فدوى فريق العمـــــل *****
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| | Claude Lévi-StraussPhotographie Claude Lévi-Strauss | |
Photographie [size=13]Claude Lévi-StraussL'anthropologue français Claude Lévi-Strauss (à droite), le 2 janvier 1975, lendemain de son élection à l'Académie française. À gauche, Jean Guéhenno. Crédits: Hulton Getty[/size] Consulter • NaissanceLointain dépositaire des grandes leçons de l'école sociologique française, lecteur admiratif de Marcel Granet, dont l'ouvrage Catégories matrimoniales et relations de proximité dans la Chine ancienne a paru en 1939, Lévi-Strauss donne forme à son projet intellectuel pendant la drôle de guerre et plus fondamentalement durant l'exil des années 1940, marquées notamment par la rencontre, en 1942, de Roman Jakobson qui, au terme d'un tracé qui a pris naissance avec Ferdinand de Saussure (1857-1913 ; le Cours de linguistique généraleest publié en 1916), fait figure de principal représentant du courant structural en linguistique.On s'accorde à dater de 1945 la naissance du structuralisme anthropologique, avec la publication, dans la revue Word, organe du Cercle linguistique de New York, de l'article « L'analyse structurale en linguistique et en anthropologie » repris dans Anthropologie structurale en 1958. À propos notamment des faits de parenté, Lévi-Strauss y esquisse le projet de constitution d'une anthropologie structurale à partir de la considération des acquis de la phonologie structurale. « Comme les phonèmes, écrit Lévi-Strauss, les termes de parenté sont des éléments de signification ; comme eux, il n'acquièrent cette signification qu'à la condition de s'intégrer en systèmes ; les „systèmes de parenté“, comme les „systèmes phonologiques“, sont élaborés par l'esprit à l'étape de la pensée inconsciente. » Philosophe de formation, professeur de sociologie à São Paulo, ethnologue de terrain dont témoignent notamment des travaux sur les Indiens Bororo et Nambikwara, Lévi-Strauss, pour l'essentiel, entre en anthropologie à New York, où il prend la mesure de la situation de la discipline, qui, dans le monde anglo-saxon, s'organise principalement alors autour de deux pôles : le culturalisme américain et le fonctionnalisme britannique. Par la suite, en 1949, dans l'un de ses articles les plus commentés, « Histoire et ethnologie », repris également dans Anthropologie structurale, Lévi-Strauss confronte les apports respectifs de ces deux figures centrales de la discipline que sont Franz Boas et Bronislaw Malinowski. Lévi-Strauss choisit définitivement son camp. Héritage revendiqué, qui n'a d'ailleurs aucunement valeur d'adhésion au culturalisme triomphant des années de l'avant-guerre : « C'est à Boas que revient le mérite d'avoir [...] défini la nature inconsciente des phénomènes culturels, dans des pages où [...] il anticipait sur le développement ultérieur de la pensée linguistique, et sur un avenir ethnologique dont nous commençons à peine à entrevoir les promesses. » Héritage récusé : l'empirisme fonctionnaliste, tant il est vrai que, dans l'œuvre de Malinowski, « l'idée que l'observation empirique d'une société quelconque permet d'atteindre des motivations universelles y apparaît constamment comme un élément de corruption qui ronge et amenuise la portée de notations dont on connaît, par ailleurs, la vivacité et la richesse ».Est-ce à dire que l'ethnologue doit se défier de la « réalité » qu'il observe ? Nullement, mais il sait qu'il travaille non pas sur du réel mais sur des représentations et que les significations que celles-ci sont susceptibles de livrer ne relèvent pas d'un donné de l'expérience de l'observateur. Deux termes reviennent souvent sous la plume du Lévi-Strauss des textes fondateurs, d'inspiration méthodologique et programmatique, ceux d'« esprit » et d'« inconscient ». Ce que nous soumet le matériel ethnographique – une règle d'alliance, un rite, un mythe, etc. – participe d'un système d'assignation de places dans des agencements de complexité croissante à mesure que l'on s'achemine vers des totalisations plus ou moins autonomes selon la visée de l'analyse : un système d'alliance, un ensemble de pratiques rituelles, un corpus mythique, etc. Pour autant qu'est postulée l'unicité de l'esprit humain, on peut légitimement faire l'hypothèse que les productions de l'esprit entretiennent les unes avec les autres des relations qui sont pour une part indépendantes des éléments qu'elles associent, et que ces relations entrent en composition dans des structures dont l'aménagement obéit à certaines exigences formelles : ce sont ces dernières que l'analyse structurale, entre autres buts, se propose de mettre en évidence. Passer des objets aux relations qu'ils entretiennent entre eux, passer, en un autre langage, de la fonction à la structure, c'est opérer un changement de « plan de référence » de l'analyse : c'est se mettre en situation de pouvoir « comparer » des structures, c'est-à-dire de mettre en évidence les mécanismes de transformation qui autorisent à passer, d'une manière qui ne soit pas aléatoire, d'une structure à une autre structure ou d'un ensemble coordonné de structures à une structure englobante. Rien comme la conception de la comparaison n'illustre mieux le renversement de perspective – véritable révolution épistémologique – que Lévi-Strauss introduit dans l'étude des faits sociaux. Toujours dans « Histoire et ethnologie », il écrit : « En ethnologie comme en linguistique [...] ce n'est pas la comparaison qui fonde la généralisation, mais le contraire. Si [...] l'activité inconsciente de l'esprit consiste à imposer des formes à un contenu, et si ces formes sont fondamentalement les mêmes pour tous les esprits [...], il faut et il suffit d'atteindre la structure inconsciente, sous-jacente à chaque institution ou à chaque coutume, pour obtenir un principe d'interprétation valide pour d'autres institutions et d'autres coutumes. » | |
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