هذا الكتاب فريق العمـــــل *****
عدد الرسائل : 1296
الموقع : لب الكلمة تاريخ التسجيل : 16/06/2009 وســــــــــام النشــــــــــــــاط : 3
| | La nouvelle stratégie de l’impérialisme américain | |
Les prises de position unilatérales du gouvernementaméricain sont devenues de plus en plus centrales à la situation internationaledepuis le début de l’administration Bush. Dès son élection, le président américaina dénoncé le protocole de Kyoto sur le réchauffement de la planète. Mais c’estbien sûr depuis le 11 septembre 2001 que cette tendance s’est accélérée. Le premier anniversaire des attentats à New York etWashington a été marqué par la publication d’un nouveau document stratégiquenational américain. Il commence ainsi : « Les États-Unis possèdent aujourd’huiune force et une influence sans précédent dans le monde » et s’achève surl’affirmation suivante : « Nos forces seront suffisamment fortes pour dissuadernos adversaires potentiels d’essayer d’égaler ou dépasser la puissance desÉtats-Unis. » Cet aveu brutal que les États-Unis cherchent (commel’écrit le journaliste conservateur Anatol Lieven) « une domination unilatéralesur le monde à travers une supériorité militaire absolue » contredit l’idéetrès répandue que la mondialisation économique serait accompagnée de nouvellesformes de « gouvernance mondiale » qui rendraient caduque la concurrenceséculaire entre grandes puissances. La théorie marxiste de l’impérialisme considère les conflits militaires et diplomatiques entre pays comme des composantes d’un processus plus général de concurrence capitaliste. Comme l’a expliqué Boukharine pendant la Première guerre mondiale, deux processus - celui de la concurrence géopolitique entre États et celui de la concurrence entre capitaux - qui, jusqu’au XIXe siècle étaient relativement autonomes, ont eu tendance à fusionner. L’industrialisation croissante de la guerre ne permettait plus aux grandes puissances de dominer sans une solide base économique capitaliste. D’autre part la concentration et l’internationalisation des capitaux avaient tendance à transformer la concurrence économique en combats géopolitiques. Chaque grand capital demandait le soutien de son État. C’est cette théorie qui explique le mieux la volontéguerrière de Bush. Certes, les États ne déclenchent pas des guerres pour desraisons uniquement économiques. La guerre en Afghanistan avait avant tout desmotivations politiques : l’affirmation de l’hégémonie mondiale des États-Unis,même si l’accès aux réserves énergétiques de la région était un facteursecondaire. Durant toute l’histoire de l’impérialisme, les grandes puissancesont agi pour des motivations complexes alliant intérêts économiques etgéopolitiques. Après la guerre froide. La force actuelle des États-Unis résulte, bien sûr, dela fin de la guerre froide s’achevant sur la défaite sans combat de l’URSS. LesUSA ont émergés comme leader militaire mondial incontesté. Leurs accès à denouvelles régions de la planète se sont élargis. Mais ils font néanmoins face à deux groupesd’adversaires potentiels. À l’intérieur du bloc occidental, le Japon etl’Allemagne, soumis politiquement aux États-Unis, deviennent pourtant des concurrentséconomiques sérieux. Libérés des contraintes de l’unité antisoviétique, ilspourraient commencer à contester l’hégémonie américaine. L’interventionautonome de l’Allemagne en Yougoslavie contre la politique US (qui aurait voulusauvegarder l’unité de la Yougoslavie) en fournit un exemple. Le second groupe est extérieur au bloc occidental. LaRussie reste une grande puissance, disposant de milliers de têtes nucléaires.La Chine constitue une menace encore plus sérieuse. La croissance économiquerapide qu’elle a connue depuis sa conversion au stalinisme de marché dans lesannées 1980 lui a fourni les ressources pour dominer dans une des régions lesplus instables du monde. L’analyste américain John Mearsheimer écrit : « Une autre façon de montrer la puissance potentielle de laChine est de la comparer aux États-Unis. Le PNB des États-Unis est de 7900 milliards de dollars. Si le PNB par tête de la Chine rattrapait celuide la Corée du Sud, le PNB du pays atteindrait près de 10 660 milliardsde dollars. Si le PNB par tête de la Chine atteignait la moitié de celui duJapon, son PNB national serait de 2,5 fois plus élevé que celui des États-Unis… » D’autres au sein de l’administration Bush sont plussceptiques sur le potentiel chinois de contestation de l’hégémonie américaine.Mais en tout cas l’expansionnisme US se renforce et tente d’étendre sadomination à toutes les régions du monde. Le succès géopolitique principal de l’administrationde Clinton a été de préserver l’hégémonie américaine en Europe et en Asie. Laconjoncture économique a beaucoup facilité sa tâche. Pendant la majeure partiedes années 1990, l’économie US a connu un boom qui s’accélérait, alors quel’économie allemande stagnait et que celle du Japon traversait la récession laplus grave qu’a connue un grand pays capitaliste depuis les années 1930. Ce regain de puissance économique américain futaccompagné par les interventions militaires de Clinton. Les bombardements de laSerbie par l’OTAN en 1995 et en 1999 soulignèrent la dépendance de l’Unioneuropéenne à la direction politique et militaire des USA, même pour gérer lescrises dans sa propre arrière cour. L’extension de l’OTAN vers l’Est, réalisée pendant laguerre des Balkans en 1999, avait trois fonctions. Elle consolidait la positiondominante des États-Unis, légitimait la pénétration de l’Asie centrale parl’OTAN et lançait une nouvelle tactique d’encerclement de la Russie, redoutéede nouveau par les Américains, car finalement peu susceptible de se transformeren démocratie libérale prospère, source de débouchés marchands majeurs. L’administration Clinton poursuivait ses objectifs dedomination tout en construisant des alliances avec d’autres puissances.Brzezinski, ancien conseiller stratégique de Jimmy Carter, expliqua très bienles motivations de l’administration américaine. Dans son livre, Le grandéchiquier, il expliqua que les États-Unis suivaient une politique de « diviserpour mieux régner » : « À court terme, il est de l’intérêt de l’Amérique deconsolider et de perpétuer le pluralisme géographique actuel en Eurasie. Celapermet de manœuvrer et de manipuler afin d’empêcher qu’une alliance hostile auxÉtats-Unis ne surgisse… À moyen terme [dans une vingtaine d’années] il faudraitgraduellement remplacer ceci par une tentative de faire émerger des partenairesplus importants… qui, poussés par une direction américaine, sauraientéventuellement former un système plus coopératif de sécurité dans la régioneurasienne. » Ainsi promouvoir l’extension de l’OTAN et de l’Unioneuropéenne faisait partie d’une stratégie pour conserver l’hégémonie américaineen Eurasie. Comme l’a écrit un conservateur américain : « Les Américains préfèrent agir avec le soutien etl’approbation d’autres pays si c’est possible. Mais ils ont la force d’agirseul si besoin est. » Les États-Unis ont ainsi démarré la guerre des Balkansen 1999 sans en référer au conseil de sécurité des Nations unies. Avant cela,Clinton avait lancé une campagne de bombardement contre l’Irak en 1998 avec leseul soutien de l’Angleterre et du Koweït. C’est l’arrogance de l’État américain à l’étranger quia fait écrire à Samuel Huntington, loyal serviteur de l’État américain : « Les États-Unis se retrouvent de plus en plus seuls dans lemonde. Les USA dénoncent régulièrement différents ’États voyous’ mais dans lesyeux de bien des pays, l’Amérique devient la superpuissance voyou ». La doctrine Bush : « la contre-attaque préventive ». La superpuissance voyou s’est désormais déchaînée. Lesattentats du 11 septembre ont permis à Bush d’aller bien plus loin dans lastratégie d’intervention unilatérale américaine. Son mépris s’est clairementrévélé par son attitude envers l’OTAN. Celle-ci a déclaré le 12 septembre 2001 pour la première fois de son histoire - que les attentats contre lesÉtats-Unis constituaient « une attaque contre tous les États membres ».Pourtant Bush n’a même l’a pas utilisée dans sa guerre contre Afghanistan. Lenouveau document stratégique américain consacre seulement trois paragraphes àl’alliance atlantique ! Le tournant unilatéraliste reflète en premier lieu legrave coup symbolique encaissé par les États-Unis le 11 septembre. Il étaitprimordial que les États-Unis organisent leur propre vengeance sans faire appelà des « pompiers internationaux ». Après la chute de Kaboul en novembre 2001,il est clair que l’administration Bush utilise la « guerre contre le terrorisme » pour justifier une stratégie géopolitique bien plus agressive, pour éliminercertaines menaces et pour intimider le monde entier. La première étape fut l’extension substantielle desobjectifs de guerre annoncée par Bush dans son discours « sur l’état de l’union » en janvier 2002. En plus de s’attaquer aux réseaux terroristes, déclara t il,« notre deuxième objectif est d’empêcher les régimes qui soutiennent leterrorisme de menacer l’Amérique ou ses amis… par des armes de destructionmassive ». Il nomma L’Irak, L’Iran et la Corée du Nord « l’axe du mal ». Lesous-secrétaire d’État, John Bolton, rajouta La Libye, la Syrie et Cuba,définis comme « des États qui soutiennent le terrorisme et qui fabriquent oupourraient fabriquer des armes de destruction massive ». En juin 2002, Bush annonça sa doctrine. Elle a étédécrite par le Financial Times anglais comme « une doctrine entièrementnouvelle d’action préventive » : « La dissuasion… ne veut rien dire contre des réseauxobscurs de terroristes qui n’ont ni des nations ni des citoyens à défendre… Etnous ne pouvons pas défendre l’Amérique simplement par l’espoir. Nous nepouvons pas croire à la parole de tyrans, qui signent solennellement destraités de non-prolifération et puis ne les honorent pas. Si nous attendons queles menaces se matérialisent entièrement, nous aurons attendu trop longtemps.Nous devons porter la guerre à l’ennemi, perturber ses préparations et nousaffronter aux pires menaces avant qu’elles ne surgissent… Le seul chemin versla sécurité est le chemin de l’action. » Le premier test de cette doctrine sera l’Irak. Depuis1991, la politique américaine au Moyen-Orient a été d’isoler à la fois l’Iraket l’Iran. Les sanctions économiques et les bombardements devaient empêcher lerégime de Saddam Hussein de se renforcer. À la fin des années 1990, cettepolitique rencontra des problèmes diplomatiques. La Russie et la Frances’intéressaient de plus en plus à un renforcement de leurs liens avec l’Irak.Pour maintenir son isolement, les États-Unis et l’Angleterre furent de plus enplus souvent contraints de lancer des initiatives unilatérales, comme descampagnes intenses de bombardements. Bush et la droite républicaine Mais d’où vient la doctrine Bush ? Pour mieuxcomprendre, il faut étudier de plus de près son administration. Du point de vueidéologique, Bush Junior est très proche de Ronald Reagan. Ce dernier a surnommél’Union soviétique « l’empire du mal » et avait autorisé la CIA à soutenir desmouvements de guérillas de droite contre les régimes en place au Nicaragua, enAngola ou en Afghanistan. Cheney, Rumsfeld et Wolfowitz, personnages aujourd’huicentraux de l’administration Bush Junior, étaient marginalisés dans celle deBush Senior. Alors minorité, la droite dure est devenue majorité. Cette droiteest caractérisée par la croyance que la suprématie américaine peut bientôt êtreremise en cause par l’émergence de nouveaux adversaires de premier plan. C’estce qui pousse Bush à vouloir empêcher l’émergence de tels adversaires. Unconseiller spécial de Bush, Zalmay Khalilzad, écrit : « Il est primordial quel’Amérique soit prête à utiliser la force si nécessaire pour empêcherindéfiniment la montée d’un concurrent global. » Cette préoccupation est couplée à une grande confiancedans la capacité des États-Unis de gagner, une confiance enracinée à la foisdans la « victoire » américaine que fut la chute de l’Union soviétique et dansles succès de la stratégie américaine en Irak en 1990 et en Afghanistan en2001. Après avoir renversé les Talibans, la bande de Bush croit que tout estpossible. Ces croyances sous-tendent l’impatience quicaractérise l’administration Bush et sa volonté d’éviter les procédures perçuescomme longues et bureaucratiques. Leur mépris pour les Nations unies enconstitue un exemple frappant. John Bolton représente bien cette attitude : « Les Nations unies n’existent pas. Il y a une communautéinternationale qui peut être dirigée par la seule puissance qui reste, et c’estl’Amérique, quand cela nous arrange et quand nous pouvons les convaincre desuivre. » Impérialisme et libéralisme En raison de sa vision du monde, l’administration Bushcroit qu’une rare occasion s’est présentée depuis le 11 septembre : elle pourrautiliser la supériorité militaire américaine pour améliorer la position à longterme du capitalisme US. Les États-Unis cherchent bien plus que la défaite desréseaux de Ben Laden. Dans le document officiel sur la sécurité nationale, onpeut lire : « Nous sommes conscients du possible renouvellement d’anciennesformes de concurrence entre grandes puissances. Plusieurs grandes puissancespotentielles sont en transformation interne - notamment la Russie, l’Inde et laChine. » Le même document lance un avertissement sérieux à laChine : « Les dirigeants chinois n’ont pas encore pris lesprochaines décisions fondamentales concernant la nature de l’État. En cherchantà développer une capacité militaire avancée… la Chine emprunte une voiedépassée qui, finalement, ne ferait qu’entraver sa poursuite de grandeurnationale… » Au fond, seuls les États-Unis auraient le droit dedévelopper « une capacité militaire avancée ». La commission républicaine surla défense insiste : « Nous ne devons pas avoir honte de la supérioriténucléaire américaine ; au contraire, elle sera un élément clé pour préserver ladirection américaine d’un monde plus complexe et plus chaotique. » Après de telles déclarations, il n’est guèresurprenant que la Russie et la Chine craignent que le retrait du traité sur lesdéfenses antimissile et la mise en place du système de « la guerre des étoiles » soit conçu pour permettre les États-Unis de pouvoir frapper les premiers avecleurs armes nucléaires. Se référant aux systèmes antimissiles, Wolfowitz adéclaré qu’« enfin, les États-Unis peuvent développer des défenses contre lesmissiles sans être contraints par un traité vieux de 30 ans signé avec un paysqui n’existe plus. » Ailleurs, la « guerre contre le terrorisme » a permisaux États-Unis de mettre en place une série de bases militaires en AsieCentrale - une nouvelle région pour eux, et d’envoyer à nouveau ses troupes auxPhilippines, d’où elles avaient été retirées au cours des années 1990. Le maintien de la domination mondiale américaine neconstitue pas le seul objectif de la grande stratégie de l’administration Bush.Elle cherche également à imposer le modèle anglo-américain de capitalismelibéral au monde entier. Dans son introduction au document Stratégienationale de sécurité, Bush affirme : « Les grandes luttes du vingtième siècleentre la liberté et le totalitarisme ont fini par une victoire décisive pourles forces de la liberté, et par un unique modèle durable pour la réussited’une nation : la liberté, la démocratie, et le libre marché. » C’est en effetun type tout particulier d’internationalismequi laisse la liberté aux peuplesde choisir « l’unique modèle durable » - le capitalisme libéral. (Ce texte est une synthèse et une adaptation de la premièrepartie d’un article d’Alex Callinicos parut en anglais dans le numéro 97d’International Socialism, trimestriel du SWP britannique. Des informations surcette publication se trouvent en ligne au http://www.swp.org.uk/ISJ/ISJ.HTM) (tiré du site de Socialismeinternational, revue timestrielle publiée par desmilitantEs de la LigueCommuniste Révolutionnaire) | |
|