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| | L’existentialisme, une philosophie humaniste ? | |
La conférence L existentialisme est un humanisme de Sartre est l’un des best-seller de la philosophie française.Prononcée en 1946 à la Sorbonne, deux ans après la publication de l’Etre et le Néant, la conférence entend lever les malentendus et critiques adressés à cet ouvrage et à l’existentialisme en général. Cette conférence ne constitue donc pas réellement un texte théorique. Mais pour cette raison, cette oeuvre est souvent au programme du bac philosophie. L’existentialisme, une philosophie humaniste ?La thèse de la conférence tient en une phrase : la philosophie existentialiste est une philosophie humaniste, qui place la liberté humaine au-dessus de tout. Ou, comme le dit Sartre en termes philosophiques : “l’existence précède l’essence“.L’humanisme se définit classiquement comme comme une doctrine qui défend la valeur de la personne humaine et qui cherche à réaliser son épanouissement. Sartre cherche donc à prouver la compatibilité de l’existentialisme avec cette définition.Voici donc un résumé suivi d’un commentaire de L’existentialisme est un Humanisme de Sartre
[size=34][size=34]Les critiques de l’existentialisme sartrien[/size][/size]Les critiques marxistes :Pour les marxistes, l’existentialisme est une philosophie de l’impuissance, inactive. Une philosophie bourgeoise et contemplative. Mais aussi une philosophie individualiste. Or, pour Sartre, sa philosophie est fondée sur l’action libre et ne saurait être réduite à la contemplation propre aux philosophies théoriques. Le sujet sartrien se fait lui-même, il est donc tout entier action. Sartre critique aussi l’esprit de sérieux (qui consiste à contempler et à attendre que le destin humain soit inscrit dans le “Ciel des Idées”). Le reproche marxiste est donc balayé.Sur le reproche individualiste, Sartre aura plus de mal à rétorquer. Il ne le fera que plus tard, dans la Critique de la raison Dialectique, qui tentera de concilier la logique collective et l’approche centrée sur l’individu (notion de praxis). Sur le fond, on peut donner raison aux critiques marxistes : l’existentialisme est en effet un individualisme.Les critiques catholiques :Pour les philosophes catholiques, l’absence de Dieu retire à l’homme tout espoir et le condamne à vivre de manière absurde.Or, si Sartre assume l’athéisme de sa pensée, il ne concède pas que sa philosophie soit nihiliste (absence de valeurs). Pour lui, l’homme est le créateur de ses propres valeurs.Pour Sartre, l’idée d’un existentialisme chrétien (Jaspers, Kierkegaard, Pascal) est incohérente : si Dieu est, alors l’existence de l’homme n’est plus contingente (existence qui peut ne pas avoir existé), elle devient nécessaire puisque l’essence précède dès lors l’existence. L’athéisme de Sartre est une exigence pour aller jusqu’au bout de la solitude de l’homme et sa responsabilité totale.[size=34][size=34]Sartre et l’existence[/size][/size]Sartre renverse la perspective classique depuis Platon, qui défend une approche essentialiste : l’essence précède l’existence, la philosophie se doit ainsi chez les Grecs et leurs successeurs d’étudier l’Etre. Ainsi, dans la République de Platon, l’existence n’est qu’un mode secondaire, dérivé de l’Etre.Ek-sistere, chez Sartre, signifie se projeter hors de soi. L’homme existe en ce qu’il n’est rien de défini, il devient ce qu’il a décidé d’être. L’homme crée son existence en se choisissant. La notion même de “nature humaine” est absurde, puisque cela confère à l’homme une essence à laquelle l’homme ne peut pas s’arracher (seuls les objets ont une nature, une fonction déterminée, tel l’exemple du coupe-papier utilisé par Sartre dans la conférence). Les théoriciens de la nature font de l’homme un exemplaire, un homme-moyen, oubliant ainsi, selon Sartre, que le sens de l’homme est de créer du nouveau, de modifier la figure du monde.[size=34][size=34]Sartre et la liberté[/size][/size]“L’homme est condamné à être libre”Si la liberté humaine est absolue, le sujet est néanmoins engagé dans une situation donnée (facticité = fait d’être de telle manière). Mais c’est l’homme qui donne un sens à la situation. Ainsi, une situation n’est pas insupportable en soi, elle le devient parce qu’un projet de révolte lui a donné ce sens. “Jamais nous n’avons été aussi libres que sous l’Occupation“. Une situation tragique rend d’autant plus urgente l’action. Le monde n’est jamais que le miroir de ma liberté.La liberté est vue par Sartre comme un pouvoir de néantisation, comme un dépassement du donné (l’homme est un “pour-soi”). Néantiser signifie créer des possible au sein du monde tel qu’il est, figé, c’est y introduire de la liberté.“Etre condamné à être libre, cela signifie qu’on ne saurait trouver à ma liberté d’autres limites qu’elle-même“. Ne pas choisir, c’est encore choisir (choisir de ne pas choisir). La seule limite à ma liberté est ma mort, laquelle transforme mon existence en essence, en être, en destin. Mourir c’est être (= ne plus exister)L’homme vit pourtant mal cette situation de totale liberté. Il invente ainsi des subterfuges, notamment lamauvaise foi. La mauvaise foi consiste à faire semblant de croire que l’on est pas libre, c’est se rêver chose (repensons au coupe-papier). le garçon de café ou la coquette tente d’être en soi, à se couler dans le monde en tant que chose. La conscience, nous dit Sartre, cherche toujours à coïncider avec elle-même, à se remplir d’être, à se faire “en-soi”L’homme fait de la facticité son excuse pour se faire en-soi. Sartre distingue 6 modes de facticité, c’est-à-dire de déterminations pesant sur l’homme :
- le fait de naître dans une société et une époque donnée
- le fait d’avoir un corps
- le fait d’avoir un passé
- le fait d’exister dans un monde qui nous préexiste
- le fait d’exister parmi d’autres sujets (question de l’intersubjectivité)
- le fait de mourir (finitude)
Pour Sartre, il faut assumer notre contingence.[size=34][size=34]Sartre et l’intersubjectivité[/size][/size]Le rapport des consciences chez Sartre se présente sous le mode du conflit, comme une relation de reconnaissance : chaque conscience exige de l’autre d’être reconnue comme conscience, comme libre. Or, si je reconnais libre comme libre, je fais de lui mon maître. Autrui devient autrui lorsque sa volonté, sa liberté s’oppose à la mienne (autrui, “ce moi qui n’est pas moi“). Cette analyse de l’intersubjectivité remonte à Hegel et à lutte des consciences.L’analyse du regard est éclairante : le regard d’autrui me révèle son existence. “On me voit donc je vois“. Le Pour-soi est aussi un Pour-autrui.Mais lorsque je regarde, le fixe autrui dans son être, j’en fais une chose regardée, donc je domine. A l’inverse, si autrui me regarde, je suis choséifié. Je suis ce qu’autrui voit de moi. Conclusion de l’oeuvre L’existentialisme est un humanisme :Voici la conclusion de la conférence prononcée par Sartre : “l’homme est constamment hors de lui-même, c’est en se projetant et en se perdant hors de lui qu’il fait exister l’homme et,d’autre part, c’est en poursuivant des buts transcendants qu’il peut exister ; l’homme étant ce dépassement et ne saisissant les objets que par rapport à ce dépassement, est au coeur, au centre de ce dépassement. Il n’y a pas d’autre univers qu’un univers humain, l’univers de la subjectivité humaine. Cette liaison de la transcendance, comme constitutive de l’homme — non pas au sens où Dieu est transcendant, mais au sens de dépassement — et de la subjectivité, au sens où l’homme n’est pas enfermé en lui-même mais présent toujours dans un univers humain, c’est ce que nous appelons l’humanisme existentialiste. Humanisme, parce que nous rappelons à l’homme qu’il n’y a d’autre législateur que lui-même, et que c’est dans le délaissement qu’il décidera de lui-même ; et parce que nous montrons que ça n’est pas en se retournant vers lui, mais toujours en cherchant hors de lui un but qui est telle libération, telle réalisation particulière, que l’homme se réalisera précisément comme humain”Notre avis : Si le texte de l’Existentialisme est un humanisme est loin d’être le plus précis de la pensée de Sartre, il a au moins le mérite de rendre sa pensée plus accessible. Il donne un aperçu de ses principaux concepts (conscience, autrui, liberté, responsabilité, mauvaise foi …). Nous poursuivrons notre analyse chapitre par chapitre sur cette oeuvre. | |
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