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 Marché des engrais: La grande pagaille!

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15122010
مُساهمةMarché des engrais: La grande pagaille!

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Marché des engrais: La grande pagaille!
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· Des prix prohibitifs et fort variables d’un distributeur à l’autre

· Concentration de l’offre et défaut d’affichage de la tarification


Désordre total, que celui qui règne dans le marché marocain des engrais. Avec à la clé la pratique de prix fort prohibitifs. Pourtant, ces fertilisants s’avèrent indispensables non seulement pour augmenter les rendements mais aussi pour parer à l’appauvrissement des sols dont des signes avant coureurs sont relevés dans certaines régions de production céréalière. Et pour cause, le niveau, on ne peut plus faible de la consommation des engrais. Bon an mal, celle-ci porte sur 750.000 à 900.000 tonnes alors que les besoins sont de l’ordre de 2,5 millions de tonnes. Pourquoi une telle carence? «Les coûts exorbitants et fort variables d’un distributeur à l’autre», avance un agrumiculteur du Souss. A tel point que l’engrais soluble (Mono ammonium phosphate) utilisé sur agrumes coûte entre 1.000 et 1.200 DH/quintal contre 820 DH/ql en 2008. Le nitrate de potasse est aussi commercialisé entre 600, 900, voire 1.100 DH/ ql. C’est que le marché, quasi-monopole oblige, se caractérise aussi par une grande opacité. L’affichage des prix ne concerne que les engrais de fond. Tout le reste est couvert par cette formule laconique: «nous consulter». «Pourquoi alors encourager, à coups de subventions, la micro-irrigation si elle ne sert pas la fertigation (eau+fertilisant) ? S’interroge cet autre maraîcher». Mais la flambée est pratiquement généralisée à la quasi-totalité des formulations vendues au Maroc. Qu’ils soient de fond ou de couverture, fabriqués localement ou importés, les engrais sont devenus inabordables. Du moins auprès de grands distributeurs qui détiennent l’essentiel du marché. Pourtant, selon nos informations, l’Office chérifien des phosphates cède les engrais aux distributeurs nationaux à 50% moins chers que les cours à l’international. Mais visiblement certains d’entre eux ne font pas profiter les agriculteurs de la remise consentie. La pratique, au demeurant corroborée par de nombreux petits distributeurs concerne bien évidement les engrais fabriqués localement mais aussi les nouvelles formules à base de nitrate du potasse importées cette année par le groupe OCP. Mieux encore, selon des informations recueillies auprès du marché, le groupe a mis en place un programme destiné à développer la consommation d’engrais sur le marché national.
Il s’agit d’assurer des services de conseil, de formation et de sensibilisation autour de l’utilisation des engrais. Le programme porte même sur le soutien financier et logistique des partenaires distributeurs. Il leur assure aussi le volume et la qualité d’engrais nécessaires à l’activité tout en mettant à leur disposition les résultats de la carte de fertilité des sols. Mais de quelle chance de réussite peut se prévaloir ce programme quant il cible une clientèle concentrant tout au plus quelque 14% du marché ?
Autrement dit, le grand fournisseur national peut-il jouer le rôle de régulateur du marché faute d’un bras armé de la distribution? Cela revient à se demander pourquoi il s’est désengagé de la Société marocaine des fertilisants (Fertima) privatisée il y a environ sept années.
Pour le moment, l’effort consenti ne profite réellement aux agriculteurs qu’à hauteur de 5% des quantités commercialisées. Cela correspond au volume distribué par la Société nationale de commercialisation des semences (Sonacos). Cette entreprise publique, autrefois spécialisée dans la vente des semences, a élargi cette année son activité aux engrais ainsi qu’aux produits phytosanitaires. «Ses prix n’intègrent que les frais financiers et les charges liées au transport et à la manutention», est-il indiqué. Ce qui explique les ventes record qu’elle a réalisées en ce qui concerne les nouvelles formules mises à sa disposition par l’OCP (cf. www.leconomiste.com). En 3 semaines, pas moins de 250.000 quintaux d’engrais azotés ont été écoulés à travers ses 500 points de vente. Certes, des entreprises liées par des contrats de cultures avec des agriculteurs, arrivent à négocier des prix compétitifs. Compte tenu de l’importance de la demande mais aussi du pouvoir de négociation. Ce n’est pas le cas de l’écrasante majorité.
Quid alors de la grande distribution suffisamment outillée en termes de moyens de stockage et de conditionnement? Loin de rallier le mouvement, certains gros faiseurs ont même osé réaliser quelque expédition d’engrais à l’étranger. Aux prix bonifiés, cela s’entend ! Joints par téléphone et par mail, les responsables du groupe Charaf/Fertima n’ont pas jugé utile d’apporter de commentaire à ce sujet ni communiquer les prix des fertilisants qu’ils commercialisent. Pourtant, ce groupe est coté en Bourse et donc tenu de ce fait d’adopter la transparence requise.
Quoi qu’il en soit, les enjeux s’annoncent aujourd’hui d’importance capitale. Ils sont surtout liés aux objectifs du Plan Maroc Vert qui se veut salutaire pour le secteur agricole dans son ensemble en ce sens qu’il cible le développement d’une agriculture productiviste basée en particulier sur l’augmentation des rendements. Dans cette optique, l’utilisation rationnelle des fertilisants est hissée au rang de priorité. Or, l’analyse de la situation actuelle montre l’énorme écart entre les besoins et le volume utilisé. Comme signalé plus haut, la consommation porte à peine sur 750.000 à 900.000 tonnes alors que les besoins avoisinent les 2,5 millions. Besoins qui doivent connaître une croissance aussi rapide que soutenue au fur et à mesure de l’avancement de la stratégie agricole. Surtout que la structure de la consommation actuelle fait apparaître un large déséquilibre selon les superficies et les cultures pratiquées. A titre d’exemple, les agrumes, le maraîchage et les cultures sucrières qui n’occupent que 5% des terres cultivables accaparent 32% des engrais utilisés. En revanche, les céréales qui se pratiquent sur 63% des sols cultivés mobilisent à peine 43% du volume global.
Par ailleurs, les zones irriguées (1,5 million ha) se taillent près de 60% de la consommation totale des fertilisants alors que l’agriculture pluviale (environ 8 millions ha) se contente du reste.
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