Les premiers robots
Créer un robot à l’image de l’homme est un vieux rêve qu’en son temps, Léonard de Vinci, a peut-être essayé de concrétiser. Des dessins d’un robot humanoïde apparaissent dans l’un de ses carnets. Il s’agit d’un chevalier capable de bouger.
Nul ne sait si cet inventeur de génie a construit ce robot.
Automate. (Mechanique Museum of San Francisco). By
Zyada .
Licence Seleno, un chien électrique, fait partie des premiers « vrais » robots. Il a été créé en 1912 par des ingénieurs américains.
Il s’agissait d’un chien monté sur une boîte à trois roues. Il se dirigeait grâce à un faisceau électrique. Seleno pouvait s’arrêter ou changer de direction en suivant la lumière.
A partir de 1940, des robots plus sophistiqués sont créés. Parmi eux, Elmer (ELectro MEchanical Robot), une tortue, conçue par W.G.Walter.
Elmer a été construite d’après des observations faites sur le monde animal. Elle possède des capteurs de lumière, est dotée d’une batterie et surtout d’un système nerveux simplifié. Elmer avait pour compagne Elsie.
Les deux tortues, montées sur roues, pouvaient se balader de manière indépendante puis revenir en un lieu précis pour se recharger.
Elles faisaient donc preuve d’une certaine autonomie ce qui est le propre de tout être vivant.
Avec l’avènement de l’informatique dans les années 50, l’Intelligence Artificielle est née.
Mais, il ne s’agissait plus de reproduire les êtres vivants.
L’objectif était de concevoir des programmes capables de reproduire les capacités du cerveau humain.
Horloge chinoise avec un automate. By
gruntzooki .
Licence Les Américains ont englouti des budgets colossaux dans ces recherches qui n’ont jamais été très concluantes.
En effet, un être vivant constitue un tout et pas seulement un cerveau.
Dans les années 1980, les chercheurs sont revenus à l’idée première : celle de concevoir un être mécanique primitif qui soit capable de réagir à son environnement.
Des robots indépendants
A partir des années 1990, l’approche animat prend son envol. Animat signifie « Animal artificiel ».
Il s’agit donc de créer un robot qui possède les mêmes capacités d’adaptation dans son environnement que n’importe quel animal.
Carpe robot de l'Université de l'Essex conçue en 2005 . © londonaquarium.co.uk
On rentre là dans une démarche beaucoup plus complexe. Il ne s’agit plus de créer un programme informatique et de le télécharger pour que votre robot effectue des tâches préétablies.
Il s’agit de créer un être mécanique doué d’autonomie et capable d’interagir avec son environnement.
L’animat peut donc théoriquement se passer de l’homme puisqu’il est capable d’évoluer sans aucune intervention extérieure.
Robot coelacanthe de 70 cm conçu par Mitsubishi . © Mitsubishi Heavy Industries, Ltd
Mais, à ce jour, les animats sont loin d’être parfaits. Les chercheurs se heurtent à un problème qui est celui de l’évolution de l’environnement.
En effet, notre environnement n’est jamais constant et nous devons en permanence réajuster notre comportement.
Nous entrons là dans le monde de l’apprentissage qui s’effectue depuis l’enfance.
Ce qui est vrai pour l’homme est vrai pour l’animal.
L’autre problème est l’autonomie énergétique encore très faible.
Les recherches continuent et d’année en année, ces animats deviennent de plus en plus perfectionnés, de plus en plus autonomes et de moins en moins dépendants de l’homme. Certains chercheurs pensent que les animats pourront pénétrer notre quotidien d’ici une dizaine d’années.
Les robots ont la vedette
Chaque année, de nouveaux robots nous sont présentés. Les applications actuelles sont multiples : recherche, industrie, médical, militaire, exploration spatiale ou sécurité.
Le dernier né est un bébé robot humanoïde qui peut bouger ses bras et ses jambes, parler anglais et saisir des objets.
L’iCub fait partie du programme européen de robotique. Les chercheurs traitent iCub comme un enfant à qui on apprend à mémoriser par les jeux. Il est destiné à devenir un robot ménager.
Parmi les robots récents, Asimo est très prometteur. Conçu par Honda, Asimo est un robot « assistant ». Il a été programmé pour aider l’homme dans ses tâches journalières mais également pour venir en aide aux personnes âgées, y compris celles qui sont handicapées.
Asimo . By
xcaballe .
Licence Parmi les autres projets, citons également le projet européen DustBot dont l’objectif est de concevoir des robots destinés au nettoyage urbain.
Le robot Dust Cart est un robot écologique qui trie les ordures pour vous et les transporte. Outre cette capacité, il peut également servir de plan urbain et de borne d’informations.
D’ici quelques décennies, les robots auront une place à part entière dans notre société. Ils participeront aux tâches quotidiennes et seront employés dans tous les secteurs.
Reconnaissez que cette future collaboration entre l’homme et le robot a de quoi nous fasciner.
Tosy est un robot capable notamment de jouer au ping-ping. (2009). By
Lylodo .
Licence Mais, il est évident également que cela implique le remplacement de l’homme par la machine et donc la perte de nombreux emplois.
C’est ce point là qui me semble le plus critique d’autant plus qu’en parallèle la démographie mondiale ne fait qu’augmenter et le chômage avec.
Si nous souhaitons vraiment faire cohabiter les robots et l’homme, il nous faudra alors entièrement modifier les bases de notre société.
Le fonctionnement actuel n’est pas compatible avec cette cohabitation.
Pourquoi les robots nous fascinent-ils ?
Pourquoi l’homme s’obstine t-il à vouloir créer un être mécanique doué de raison ? Nous vivons dans une société où la machine est devenue reine, souvent au détriment de l’homme.
Plus nos machines deviennent perfectionnées et rentables, plus l’individu perd de sa valeur.
Cette constatation ne nous empêche nullement de continuer nos recherches.
RI-MAN, un robot médical, créé en 2006 au Japon. © RIKEN Bio-Mimetic Control Research Center
Dans certaines circonstances, ces robots peuvent effectivement se révéler très utiles. Imaginez un robot capable de détecter des alpinistes pris sous une avalanche et qui prendrait toutes les décisions appropriées pour les sauver ou un robot qui pourrait récupérer la boîte noire d’un avion tombé en plein océan.
Là où l’homme ne peut intervenir, le robot devient indispensable. C’est notamment le cas pour l’exploration spatiale.
Mais, si les robots nous fascinent, ils nous font également peur, du moins en Occident. Effectivement, en Asie, les robots sont très bien perçus.
La littérature et le cinéma ont largement contribué à entretenir nos craintes. La robotique est associée à notre propre régression.
Posy, un robot japonais créé en 2002. © Silicon Graphics Inc.
A travers les films, les livres ou les séries TV comme I Robot, Terminator ou Battelstar Galactica, les progrès technologiques nous sont présentés comme une menace qui peut aboutir à la destruction de l’humanité.
L’écrivain Asimov, très prévoyant, a eu la bonne idée de programmer les robots afin qu’ils deviennent les gardiens de l’humanité. Mais, comme toujours, un grain de sable vient enrayer le processus et une fois encore les robots se retournent contre leurs créateurs.
Les films de SF sont un exutoire à nos angoisses. Nous avons fait en sorte de devenir l’espèce dominante tout en sachant que d’autres espèces, avant nous, ont dominé le monde pour finalement disparaître.
Aucun règne animal n'est éternel.
Le cinéma donne une image négative des robots. By
zorro-art .
Licence Aucune autre espèce ne peut nous concurrencer. Par contre, la science pourrait bien créer l’arme absolue : un être mécanique plus intelligent, plus fort, plus rapide et surtout immortel.
Si un tel être venait à être créé, pourquoi se contenterait-il du second rôle ? Si conflit il y a, nous ne sommes pas certains de remporter cette guerre là.
Dans leur livre « Des robots doués de vie », les chercheurs Agnès Guillot et J.A.Meyer (Laboratoire d’informatique de Paris 6) écrivent dans leur épilogue :
« Ni anges orientaux ni démons occidentaux, les animats sont avant tout des faits de culture qui dépassent ceux de la fiction : ils contribuent au savoir. Les applications en seront saines ou malsaines, selon l’éthique des chercheurs et des industriels. Mais, cela n’est pas le propre des roboticiens, c’est le propre de l’Homme. »
On ne peut pas leur donner tord mais n’est-ce pas une façon de se décharger de toutes responsabilités ?
C’est sans doute le même type de discours qu’ont dû tenir les scientifiques qui ont créé la première bombe atomique.
Priscilla, un robot humanoïde de Chalmers University en Suisse (2000)
Les chercheurs qui travaillent sur des robots militaires doivent bien se douter que l’utilisation qui va en être faite ne pourra pas être pacifique.
Ceux qui créé des robots sensés remplacer l’homme réfléchissent-ils à l’implication en terme d’équilibre social et économique ?
Ne pas réfléchir aux conséquences de ses propres inventions me semblent un peu léger, voire totalement irresponsable.
Si les robots nous font peur c’est bien parce que nous savons que l’homme en fera, en partie, une mauvaise utilisation.
Et si certains chercheurs se donnent la peine de se dédouaner, c’est bien parce qu’au fond d’eux, ils en ont conscience.
V. Battaglia (04.07.2009)
Imprimer cet article L’Homme va t-il continuer à évoluer ? Les manipulations génétiques influenceront-elles notre évolution ? Le déclin des civilisations est-il inévitable ? Vidéos
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