Attentats en Algérie : quand les rivalités impérialistes déciment les populations Publié par Révolution Inte... le 29 October, 2007 - 23:46
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En Algérie,rien ne sera épargné à une population pourtantdéjà réduite à la misère, dans sagrande majorité. L’année 2006 avait déjàconnu une nouvelle vague d’attentats tous plus barbares etinhumains les uns que les autres. Mais, au cours de cette année,et notamment pendant la fin de l’été, on a vu unenouvelle recrudescence de la violence aveugle, faisant craindre lepire à une population vivant dans une peur permanente.
Au mois defévrier dernier, des explosions quasi-simultanées onteu lieu dans un rayon d’une trentaine de kilomètres, àBoumerdès et à Tizi-Ouzou en Kabylie. Ces attentats ontété immédiatement revendiqués par ungroupe proclamant appartenir à la branche d’Al-Qaïda auMaghreb. C’est aussi apparemment ce même groupe qui auraitperpétré des attaques à la voiture piégéeau mois d’avril contre le Palais du gouvernement, faisant plusieursdizaines de morts et 162 blessés. Le 6 septembre dernier,c’est le cortège du président Bouteflika qui a étépris pour cible lors de son voyage dans la région des Aurès.Cet attentat ne toucha pas le président, mais a fait ànouveau plusieurs dizaines de morts et des centaines de blessés.L’histoire récente de l’Algérie est ainsi unetriste suite d’attentats, de meurtres en séries et detueries atroces, visant bien souvent sciemment femmes et enfants.
Depuis1952, la population algérienne ne connaît que guerres etmassacresPeut-êtreque les jeunes générations ouvrières, en Franceet en Algérie, n’ont pas en mémoire le drame que futla tristement célèbre guerre d’Algérie. En1952, une fraction de la bourgeoisie algérienne livre bataillecontre la France, pays colonisateur, entraînant la populationdans une guerre sans merci. Massacres et tortures furent pendanttoute cette période le lot quotidien de la population, unepopulation sans défense, prise au piège dans cettelutte à mort que se livrent la bourgeoisie française etla bourgeoisie naissante de l’Algérie.
Aprèsdix années de conflit meurtrier (plus de 23 000 tuésparmi les appelés du contingent français et surtout aumoins 400 000 morts au sein de la population algérienne,massacrée des deux côtés), l’arméefrançaise se retire, vaincue. Mais la déclarationofficielle de « l’indépendance » del’Algérie n’a en rien signifié le répit etla paix. Pour la population de cette région, ce fut toutsimplement une bourgeoisie qui en chassa une autre, elle ne fit quechanger de maître, d’exploiteur et d’oppresseur. Pire, cefut une bourgeoisie algérienne particulièrement brutaleet sanguinaire qui prit les rênes du pouvoir : une castemilitaire issue du FLN. Cette caste fit dès lors supporter detout son poids la corruption généralisée àtous les travailleurs et la répression systématiquepour les récalcitrants. Cela a été le prix,durant des années, de la “paix sociale” algériennedont les détracteurs étaient jetés en prison ouéliminés, avec la bénédiction de…l‘Etat français qui gardait évidemment, bon an malan, un certain contrôle partagé de l‘Algérie.
En 1992,même ce faux-semblant de « paix »s’écroule. Après l’effondrement de l‘URSS et lemouvement international de “démocratisation” lancéà l’époque sous la pression de l’Etat américain,le pouvoir algérien organise des élections “libres”.Le score historique des islamistes du FIS (Front Islamique du Salut),qui ne pouvait déboucher que sur l‘éviction des vieuxcaciques militaires algériens, pousse ces derniers àannuler le résultat de ces élections législatives.L‘Algérie rentre à nouveau dans une guerre civile quin’a cessé depuis lors.
Lesattentats de ces derniers mois sont donc un énièmeépisode sanglant de cette histoire tragique. Dans ce pays, lesorganisations armées terroristes changent de nom mais labarbarie demeure. Hier, c‘était les GIA (Groupes IslamistesArmés) qui semaient la mort. Aujourd’hui, c’est sous lescoups de l’ex-GSPC (Groupe Salafiste pour la Prédication etle Combat) qui semble avoir fait allégeance au réseaud’Oussama Ben Laden, que tombe la population.
Celadit, il n’est pas certain, loin s‘en faut, que d’autresfractions de la bourgeoisie algérienne ne soient pas mêléesplus ou moins directement à tous ces massacres. En effet, onsait que, depuis 1992, bien des crimes, des attentats, des viols etdes enlèvements en masse ont parfaitement étéidentifiés comme ayant été perpétréspar des fractions du pouvoir et de l‘armée algérienneelle-même. Ces fractions de l‘armée se sont servis del‘état de guerre “
contre leterrorisme islamiste” pour d‘uncôté en rajouter dans la terrorisation de la populationet justifier les mesures de répression et, d‘un autre côté,régler des conflits internes au sein de la junte militaire aupouvoir. Dans ce panier de crabes que constitue l‘Etat algérien,qui fait subir à la population toutes sortes de rackets et demenaces, perpétrer des attentats et autres massacres afin depouvoir en accuser une fraction rivale est ainsi devenu monnaiecourante.
Il est doncdifficile de savoir quelle fraction de la bourgeoisie algériennea été l’auteur de la dernière vagued’attentats. Mais s’il est un fait certain, c‘est que jamaistoute cette horreur n’aurait pu prendre une telle ampleur sans laparticipation active des grandes puissances impérialistesmondiales.
Seulle capitalisme est responsable de toute cette barbarieDepuismaintenant plus de quinze ans, la France et les Etats-Unis sedisputent le contrôle de l’Algérie. L’impérialismeaméricain est ainsi venu chasser sur des “terres”traditionnellement sous influence française. Tel est parexemple le sens du projet actuel de libre-échange prévuentre l’Algérie et les Etats-Unis. Ceprojet entre dans le cadre de la tentative américaine derenforcer son influence dans toute l’Afrique du Nord en passant pardes accords commerciaux avec le gouvernement algérien qui se vend au plus offrant. Hier encore, soutenant ouvertement les groupesarmés islamistes anti-gouvernementaux dans ce pays, lesEtats-Unis semblent aujourd’hui avoir changé leur fusild’épaule. La preuve en est qu’ils ont signé, aumois de juin dernier, un accord sur le nucléaire qui prévoitni plus ni moins une collaboration directe entre les laboratoiresalgériens et américains du Commissariat àl’énergie atomique. On est loin ici du discours sur laquestion du nucléaire iranien ! Bien entendu,l’impérialisme français ne pouvait pas rester sansréaction devant un tel pied de nez venant des Etats-Unis. LaFrance s’est donc tout naturellement empressée de faire despropositions analogues au gouvernement algérien. Mais lesimpérialismes français et américain ne sontplus aujourd’hui les seuls à courtiser ainsi l’Algérie.Pas plus la Russie de Poutine que la Chine ne veulent rester àl’écart de tout ce sordide marchandage. En 2006, pendant lavisite de Poutine à Alger, le président russe a effacéd’un trait de plume la dette estimée à 4,7 milliardsde dollars contractée par l’Algérie envers la Russiependant les années 1960 et 1970 en échange de vented’armes.
Ceque représente l’Algérie pour tous ces prédateursimpérialistes, au-delà de la question immédiatedu pétrole, devient clair lorsque l’on se réfèreau projet américain de réaliser le Grand Moyen-Orientdu président Bush. Certes, les ambitions américaines nepeuvent qu’être fortement revues à la baisse dans cedomaine face à leur lamentable échec en Irak et àl’affaiblissement accéléré de leur leadership.Mais le projet américain, même s‘il est probablementdevenu irréalisable, de construire une zone de contrôleallant de la mer Caspienne à l’Afrique du Nord, en passantpar le Moyen-Orient, exprime l’importance stratégique decette région pour quiconque veut tenter de contrôler lebassin méditerranéen1.
Il n’y a,par conséquent, pas de pause à attendre dansl’explosion de l’horreur dans ce pays ! La déstabilisationen cours de l’ensemble du monde arabo-musulman, sous les coups deboutoir du déchaînement des rivalitésimpérialistes grandes ou petites, ne peut que plonger toujoursun peu plus cette région du monde dans le chaos.
Tino
1De même que le rêve concurrent démesurémentprétentieux de Sarkozy d‘instaurer sous la houlette de laFrance une “Union de la Méditerranée” déjàtrès contestée en Europe, notamment par l‘Allemagne.