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 La philosophie de Nietzsche

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20022016
مُساهمةLa philosophie de Nietzsche

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Sommaire de l'article [[size=15]Cacher][/size]



[size=34][size=34]Nietzsche, philosophe de la volonté[/size][/size]

Nietzsche est le philosophe de la volonté de puissance, conçue comme création et plénitude vitale, comme affirmation éperdue de la vie. Ce qui est essentiel, c’est notre monde en tant qu’il est joie et volonté de puissance. Quant à l’illusion des arrières-mondes, Nietzsche la traque sous toutes ses formes.
Nietzsche peut être considéré comme un moraliste avant tout.
Il est clair que la philosophie de Nietzsche est l’une des pensées les plus complexes, complexité liée tant à son écriture poétique et aphorique qu’à son refus de se situer clairement dans la tradition philosophique. Insaisissable, les écrits de Nietzsche doivent s’aborder comme une montagne, une progression lente.

[size=34][size=34]Nietzsche et le nihilisme[/size][/size]

Nietzsche a diagnostiqué l’essence de la mortelle crise de notre temps : il l’a décrite, en ses caractéristiques principales, et de manière quasi clinique.
–          Il en a fait une étude à différents niveaux et, ce faisant, a, bien souvent, annoncé avec la plus grande précision ce qui s’esquissait seulement en cette fin du XIXème siècle.
–          Cette maladie mortelle des temps modernes, la nôtre, c’est le nihilisme, règne de l’absurde, du Rien (« nihil », comme nous le signale l’étymologie).
–          Le nihilisme ou l’absence de sens …
–          Le devenir est alors sans but et tous les idéaux traditionnels perdent leur valeur.
Mais quel est le noyau de ce « Rien » et quel est son ressort ?
–          Le phénomène de nihilisme est fondamentalement marqué par la Mort de Dieu, le plus important évènement récent.
–          Le soleil de la foi chrétienne vient de se coucher. Les ténèbres sont, désormais, le lot de notre monde.
–          Le Divin, le Suprasensible, nous a quittés : nous l’avons tué nous dit parfois Nietzsche.
Cette mort du Dieu chrétien, si elle est aussi, peut être, le signe et l’annonce d’une nouvelle aurore, est marquée, en notre temps, par la venue du Dernier homme, achèvement du nihilisme.
–          Le « Dernier homme » désigne ce qu’il y a de plus méprisable en ce monde : celui qui est  impuissant à créer et à aimer, l’individu totalement asservi et jouissant  d’un « bonheur » programmé et mesquin.
–          Il sautille ainsi à la surface de la terre.

[size=34][size=34]Nietzsche, la métaphysique et la morale :[/size][/size]

En vérité, le nihilisme achève la métaphysique et la conclut : il est la conséquence immédiate.
Dans la crise de notre temps (au sein même de la maladie nihiliste), nous découvrons, en effet, les erreurs de la métaphysique.
Le nihilisme représente le signe du « Rien », du pur Néant :
–          Il signifie le dévoilement du Néant, conçu comme fondement caché de notre monde.
–          Or, à l’examen, nous découvrons les origines de cette crise au sein même du projet métaphysique :
►  La métaphysique, définie comme type de recherche et approche situant la vérité au-delà des apparences phénoménales, en un « outre-monde », dévalorise pour cette raison, notre univers.
►  Le phénomène sensible se trouve alors réduit à une pure apparence, à une enveloppe superficielle, il glisse vers le néant et la réalité s’identifie ainsi au suprasensible.
►  C’est pourquoi, la métaphysique doit être dépassée : elle est née, en effet, de la souffrance de l’homme et de sa lassitude de vivre.
L’individu, en sa douleur, a inventé un autre monde, stable, permanent, lieu de la vérité. L’objet d’étude de la métaphysique est l’Etre, en soi et par soi, substance identique à travers les changements.
–          Mais, cet être métaphysique n’est qu’une fiction. Il répond seulement au besoin de stabilité de ceux queNietzsche baptise les « hallucinés de l’arrière-monde » (voir les citations de Nietzsche): ceux qui posent un univers idéal, au-delà des apparences empiriques et de notre monde phénoménal.
–          Aux yeux de Nietzsche, ce qui compte, c’est, au contraire, notre monde comme plénitude vitale.
Les valeurs morales traditionnelles subissent, elles aussi, le « coup de marteau » de la critique nietzschéenne.Nietzsche est ici, très sévère à l’égard du christianisme.
–          Le ressentiment, c’est-à-dire le sentiment de rancune et d’amertume ressenti par ceux qui sont incapables de créer positivement, a enfanté les valeurs morales, le bien et le mal.
–          La souffrance et la rancune sont à l’origine de la morale, comme elles sont à l’origine de la métaphysique.
–          Ceux qui ne peuvent créer et affirmer quelque chose de véritablement positif (les esclaves) se vengent de leur impuissance existentielle en érigeant en valeur le négatif de leur vie.
–          Ainsi naît la morale chrétienne ascétique, œuvre des esclaves.

[size=34][size=34]Nietzsche et la Volonté de Puissance :[/size][/size]

Par le nihilisme actif, détruisant les valeurs traditionnelles pour accéder à de nouvelles valeurs, par l’immoralisme, doctrine se plaçant par-delà le bien et le mal, nous pouvons espérer retrouver le chemin de la vie créatrice et de la Volonté de Puissance.
Volonté de Puissance : voilà une expression bien galvaudée, un terme où prolifèrent les contresens majeurs ou les sophismes.
Ne désignerait-elle pas purement et simplement la volonté ou l’appétit de pouvoir, l’esprit de domination ou de compétition ?
–          Ce serait la concevoir ou la comprendre de manière très restrictive ou destructrice, une poussée de domination à diverses facettes : un ensemble de pulsions essentiellement compétitives (chez le « médiocre »), mais aussi le mouvement même de la transcendance créatrice (dans l’âme noble de l’ »aristocrate » – notion prise, chez Nietzsche, en sa signification essentiellement spirituelle – c’est-à-dire du meilleur !).
–          Elle peut signifier lutte pour la vie, mais aussi plénitude spirituelle et surabondance existentielle.
La Volonté de Puissance est un terme ambigu, une notion ambivalente que l’on ne saurait réduire à ses formes ou manifestations les plus superficielles ou triviales.
–          Dans sa dimension la plus noble, c’est une force plastique et créatrice.
–          Pour bien en saisir l’essence, c’est le corps humain qu’il faut prendre comme guide, car le corps est sagesse et raison ; définissons le comme dynamisme intelligent, faculté organique de comprendre et de penser : tout l’organisme pense et il est permis de parler d’une pensée corporelle inconsciente.
A la suite de SchopenhauerNietzsche réhabilite ainsi l’Inconscient, conçu comme réalité psychique dépassant la saisie claire et transparente de soi-même.
–          La conscience est moins riche que le corps, qui fournit, en sa sagesse, un point de départ et un guide : il nous met en mesure d’appréhender la Volonté de Puissance, cette force vitale destructrice et créatrice, cette vie en perpétuelle croissance.

[size=34][size=34]Nietzsche et l’Art : Dionysos et la vie créatrice[/size][/size]

La Volonté de Puissance authentique, comme affirmation et plénitude, dévoile, au sein même de sa surabondance créatrice, le véritable champ de la vie et de la transcendance. Parmi les créations de la vie figure, au premier chef, l’Art, sur lequel il importe de ne pas se méprendre.
–          Toute une tradition identifie, en effet, l’Art avec les œuvres d’art et le domaine des beaux-arts.
–          Nietzsche, bien au contraire, conçoit l’art sous une forme beaucoup plus globale et dynamique.
–          Contre « l’art des œuvres d’art » circonscrit à un domaine spécifique, délimité et restreint, l’Art devient, chez Nietzsche, une invention de formes harmonieuses, une production destinée à un embellissement de toute l’existence.
►   Il occulte les laideurs, il humanise ou dissimule tout ce qui est laid.
Ne confondons pas l’Art et les Beaux-Arts.
–          L’ensemble de matériaux et de signes créé par un artiste et manifestant un idéal de beauté ne désigne qu’un appendice de cette production de formes qu’est l’art en général, cette ivresse de la vie, cette volonté d’exister à travers des formes harmonieuses.
Le champ de la vie créatrice comprend l’activité artistique, l’authentique travail et, d’une manière générale, tout ce qui concerne l’édification positive de valeurs.
–          Ainsi, le vrai travail, mise en forme des choses, lié à la joie et au plaisir, diffère-t-il profondément du misérable labeur pour le gain.
–          Aux puissances de la vie se rattachent aussi les authentiques valeurs morales, celles que créent les meilleurs, les « maîtres », se situant dans le courant vital de la Volonté de la Puissance.
–          La pensée de Nietzsche est aristocratique, au sens étymologique du terme.
►   Au vil troupeau s’oppose la belle individualité créatrice.
►  Cette opposition spirituelle entre l’ »aristocrate » et le « troupeau » commande un certain nombre de concepts de Nietzsche.
►  Ainsi, dans la Généalogie de la moralela morale aristocratique (cet acte créateur, cette triomphale affirmation des valeurs, affirmation qui se fait dans la joie) est-elle à mille lieues de la morale des esclaves, liée au ressentiment qui enfante les valeurs négatives.
–          Le critère d’ »authenticité » apparaît toujours lié, chez Nietzsche, à l’affirmation et à la puissance créatrice de la vie.
C’est dans cette perspective, affirmation de la puissance créatrice de la vie, qu’il faut comprendre le symbole de Dionysos, qui tient une telle place chez Nietzsche, de L’Origine de la tragédie (1871), jusqu’à la Volonté de Puissance (fragments posthumes).
–           Dionysos est, en effet, un symbole de la vie, l’être le plus débordant de la vie.
–          Dieu de l’ivresse, chez les Grecs, il incarne, dans la pensée de Nietzsche, le devenir comme destruction et création incessantes ; Dionysos est sensualité, jouissance d’une force engendrant et détruisant.
–          Le mot « dionysiaque » exprime cette grande participation (déchaînée) au courant exubérant de la vie.
–          Quant au dionysisme, il désigne l’identification avec le principe de l’extase et de la vie.
–          Au contraire, Apollon, dieu de la mesure et de la limite chez les Grecs, renvoie, chez Nietzsche, à tout ce qui est net, clair, distinct, limité.
–          Au déchainement « dionysiaque » s’opposent la sérénité «  apollinienne », l’apollinisme, conçu comme contemplation d’un monde d’imagination et de rêve.

[size=34][size=34]Nietzsche et le Surhumain :[/size][/size]

En repoussant les force de réaction, de simple négation, celles qui sont liées au « non », en se dépassant vers celles de vie et de création, l’homme se transcende vers le Surhomme, vers un type humain supérieur, libre d’esprit et de cœur.
–          L’homme, en effet, est-il la fin de l’évolution ? il n’a pas achevé son itinéraire et appelle la belle individualité créatrice.
–          Le surhumain est le sens de la terre, le terme prochain de l’évolution.
–          Ici encore, il convient d’éviter tout contresens : le « surhomme » de Nietzsche a été tristement caricaturé, mais il n’a rien à voir avec la « bête blonde » des mythes germaniques.
La philosophie de Nietzsche s’organise ainsi autour de quelques concepts majeurs : celui de Surhumain, deDionysiaque et, bien entendu, de Volonté de Puissance.
–          Ajoutons-y, enfin, celui d’Eternel retour (tout état de l’univers revient périodiquement).
–          Nietzsche a, ainsi (comme Lucrèce ou Spinoza) dessiné une philosophie de la joie, de la création et de la plénitude vitale.
Nietzsche a célébré la vie et souligné que le secret de la plus grande jouissance consiste à vivre intensément et dangereusement.

Oeuvres de Friedrich Nietzsche :

–  L’Origine de la tragédie (1871)
– Humain, trop humain (1878)
– Le voyageur et son ombre (1880)
– Aurore (1880-1881)
– Le gai Savoir (1881-1882)
– Ainsi parlait Zarathoustra (1882-1885)
– Par-delà le bien et le mal (1886)
– La Généalogie de la morale (1887)
– Sans oublier les fragments posthumes réunis sous le titre La Volonté de Puissance (ce titre n’est pas de Nietzsche lui-même).
 

Pour aller plus loin sur la philosophie de Nietzsche :

Les citations de Nietzsche

La morale de Nietsche

Deviens ce que tu es

Dieu est mort

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