احمدي نجاد مرحبا بك
عدد الرسائل : 84
تاريخ التسجيل : 11/04/2010 وســــــــــام النشــــــــــــــاط : 2
| | Les événements d'octobre 1970 | |
Les événements d'octobre 1970 Dans le contexte des investigations récentes de EIR [Executive Intelligence Review] sur la synarchie (la faction la plus féodale et la plus conservatrice des milieux financiers internationaux) et ses opérations, telle que la "stratégie de tension" des années 1969-1980 en Italie et en Europe, il conviendrait de réévaluer la véritable portée des événements d'octobre 1970 au Québec et au Canada.
1970 est une année charnière au cours de laquelle ce que l'on allait appeler plus tard les "trentes glorieuses" en occident (i.e. les années 50, 60 et 70) devaient être soudainement arrêtées.
Le Canada était, jusqu'en 1947, connu comme "Dominion du Canada". Ce n'est pas une République mais une monarchie dirigée par la Reine britannique et les canadiens français, qui forment une importante majorité de la Province de Québec, se voyaient confinés au travail manuel ou à des poste cléricaux de bas niveau, tandis que les descendants de l'élite coloniale anglaise tenaient les commandes.
Face à cette situation, les Premiers Ministres Jean Lesage (Parti libéral) et Daniel Johnson (Union nationale) avaient au cours de la période 1960-1968 mis en place des politiques qui devaient donner au Québec un formidable élan de développement dans les domaines économique et social. C'est ce qui devint la "révolution tranquille", un processus bénéfique à la grande majorité de la population. Le Québec sortait de son statut de société pastorale et de l'ère Duplessis.
Aux yeux des cercles financiers internationaux qui exploitaient sans encombre le Canada comme source de matières premières, cette révolution tranquille constituait une menace majeure. Au moment où ces cercles étaient mobilisés contre les tendances "gaullistes" ailleurs dans le monde, il fut décidé de mettre fin au gaullisme au Québec également.
Les milieux indépendantistes québécois les plus radicaux étaient composés de gens provenant de deux horizons fort différents. Le premier courant était celui de l'extrême-droite, formé par les disciples du chanoine Lionel Groulx, proches de l'Action française, qui prônaient un retour à l'agriculture et dénonçaient l'avènement de l'industrie "anglo-saxonne" comme élément étranger à la culture québécoise. Certains de ces activistes réclamaient un rétablissement de la monarchie française au Québec. L'autre courant était celui de l'extrême-gauche, lui aussi hostile au développement d'une industrie moderne, qui ne faisait selon lui que "renforcer l'emprise du capitalisme sur le Québec". Les deux courants cohabitaient et se retrouvaient dans la nostalgie de la période précédant la révolution tranquille. Ces deux courants allaient également dans le sens contraire des intérêts de québécois constituant une classe moyenne de plus en plus forte et devenant trop indépendante aux yeux de la synarchie.
De plus, le nationalisme ou "indépendantisme" québécois constituait une menace pour certains cercles dirigeants de l'OTAN. La logique était qu'il constituait un "danger pouvant mener à la balkanisation du Canada". On parlait même de l'émergence d'un "Cuba du Nord". Le Canada étant signataire et membre du NORAD (accords permettant le déploiement de systèmes de radars dans le grand nord canadien servant à avertir les Etats-Unis d'une éventuelle attaque de missiles soviétiques par l'océan Arctique), il était facile de convaincre certains responsables politiques crédules de l'utilité d'une opération spéciale des forces de l'OTAN et de l'armée canadienne pour asséner un choc à la population québécoise.
La stratégie de tension au Canada devait permettre à la synarchie de concentrer le pouvoir fédéral dans les mains de certains intérêts qui lui étaient fidèles. Le but était de renverser la dynamique de développement économique et social alors soutenue par la grande majorité des canadiens et de la remplacer par une logique post-industrielle visant à ramener le Canada à son statut de colonie et de simple exportateur de matières premières.
Utilisant le "séparatisme" québécois comme levier, l'opération consistait à déclencher la promulgation de la Loi des mesures de guerre le 16 octobre 1970, puis à faire voter par le Parlement canadien la Loi des mesures d'urgences. Votée le 1er décembre 1970, cette version adoucie demeura en vigueur pour une période de cinq mois.
La rapport suivant est basé en grande partie sur le livre du journaliste Pierre Vallières, L'exécution de Pierre Laporte, les dessous de l'Opération Essai (Editions Québec-Amériques, 1977). Pierre Vallières fut un acteur important des événements d'octobre 1970. Provenant de l'aile gauche du mouvement indépendantiste, il fut membre du Front de libération du Québec (F.L.Q.), le mouvement officiellement tenu pour responsable d'attentats à la bombe et des enlèvements du diplomate britannique James Cross et du ministre du Travail du Québec Pierre Laporte.
Un coup bien préparé
La liste des structures et institutions suivante montre clairement que certains milieux parmi les autorités en place anticipaient la crise d'octobre 1970, et que cette crise devait nécessairement mener à la promulgation de la Loi des mesures de guerre, l'objectif premier de toute l'opération.
Au niveau fédéral (Ottawa):
- Basé à Ottawa, le Centre des opérations stratégiques (S.O.C.), assurait la liaison entre l'armée et le gouvernement Trudeau. Son existence ne fut révélée qu'en 1975, ainsi que celle du Centre national de planification des mesures d'urgences (C.N.P.M.U.), qui lui était étroitement associée. Au vu de ce que nous savons aujourd'hui, on peut imaginer que ces centres avaient pour mission d'élaborer et de mettre en œuvre des scénarios pouvant mener à la promulgation de la Loi des mesures de guerre.
- Création du Comité du 7 mai 1970 : formé par le gouvernement fédéral, dans le sillon des élections du 29 avril 1970 (voir plus loin). Cette décision ne fut divulguée que le 23 décembre 1971 par le Globe and Mail.
Au Québec:
- Opération Essai, dérivant d'un premier plan élaboré à partir de 1960 par la Section de planification des opérations de l'armée pour le Québec (Planning and Operations Section of the Quebec Command). L'année 1960 marque l'arrivée de Jean Lesage à la tête du gouvernement québécois et le lancement de la "révolution tranquille".
- 1966 : regroupement des trois armes (aviation, armée de terre et marine) et création d'un nouveau Commandement mobile de l'armée logé sur la base militaire fédérale de Saint-Hubert.
- 1969 : création, par le Commandement mobile de l'armée, de la Civil Emergencies Section, dont la fonction sera de réduire à un nombre restreint de personnalités politiques pré-selectionnées les contacts avec l'armée.
- 7 juin 1970 : Michel Côté, directeur du Contentieux de la Ville de Montréal, est secrètement nommé à la direction de l'Escouade combinée anti-terroriste (C.A.T.). Son rôle sera de contrôler le Maire de Montréal Jean Drapeau.
Au niveau international:
- Reste à explorer plus avant certaines liaisons avec l'armée américaine et l'OTAN : en premier lieu le Revolt Project et/ou le Plan Revolt, révélé en févier 1966 par les journaux de Toronto, plan élaboré en 1962 dans les couloirs du Pentagone américain. En second lieu le Projet 210 de l'OTAN (1966) pour veiller à la sécurité intérieure du Canada : infiltration des syndicats, des milieux indépendantistes, des universitaires et des partis politiques.
Chronologie des événements d'octobre 1970
Cette chronologie des événements remet en cause la thèse officielle et montre les nombreuses contradictions qui en découlent.
- 1965 : un sergent du F.B.I., Roy Wood, du Black Nationalist Front, monte des opérations avec des québécois pour faire sauter des monuments comme la Statue de la Liberté et le Washington Monument.
- 1966 : élection de Daniel Johnson comme Premier Ministre du Québec.
- 1967 : Charles de Gaulle visite le Québec, dans le cadre de l'Exposition universelle et sur l'invitation de Daniel Johnson.
- 26 septembre 1968 : Décès de Daniel Johnson, proche de Charles de Gaulle, dans des circonstances qui soulèvent encore plusieurs questions. Il est officiellement décédé d'une crise cardiaque. Une deuxième visite de de Gaulle, prévue vers la fin de l'année 1968, ne se concrétise pas.
- 1968-1970 : multiplication de manifestations violentes à Montréal.
- La Civil Emergencies Section prévoit de "sérieux troubles" pour les élections d'avril et prévoit même de mobiliser l'armée pour "protéger le vote démocratique".
- Election provinciale du 29 avril 1970 : le vote indépendantiste atteint 23% des suffrages.
- Février et juin 1970 : deux complots d'enlèvement sont déjoués par la police de la C.U.M. (Communauté urbaine de Montréal). Celui de juin 1970 prévoyait une action des felquistes Lanctôt et Marcil au Consulat des Etats-Unis.
- 27 mai 1970 : article dans le journal La Presse concernant le rôle de l'armée dans le règlement de désordres civils au Canada. Cet article stipule que d'éventuelles opérations militaires éventuelles relèveraient du Commandement mobile basé à Saint-Hubert. Vallières estime qu'"à la fin de l'été 1970, tout était prêt et les liaisons entre l'armée et les corps policiers concernés étaient devenues hebdomadaire et parfois quotidienne". Il ajoute qu'"en juin, le contenu du manifeste d'octobre avait déjà été publié par certains journaux, à la suite de l'avortement de l'opération "Lanctôt-Marcil" qui visait le Consul des Etats-Unis à Montréal; les revendications felquistes étaient connues; et, enfin, les bases d'opération du F.L.Q. (à l'exception de l'appartement loué en septembre à Montréal-Nord par Cossette-Trudel) avaient été démantelées ou repérées par la police. Le F.L.Q.-1970 était sous contrôle en octobre et aucune surprise n'était possible."
L'enlèvement de James Cross:
- 5 octobre 1970 : enlèvement du diplomate britannique James Cross. Le premier geste de la police est de se rendre à la résidence du consul de Grèce ! La piste des ravisseurs était perdue. Ceux-ci demandent la publication du manifeste du F.L.Q. et la libération des prisonniers politiques.
- Le 5 octobre : "Deux heures après l'enlèvement du diplomate, un journaliste de La Presse, Jean de Guise, écrit que les exigences du F.L.Q. seront vraisemblablement les mêmes que celles contenues dans le manifeste saisi par la police en juin 1970. De Guise établit également un lien entre l'enlèvement qui vient de se produire et Jacques Lanctôt, qui avait été arrêté en février 1970 en relation avec un autre complot d'enlèvement et dont le frère, François, avait été, quant à lui, arrêté en relation avec le complot de juin. Ses déductions sont justes, mais la police affirme nager en plein mystère !"
- 7 octobre : 13h00. Mme Cross identifie, à partir de photos fournies par la police, Jacques Lanctôt comme étant l'un des ravisseurs de son mari.
- 8 octobre : le manifeste du F.L.Q. est publié, mais les négociations se poursuivent pour la libération des prisonniers politiques.
L'enlèvement de Pierre Laporte : la crise s'accélère
- 10 octobre (17h40) : le ministre québécois de la Justice fait part de la décision finale des autorités : un refus catégorique de libérer les prisonniers politiques, comme le demandaient les ravisseurs de James Cross.
- 10 octobre (18h18) : Pierre Laporte, vice-Premier ministre et ministre du Travail et de l'Immigration est enlevé en face de son domicile, alors qu'il s'apprêtait à jouer au ballon avec son neveu. Pierre Laporte était le numéro deux du gouvernement et son domicile bénéficiait, à ce titre, d'une "surveillance spéciale" de la police. Mais la première chose que fit la police en réponse à un appel reçu dans les deux minutes suivant l'enlèvement de Pierre Laporte, ce fut (encore une fois) de se rendre au mauvais endroit !
- Vallière écrit : "Les six témoins oculaires de l'enlèvement de Pierre Laporte (son neveu, son épouse et ses voisins) affirmèrent unanimement que les ravisseurs étaient 'clean cut' et bien habillés, ce que confirma aux journalistes le sergent Desjardins le soir de l'enlèvement. (...) Un autre témoin, employé d'une station d'essence du boulevard Taschereau, a raconté, quant à lui, que peu de temps avant l'enlèvement du ministre, des inconnus lui ont demandé quel chemin prendre pour atteindre la rue Robitaille. "J'ai cru, a-t-il ajouté, qu'il s'agissait de policiers ou de journalistes, car l'un deux portait quelque chose ressemblant à un walkie-talkie"."
- Nuit du 12 au 13 octobre : le Commandement mobile de l'armée dépêche un émissaire auprès du ministre québécois de la Justice, Jérôme Choquette, afin qu'il signe, au nom du cabinet Bourassa, la lettre demandant l'intervention de l'armée. Le cabinet n'est pas encore consentant et Choquette promet de continuer ses efforts visant à convaincre les membres récalcitrants.
- 15-17 octobre : débat "pour la forme" au Parlement canadien sur l'opportunité de la proclamation de la Loi des mesures de guerre. Résistance de l'opposition jusqu'au samedi 17 octobre. La découverte du cadavre de Pierre Laporte prouve a posteriori la nécessité d'avoir déclenché ces mesures le 16 octobre (voir ci-dessous).
- 15 octobre (14h00) : premiers déploiements de l'armée canadienne au Québec, après une requête de Bourassa demandant son intervention.
- 15 octobre (21h00) : Bourassa durcit le ton et accorde un délai final de 6 heures aux ravisseurs de James Cross et de Pierre Laporte.
- 16 octobre (dans la nuit) : le Premier Ministre Bourassa signe une lettre rédigée par le ministre fédéral de la Justice Marc Lalonde, demandant l'application de la Loi sur les mesures de guerre. Plusieurs milliers de soldats sont déjà déployés dans les rues de Montréal et de la Capitale fédérale Ottawa. Avec la Loi des mesures de guerre - dont le déclenchement se fait sans être voté par le Parlement - le couvre-feu fut imposé, les libertés civiques furent suspendues, et la fouille de domiciles privés sans mandat devint légale. Plusieurs centaines de personnes furent arrêtées.
- 16 octobre (04h00) : le Gouverneur général en conseil approuve l'émission d'une proclamation d'urgence qui rend automatiquement opérante la Loi des mesures de guerre.
- 17 octobre (16h00) : un appel à la station de radio CKAC d'un membre de la Cellule "Dieppe (Royal 22e)" (le Royal 22e est le nom d'un régiment canadien français qui n'était pas, étrangement, à Dieppe lorsque des milliers de québécois périrent), une troisième cellule du F.L.Q. jusqu'alors inconnue, annonce que Pierre Laporte a été exécuté. Les communiqués précédents étaient tous issus de la Cellule Libération du F.L.Q., celle qui détenait James Cross et qui parlait également au nom de la Cellule Chénier, dont les membres étaient les présumés ravisseurs de Pierre Laporte. La cellule Libération, qui semblait elle-même se méfier, avait d'ailleurs émis vers midi un communiqué invitant la presse à dénoncer le "coup monté" par les autorités fédérales. La police a interdit la publication de ce communiqué, jusqu'au 8 décembre. L'annonce de l'exécution de Pierre Laporte par la Cellule Dieppe constituait ainsi une surprise de taille.
- Le cadavre de Pierre Laporte est retrouvé dans le coffre d'une voiture (la même ayant servi à son enlèvement et dont l'immatriculation avait été relevée par des témoins lors de l'enlèvement) plus tard dans la soirée, sur la base militaire de Saint-Hubert, à deux pas du quartier général du Commandement mobile de l'armée !
- Dans les heures ayant suivi le décès de Pierre Laporte, les forces de l'ordre ont diffusé le signalement de Paul Rose et de Marc Carbonneau, mais pas celui Jacques Rose, Francis Simard, et Bernard Lortie. Paul Rose, Jacques Rose et Francis Simard (membres présumés, avec Bernard Lortie, de la cellule Chénier, alors que Marc Carbonneau et Jacques Lanctôt faisaient partie de la cellule Libération qui détenait James Cross) étaient fichés et suivis depuis au moins 1968. Ces trois individus s'étaient rendus au Texas (peut-être même jusqu'au Mexique) depuis septembre 70 et auraient décidé de rentrer précipitamment au Québec après l'enlèvement de James Cross. Les nombreux déplacements des membres de la cellule Chénier au cours de la période de séquestration de Pierre Laporte (ainsi que l'emprisonnement temporaire de Jacques Rose et de Francis Simard du 15 au 17 octobre) tendent à montrer que quelqu'un d'autre surveillait le ministre, et que le rôle des membres de cette cellule dans sa séquestration et son exécution était très secondaire, sinon simplement figuratif.
- 19 octobre : "découverte" de la maison où Pierre Laporte avait été, selon la thèse officielle, détenu et assassiné : le 5630 rue Armstrong, à Saint-Hubert, près de la base militaire du même nom. Le problème est que cette maison avait été visitée par la police au cours de la période où devait se trouver le ministre, sans qu'elle ne l'y aperçoive. Par ailleurs, Bourassa avait affirmé à Mme Laporte le 14 octobre que la police avait repéré l'endroit ou était détenu Pierre Laporte : "Sa délivrance n'est qu'une questions d'heures, nous attendons seulement un moment opportun pour intervenir sans danger". Une question s'impose : cet endroit était-il bien le 5630 de la rue Armstrong ?
- 2 novembre : le ministre fédéral John Turner dépose un projet de loi sur les mesures d'urgence, calqué sur la Loi des mesures de guerre. Cette loi sera effective pendant 5 mois, après son adoption par le Parlement le 1er décembre.
- 3 décembre : la loi sur les mesures d'urgence reçoit la sanction royale. Au même moment, James Cross est libéré et ses ravisseurs (de la cellule Libération) obtiennent un sauf-conduit pour Cuba.
- Fin décembre : arrestations de Paul et de Jacques Rose, ainsi que de Francis Simard. Le coroner conclut son rapport sur la base d'aveux non signés. Paul Rose refuse de reconnaître, même oralement, les aveux qui lui sont attribué ; il sera pour sa part, même s'il était aux mains de la police, jugé in absentia.
- 31 mars 1971 : condamnation de Paul Rose, Bernard Lortie et Francis Simard à des peines de prison à perpétuité. Jacques Rose, qui sera jugé plus tard, sera quant à lui acquitté. La couronne ne fera pas appel de ce jugement. Jacques Lancôt et Marc Carbonneau étaient quant à eux en exil à Cuba.
Si l'on s'en tenait au termes mêmes de la Loi des mesures de guerre, le pays entier était sur le point de sombrer dans l'anarchie et la violence. Mais la réalité est fort différente : le FLQ était une organisation minuscule, constituée de deux cellules totalisant une dizaine de membres. Mais, selon l'article 2 de la Loi des mesures de guerre [traduction libre de l'auteur] :
EVIDENCE DE GUERRE La publication d'une proclamation par Sa Majesté, ou sous l'autorité du Gouverneur en Conseil constituera l'évidence concluante qu'une guerre, invasion ou insurrection, réelle ou appréhendée existe et a existé pour toute période de temps s'y trouvant déclarée, ainsi que de sa continuation, jusqu'à publication d'une nouvelle proclamation déclarant que la guerre, l'invasion ou l'insurrection en question n'existe plus.
Jusqu'en 1970, la Loi des mesures de guerre, qui fut votée en 1914 par le Parlement canadien, n'a été proclamée que deux fois : lorsque le Canada entra dans la Première guerre mondiale en 1914, et idem pour la Seconde guerre mondiale en 1939. Ici, nous devons prendre à la lettre l'opinion personnelle du Gouverneur général, selon qui le Canada faisait face à l'"évidence concluante" d'un état de guerre, ce qui n'était évidemment pas le cas.
Qu'est-ce que la victime elle-même pensait de tout cela ? Tout ce que nous savons est que nulle part dans ses lettres à Robert Bourassa lors de sa séquestration Pierre Laporte n'a fait mention du FLQ, et que son épouse ainsi que la plupart de ses amis n'ont jamais cru la version officielle des faits. Un rapport de la G.R.C du 3 mars 1971 indique que madame Laporte estimait que son mari avait été exécuté par les autorités.
Il existe un parallèle frappant entre l'enlèvement et le meurtre de Pierre Laporte et celui de l'ex-premier Ministre italien Aldo Moro en 1978, jusqu'à la manière dont la police a tourné autour du pot dans recherche du lieu de séquestration. Dans les deux cas, les événement subséquents ont montré que l'intention réelle n'était pas de libérer les victimes, mais d'utiliser la crise pour changer la donne politique en faveur d'intérêts financiers de haut niveau.
Epilogue
Il est d'une part surprenant que tant d'acteurs de cette période puissent se prévaloir d'une réussite matérielle et sociale aussi importante. Au moment même où la synarchie relance sa stratégie de tension sur l'Europe et dans les Amériques, il semble qu'il soit devenu nécessaire de renforcer le contrôle sur les principaux acteurs des événements d'octobre 1970, afin d'éviter qu'ils n'en divulguent trop ouvertement les véritables dessous.
Jacques Lanctôt est aujourd'hui devenu éditeur. Sa maison a publié une collection d'une centaine de titres, portant sur des questions culturelles, sociologiques, psychologiques et comportant des essais politiques reliés au mouvement indépendantiste. Télé-Québec a diffusé le 11 mars 2004 un documentaire cinématographique, "Otage", construit autour d'entrevues avec Jacques Lanctôt, le ravisseur de James Cross, et la famille Cross elle-même. James Cross, âgé de 82 ans au moment de l'entrevue, est récemment décédé, alors qu'il vivait en Angleterre. Ce documentaire a été complété au début de l'année 2004.
Un article du 21 janvier 2004 dans le quotidien québécois Le Devoir révèle que Paul Rose vient de terminer l'écriture des synopsis de 13 épisodes devant constituer une télésérie sur "l'engagement social et politique de sa famille". Après avoir purgé une peine de prison de 12 ans, Rose explique que sa télésérie portera sur la période 1942-1995, qu'elle aura certes une part autobiographique, mais aussi "une dimension d'enquête sociologique". La société Go-Films et le réalisateur Alain Chartrand seraient intéressés au projet, mais la chaîne de télévision Télé-Québec a refusé de s'y associer. Le dossier est toutefois encore à l'étude à la chaîne nationale de Radio-Canada.
| |
|