[size=32]Évolution de l'enfant et psychogenèse[/size]
La psychogenèse correspond à l'édification du psychisme au cours de la vie. C'est ce que l'on nomme une "épigenèse" par opposition à la "phylogenèse" mettant en jeu l’hérédité. Ici l'impact de l'environnement (familial, social et culturel), et donc de l'éducation, est déterminant. L’idée d’une genèse et d'une évolution du psychisme tout au long de l'enfance est un élément essentiel du système explicatif de la psychopathologie dynamique (psychanalytique).
PLAN
1. QUELQUES REPÈRES CLINIQUES
1.1 Définition de la psychogenèse
Le psychisme, dont nous avons essayé de donner un modèle dans un autre article, ne surgit pas « tout fait » à la naissance, il se construit au cours de l'enfance et de l’adolescence puis, il est l'objet de certains remaniements pendant la vie adulte. Cette organisation est déterminée par la conjugaison entre vie relationnelle du sujet (relations avec les parents, le cadre social, les événements, l'éducation) le développement somatique (croissance, sexualité) et la dynamique propre au psychisme (issue des pulsions et de son auto-organisation), qui confrontent le sujet à problématiques existentielles successives et différentes.
On peut distinguer deux lignées de développement, la lignée objectale et la ligné narcissique ainsi que des grandes phases structurantes. Chacune des lignées correspond à la construction et au développement d’une instance psychique : l’objet et le soi. Rappelons que nous distinguons fermement l’objet, élément de la structure psychique, du référent objectal : la personne concrète à laquelle le sujet s’adresse. Le référent ayant sa propre organisation psychique on conçoit qu’elle puisse influencer l’évolution du sujet.
Le développement psychogénétique n'est jamais parfaitement global et synchrone, il peut être harmonieux ou disharmonieux. Les phases évolutives amènent des transformations d’ensemble du psychisme. Ces transformations sont repérables en termes structurels. Elles apportent au psychisme des remaniements qui perdurent ensuite.
1.2 Les âges de la vie
Avant d’aborder les lignées psychogénétiques et les phases structurantes nous allons noter quelques aspects cliniques caractéristiques selon une chronologie simplifiée, afin de noter certains âges qui serviront de repères. Ces âges ne peuvent qu’être approximatifs et varient d’un cas à l’autre.
Les débuts
De la vie prénatale à six mois : La vie fœtale et la naissance constituent les premiers pas dans la vie. Elles laissent des traces qu'il est difficile d'évaluer. De la naissance à deux mois environ le nourrisson a des contacts limités, puis s’instaure une relation dyadique et fusionnelle avec la mère qui dure jusqu'à cinq à six mois. Le vécu est flou, l'enfant ne se distingue pas bien de sa mère et de son environnement. Ses intérêts sont majoritairement liés à l'alimentation et aux câlins. Les premiers schèmes relationnels se mettent en place. Vers trois mois, le sourire devient social et le bébé repère son environnement. Enfin, vers six mois la perception unitaire du corps débute. Repère proposé : 5 à 6 mois.
De six mois à deux ans et demi : À partir de six mois l’enfant commence à s’asseoir, mais il faut attendre un an pour que la station debout soit acquise. Les gestes se coordonnent en vue d’une action. C'est le moment de la synthèse de l'image corporelle prototype de la constitution d'une image de soi différenciée. C'est aussi l'apparition de l'autre et la peur des étrangers. La permanence et la pérennité des choses concrètes apparaissent à l’enfant. Les intérêts oraux diminuent vers un an, mais les effets du sevrage sont moins nets de nos jours car l’alimentation est très tôt diversifiée. L'apprentissage sphinctérien commence. L’enfant apprend à marcher et à parler ; c’est la période ou il dit « non » et s’oppose. Repère proposé : 2 ans
La petite enfance
De deux ans et demi à quatre ans : À partir de deux ans c'est la conquête de l'indépendance. Les objets concrets se stabilisent, ils deviennent solides et durables. Le langage se développe fortement. Il y a une consolidation de l'investissement de soi qui donne la possibilité d'exister seul. L'enfant use de la possibilité de s'opposer, il continue de dire « non ». Il se désigne par son prénom, puis vers trois ans prenant conscience de son individualité dit « Je ». À trois ans l’enfant est très actif, il bouge beaucoup et explore infatigablement l’environnement immédiat.. Les intérêts de l'enfant se portent sur le monde, avec une recherche de maîtrise et de contrôle ; le sens de la propriété apparaît. À partir de trois ans et demi c'est la découverte de la différence des sexes et la confrontation au problème qu’elle constitue pour une pensée imprégnée d’imaginaire. Repère proposé : 4 ans
Jusqu'à six ans : La curiosité sexuelle se poursuit tant en ce qui concerne son propre sexe que celui des autres. L’apprentissage et l’adoption des conduites caractéristiques masculine et féminine est en cours. Les éléments de base de la représentation spatiale (droit gauche, dedans dehors) sont acquis et le langage permet la communication en dehors de tout contexte concret. L’enfant cherche à se définir par ses caractéristiques propres, il essaye de se faire valoir par ses capacités auprès des adultes. La pensée reste intuitive prélogique mais la différence entre réalité et imaginaire s’établit progressivement. Repère proposé : 6 ans
La suite
La grande enfance : Elle se déroule de six ans à treize ans. À partir de six ans une identification stable à l'un des deux sexes, en même temps que l'attraction amoureuse pour le parent de sexe opposé se dissipe. La loi est intégrée et admise le principe de réalité se stabilise. Cela se produit vers six ans, si bien que la septième année est appelé l’âge de raison. Suit la période de latence apportant un certain calme qui permet le développement des apprentissages culturels et la poursuite du développement intellectuel. Cette dernière période est parfois appelée la grande enfance. L’enfant accède au raisonnement logique d’abord sur le plan concret puis abstrait. Repère proposé : 13 ans
L'adolescence : De treize à vingt ans, c'est l'adolescence. La croissance somatique reprend provoquant d’importantes modifications corporelles, le statut social est en évolution, mais devient bâtard et source de conflits. Les problématiques par rapport aux parents se rejouent et se résolvent définitivement, ce qui permet l'abandon de l'enfance et l'entrée dans l'age adulte, tant du point de vue relationnel que sexuel. C'est l'âge de l'émancipation et de la conquête d'une autonomie sociale et économique. Ce n'est qu'au terme de cette évolution que la pensée rationnelle prend le dessus, si tout s’est bien passé.
L'âge adulte et la vieillesse : L'évolution n'est pas finie à l'âge adulte cependant les nouvelles expériences ne contribuent pas à la psychogenèse au sens propre. Signalons toutefois que la grossesse, le fait d'être parent et le changement de statut que cela implique, produisent des remaniements importants. Il faut aussi signaler la crise du milieu de la vie, (Repère proposé : 40 ans), qui est occasionnée par l'évaluation des réalisations, ce qui peut conduire à une réorientation de l'existence. Le vieillissement (Repère proposé : 65 ans) impose d’importants changements généralement sous-estimés. Cette dernière période est parfois grevée par la sénilité (évolution démentielle), mais pas obligatoirement. Elle nécessite une adaptation psychologique importante.
الجمعة فبراير 19, 2016 9:05 am من طرف سوسية