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  Gustave LE BON (1841-1931)

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 Gustave LE BON (1841-1931) Empty
22022016
مُساهمة Gustave LE BON (1841-1931)

 Gustave LE BON (1841-1931) Lebon1 Gustave LE BON (1841-1931)
Une psychologie sociale réaliste
1. La vie et l'oeuvre
Charles-Marie-Gustave Le Bon est né à Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir, France), où son père est alors conservateur des hypothèques, le 7 mai 1841. 
Il effectue ses études secondaires au Lycée de Tours puis fait ses études de médecine à Paris, où il obtient son doctorat en 1866.
Plus soucieux, semble-t-il, de recherches que de pratique médicale il écrit de nombreux articles, fait des communications aux sociétés savantes, publie des ouvrages à succès tel "La mort apparente et les inhumations prématurées"(1866).
Esprit particulièrement curieux Gustave Le Bon s'intéresse à tout, voyage beaucoup, rencontre les spécialistes de son temps. En 1892, par exemple, il publie un ouvrage qui fait encore autorité, "L'équitation actuelle et ses principes", dans lequel il utilise la technique photographique.
Ses recherches médicales, tout d'abord orientées vers la physiologie, l'anatomie et la physique, évoluent vers les sciences sociales, ou, plus précisément, de l'anthropologie biologique vers l'anthropologie sociale. Son premier grand ouvrage dans ce dernier domaine est "L'homme et les sociétés"(2 vol., 1881, fac-similé J.M. Place, Paris 1988).
Puis il évolue de l'anthropologie sociale vers la psychologie sociale, discipline dont il est le père fondateur. Son ouvrage "Psychologie des foules"(1895, rééd. PUF, Paris, 1981) est un succès mondial, qui paraît après "Les lois psychologiques de l'évolution des peuples"(1894, rééd. Les Amis de G. Le Bon, Paris, 1978) et est suivi par "Psychologie du socialisme"(1896, rééd. Les Amis de G. Le Bon, Paris, 1977), "Psychologie de l'éducation "(1902), "Psychologie politique"(1911, rééd. Les Amis de G. Le Bon, Paris, 1984), "Les opinions et les croyances"(1911), "La Révolution française et la psychologie des révolutions"(1912, rééd. Les Amis de G. Le Bon, Paris, 1983).
En 1914 Le Bon a 73 ans et par "La vie des vérités" (rééd. Les Amis de G. Le Bon, Paris, 1985) ouvre la dernière phase de son existence, marquée par une certaine réhabilitation des croyances religieuses par la science ("Bases scientifiques d'une philosophie de l'histoire"(1931)).
"Dès l'après-guerre en effet, Le Bon prévoit la Seconde Guerre mondiale, le triomphe des dictatures en Europe, les conflits d'Orient, d'Amérique latine, d'Irlande, la propagation du socialisme, la résurgence de l'Islam avec une lucidité qui laisse le lecteur de nos générations émerveillé" (Catherine Rouvier, Les idées politiques de Gustave Le Bon, PUF, Paris, 1986, p.44).
2. La psychologie sociale de Gustave Le Bon
2.1. Les sources irrationnelles
2.1.1. Les différentes logiques
Pour Gustave Le Bon il n'y a pas une logique mais des logiques, une logique étant "l'enchaînement des causes déterminant... tel ou tel comportement".
Les logiques sont au nombre de cinq : 
1- la logique rationnelle, qui est la logique au sens classique du terme ; 
2- la logique affective, ou logique des sentiments, qui est en grande partie inconsciente ; 
3- la logique mystique, qui est consciente et qui relève de la croyance ; 
4- la logique collective, un combiné de la logique affective et de la logique mystique, qui est celle de l'"homme en groupe, en foule" ; 
5- la logique biologique, qui est la cause première parce qu'elle régit la vie de l'individu.
2.1.2. Le rôle de l'inconscient
Selon Gustave Le Bon l'être humain est surtout guidé dans la vie par deux sortes de concepts : les concepts ancestraux ou concepts de sentiments et les concepts acquis ou concepts intellectuels : 
1- les concepts de sentiments sont hérités du milieu social, de la "race historique" ; 
2- les concepts intellectuels sont acquis par l'éducation et ne deviennent efficaces que lorsqu'ils ont pénétré dans l'inconscient et sont devenus des sentiments.
Le Bon distingue trois niveaux d'activité de l'inconscient : 
1- le niveau organique, biologique ; 
2- le niveau affectif ; 
3- le niveau intellectuel.
Un peuple comme un individu a un inconscient et la base de cet inconscient collectif est formé d'"accumulations héréditaires" formant le caractère de la "race".
2.1.3. La "race"
Selon Le Bon "L'histoire d'un peuple ne dépend pas de ses institutions mais de son caractère, c'est-à-dire de sa race" (Lois psychologiques de l'évolution des peuples, p.90).
Pour Le Bon, selon lequel "il n'y a plus de races pures dans les pays civilisés", il faut entendre par race une "culture et des traditions communes" fondées sur des "accumulations héréditaires".
Ce qui conditionne la structure de l'inconscient collectif d'un peuple, sa "constitution mentale", c'est la "race historique" à laquelle il appartient : 
"Lorsque des peuples de même origine ou d'origines diverses sans être trop éloignées ont été soumis pendant plusieurs siècles aux mêmes croyances, aux mêmes institutions, aux mêmes lois, ils constituent ce que j'ai appelé d'ailleurs une "race historique" ; cette race possède alors en morale, voire en religion, en politique et sur une foule de sujets, un ensemble d'idées, de sentiments communs tellement fixés dans les âmes que tout le monde les accepte sans discuter" (Les opinions et les croyances, p.169).
Le Bon est hostile à la mystique allemande de la race pure (notamment : Les opinions et les croyances, p.80).
2.1.4. Les opinions et les croyances
Pour Le Bon "La véritable réalité des choses, c'est l'idée qu'on s'en fait" (Psychologie politique, p.363).
Les idées sont le moteur des civilisations et de l'évolution des peuples. 
Mais "l'étude des diverses civilisations qui se sont succédé depuis l'origine du monde, prouve qu'elles ont toujours été guidées dans leurs développements par un très petit nombre d'idées fondamentales."(Lois psychologiques de l'évolution des peuples, p.104).
Ces idées fondamentales deviennent des croyances lorsqu'elles sont acceptées comme étant vraies a priori sans qu'intervienne la logique rationnelle, alors que les idées deviennent des connaissances lorsqu'il y a "acquisition consciente, édifiée par des méthodes exclusivement rationnelles, telles que l'expérience et l'observation".
Si les croyances peuvent changer le besoin de croire demeure qui selon Le Bon "constitue un élément physiologique aussi irréductible que le plaisir ou la douleur. Comme la nature a horreur du vide, l'âme humaine a horreur du doute et de l'incertitude..., les dogmes détruits sont toujours remplacés. Sur ces nécessités indestructibles la raison est sans prise" (Les opinions et les croyances, p.8).
La science elle-même est soumise aux croyances qui censurent et orientent les recherches et les théories.
Les croyances font les révolutions lorsqu'elles "descendent jusque dans la profondeur des foules" (Lois psychologiques de l'évolution des peuples, p.108).
2.2. La logique de l'action collective
2.2.1. La "foule psychologique"
Le Bon définit dans son ouvrage fondamental "Psychologie des foules" (PUF p.9) ce qu'il entend par "foule psychologique" : 
"Au sens ordinaire, le mot foule représente une réunion d'individus quelconques, quels que soient leur nationalité, leur profession ou leur sexe, quels que soient aussi les hasards qui les rassemblent. 
Au point de vue psychologique, l'expression foule prend une signification tout autre. Dans certaines circonstances données, et seulement dans ces circonstances, une agglomération d'hommes possède des caractères nouveaux fort différents de ceux de chaque individu qui la compose. La personnalité consciente s'évanouit, les sentiments et les idées de toutes les unités sont orientés dans une même direction. Il se forme une âme collective, transitoire sans doute, mais présentant des caractères très nets. La collectivité devient alors ce que, faute d'une expression meilleure, j'appellerai une foule organisée, ou, si l'on préfère, une foule psychologique. Elle forme un seul être et se trouve soumise à la loi de l'unité mentale des foules".
La "foule psychologique" peut n'être constituée que de quelques personnes réunies ensemble ou du peuple tout entier mentalement soudé par un événement national de première importance. 
Ce qui fait la "foule psychologique" c'est un choc psychique qui transforme les individus en un être collectif doté d'une unité mentale.
Le substrat de cette unité mentale c'est la "constitution mentale" du peuple, l'"âme de la race" dont la foule est issue mais l'"âme des foules" varie aussi "suivant la nature et le degré des excitants qu'elles subissent"(p.10).
Ces excitants sont le nombre, la contagion mentale et la suggestion. 
Le nombre donne à l'individu en foule un sentiment de "puissance invincible lui permettant de céder à des instincts, que, seul, il eût forcément refrénés", d'autant "que, la foule étant anonyme, et par conséquent irresponsable, le sentiment de la responsabilité, qui retient toujours les individus, disparaît entièrement"(p.13). 
La contagion mentale est le phénomène d'imitation qui pousse l'individu à faire comme les autres, même si son comportement est manifestement contraire à son intérêt personnel. 
La suggestion relève du phénomène hypnotique. "La personnalité consciente est évanouie, la volonté et le discernement abolis. Sentiments et pensées sont alors orientés dans le sens déterminé par l'hypnotiseur". L'influence d'une suggestion peut lancer l'individu en foule "avec une irrésistible impétuosité vers l'accomplissement de certains actes"(p.14).
L'individu en foule "n'est plus lui-même, mais un automate que sa volonté est devenue impuissante à guider"."Isolé, c'était peut-être un individu cultivé, en foule c'est un instinctif, par conséquent un barbare. Il a la spontanéité, la violence, la férocité, et aussi les enthousiasmes et les héroïsmes des êtres primitifs"(p.14).
2.2.2. Les sentiments de la "foule psychologique"
La "foule psychologique" est crédule. 
Comme les femmes et les enfants la "foule psychologique" croit les choses les plus invraisemblables, c'est qu'elle pense par images et que donc c'est son imagination qu'il faut impressionner : 
"Et c'est pourquoi ce sont toujours les côtés merveilleux et légendaires des événements qui frappent le plus les foules. Le merveilleux et le légendaire sont, en réalité, les vrais supports d'un civilisation. Dans l'histoire l'apparence a toujours joué un rôle beaucoup plus important que la réalité. L'irréel y prédomine sur le réel"(p.35).
Les images les plus susceptibles d'impressionner les foules sont les images simples et fortes : 
"Tout ce qui frappe l'imagination des foules se présente sous forme d'une image saisissante et nette, dégagée d'interprétation accessoire, ou n'ayant d'autre accompagnement que quelques faits merveilleux : une grande victoire, un grand miracle, un grand crime, un grand espoir. Il importe de présenter les choses en bloc, et sans jamais indiquer la genèse. Cent petits crimes ou cent petits accidents ne frapperont aucunement l'imagination des foules ; tandis qu'un seule crime considérable, une seule catastrophe, les frapperont profondément, même avec des résultats infiniment moins meurtriers que les cent petits accidents réunis"(pp.36-37).
C'est pourquoi "la foule n'étant impressionnée que par des sentiments excessifs, l'orateur qui veut séduire doit abuser des affirmations violentes". "Connaître l'art d'impressionner l'imagination des foules c'est connaître l'art de les gouverner"(p.37). 
Il faut donc procéder par affirmation, utiliser la répétition et jouer de son prestige personnel.
2.2.3. Les différentes sortes de "foules psychologiques"
Il faut distinguer les foules homogènes des foules hétérogènes, les foules anonymes et non anonymes, et les foules électorales.
Par exemple les clients d'un grand magasin qui se ruent vers la sortie au déclenchement d'un incendie constituent une foule hétérogène anonyme, un jury d'assises une foule hétérogène non anonyme, les sectes religieuses ou politiques des foules homogènes anonymes ou non anonymes, les foules électorales qui sont hétérogènes et anonymes se distinguant par le fait qu'elles ne sont pas nécessairement composées d'individus réunis physiquement dans un même endroit.
2.3. Les réalités politiques
Ce n'est pas la raison humaine qui fait l'Histoire : 
"Laissons donc la raison aux philosophes, mais ne lui demandons pas trop d'intervenir dans le gouvernement des hommes. Ce n'est pas avec la raison, et c'est souvent malgré elle, que se sont créés des sentiments tels que l'honneur, l'abnégation, la foi religieuse, l'amour de la gloire et de la patrie, qui ont été jusqu'ici les grands ressorts de toutes les civilisations"(p.67). 
"Il était invraisemblable qu'un ignorant charpentier de Galilée pût devenir pendant deux mille ans un Dieu tout-puissant, au nom duquel fut fondées les plus importantes civilisations : invraisemblable aussi que quelques bandes d'Arabes sortis de leurs déserts pussent conquérir la plus grande partie du vieux monde gréco-romain, et fonder un empire plus grand que celui d'Alexandre ; invraisemblable encore que, dans une Europe très vieille et très hiérarchisée, un simple lieutenant d'artillerie (Buonaparte) réussît à régner sur une foule de peuples et de rois"(p.67).
Gustave Le Bon critique le régime parlementaire des démocraties occidentales : 
"Le régime parlementaire synthétise d'ailleurs l'idéal de tous les peuples civilisés modernes. Il traduit cette idée, psychologiquement erronée mais généralement admise, que beaucoup d'hommes réunis sont bien plus capables qu'un petit nombre, d'une décision sage et indépendante sur un sujet donné"(p.113).
Il n'est pas, pour autant, contre la démocratie libérale car : 
"Malgré toutes les difficultés de leur fonctionnement, les assemblées parlementaires représentent la meilleure méthode que les peuples aient encore trouvée pour se gouverner et surtout se soustraire le plus possible au joug des tyrannies personnelles"(p.120). 
Mais il souhaite qu'elle se réforme par l'instauration d'un exécutif fort s'appuyant sur une majorité cohérente : 
"Les grandes questions à résoudre au sein des parlements ne peuvent être résolues qu'avec une majorité fortement groupée autour d'un homme d'Etat capable de la diriger et non avec des majorités de hasard que la même semaine voit naître et disparaître"(Le déséquilibre du monde, 1923).
Le Bon n'est donc pas hostile au suffrage universel et donne aux candidats des conseils pour manipuler les "foules électorales"(Psychologie des foules, chap. IV, pp.107-112). 
Tout d'abord le candidat doit jouir d'un prestige personnel : 
"La première des qualités à posséder pour le candidat est le prestige. Le prestige personnel ne peut être remplacé que par celui de la fortune. Le talent, le génie même ne sont pas des éléments de succès. 
Cette nécessité pour le candidat d'être revêtu de prestige, de pouvoir par conséquent s'imposer sans discussion, est capitale. Si les électeurs, composés surtout d'ouvriers et de paysans, choisissent si rarement un des leurs pour les représenter, c'est que les personnalités sorties de leurs rangs n'ont pour eux aucun prestige. Ils ne nomment guère un égal que ...pour contrecarrer par exemple...un patron puissant..."(p.107). 
Ensuite le candidat doit flatter les convoitises et les vanités de l'électeur : 
"le candidat doit l'accabler d'extravagantes flagorneries, ne pas hésiter à lui faire les plus fantastiques promesses"(p.107). 
Par contre le programme écrit du candidat "ne doit pas être trop catégorique, car ses adversaires pourraient le lui opposer plus tard"(p.108).
2.4. La civilisation et ses nécessités
Ce qui distingue fondamentalement le pays civilisé c'est l'existence dans celui-ci d'une élite d'individus capables "de maîtriser entièrement leurs suggestions sentimentales, c'est-à-dire possédant la faculté qualifiée par les anglais de self-control"(Bases scientifiques d'une philosophie de l'histoire, p.151) et capables d'imposer à la foule un idéal : 
"Peu importe la nature de cet idéal. Que ce soit le culte de Rome, la puissance d'Athènes ou le triomphe d'Allah, il suffira pour doter tous les individus de la race en voie de formation d'une parfaite unité de sentiments et de pensées"(Psychologie des foules, p.124).
L'idéal qui permet la civilisation revêt le plus souvent une forme morale et religieuse, et c'est l'éducation qui fait l'élite.
La morale est une nécessité biologique. C'est une notion du bien et du mal imaginée pour faciliter les rapports sociaux et donc pour conserver vivante la société, c'est : 
"L'ensemble des règles servant de guide à la conduite des êtres réunis en société" (La vie des vérités, p.127). Cette morale est variable selon les nécessités vitales de la société considérée.
La religion, selon Le Bon, synthétise les sentiments, les idées et les besoins d'une race, elle est indispensable pour conduire les foules à la civilisation par le rêve : 
"Passer de la barbarie à la civilisation en poursuivant un rêve, puis décliner et mourir dès que ce rêve a perdu de la force, tel est le cycle de la vie d'un peuple"(Psychologie des foules, p.125).
S'il faut une religion aux foules c'est dans le sens d'idéologie qu'il convient d'entendre le mot car toutes les convictions des foules revêtent des formes religieuses : 
"En examinant de près les convictions des foules, aussi bien aux époques de foi que dans les grands soulèvements politiques, comme ceux du dernier siècle, on constate qu'elles présentent toujours une forme spéciale, que je ne puis mieux déterminer qu'en lui donnant le nom de sentiment religieux. 
Ce sentiment a des caractéristiques très simples : adoration d'un être supposé supérieur, crainte de la puissance qu'on lui attribue, soumission aveugle à ses commandements, impossibilité de discuter ses dogmes, désir de les répandre, tendance à considérer comme ennemis tous ceux qui refusent de les admettre. Qu'un tel sentiment s'applique à un Dieu invisible, à une idole de pierre, à un héros ou à une idée politique, il reste toujours d'essence religieuse. Le surnaturel et le miraculeux s'y retrouvent également. Les foules revêtent d'une même puissance mystérieuse la formule politique ou le chef victorieux qui les fanatise momentanément. 
On n'est pas religieux seulement quand on adore une divinité, mais quand on met toutes les ressources de son esprit, toutes les soumissions de sa volonté, toutes les ardeurs du fanatisme au service d'une cause ou d'un être devenu le but et le guide des sentiments et des actions"(p.39-40).
C'est une bonne éducation qui permet de former l'élite nécessaire à la conservation de la société par le rêve.
Le Bon oppose l'éducation latine, qu'il considère comme étant mauvaise, à l'éducation anglo-saxonne : 
"On agit toujours sans tenir compte de la différence qui sépare les sentiments de l'intelligence. Tout notre système d'éducation latine en est la preuve. La persuasion que le développement de l'intelligence par l'instruction développe aussi les sentiments, dont l'association constitue le caractère, est l'un des plus dangereux préjugés de notre université. Les éducateurs anglais savent depuis longtemps que l'éducation du caractère ne se fait pas avec des livres"(Les opinions et les croyances, p.44). 
Un bonne éducation doit servir à dominer les réflexes héréditaires, qui sont ceux de l'homme en foule, pour lui permettre de garder son self-control, et non à accumuler les connaissances et donc les diplômes. 
L'instruction, qui est accumulation de connaissances, ne doit pas être confondue avec l'éducation.
Le Bon reproche aux latins de privilégier la mémoire au détriment de l'observation, l'esprit d'initiative, la responsabilité : 
"Tous les universitaires de race latine tiennent pour un principe à l'abri de toute discussion que c'est par la mémoire seule que les choses se fixent dans l'esprit..., de ce principe fondamental...nous avons vu les conséquences.. Les élèves perdent inutilement huit ans au collège et six mois après il ne leur reste plus rien de ce qu'ils ont appris dans les livres"(Psychologie de l'éducation, p.229).
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