فدوى فريق العمـــــل *****
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الموقع : رئيسة ومنسقة القسم الانكليزي تاريخ التسجيل : 07/12/2010 وســــــــــام النشــــــــــــــاط : 7
| | Roger-Pol Droit et Monique Atlan : "L'espoir est notre meilleure arme" | |
Non, l’espoir n’est pas mort ; oui, nous pouvons le retrouver, le chérir, l’entretenir, car il est comme une petite flamme qui parfois baisse mais ne s’éteint pas ; oui, encore, l’espoir est notre affect le plus vivant, une force qui nous tient debout, nous fait avancer, même dans les moments les plus noirs, lancent Monique Atlan et Roger-Pol Droit, qui ont choisi de parler d’une seule voix alors qu’ils préparent un livre sur ce thème. C’est l’espoir qui a fait s’engager les résistants, l’espoir qui a fait naître des enfants dans les lieux les plus sordides, l’espoir qui est notre force la plus belle, la plus irréductible et la plus humaine : ni les animaux ni la nature n’espèrent. Comment définir l’espoir ?Monique Atlan et Roger-Pol Droit : C’est simple, l’espoir constitue la force humaine par excellence. C’est ce qui nous fait avancer, agir, progresser... même dans les pires moments. Il n’existe pas d’action sans espoir de la voir réussir et, inversement, l’espoir suppose qu’on ait commencé à agir. Il est pourtant difficile à définir avec précision, car c’est à la fois un souhait, un désir, l’attente de quelque chose de meilleur, mais pas seulement. Cette matrice de nos vies, de nos existences individuelles comme de nos horizons collectifs, ne peut s’enfermer dans un concept rigide. En explorant ses diverses facettes, nous avons vite constaté que l’espoir ne se laisse pas facilement capturer. Il se révèle ambigu, équivoque, pluriel, toujours impur, tissé de sentiments contradictoires, de croyances illusoires, de pensée magique, de rêves. C’est à la fois une « émotion-acte » et une émotion pensante. C’est bien, comme l’affirme le psychanalyste Guy Lavallée, une « matrice énergétique », mais ce serait une erreur de croire qu’il est forcément bon, toujours positif : les terroristes espèrent semer la peur, les meurtriers espèrent échapper à la justice, etc. Est-il encore possible d’espérer aujourd’hui ?Monique Atlan et Roger-Pol Droit : Oui, évidemment, et plus que jamais ! D’ailleurs, aucune période de l’histoire, même parmi les plus sombres, n’a vu l’espoir disparaître totalement. Sa flamme persiste même quand tout semble devoir l’éteindre. Mais ce qui est particulier, aujourd’hui, c’est qu’il est comme éclipsé, voilé. Sa dimension collective semble délaissée, reléguée, en berne. L’avenir ne fait plus vraiment envie. La possibilité de construire un futur meilleur est mise en doute. Notre relation au temps paraît en crise, comme si nous étions bloqués sur le seul présent, en suspens, ayant oublié la profondeur de champ de l’histoire des siècles passés et perdu le souci des horizons futurs. En remettant en lumière la notion d’espoir, en la prenant au sérieux, en suggérant qu’on prête de nouveau attention à ce qu’a de vital le principe d’un espoir collectif, nous aimerions contribuer à « dégripper » la situation. Mais cela ne se décrète pas, ne se commande pas, ne se prêche pas. Il ne suffit pas de dire « espérons ! », ni d’annoncer de façon incantatoire que « l’espoir renaît ». Chacun doit en découvrir pour lui-même la subtilité, et s’y exercer, pour que se développe de manière diffuse un espoir commun, ici et maintenant, indépendamment des espérances religieuses | |
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