Le transhumanisme Le transhumanisme est un mouvement flou, une mouvance intellectuelle liée au développement économique des nouvelles technologies. Il prône l'usage des sciences et des techniques afin de développer les capacités humaines et de dépasser les limitations de l'homme. Le transhumanisme est porté par les développements technologiques contemporains dans l'informatique et les biotechnologies. PARISIEN François-Hugues. Le tranhumanisme. Philosophie, science et humanité. 2015. [en ligne] http://www.philosciences.com De quoi s'agit il ?
Le transhumanisme est une approche interdisciplinaire qui cherche à évaluer les possibilités de surmonter les limites de l'homme grâce aux progrès technologiques. Le développement technique permet d'augmenter les capacités et possibilités de l'homme depuis toujours (de la roue à la maîtrise de l'énergie atomique, en passant par l'imprimerie). Sur le plan philosophique cette possibilité a été valorisée sous le terme de "progrès" par la modernité, mais il y a quelque chose de nettement différent dans le transhumanisme. Le rapport à la technique prend un autre tournure avec les "nouvelles technologies" qui sont beaucoup plus proches du corps de l'homme. En effet, avec les progrès de la biologie et du numérique la frontière entre l'homme et les artefacts s'estompe. L'individu peut entrer en symbiose étroite avec des artefacts (voir l'article sur machine et artefacts) intelligents à titre individuel ou collectivement via internet.
Cette volonté d'augmentation par symbiose soulève des questions scientifiques, sociales et éthiques nouvelles. L'homme serait désormais en mesure d’intervenir techniquement sur sa propre évolution, non seulement à l’échelle de l’individu, mais encore à celle de l’espèce. Il ne s’agit plus seulement « d'augmenter les capacités et possibilités de l'homme », mais de revisiter rationnellement le concept d’eugénisme ! Les progrès technique exigent que nous nous demandions ce que nous voulons faire par rapport à l’humain, et pourquoi. Les dangers d'une telle évolution préoccupent peu le mouvement transhumaniste qui est porteur d'un optimisme qui tranche (agréablement) avec l'ambiance morose actuelle.
Les aspect socio économiques
Cette effervescence idéologique est en relation avec l'économie de la Silicon Valley, et son évolution industrielle. L'argent se déverse massivement du fait de la réussite de Google et des investissements dans les startups innovantes. Nous sommes dans le cadre d'un capitalisme concurrentiel triomphant. Par exemple durant cette année 2015, Bill Maris, l'homme à la tête de Google Ventures, le fonds de placement de l'entreprise chargé d'investir dans les jeunes start-ups digitales, disposera de 425 millions de dollars à placer. Selon des témoignages l’idéologie de la Silicon Valley, c’est celle de la toute-puissance. Les seigneurs californiens rêvent d'être les maîtres du monde, mais il ne faut pas en déduire, selon eux, que « ce serait forcément mauvais pour l’humanité ».
L’Association transhumaniste mondiale a été fondée en 1998, afin d’encourager la discussion, la recherche et augmenter la visibilité de la pensée transhumaniste auprès du public. Les courants américains sont très centrés sur la liberté individuelle et le libéralisme économique, mais l'association « Humanity + » tend à être plus démocratique. En Europe, la réception du mouvement se fait comme d’habitude à travers notre filtre culturel propre. En France, la seule organisation structurée qui se réclame à ce jour du Transhumanisme semble être l’Association Française Transhumaniste : Technoprog ! Selon son président Marc Roux, elle se réclame ouvertement du "Technoprogressisme", autre nom du Transhumanisme démocratique.
Philosophie du transhumanisme
Les idées explicites
Le transhumanisme est une doctrine philosophique prétendant qu'il est possible d'améliorer l’humanité par la science et la technologie. Elle vise à libérer l’humanité de ses limites biologiques, en surmontant l’évolution naturelle. Changer l'humain serait positif, car cela pourrait signifier la libération des contraintes de la nature, comme la maladie ou la mort. La plupart des transhumanistes son athées et matérialistes. L'idée centrale est celle d'un dépassement de l'humain (et non de son élimination) par l'intermédiaire des techniques qui évoluent de manière très rapide. Modestie et mégalomanie combinées
Le transhumanisme est porteur d'une vision de l'homme complètement différente de celle de la tradition occidentale. L'homme est vu comme un être insuffisant et limité qui peut être amélioré et dont les capacités doivent être augmentées. C'est la vision modeste d'un l'homme qui n'est en rien parfait ou divin, mais au contraire faible et limité. On y retrouve la métaphysique de la Gnose de la haute antiquité qui annonçait que la Création, avortée du fait de puissances maléfiques, pourrait être achevée et pleinement réalisée grâce aux savoirs et aux techniques. C'est le vieux d'immortalité qui trouve une nouvelle formulation. Grace à sa fusion avec la bioinformatique l'homme pourrait accédera à l’immortalité et égaler les Dieux.
Transhumanisme et idéologie postmoderne
Le transhumanisme est-il compatible avec l'humanisme ? Rappelons qu’on désigne par humanisme le fait de mettre au premier plan et respecter l'homme dans son être. A ce titre le transhumanisme est un dérivé de l'humanisme car il ne veut pas seulement préserver l'être de l'homme mais l'augmenter, le transformer. Le versant éthique de l'humanisme prône la dignité et la valeur de tous les individus humains et rejette les formes d'assujettissement. Comme indiqué ci-dessus une partie des transhumanistes n'est pas humaniste au sens éthique, car dans une démarche élitiste.
Je citerai à ce sujet Jean-Michel Besnier professeur d'Université à Paris-Sorbonne. Si l'être humain "est exempté des signes du vieillissement, ce monde ressemblerait extérieurement au nôtre. Le télescopage des générations ne sera guère bouleversant dans un contexte où l'on s'habitue à perdre les repères que dictaient dans les sociétés archaïques les structures de la parenté" (*). Dans notre enquête sur les changement civilisationnel et le brouillage philosophique et idéologique en cours nous avons là un élément majeur. Les repères traditionnels de la parenté sont qualifiés d'archaïques, ce qui veut dire ancien mais aussi inutiles et dépassés. En est-on si sûr ? Nous avons là un trait typique de la post modernité l'abolition des repères de base. Alors que la modernité voulait un progrès scientifique et technique dans un cadre humaniste, on voit que le transhumanisme prétend s'affranchir de l'humain.
Tranhumanisme et idéologie néolibérale
Le transhumanisme s'inscrit complètement dans l'idéologie néolibérale de transgression des limites morale traditionnelles. Le néolibéralisme vise l’augmentation des droits individuels et la libéralisation permanente des mœurs, ce qui a pour conséquence une dissolution des valeurs traditionnelles, une transformation sociale profonde. L’idéologie néolibérale sape un certain nombre de bases culturelles des communautés traditionnelles. C'est le cas du transhumanisme.
Zoltan Istvan, candidat à l'élection présidentielles aux USA pour 2016, en parlant des possibilités techniques permettant de changer de genre, de race, de morphologie, des manipulations génétiques ou du clonage, annonce "que chacun s'en servira s'il veut"**. Une telle attitude renvoi à un individualisme absolu faisant fi du collectif, thème caractéristique du néolibéralisme, ici poussé vers l'extrême.
Le transhumanisme comme force politique ?
Zoltan Istvan a créé en 2014 un parti Tanshumaniste.
La platerforme électorale du parti transhumaniste