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الموقع : رئيسة ومنسقة القسم الانكليزي تاريخ التسجيل : 07/12/2010 وســــــــــام النشــــــــــــــاط : 7
| | POLITIQUE La philosophie politique | |
La philosophie politique se définit, depuis ses débuts en Grèce, comme la tentative de saisir par la pensée la nature (la structure fondamentale) de l'État. Elle n'est pas une science positive des phénomènes politiques, des facteurs observables, des faits statistiques, etc., données dont elle profitera pour pouvoir vérifier ses propres affirmations, puisqu'une structure ne se révèle que dans le structuré ; essentiellement, elle se demande ce qui fait que tel fait, telle texture de faits relèvent de la politique ou lui importent. Elle veut comprendre la vie des hommes en communauté, laquelle forme de vie constitue pour elle le fait fondamental. Toute philosophie politique développe ainsi, ou du moins implique, uneanthropologie philosophique.De la constatation que la structure ne se révèle et n'est réelle que dans le structuré découle que la philosophie politique se réfère, d'autre part, à l'histoire, ce mot étant pris au sens le plus large : histoire politique, des religions, des mœurs, du sentiment, des formes du travail social, etc. La pensée politique, comme toute pensée humaine, même là où elle aboutit à des résultats qui ne comportent, quant à leur contenu, aucun paramètre temporel, tels les théorèmes arithmétiques, naît à un certain moment : la philosophie, pour citer un mot de Hegel, n'est rien d'autre que la saisie de sa propre époque dans la pensée. Cela s'applique particulièrement à la philosophie politique : Platon dit des choses essentielles sur l'État, mais il n'a rien de spécifique à nous dire d'un État dont la puissance est fondée sur une industrie de type moderne, et les considérations d'Aristote sur la nature de l'esclave ne nous enseignent rien, à moins que nous n'en transposions les principes premiers – ce qui indique qu'une telle transposition est possible, c'est-à-dire qu'un acquis existe, mais qu'il doit être réactivé, repensé lorsque les conditions ont changé.La philosophie politique, comme l'indique le terme (politique, du grec polis, cité-État), n'a pas affaire à toutes les formes de communautés ; ce n'est que pour pouvoir y opposer son propre problème qu'elle peut s'intéresser à des groupements « primitifs », dans lesquels il existe sans doute un pouvoir, mais où ce pouvoir n'est pas réfléchi, c'est-à-dire potentiellement mis en question par les membres de la communauté : des conflits existent, des luttes pour la préséance se rencontrent dans des sociétés animales, à plus forte raison dans des sociétés humaines hautement développées sur les plans administratif,technique, religieux ; mais le pouvoir y est longtemps considéré comme sacré, divin, éternel, et si nous pouvons y découvrir des luttes entre clans, groupes, classes, partis, les concepts dont nous nous servons alors sont les nôtres, non ceux dans lesquels pensaient les sujets et les dirigeants de ces unités au sein desquelles la vie politique est un fait, mais où une réflexion sur ce fait ne peut pas naître : elle ne naît qu'en Grèce, où une pluralité d'unités politiques se rencontre, dont chacune est assez forte pour repousser les autres et dont aucune n'est puissante au point de pouvoir les soumettre, là où, pour le dire autrement, se pose la question du meilleur État, question à laquelle on sait ne pouvoir répondre qu'après avoir déterminé ce qu'est la politique, comme aspect fondamental de la vie humaine.1. L'État en lui-même : la politique pure et la formation du citoyenOn peut définir la philosophie politique comme la recherche de ce qui constitue l'État en tant qu'organisation d'une communauté historique, qui permet à celle-ci de prendre des décisions engageant sa forme de vie et sa survie. Le caractère abstrait de cette définition apparaît tout de suite. Que l'État prenne des décisions n'est qu'une façon de parler ; les décisions sont prises par des individus ou par des groupes agissant d'un commun accord : comment la décision est-elle prise ? Sur quoi portent les choix ? Quand convient-il d'en prendre ? Dans quelles limites le choix est-il ouvert ? La série des questions semble infiniment étendue ; elle se réduit cependant à une racine commune, que l'on peut désigner par le concept de pouvoir (ou de l'autorité, celle-ci étant comprise comme ce qui, aux yeux des membres de la communauté, justifie l'exercice du pouvoir) ; seul le pouvoir, la possibilité d'un seul ou d'un groupe particulier de prendre des décisions effectives au nom de la communauté, garantit l'unité et l'indépendance de la communauté. En ce sens, l'État, de même que la politique, est l'ensemble organisé des procédés et des procédures du pouvoir destinés à éliminer ou à résoudre les conflits intérieurs et extérieurs. Depuis que, dans les vallées des grands fleuves, des communautés se sont organisées en société de travail sous commandement central, l'État, un État à pouvoir sacré, a existé. Une théorie de l'État ne s'y rencontre pas. • La philosophie grecqueLa philosophie grecque découvre très tôt la multiplicité des formes dans lesquelles s'exerce le pouvoir et, grâce à cette observation, le rôle central du pouvoir. Les sophistes, il est vrai, ne s'intéressent pas à la question de son usage bon ou mauvais, mais ils constatent, omniprésente, la lutte pour le pouvoir : chacun désire les avantages que son détenteur en retire, richesse, considération, toutes les satisfactions des désirs humains. Ce qu'ils offrent, c'est une technique pour la conquête d'un pouvoir désacralisé. La réaction de Socrate, leur disciple et adversaire, qui, en opposition à cette science positive (et positiviste), fonde la philosophie politique, ne consiste nullement dans une critique de cette analyse des faits ; il y oppose une question préalable : la simple volonté de conquérir le pouvoir en vue de la satisfaction de désirs qui s'observent aussi chez l'animal définit-elle un but à l'action politique ? Elle en est parfaitement incapable, car les désirs des individus sont par essence en conflit entre eux et ne peuvent que conduire à la destruction de l'unité, à la lutte des factions, à la révolte de ceux qui se voient exclus des avantages auxquels ils pensent avoir un titre. Le bien de l'État, le seul vrai bien, est son unité même. Et il sera atteint là où ceux qui détiennent le pouvoir et qui ainsi disposent du moyen d'éduquer les autres sont raisonnables, c'est-à-dire déterminent ce qui découle du principe même d'un intérêt général placé au-dessus de tout intérêt de faction et que, le cas échéant, ils soumettront par la force à la loi commune. Le moyen de parvenir à une telle union est fourni par une discussion toujours ouverte qui révèle et élimine ainsi les présupposés dogmatiques des interlocuteurs, ce faux savoir que confond l'ironique ignorance de Socrate.Si Socrate semble s'être contenté de développer un art universel de la discussion (dialectique) et de chercher des définitions universellement acceptables, Platon et, à sa suite, Aristote se tournent vers le problème spécifique de la politique, celui de la définition, non d'un État quelconque, mais du vrai État. Comme leur maître, ils considèrent que l'unité du corps politique est l'exigence première et que l'État vrai est caractérisé par l'absence de conflits conduisant à l'emploi de la violence. Mais la question qu'ils posent dépasse le cadre de la dialectique (qu'ils considèrent cependant comme la méthode indispensable pour la découverte du bon pouvoir et de la critique des États existants) : il s'agit de trouver la bonne constitution.En leur esprit, la constitution n'est pas seulement le règlement juridique de l'exercice du pouvoir, elle concerne la totalité de la vie des citoyens, leur morale, leur religion, voire leur art : le citoyen n'a pas d'existence en dehors de sa cité (Socrate préférera la mort à l'exil). Par la loi, l'État est l'éducateur de ses citoyens, et il repose sur des citoyens qu'il a éduqués ; sa constitution est celle d'un être vivant et qui se sait vivant dans tous ses membres. • PlatonIl s'agit donc de découvrir un mode de vie en commun qui maintienne la paix à l'intérieur au moyen d'une éducation telle que chacun place l'intérêt général au-dessus de son intérêt particulier. Or ce résultat ne peut pas être atteint dans tous les cas ; les hommes, naturellement égoïstes et égocentriques, cherchent le plaisir des sens et les satisfactions de l'amour de soi, la richesse et l'honneur (motif qui ne disparaîtra plus de la philosophie politique et qui apparaîtra sous sa forme la plus pure chez Hobbes). Platon en tire toutes les conséquences : il faut soumettre les hommes égoïstes à un gouvernement qui réalise le bien de tous ; et, pour réaliser le bon gouvernement, il faut éduquer (chez ceux qui s'y prêtent, les autres n'étant accessibles qu'à la contrainte) le sens de l'honneur ; il faut écarter d'eux tout intérêt matériel ; il faut qu'ils deviennent des sages et que, en attendant (et l'attente peut durer), ils obéissent librement aux sages, à ceux qui connaissent la place de l'homme dans le cosmos parce qu'ils connaissent ce cosmos tel qu'il est éternellement présent dans la vue (theôria) de ses structures immuables, dans les formes, les Idées.Nulle part on ne trouve une affirmation plus radicale de la politique pure que dans La République. Les sages, maîtres de l'État, sont seuls à réaliser complètement les possibilités humaines, la possibilité de l'homme, en accédant à la pure vérité de ce qui, immuable, permet de comprendre les phénomènes fuyants en ce qu'ils contiennent de permanent. Or, pour qu'ils puissent s'adonner à la theôria (très différente de ce qu'on nomme aujourd'hui théorie, terme sous lequel on entend une science visant à ladomination, non à la compréhension de ce qui est donné), il faut que la cité ne soit pas déchirée par des luttes intestines. La première condition est alors que l'intérêt matériel soit neutralisé : le commerce, l'industrie, l'agriculture, l'argent et ceux qui le manient ne jouent aucun rôle dans la république ; leur existence est reconnue comme nécessaire, mais la partie de la population vouée à ces besognes ne dispose d'aucun droit politique. Elle ne sera cependant pas exploitée ou brimée, car ceux qui, sous la direction des sages, exécutent les tâches de police et défendent l'État contre tout adversaire extérieur (la république a une armée constamment sur le pied de guerre, mais exclusivement défensive, puisque toute conquête détruirait l'équilibre de l'État), les gardiens, sont étrangers à tout intérêt personnel, n'ayant pas de possessions (ils reçoivent de ceux qui travaillent et qu'ils défendent une subsistance limitée au strict minimum), ni de famille (ils ne connaissent pas leurs enfants) ; ils ont été formés à l'amour de ce qui est noble et à une noble compétition par le sport, la musique, par l'étude des mathématiques par une religion d'État.Platon lui-même n'a pas cru qu'un tel État soit réalisable ; il était même convaincu que, si par miracle il devait naître quelque part, il dégénérerait nécessairement comme tout ce qui est du monde d'ici-bas et qu'il le ferait par l'introduction de la famille, de la propriété, des éléments qu'on appelle socio-économiques. Il a voulu penser la politique et la chose politique en leur pureté et leur essence, en considérant la structure de l'homme en sa nature composite. Ce qu'il a ainsi laissé en héritage à tous ses successeurs, c'est que la vie en commun est une vie de conflits qui peuvent toujours se transformer en affrontements violents et que la tâche de la politique est d'écarter cette violence ou de la réprimer, le cas échéant avec les moyens de la violence et de la ruse. Naturellement, c'est-à-dire dans l'état non éduqué, les hommes sont sous la domination de leurs passions, et leurs passions ne connaissent, en ce qui regarde les rapports humains, que des ennemis ou des compétiteurs, avec lesquels on s'alliera tout au plus en vue de fins limitées. Seule une politique raisonnable, c'est-à-dire de la satisfaction de tous et de chacun, mais de chacun à la place que lui attribuent sa nature et son éducation, garantira la possibilité d'une morale vivante, vécue et vivable, en même temps que la possibilité d'une éducation, différente selon les tempéraments, mais une en son intention, et d'une existence sensée. Toute autre forme de vie et de constitution sera défectueuse, puisque, à des degrés de déchéance différents, elle placera l'intérêt d'une partie, soit masse, soit élite, soit chef unique, au-dessus de l'intérêt général. • AristoteLe social et l'économique prendront leur revanche avec Aristote. Disciple fidèle de Platon, puisque les questions du maître resteront celles de son successeur, il s'en sépare par l'intérêt qu'il porte à la réalité : il ne suffit pas de savoir quel serait l'État idéal en se donnant un endroit idéal et une population encore innocente de tous les vices des peuples historiques ; il faut se demander comment on réalise des États supportables sous des conditions données. La réalité historique doit être comprise avant d'être jugée ; et cette réalité est déterminée – l'idéal de référence restant celui de l'unité politico-morale – par les tensions spécifiques qui caractérisent les communautés existantes, toujours historiques, toujours déjà différenciées par la distribution de la richesse, le rapport, qui en découle, entre les classes, la tradition morale et l'éducation déjà reçue sous des lois déjà en vigueur. On ne maintiendra pas par les mêmes lois l'unité de la communauté dans tous les cas, on ne la rétablira pas ainsi là où elle s'est décomposée : les conditions socio-économiques, pour employer le langage moderne (non sans justification, puisque Aristote est le père de la sociologie politique), fixent le cadre de l'action politique. La forme de la cité grecque restera inconcevable lorsque des populations sont habituées à l'esclavage, sans participation aux décisions, sans indépendance économique. Une cité dont la richesse est concentrée entre les mains d'un petit groupe aura un gouvernement aristocratique (si les gouvernants agissent dans l'intérêt commun) ou oligarchique (s'ils poursuivent leur propre avantage) ; ou bien on versera dans un régime de masses pauvres qui se distribueront les possessions des riches, détruiront ainsi l'industrie et le commerce, et finiront par tomber sous le joug d'un tyran, représentant dégénéré du roi patriarcal du passé, qui ne respectera rien ni personne après avoir flatté et trompé la multitude. | |
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السبت فبراير 13, 2016 2:08 pm من طرف فدوى