulier, donc, à la synthèse scientifique de Teilhard et à la place qu’il accorde à la gratuité de l’amour, à la liberté de donner sa confiance à l’amour comme transcendance du sens: se savoir né, parce qu’aimé. (" Tu es, Seigneur, notre Père, notre Rédempteur: tel est ton nom depuis toujours... Ah! si tu déchirais les cieux, si tu descendais.. " Isaïe 63, 16b, 19a. In " Teilhard aujourd’hui ". N°16 - décembre 2005)."
Là, je regrette, on est en plein préjugé religieux, ou en pleine profession de foi (ce qui pour moi est la même chose) et je ne vois pas ce qui l’autorise à passer d’une finalité interne (programme génétique de l’évolution), scientifiquement discutable, à une finalité externe transcendante qui est scientifiquement inadmissible, car scientifiquement ni vérifiable, ni réfutable, hors champs donc de la pratique et du discours scientifiques en cela qu’elle ne permet aucune observation nouvelle, ni aucune expérimentation en expérience réelle ou simulée..
Conclusion: Elle donne l’impression de dénier sa foi (nouvelle?) pour mieux la faire passer en douce au prétexte qu’elle est une scientifique qui aurait découvert le sens préétabli de l’évolution. Bien qu’elle affirme être utilisée malgré elle, ceux qui se réclament de sa position en faveur de l’ID ne se sont pas trompés: elle appartient bien à leur courant qui voudrait réconcilier la vérité scientifique avec la prétendue vérité religieuse.

Sylvain Reboul, le 12/01/06





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            1) "Heidegger, les sciences et les techniques" (avec Jacques Bonniot et Sylvain Thibeau, ingénieur) 
            2) "Débat sur les manipulations de l'embryon humain et l'éthique" entre Jacques Bonniot et Sylvain Reboul autour d'un texte de Sloterdijk: "Règles pour le parc humain" publié par le journal "Le monde des débats" du mois d'octobre 99.  Jacques Bonniot est professeur de philosophie et écrivain, chargé de cours à l'E.N.A. [size=undefined](nouveau)[/size] 
            3) "La conscience et les neurosciences" avec Raphael Féraud, Docteur-chercheur et S.Reboul [size=undefined](nouveau)[/size] 
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