La tentative de l’ESA de faire atterrir une sonde sur la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko ne s’est pas passé comme prévu, mais la mission fut loin d’être un échec. Une récente analyse de l’éprouvant voyage de l’atterrisseur Philae à travers la comète a révélé quelques indices fascinants sur sa surface, tout en fournissant des renseignements sur sa formation au début du système solaire, des données qui sont de plus cruciales pour les futures missions vers d’autres comètes. Image d’entête, de la caméra de navigation de Rosetta, de la comète 67P / Churyumov-Gerasimenko a été prise le 20 juillet 2015, à une distance de 171 km du centre comète. L’image a une résolution de 14,5 m / pixel et mesure 14,9 km à travers. Les informations renvoyées vers la Terre, avant que Philae ne rentre en hibernation, ont été suffisantes pour générer sept articles scientifiques. Parmi les résultats alléchants : la comète 67 / P Churyumov-Gerasimenko, sur laquelle est fixée Philae, a une surface qui varie de dur comme de l’asphalte à tendre comme une plage de sable. Son intérieur est un mélange onctueux de poussière et de glace. Et elle héberge des composés organiques qui non seulement n’ont jamais été détecté sur une comète auparavant, mais qui soutiennent aussi l’idée que les comètes ont apporté les blocs constitutifs de la vie de la Terre, il y a des milliards d’années.
Rosetta est la première sonde à orbiter une comète et Philae le premier à tenter un atterrissage en douceur sur celle-ci. Mais les choses ne sont pas déroulées tout à fait comme prévu.
Ci-dessous : images prises par le système d’imagerie de Philae (ROLIS), suivent la descente de l’atterrisseur au premier site d’atterrissage, Agilkia, sur la comète 67P / Churyumov-Gerasimenko, le 12 novembre 2014.
Cependant, durant ces quelques heures, il a réussi à récolter beaucoup d’informations. La profondeur et la forme des trous que le train d’atterrissage de Philae a laissés sur le site du premier rebond, par exemple, avec la force mesurée par l’atterrisseur, ont permis aux scientifiques de calculer que la surface était granuleuse, mais plus solide à 30 ou 60 cm de profondeur.
Selon Jens Biele du Centre aérospatial allemand à Cologne (DLR), auteur principal d’un article qui a analysé l’atterrissage en détail : - اقتباس :
Cela nous rassuré, car il a confirmé nos estimations. Cela a également écarté l’idée que Philae pourrait s’enfoncer de 90 cm ou plus dans une surface molle, granuleuse.
En revanche, la zone où repose Philae a une surface plus similaire en texture à de l’asphalte. La croûte pourrait être seulement de quelques centimètres d’épaisseur : les scientifiques pensent que la chaleur solaire “soude” la poussière pour former une croûte dure qui pénètre d’une courte distance dans la comète. Tant que les contrôleurs de la mission ne pourront faire fonctionner la foreuse intégrée de Philae, cette question restera ouverte.
Un forage permettrait aussi aux scientifiques de la mission d’étudier la composition chimique du sous-sol de 67 / P. Mais ils ont réussi à obtenir au moins une “odeur” de ce qui se trouve sur le dessus. Lorsque Philae a réalisé son premier rebond, il a soulevé un nuage de poussière et, selon Fred Goesmann de l’Institut Max Planck pour la recherche sur le système solaire à Göttingen, en Allemagne, principal auteur d’un autre des documents scientifiques :
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Nous pensons que cette poussière a pénétré dans notre système d’échappement.
La poussière aurait été réchauffée, diffusant des gaz analysés par l’un des spectromètres de masse de Philae. C’est un instrument qui sépare les molécules par leur poids, laissant les scientifiques en déduire de leur composition. Cette manoeuvre imprévue a permis à Goesmann et ses collègues de détecter 16 composés chimiques organiques, comme de l’isocyanate de méthyle, de l’acétone, du propionaldéhyde et de l’acétamide qui n’ont jamais été détectés sur une comète. Une pluie de comètes pourrait avoir apporté les blocs constitutifs de la vie sur Terre, engendrant le processus qui a finalement conduit à l’humain, assez intelligent pour visiter une comète. Celles-ci pourraient aussi avoir livré beaucoup ou la totalité de l’eau de la Terre, un deuxième facteur clé dans l’origine de la vie.
Un scanner de l’intérieur de "la tête" de la comète en forme de canard a également révélé une surprise. Des faisceaux radar qui ont analysé l’intérieur de la comète montrent que celui-ci est uniforme. Ce qui est tout à fait différent de l’agrégation lâche de roche et de glace qui a longtemps été estimée pour ce type d’objet. Aussi intrigantes que soient ces découvertes, elles sont seulement une infime fraction de ce que les scientifiques de la mission Rosetta avaient espéré obtenir de Philae. Par conséquent, ils furent ravis lorsque l’atterrisseur s’est brusquement réveillé et a “téléphoné maison” en juin, sans doute grâce à des changements dans l’orientation de la comète qui ont permis aux panneaux solaires de fonctionner après sept mois passés dans l’obscurité. L’atterrisseur a toujours des problèmes de communication avec son vaisseau mère (Rosetta), mais cela pourrait s’améliorer alors que Rosetta descend à une orbite plus basse au cours des prochaines semaines.
Si Philae est encore actif et qu’il peut reprendre ces travaux scientifiques, les découvertes de cette semaine ne pourraient être que la pointe de l’iceberg renfermant les secrets des comètes et leur rôle dans la façon dont notre système solaire et peut-être la vie elle-même a émergé.