Et votre Guru termine cette journée avec une autre percée de la médecine : pour la première fois chez l’humain, des neuroscientifiques ont pénétré la barrière tenace qui protège le cerveau des toxines dans le sang. Cette prouesse signifie que les médecins peuvent désormais administrer des médicaments à certaines parties jusqu’alors inaccessibles du cerveau, ce qui facilitera le traitement de cancer et des maladies neurodégénératives. La barrière hémato-encéphalique est un bouclier extrêmement important, une gaine de cellules qui s’enroule autour des vaisseaux sanguins dans le cerveau, qui protège celui-ci d’hormones et de neurotransmetteurs potentiellement perturbateurs. Elle protège aussi le cerveau de substances étrangères, ce qui est plutôt bien si vous voulez empêcher les toxines et les bactéries d’y pénétrer, mais pas pratique si vous êtes un médecin qui cherche à y livrer des médicaments pour soigner le cerveau. Représenté ci-dessous la barrière hémato-encéphalique et en entête, les astrocytes de type 1 entourant les capillaires sanguins au niveau du cerveau (Wikipédia). En juin, une équipe de scientifiques a présenté une théorie intéressante visant à délivrer des médicaments contre le cancer hors de la circulation sanguine et dans des tumeurs cérébrales ciblées. Le plan était d’utiliser des microbulles* dans le sang pour ouvrir la couche entre les vaisseaux sanguins et les tissus du cerveau. Et pour ce faire, ils devaient utiliser des ultrasons et cela a fonctionné.
*Les microbulles sont des bulles de taille inférieure à un millimètre de diamètre, mais supérieure à un micromètre. Elles sont utilisées dans le diagnostic médical comme un agent de contraste pour l’imagerie par ultrasons.
Michael Canney de la société médicale parisienne Carhera avec le chirurgien Alexandre Carpentier de la Pitié-Salpêtrière à Paris, a testé l’approche chez des personnes atteintes de glioblastome, la forme la plus agressive de tumeur cérébrale. Les personnes touchées par ce cancer subissent une chirurgie pour enlever les tumeurs, puis un traitement chimiothérapique (exemple : le carboplatine) est utilisé pour essayer de tuer les cellules tumorales restantes. Les tumeurs rendent perméables la barrière hémato-encéphalique, ce qui permet à une petite quantité de médicaments chimiothérapique de s’y introduire: si les médecins pouvaient en faire passer davantage à travers, leur impact en serait plus grand. L’équipe a testé l’idée sur quatre patients en implantant un transducteur à ultrasons à travers un trou dans leurs crânes pendant une chirurgie visant à retirer la tumeur. On leur a ensuite injecté les microbulles et le transducteur a été activé pendant 2 minutes. Cela a envoyé des impulsions d’ultrasons de faible intensité dans une région du cerveau mesurant 1 cm sur 5. Canney estime que cela rend cette région de la barrière hémato-encéphalique plus perméable pendant environ 6 heures. Dans ce laps de temps, chaque personne a reçu une chimiothérapie normale.
Depuis juillet, ils ont effectué la technique une fois par mois sur chacun des quatre patients. Il faudra attendre quelques mois avant que Canney puisse déterminer l’effet sur les tumeurs.
L’IRM a montré qu’un marqueur chimique, injecté avec les microbulles, avait traversé la barrière hémato-encéphalique. Ils espèrent que cela signifie que le médicament de chimiothérapie a fait la même chose.
Fait encourageant, des interventions similaires pourraient être utilisées pour traiter la maladie d’Alzheimer. En fait, l’ouverture de la barrière seule, sans ajout de médicaments, s’est traduite par une réduction des plaques de protéines associées à cette maladie.
Michael Canney a présenté ses observations la semaine dernière lors du Focused Ultrasound symposium à North Bethesda, Maryland.
الثلاثاء مارس 29, 2016 2:08 pm من طرف جنون