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 Les Guerres du Pétrole, une tectonique des frontières

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بن عبد الله
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31102010
مُساهمةLes Guerres du Pétrole, une tectonique des frontières

Les Guerres du Pétrole, une tectonique des frontières

Les Guerres du Pétrole, une tectonique des frontières Arton11760-165e2Chems Eddine CHITOUR
« Si le Sud-Soudan devient indépendant, ce sera une maladie qui se propagera à toute l’Afrique. »
El Gueddafi Guide de la Révolution libyenne

Ces mots d’El Gueddafi ont toutes les chances d’être prémonitoires et pour une fois le Guide de la « Révolution libyenne » pourrait avoir raison. En effet, le Soudan pourrait être, au nom de la tectonique des frontières, le prochain « domino » à connaître les affres de la partition. Petit rappel sur les potentialités de ce pays. Le Soudan est le plus grand pays d’Afrique, il a une superficie de 2505.810 km², sa population (2008) était de 40 millions habitants Le Soudan est un pays très pauvre. En 2007, le produit intérieur brut (PIB) était estimé à 55,6 milliards de dollars, soit un revenu par habitant de 1376 dollars par an. En plus, le problème de la dette a un poids considérable (15,3 milliards de dollars en 2001).
Les réserves de pétrole - découverte récente - dépassent le milliard de tonnes et la production était en 2008 de 28 millions de tonnes ; les gisements sont principalement au Sud qui fait d’ailleurs l’objet de tractations entre le Sud chrétien et le Nord musulman, notamment la zone pétrolière d’Abye C’est donc cela qui va être partagé pour deux raisons : d’abord et avant tout l’antagonisme d’un Nord musulman et d’un Sud chrétien, de plus ce pétrole placé au Sud attise les convoitises des Occidentaux qui voient une occasion de chasser les Chinois et prendre leur place dans l’exploitation des gisements. Nous pensons que le référendum de partition n’intéresse les Occidentaux que dans la mesure où il y a du pétrole et accessoirement on défend une noble cause:celle humanitaire, voire religieuse.
La China National Petroleum Company (Cnpc) de Pékin est le plus gros investisseur étranger au Soudan, avec quelque 5 milliards de dollars dans le développement de champs pétroliers. Depuis 1999, la Chine a investi au moins 15 milliards de dollars au Soudan. Elle possède 50% d’une raffinerie de pétrole, près de Khartoum, en partage avec le gouvernement soudanais. Les champs de pétrole sont concentrés dans le Sud, localisation d’une guerre civile qui couvait depuis longtemps et en partie financée secrètement par les Etats-Unis pour couper le Sud du Nord islamique, dont le centre se trouve à Khartoum. La Chine prend 65 à 80% de la production soudanaise qui s’élève à 500.000 barils/jour. Le Soudan est la quatrième source de pétrole étranger de la Chine. La Cnpc détient des droits sur le bloc 6, qui enjambe le Darfour, près de la frontière avec le Tchad et la République centrafricaine. En avril 2005, le gouvernement soudanais a annoncé qu’il avait trouvé du pétrole au sud du Darfour, estimé à 500.000 barils/jour après l’aménagement des installations. La presse mondiale a oublié de rapporter ce fait essentiel dans ses analyses sur le conflit au Darfour (1).
Un nouveau redécoupage ?
« La population d’Abyei [province pétrolière tampon entre le Nord et le Sud] aura quelques options, comme organiser son propre référendum et inviter la communauté internationale à le surveiller. » Les responsables du parti présidentiel ont annoncé la tenue de nouvelles discussions entre Sudistes et Nordistes le 27 octobre. En clair, nordistes et Sudistes envisagent de trouver une solution pour Abyei qui n’impliquerait pas nécessairement la tenue d’un référendum sur le statut de cette région. La démarcation effective des frontières d’Abyei et une participation d’une tribu nomade arabe nordiste, les Messiriya, sont deux des principaux points de discorde. La loi sur le référendum, approuvée en 2009 par le Parlement, accorde le droit de vote aux membres de la tribu sudiste Ngok Dinka d’Abyei, mais ne mentionne pas explicitement les Messiriya. Des combats meurtriers en mai 2008 à Abyei avaient fait craindre le retour à la guerre civile Nord-Sud.
Une contribution iconoclaste propose de re-découper l’Afrique en tournant le dos aux frontières coloniales. « L’ethnisme est la grande réalité africaine. L’ethnisme est la forme africaine du nationalisme ; (...) Seules les ethnies traditionnellement dominantes ont vocation à un destin autonome passant par le préalable de la partition d’un ou de plusieurs états actuels. (...) À la différence de ce qui s’est passé dans l’Europe du Moyen-Âge, en Afrique, les massacres de populations n’ont que rarement abouti à la constitution d’Etats. D’un côté, après des siècles d’affrontements, les peuples européens vont peu à peu trouver leur équilibre territorial ; de l’autre, en Afrique, l’anarchie et l’émiettement n’ont débouché sur aucune création, sur aucun dépassement du niveau tribal. Presque chaque Etat africain à sa ou ses provinces sécessionnistes. (...) Face à l’évidence ethnique, il importe d’envisager sérieusement un redécoupage partiel de l’Afrique. Dans l’immédiat, c’est un redécoupage à chaud qui devrait être réalisé afin de tenter de mettre un terme à des conflits interminables (en Angola au Soudan par exemple). (2)
« Une victoire des partisans de l’indépendance du Sud-Soudan au référendum d’autodétermination de janvier prochain pourrait avoir des conséquences dramatiques en Afrique, a prévenu le dirigeant libyen Mouamar El Gueddafi lors du sommet des dirigeants africains et arabes à Syrte. (Reuters/Ismail Zitouny) Si le Sud-Soudan devient indépendant, « ce sera une maladie qui se propagera à toute l’Afrique », a-t-il dit. « L’Afrique a besoin d’investissements étrangers et de stabilité. Ce précédent pourrait dissuader les investisseurs, effrayés d’investir en Afrique. » (3) L’armée soudanaise a rejeté pour sa part l’idée avancée par les Nations unies de créer des zones tampons dans les régions sensibles du Soudan en vue du référendum de janvier 2011, qui pourrait aboutir à la partition du pays. Des responsables de l’ONU ont déclaré à Reuters que les Nations unies déployaient des Casques bleus pour créer des zones tampons limitées afin de prévenir tout conflit qui pourrait éclater avant la consultation. L’ONU a 10.000 Casques bleus au Soudan, sans compter les hommes déployés dans le cadre de la Minuad, la mission mixte ONU-Union africaine au Darfour. Susan Rice, ambassadeur des Etats-Unis au Conseil de sécurité, a confirmé jeudi que Kiir [leader du Sud avait demandé la création d’une zone tampon de 16 km de large administrée par l’ONU le long de la frontière, dont le tracé reste une source de contentieux entre le Sud et le Nord.(4) Déjà en son temps, le Darfour avait défrayé l’Occident qui, comme un seul homme, s’est penché sur la détresse des populations du Darfour. On apprend que cette douleur réelle a été amplifiée pour cause de pétrole.
F. W.Engdahl nous en parle : « Le conflit du Darfour est qualifié de génocide. Les USA font pression pour intervenir sur place, afin de protéger les populations déplacées. Voilà la version officielle. Mais si les victimes sont bien réelles, cette guerre a pour véritable enjeu le contrôle du nouvel Eldorado pétrolier du Sahara. Et les protagonistes en sont la Chine et les Etats-Unis qui, comme en Irak, s’abritent derrière une noble cause pour mener une politique qui l’est fort peu. (...) Qu’est ce qui est en jeu dans la bataille pour le Darfour ? Le contrôle du pétrole, de beaucoup, beaucoup de pétrole. (...) Beijing s’est engagé dans une géopolitique active du pétrole. L’Afrique est un objectif majeur, et en Afrique, la région centrale entre le Soudan et le Tchad est une priorité. (...) Aujourd’hui la Chine obtient 30% environ de son pétrole brut de l’Afrique. (...) La Chine octroie des crédits en dollars sans exiger de contreparties afin d’accéder aux vastes richesses de matières premières de l’Afrique, prenant à contre-pied les règles du jeu par lesquelles Washington exerce habituellement son contrôle via la Banque mondiale et le FMI. (..) Cette diplomatie chinoise du pétrole a conduit Washington à porter l’étrange accusation que Beijing essaye de « se garantir le pétrole à sa source, ».Aucune région pétrolière n’a été autant une cause du conflit pétrolier Chine-USA que le Soudan et sa région du Darfour ».(5)
« La carte des concessions de pétrole du sud du Soudan montre que la Cnpc chinoise détient des droits sur le bloc 6 qui traverse le Darfour, près de la frontière avec le Tchad et la République centrafricaine. (...) Le génocide a été un thème choisi, et Washington en a été le chef d’orchestre. (...). Jusqu’ici, le gouvernement du Soudan a énergiquement refusé, sans surprise, la partition. (...) En distribuant des armes d’abord au Sud du Soudan dans la partie orientale et depuis la découverte de pétrole au Darfour, dans cette région également, Washington a alimenté le conflit qui a mené aux dizaines de milliers de morts et à plusieurs millions de déplacés. (...) L’aide américaine au développement pour toute l’Afrique subsaharienne y compris le Tchad, a été nettement diminuée ces dernières années tandis que son aide militaire a augmenté. Le pétrole et la bousculade pour les matières premières stratégiques en sont la raison évidente. La région du sud du Soudan, du Haut-Nil aux frontières du Tchad est riche en pétrole. Washington le savait bien avant le gouvernement soudanais. » (5)
« Les majors du pétrole américains avaient connaissance de la richesse en pétrole du Soudan depuis le début des années 70. (..) Le Chevron de Condi Rice est présent dans le Tchad voisin, tout comme l’autre géant du pétrole américain, ExxonMobil. (...) Les ONG soutenues par Washington et le gouvernement américain ont pris prétexte d’un génocide non confirmé comme prétexte pour introduire finalement des troupes ONU/Otan dans les sites de gisements de pétrole du Darfour et du Sud soudanais. (...) Selon Keith Harmon Snow : « Les objectifs militaires américains au Darfour - et plus largement dans la Corne de l’Afrique - sont servis actuellement par l’appui des Américains et de l’Otan aux troupes de l’Union africaine (UA) présentes au Darfour. (...) La guerre au Soudan est livrée par des opérations secrètes américaines et par les factions « rebelles » formées par les Américains entrant au Darfour par le sud du Soudan, le Tchad, l’Ethiopie et l’Ouganda. » (...) Dans cette situation instable, Pékin est apparu au Tchad avec un coffre d’argent rempli à disposition. En 2006, les leaders chinois ont visité pas moins de 48 Etats africains. La Chine a commencé à importer le pétrole tchadien comme le soudanais. Pas beaucoup de pétrole, mais si Pékin sait s’y prendre, cela changera bientôt. Le Tchad et le Darfour ne sont qu’une partie du vaste effort de la Chine pour s’assurer du « pétrole à la source » à travers l’Afrique. Le pétrole est également le premier facteur dans la politique africaine des USA aujourd’hui. « Le pétrole de l’Afrique occidentale est devenu pour nous un objectif d’intérêt stratégique national, » avait déjà indiqué en 2002 le secrétaire d’Etat adjoint pour l’Afrique des USA, Walter Kansteiner ». (5)
Dans le même ordre et s’agissant de l’énergie au sens large, les problèmes rencontrés par le Niger sont dus au fait qu’il contient de l’uranium. L’uranium nigérien est d’abord une exclusivité signée par la France, Dès 1969, la France propose d’enlever l’uranium au prix fixe au titre d’une aide au développement d’un milliard de F CFA. Le président nigérien Hamani Diori, qui avait émis le voeu de rediscuter les termes de l’accord, sera renversé en 1974 en pleins pourparlers autour des prix de l’uranium. Ce coup d’Etat était-il fomenté par la France ? Il faudra attendre 2007 avec l’arrivée des Chinois et la montée spectaculaire du cours de l’uranium pour voir le gouvernement de Mamadou Tandia (renversé en 2010) exiger la révision des prix quasiment figés depuis 50 ans. Entre-temps et selon nos estimations, le Niger a produit entre 100.000 et 150.000 tonnes depuis 1960 au prix moyen de 27.300 F CFA le kilo (soit 42 euros). Nettement en-dessous du cours mondial moyen qui était de 122.000 F CFA le kilo (187 euros) sur la période. C’est dire que depuis l’indépendance, le Niger a perdu entre 14, 5 milliards d’euros et 21 milliards de dollars. (6)
Tout est permis pour le pétrole
L’addiction du pétrole des Etats-Unis a commencé très tôt. Souvenons –nous la formation de l’Aramco (Arabian Amercan Oil Company) s’e^st faite au début des anénes trente. Ce qui marque l’entrèe irreversible des Etats-Unis au Moyen Orient « prenant la place » de la Grande Bretagne. La consession de cette compagnie est pratiquement égale à la superficie du Royaume Saoudien. Mieux voulant s’attacher exclusivement les réserves de l’Arabie Saoudite Franklin Delanoe Roosvelt s’entretient avec Ibn Saoud à bord du croiseur « Quincy « sur le canal de Suez. L’Arabie Saoudite est devenue définitviement un Etat pétrolier américain. (7)
Mieux encore, les royalties du pétrole aident uen industrie américaine en panne. L’Arabie Saoudite et les Etats-Unis s’acheminent vers la conclusion d’un contrat, le plus important contrat d’armement de l’Histoire, de l‘ordre de quatre-vingt-dix (90) milliards de dollars ; Ce contrat a été conclu à l’occasion de la fête nationale saoudienne, le 23 septembre, célébrant la fondation du Royaume. Il permettra le maintien d’un bassin d’emploi de 75.000 personnes de l’industrie militaire américaine. Ce contrat, jamais conclu par l’Amérique avec un autre pays, témoigne des « relations spéciales » entre les Etats-Unis et le Royaume d’Arabie Saoudite depuis la signature du Pacte de Quincy. (...) Toujours en application de ce même pacte, écrit René Naba, l’Amérique a décrété, à la suite de l’invasion du Koweït en 1990, une mobilisation internationale contre l’Irak anéantissant pratiquement ce pays jadis à l’avant-garde du monde arabe. Enfin, en vertu de ce même pacte, les Etats-Unis ont exonéré l’Arabie Saoudite de sa responsabilité dans les attentats anti-américains du 11 septembre 2001, marqués par la participation à l’opération de quinze Saoudiens sur les 19 membres de l’équipée, détournant sur l’Irak la colère vindicative du peuple américain. (...) » (8)
Ce qui arrive au Soudan n’est pas nouveau, c’est « la tectonique des frontières » qui sera de plus en plus récurrente au fur et à mesure que le pétroel se raréfie. Cette tectonique survient et refaçonne les frontières au gré des intérêts de l’Occident en termes d’énergie et accessoirement de défense de la religion chrétienne. On sait que l’un des premiers dominos a été le fait de la Grande-Bretagne qui a « arraché » à la suite de la Première Guerre mondiale l’émirat du Koweït qui était la 19e province de l’Irak. Il en sera de même de tous les émirats insignifiants en termes de population mais riches de pétrole et sous contrôle direct de l’Occident. Par la suite, ce sera le sultanat de Brunei qui faisait partie de la sphère indonésienne ; il sera indépendant et on dit que le Sultan de Brunei est l’homme le plus riche du monde grâce au pétrole. La théorie des dominos avance d’une façon inexorable.
Dans les années 1990, concomitamment avec la fin inexorable du pétrole, on apprend que l’Indonésie a été sommée aussi de quitter le Timor oriental chrétien et on s’aperçoit par la suite que des compagnies pétrolières australiennes anglaises et américaines s’y sont installées. Point d’orgue, l’Irak a fait des élections il y a six mois, le pays est sans gouvernement, la partition est en place, le nord kurde est pratiquement autonome et revendique Kirkouk, les sunnites au Centre et les chiites au Sud se disputent le pouvoir, en fait l’accès au pétrole. La nouvelle étant un bradage systématique des réserves au profit des multinationales américaines et européennes. Il reste un « domino » qui ne peut pas tomber : l’Iran ! Pourrat-il tenir longtemps ? lui qui vient de réévaluer ses réserves à 150.000 milliards de barils (+40%).
On le voit les pays occidentaux capitalistes et même les tards cenus que sont les pays émergents font fi des détresses des peuples faibles, qu’il sont prêts et l’histoire sanglante du pétrole le montre, à passer sur leur corps pourvu qu’ils arrachent le pétrole ce « excrément du diable ». « Le niveau de vie à 8 tep/hab/an de l’Américain ne se discute pas » disait Georges Walker Bush. Nous avons eu un premier échantillon avec le remodelage du Moyen Orient ; Rappelons que même l’Arabie saoudite devait être dépecée entre la province pétrolière autour de Dahran qui serait « confiée » à des dirigeants « amis » et l’émirat sacrée autour de la Mecque.. Condoleeza Rice avait prévenu que le chaos constructeur se fera dans la douleur..Nous sommes d’accord avec elle.. L’avenir nous dira si cette politique du pire prônée par l’Occident au nom du pétrole et de ses valeurs ne s’avère pas être la pire des politiques.Pr Chems Eddine Chitour
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