فدوى فريق العمـــــل *****
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الموقع : رئيسة ومنسقة القسم الانكليزي تاريخ التسجيل : 07/12/2010 وســــــــــام النشــــــــــــــاط : 7
| | L'épistémologie « post-russellienne » | |
Bertrand Russell est probablement le philosophe contemporain qui a le plus vigoureusement mis en vedette de nouveaux thèmes épistémologiques et celui qui a donné le branle à des interrogations et à des critiques qui continuent d'en féconder le champ. L'idée dominante est ici celle d'un rationalisme du langage, par opposition au rationalisme de la perception qui était au cœur de l'épistémologie kantienne. Le monumental ouvrage de Russell et Withehead, Principia mathematica (1910-1913), se présente, en effet, comme la mise en œuvre d'un système symbolique aux règles rigoureuses en vue de formuler toutes les propositions de la mathématique et, par-delà même, de la science en général. L'épistémologie russellienne a d'abord pour but de faire apparaître la forme logique de la science. Il n'est que juste de rappeler que ce projet avait déjà été formulé et mis en pratique par le mathématicien Frege (Grundgesetze der Arithmetik, 1893-1903) et même, avec un demi-siècle d'avance, mais sous une forme très imparfaite, par Bolzano(Wissenschaftslehre, 1837), auteur demeuré quasi sans lecteurs. Mais c'est d'abord l'œuvre et l'enseignement de Russell qui donnent l'impulsion à une épistémologie nouvelle, dont les premiers résultats, du reste profondément originaux, apparaîtront avec leTractatus logico-philosophicus (1921) de Wittgenstein et les travaux du Cercle de Vienne. La question posée est en substance celle-ci : comment la science constitue-t-elle ses objets à partir de données empiriques élémentaires, au moyen d'un langage dont la structure profonde serait de nature strictement logique, et telle qu'on peut la rendre manifeste par un symbolisme adéquat ? Russell a exposé les formes successives qu'a revêtu son empirisme : ses conceptions de la nature du « donné élémentaire » ont évolué. Sa foi dans la réductibilité complète des formes de la connaissance à la logique s'est atténuée, son intérêt pour le problème épistémologique lui-même a pu être éclipsé par d'autres préoccupations philosophiques. Il n'en a pas moins toujours maintenu le primat et la nécessité idéale d'une expression logique du savoir. C'est essentiellement l'élaboration et la critique de cette thèse qui caractérise une épistémologie post-russellienne.Photographie [size=13]Bertrand RussellLe philosophe anglais lord Bertrand Russell (1872-1970), en 1948. Scientifique et mathématicien, pacifiste militant, il reçoit le prix Nobel de littérature en 1950 pour son œuvre écrite. Crédits: Hulton Getty[/size] Consulter Photographie [size=13]WittgensteinD'origine autrichienne, le philosophe britannique Ludwig Wittgenstein (1889-1951) a enseigné à Cambridge. Crédits: Hulton Getty[/size] Consulter Elle a été le point de départ de recherches sur l'objet des mathématiques, dont il sera parlé plus loin, soit que l'on ait tenté de surmonter les difficultés rencontrées par un logicisme trop radical, soit que l'on ait voulu restaurer, dans la démarche du mathématicien, la fonction d'un élément constructif irréductible à la logique, et en marquer exactement le statut et le pouvoir. De même les objets des sciences de la nature et des sciences de l'homme ont-ils été examinés du point de vue des différents langages dont usent les sciences pour les décrire. Postérité russellienne encore, quoique, au dire de Russell lui-même, postérité aberrante, la « philosophie analytique », déplaçant le centre d'intérêt originairement épistémologique du philosophe, s'étudiera à distinguer les usages de la langue naturelle comme manifestations protéiformes de la pensée, et non plus seulement de la pensée scientifique.L'épistémologie contemporaine est, jusqu'à un certain point, tributaire des courants engendrés par ces différentes prises de position à l'égard d'une philosophie des sciences. Non qu'il soit possible de classer les auteurs selon un critère d'appartenance à l'un ou plusieurs d'entre eux ; mais la remontée à ces sources permet au moins de mieux comprendre la diversité des cadres dans lesquels leurs analyses se situent. En quoi Bachelard, par exemple, qui cherche à déployer comme un éventail des formes multiples de rationalisme scientifique, élabore le thème post-kantien de l'a-priori ; alors que Tarski ouCarnap, chacun à sa manière, entrecroisent, dans leurs recherches d'une forme logique de la science, plutôt le thème post-cartésien et le thème post-russellien d'une épistémologie. Sans pousser plus avant un essai de généalogie, nous examinerons maintenant l'aspect contemporain le plus général du problème de la science, aspect qui est pris en considération dans toutes les perspectives et qui consiste à confronter la science dans son histoire avec la science dans sa structure. | |
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