Kepler a-t-il vraiment découvert de nouvelles Terres ?By Guillaume – 30 juillet 2010
Posted in: Vie scientifique La sonde Kepler, envoyée en orbite par la Nasa en mars 2009, est une véritable chasseuse d’exoplanètes. Juste après avoir été mis en service, ce télescope spatial détectait la présence de 5 exoplanètes super-massives (1). Par la suite, les responsables de la mission annonçaient l’impressionnant chiffre de 706 étoiles semblant posséder des planètes dans leur système.
Mais en avril dernier, la NASA annonçait que 400 objets d’intérêt, vraisemblablement des planètes candidates au titre d’exo-Terres, étaient censurés et leurs données inaccessibles au public avant février 2011 (2). Cette démarche provoqua un tollé auprès de certains astronomes, plaidant en faveur de la libre diffusion des données, tandis que d’autres soutenaient l’initiative, en rappelant que de telles données méritaient d’être correctement vérifiées avant que la presse ne s’en empare.
Le 16 juillet dernier, Dimitar Sasselov, de la mission Kepler, présente les premiers résultats de son équipe lors de la TEDGlobal conference à Oxford. Dans une slide qui a désormais fait le tour du web, il annonce pas moins de 140 planètes « Earth-like » identifiées plus petites que deux fois le rayon de la Terre (< 2Re). La figure est d’autant plus surprenante qu’elle rentre en conflit avec les rares données officielles émises par la mission Kepler. En juin dernier, seuls 38 objets candidats à ce titre avaient filtré !
La présentation, rapidement reprise dans la presse, laisse sceptique. Richard A. Kerr, du magazine
Science, émet des réserves sur cette annonce. Sur le
blog du site Science, il note que ces 140 planètes ne sont en rien confirmées, et encore moins identiques à la Terre !
Sasselov se défend en accusant ses détracteurs de s’être emballés pour rien. Sur le
blog de la NASA, il poste la réponse suivante : «
But most people consider the term ‘Earth-like’ to mean that the planet has an atmosphere, liquid water on its surface, and a temperature conducive to life. In other words, ‘Earth-like’ is often used to mean ‘habitable’. Therefore, Earth-size and Earth-like are certainly not the same. Take the example of Venus, an Earth-size planet whose surface will melt lead. »
Pour qu’une exoplanète puisse prétendre au titre de « exo-Terre », il lui faut donc un rayon comparable à celui de notre planète, mais également une atmosphère et une orbite autour de son étoile comprise dans la « ceinture habitable ». Les 140 objets cités par Sasselov ne répondent pas encore à cette définition; ils pourraient se trouver trop près ou trop loin de leurs étoiles (mondes fournaises, mondes glacés ?) et/ou ne pas présenter d’atmosphère.
Même si la découverte d’exo-Terres est plus que probable, rien n’est encore confirmé pour le moment, tout juste pouvons-nous conclure qu’il existe bien des planètes ayant un rayon comparable à ceux de la Terre, Mars ou Vénus. Il n’en reste pas moins que cette première moisson de petites exo-planètes laisse rêveur quant aux systèmes planétaires de notre voie lactée.
Références :(1) Courtland, R. Kepler telescope spots ‘Styrofoam’ planet.
NewScientist, 4 janvier 2010.
(2) Hand, E. Telescope team may be allowed to sit on exoplanet data.
Nature News, 14 avril 2010.