L'actualité de Keynes
John Maynard Keynes est né en 1883 en Angleterre. Il est l'auteur de la « Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie ».
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Une présentation brève
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Lecteur de Freud, Keynes a introduit la dimension psychologique dans l'économie. Il a montré qu'il fallait tenir compte de ce que les acteurs économiques ne sont nullement rationnels, mais qu'ils sont mus par leurs passions : la jalousie, le mimétisme, l'envie.
Les deux points centraux de l'opposition de Keynes à l'économie classique sont 1/ la réfutation du principe d'une régulation automatique des marchés (la main invisible d'Adam Smith) et 2/ la réfutation de l'idée que l'offre crée sa propre demande (principe nommé "loi de Jean-Baptiste Say").
Il eu l'idée révolutionnaire d'une "monnaie fondante" qui sert à la consommation et ne peut être accumulée. C'était à ses yeux une façon de lutter contre deux maux anti-productifs : les rentiers et une répartition des richesses arbitraire et par trop inégalitaire pour un bon fonctionnement économique. Keynes a signalé les deux vices fondamentaux du capitalisme qui sont de ne pas assurer le plein emploi et d'empêcher une répatition optimale de la richesse.
Ce n'est pas de cela dont nous voulons parler ici, mais de deux intuitions de Keynes dont la crise actuelle (2008-2015) donne une illustration.
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Keynes et la crise actuelle
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En quoi Keynes nous éclaire-t-il sur la crise contemporaine ?
D'une part, Keynes constate que l'argent peut être recherché pour lui-même et accumulé. Les revenus ne sont pas forcément, ni consommés, ni réinvestis, mais peuvent être conservés sous forme de liquidités ou de biens non productifs stockés comme l'or. Il en conclut que la monnaie peut avoir une influence sur les mécanismes économiques en venant perturber le mécanisme d'accord supposé se produire par le réinvestissement immédiat des revenus.
D'autre part, Keynes constate que les prévisions des entrepreneurs ne sont pas justes. Ils peuvent faire des offres sous-évaluées ou surévaluées par rapport à la demande. En effet, ils font des anticipations sur la demande à partir des opinions recueillies mais ce recueil peut être biaisé. Ce biais est surtout présent dans le domaine financier qui, pour Keynes, menace toujours de tourner au casino.
C'est bien ce que l'on constate actuellement avec le capitalisme financier. La monnaie est massivement accumulée pour elle même et sert à refaire de la monnaie par le biais de la spéculation. C'est même une caricature des idées de Keynes, car le phénomène est exacerbé. Les Hedges Founds captent de l'argent uniquement dans le but de générer du profit hors de toute production économique. Les banques au lieu de rester dans leur domaine de recueil du capital et de prêt, ce qui le remet dans l'économie, se sont lancés dans la spéculation. Avec pour conséquences, lors des crises de cesser de faire du crédit, ce qui bloque l'économie.
Dans le domaine financier les biais d'anticipation concernant l'évolution des marchés sont maximums de par les effets boule-de-neige et l'auto-réalisation qui agissent en permanence, les ventes à découvert qui accentuent les mouvement ainsi que par l'action, des "produits dérivés", véritables machines infernales financières, qui multiplient les gains ou les pertes. Tout cela est accentué par la rapidité des échanges actuels via internet et les ordinateurs. Il s'enquit de mouvements monétaires autonomes et totalement inadéquats par rapport aux besoins économiques.
Keynes a eu raison sur ces deux points.
Un aspect fondamental de la doctrine de Keynes est de prôner le plein emploi. C'est pour des raisons morales et politiques, car il considère la misère et le chômage sont moralement inadmissibles, mais aussi dangereuses, car pouvant mener au communisme. En ce sens, il ne va pas non plus dans le sens du courant classique qui prétend à une science économique objective. Il propose une politique économique qui procède de choix en tenant compte des aspects humains et sociaux et met en avant une finalité. Mais en ce qui le concerne, c'est en restant dans le cadre du capitalisme.
Sur ce dernier point l'évolution dément le projet de Keynes, car il n'est pas possible de maintenir le plein emploi tout en restant dans ce système économique. Dans tous les pays il y a un sous-emploi. Les chiffres officiels du chômage dans la plupart des pays occidentaux sont de 8 à 10% en moyenne de la population active, mais ne compte pas la population inactive non inscrite (au moins aussi importante).
Sur la "main invisible", voir l'intéressant article dans le site temporel.fr :
http://temporel.fr/La-main-invisible-d-Adam-Smith-par
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