** متابعات ثقافية متميزة ** Blogs al ssadh
هل تريد التفاعل مع هذه المساهمة؟ كل ما عليك هو إنشاء حساب جديد ببضع خطوات أو تسجيل الدخول للمتابعة.
** متابعات ثقافية متميزة ** Blogs al ssadh

موقع للمتابعة الثقافية العامة
 
الرئيسيةالرئيسية  الأحداثالأحداث  المنشوراتالمنشورات  أحدث الصورأحدث الصور  التسجيلالتسجيل  دخول  



مدونات الصدح ترحب بكم وتتمنى لك جولة ممتازة

وتدعوكم الى دعمها بالتسجيل والمشاركة

عدد زوار مدونات الصدح

إرسال موضوع جديد   إرسال مساهمة في موضوع
 

 PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple

اذهب الى الأسفل 
كاتب الموضوعرسالة
فدوى
فريق العمـــــل *****
فدوى


التوقيع : PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple I_icon_gender_male

عدد الرسائل : 1539

الموقع : رئيسة ومنسقة القسم الانكليزي
تاريخ التسجيل : 07/12/2010
وســــــــــام النشــــــــــــــاط : 7

PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Empty
14022016
مُساهمةPHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple

PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Ph994726
PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Ph060227
PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Ph060065
PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Ph999467
PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Ph060225
PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Ph060078
PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Ph999535
PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Ph999534
PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Ph991939
PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Ph060050
PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Ph060038
PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Ph060062

Afficher la liste complète (21 médias)

Depuis les années 1960, la photographie créatrice non seulement obtient droit de cité parmi les autres arts, mais encore inspire bien souvent leurs démarches. Elle, dont le problème fut toujours de s'affirmer comme art sans en imiter aucun, se trouve à son tour imitée mais ne doit pas pour cela laisser dissoudre ses qualités particulières.
L'hyperréalisme (qui est surtout un photoréalisme), le body art, l'earth-art et l'art conceptuel adoptent la photo comme un modèle d'objectivité ou un moyen relativement neutre de communiquer un acte ou une pensée à l'état pur. Cependant, dans l'incertitude où elle est encore de sa situation parmi les arts, la photographie proprement dite continue de tirer une constante interrogation sur ses caractères spécifiques. La voici donc d'emblée là où en sont les autres arts depuis quelque temps : se définir par une perpétuelle mise en question de sa définition.
Comme chaque discipline technique accédant au niveau de la création, la photographie est tenue de s'envisager tout entière comme espace de création. L'épanouissement actuel ne signifie pas le repliement de l'expression photographique sur un seul genre, plus « artistique » et sophistiqué. Certes, l'amateur comprend de mieux en mieux le long et délicat travail nécessité par un tirage de qualité et qui interdit, bien plus encore que pour lagravure, toute multiplication industrielle. Mais il n'empêche que la création personnelle reste plus que jamais présente et ouverte dans tous les genres quotidiens de la photo, à commencer par le reportage et l'illustration. Un des signes de cet achèvement culturel est qu'aucune tendance ni aucune technique n'en sont désormais exclues. Depuis le photomaton jusqu'aux manipulations raffinées qui nécessitent l'exemplaire unique, tout est donc possible au royaume de la création photographique.
Il fallait pour cela surmonter les vieux tiraillements entre une photo objective et réaliste et une photo subjective. Libre de déformer les données de la réalité, contrainte de renoncer à atteindre l'objectivité totale, mais aussi obligée d'abandonner l'espoir de se passer du reflet de la réalité, la photographie actuelle tend à renoncer à ces querelles et à les dépasser en manifestant que le constat photographique le moins manipulé est tout autant constat sur la vie intérieure du photographe. L'image du monde extérieur met à nu un instant vécu par celui qui l'a saisie. Et, comme le pressentait déjà Minor White, la photographie tend à rejoindre, avant même les autres arts, ce point radical où voir et découvrir sont aussi inventer, et même plus qu'inventer, créer.

[size=22]1.  Un art en plein essor

La photographie – art de fixer la trace de la lumière – occupe une place grandissante dans la culture de notre temps. Les signes en sont nombreux, avec une avance marquée des États-Unis où Alfred Stieglitz la fait entrer dans les musées dès le début du XXe siècle, où le département de photographie du Museum of Modern Art de New York est créé en 1940, où Kodak fonde la George Eastman House (aujourd'hui International Museum of Photography) en 1949 ; sans compter le rôle traditionnel de la Library of Congress de Washington, du Metropolitan de New York et du musée de Philadelphie. La présence de la photo au musée est devenue, là, normale ; citons, parmi les plus dynamiques : le Fogg Art Museum (Harvard University) de Boston, l'Art Institute de Chicago, le Museum of Art de San Francisco, le Center for Creative Photography à Tucson (Arizona). En 1974, Cornell Capafondait l'International Center of Photography à New York, avec ses collections, ses expositions, ses conférences... Au Canada, ce sont les collections de la Galerie nationale d'Ottawa et l'activité de l'Office national du film. En Europe, le temps perdu se rattrape autour des collections déjà anciennes du département des Estampes et de la Photographie de la Bibliothèque nationale, de la National Portraits Gallery et du Victoria and Albert Museum de Londres, du Folkwang Museum d'Essen, du Museum Ludwig à Cologne, du Prentenkabinet de Leyde (Pays-Bas). Des centres nouveaux s'ouvrent ou sont établis : au musée de l'université de Parme (Italie), au Kunsthaus de Zurich (Suisse), au Stedelijk Museum d'Amsterdam, au Moderna Museet de Stockholm, au musée des Arts décoratifsde Prague, à Lodz en Pologne, à Siaulai en Lituanie. En Australie, il y a l'Australian Center for Photography de Sydney. En France, le musée Nicéphore-Niepce de Chalon-sur-Saône, la galerie municipale du Château-d'Eau à Toulouse témoignent du dynamisme de la province. À Arles, le musée Réattu est inséparable d'un festival annuel qui est la plus grande rencontre mondiale d'auteurs et d'amateurs. Enfin, en 1978, le congrès de Mexico a montré l'éveil à elle-même de la photo latino-américaine.
Un autre signe de la vitalité de la photographie est l'essor des galeries privées qui commercialisent les photos comme œuvres d'art, parfois en tirage limité, bien que cet article n'ait pas beaucoup d'importance aux yeux du véritable amateur. Les États-Unis, là aussi, ont donné l'exemple, et si les tentatives méritoires de Julien Levy, en 1932, et de Helen Gee, en 1954, furent prématurées, on a assisté à la réussite de Lee Witkin à New York depuis 1969 et de Harry Lunn à Washington depuis 1971. De fameux marchands ont suivi, comme Sydney JanisCastelli, Marlborough, Zabriskie, Sonnabend, et on compte aujourd'hui par centaines les galeries de photos aux États-Unis. En Europe, après Il Diaframma (Milan) en 1967 du pionnier et grand animateur Lanfranco Colombo, on a fondé des galeries de plus en plus nombreuses qui ont parfois réussi : à Londres (Photographers' Gallery de Sue Davis), à Southampton, à Vienne (Autriche), à Amsterdam, à Cologne, à Aix-la-Chapelle, à Berlin, à Barcelone, à Madrid (où le Fotocentro, né dumécénat privé, déborde de beaucoup l'activité d'une simple galerie)... À Paris, une galerie comme celle d'Agathe Gaillard et quelques autres ont déjà fait largement leurs preuves. La revue multilingue Print Letter, de Zurich, suit ces activités. Les périodiques consacrés à la photographie sont nombreux, mais peu sont d'une tenue véritablement artistique. Aux États-Unis, Aperture est un modèle de raffinement, mais Afterimage, organe du Visual Studies Center de Rochester, animé par Nathan Lyons, est la meilleure revue pour ses textes. En Europe, Camera (Lucerne) est une classique de portée internationale ; Creative Camera (Londres) suit la jeune photographie. Jusqu'à Zagreb (Croatie) avec Spot et jusqu'en Australie avec Light Vision, d'heureuses tentatives voient le jour. Le domaine de l'édition de livres de photos est trop diffus pour être même résumé ici, mais en France Robert Delpire, les éditions du Chêne, en Allemagne Schirmer and Mosel, aux États-Unis Aperture, Lustrum Press doivent être cités, comme les courageuses tentatives que représentent Contrejour et Créatis à Paris. D'ailleurs, les jeunes photographes tendent à s'exprimer le plus directement possible en assumant eux-mêmes la diffusion de leur travail. Cependant que de luxueux et très coûteux portfolios de photos véritables en tirage limité (chez Parasol Press, Lunn, Castelli, Sonnabend...) sont dignes des éditions de gravure originale.
Ce n'est qu'aux États-Unis que l'appartenance de l'enseignement de la photographie au domaine de la culture est reconnue : à l'université de Princeton, à l'Institute of Design de Chicago, au Massachusetts Institute of Technology, au Rochester Institute of Technology, à la San Francisco State University, à Albuquerque (New Mexico). L'Europe souffre d'un retard considérable en dépit de la qualité de professeurs comme Otto Steinert et ses successeurs à Essen, de Floris Michael Neusüss à Kassel (Allemagne), de Jean-Pierre Sudre en France, et de la Trent Polytechnic School de Nottingham.

2.  Les mouvements nés au cours des années 1950

Les tendances actuelles ont leurs racines les plus immédiates dans trois mouvements principaux des années 1950 : le reportage humaniste, la photographie de libre expression ou « subjective », la photographie comme vérité intérieure de l'artiste. C'est autour de ce dernier problème que, depuis les années 1970, s'est manifesté l'essentiel de la création photographique alors que l'opposition entre photo-témoignage et photo-subjective tendait à être surmontée.

  Le documentaire

La grande période du reportage, commencée avant la guerre (généralisation de l'appareil 24 × 36 mm, fondation de Life en 1936), se poursuit au lendemain du conflit (fondation de l'agence Magnum en 1947) avant que la télévision ne vienne gêner ses débouchés (disparition de Life en 1972). Le symbole et le héros en est Eugène SmithPHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Td_photo, dont les images puissamment expressives plaident pour des causes généreuses, telle la dénonciation de la pollution industrielle criminelle (Minamata, 1975).
PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Ph994726Photographie
Blessé durant la guerre du Pacifique, W. Eugene SmithW. Eugene Smith, Blessé durant la guerre du Pacifique, mars 1945, tirage argentique. Un soldat américain est soigné sur un lit de camp, sous les fonts baptismaux de la cathédrale de l'île de Leyte, aux Philippines. 
Crédits: Hulton Getty[/size]
Consulter
[size]
Le point d'équilibre parfait en est l'œuvre du Français Henri Cartier-Bresson qui a donné la meilleure définition du genre : « La photographie est, dans un même instant, la reconnaissance d'un fait en une fraction de seconde et l'organisation rigoureuse des formes perçues visuellement qui expriment la signification de ce fait. » Cartier-Bresson qui avoue sa dette envers André KertészPHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Td_photo, dont l'œuvre reste un modèle pour les plus avancés.
PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Ph060227Photographie
Paris, A. KerteszAndré Kertesz, Paris, 1929, tirage argentique, 20,4 cm x 25,2 cm. F.R.A.C.-Collection Aquitaine, Bordeaux. 
Crédits: Frac-collection Aquitaine[/size]
Consulter
[size]
Ce courant de la photo comme témoignage sur l'humain a trouvé sa plus brillante illustration dans l'exposition Family of Man organisée par Edward Steichen en 1952. Mais il allait aussi y trouver ses limites, dénoncées par Roland Barthes qui, dans Mythologies(1957), y décelait un système de reproduction d'idées générales toutes faites sur la nature humaine, alors que le vrai privilège de la photographie est de saisir des situations uniques et particulières, donc historiques. Plus récemment, Victor Burgin, réfléchissant sur le rapport entre art et langage, démontait les mécanismes qui lient le sens à l'image, et Susan Sontag montrait qu'ils sont loin d'être toujours innocents.
C'est en 1958 que paraît le livre de Robert FrankLes Américains, édité d'abord en France par Robert Delpire, car il fut repoussé par les Américains eux-mêmes. Loin d'y rechercher les moments conventionnellement significatifs, Frank y montre les instants absurdes du quotidien à la fois haché et monotone, et d'autant plus vécus qu'ils ont moins de sens. En 1956, le livre New York, édité aussi en France, de William Klein, peintre devenu photographe avant de devenir cinéaste, va ouvrir une autre issue au reportage en acceptant les données brutes de l'instantané photographique (gros plan, grain) avec la violence propre au monde où nous vivons.
Aux États-Unis, les portraits de Diane Arbus n'ont recours à aucun artifice pour crier l'irrémédiable : malheur ou bêtise, solitude et folie. Issue partiellement de Lisette ModelPHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Td_photo, celle-ci marquée par l'insolent WeegeePHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Td_photo, l'œuvre de Diane Arbus exerce une fascination intense sans guère se laisser imiter, bien que les portraits glacés de Richard Avedon, les poupées inquiétantes de Rosalind Solomon, les nus délirant d'Allen Dutton ou impavides du Français Jean-François Bauret puissent lui être comparés.
PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Ph060065Photographie
Running Legs, L. ModelLisette Model, Running Legs, 1940, tirage argentique, 39,2 cm x 49 cm. Musée d'Art moderne de Saint-Étienne. Photographe humaine, attentive à la diversité des foules comme au caractère de personnages croisés dans New York et alentour, Lisette Model choisit l'angle le plus inattendu, ou le plus approprié, pour montrer la hâte aveugle de l'époque. 
Crédits: Y. Bresson/ Musée d'art moderne, Saint-Etienne-Métropole[/size]
Consulter
[size]
PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Ph999467Photographie
Autoportrait, WeegeeWegee, Autoportrait, 1957. Tirage argentique. Extrait d'une série de Distorsions, ce portrait du photographe par lui-même, dans le reflet d'un enjoliveur, est placé sous cette enseigne : «Attention! Pour être la meilleure, il faut qu'une photo soit originale, ou bien alors étrange.» 
Crédits: Weegee / Hulton Getty[/size]
Consulter
[size]

  La photographie subjective

La photographie de libre expression ou photographie subjective a eu une vogue parallèle à celle de l'art abstrait en peinturePHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Td_photo. Aux États-Unis, László Moholy-Nagy, venu du Bauhaus, enseignait à Chicago l'intégration des procédés photographiques à une expérimentation plastique totalement libérée (jeux de lumières-photogrammes). Il marqua les AméricainsHarry Callahan et Aaron Siskind et leurs élèves. De leur côté, Francis Bruguière, Frederick Sommer, Henry Holmes-Smith ont utilisé les papiers découpés, les produits étalés sur une plaque de verre, les superpositions pour créer des images abstraites. Mais c'est en Europe que la photographie subjective se constitua en un ensemble coordonné de recherches grâce au professeur Allemand Otto Steinert depuis 1949, d'abord à Sarrebruck puis à Essen (1959), et à ses expositions collectives à partir de 1951. En France, le groupe Libre expression, animé par Jean-Claude Gautrand réunit des talents jusque-là isolés. Il s'agit d'une photo considérée comme une enquête sur ses propres moyens et comme une création personnelle autonome, attentive aux formes en tant que formes et libre de déformer l'apparence immédiate de la réalité. Les bornes techniques, les limites objectives à l'objectivité absolue en photographie – qui sont le cadrage qui isole la réalité, la perspective particulière, l'instantanéité qui exclut le mouvement, etc. – justifient toutes les initiatives du créateur.
PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Ph060225Photographie
Micrographie, L. Albin-GuillotLaure Albin-Guillot (1880-1962), Sans titre (Micrographie), vers 1927-1930, épreuve au gélatino-bromure d'argent sur papier baryté, 24 cm x 18,1 cm. Musée d'Art moderne de Saint-Étienne. 
Crédits: Y. Bresson/ Musée d'art moderne, Saint-Etienne-Métropole[/size]
Consulter
[size]
Le dynamisme libérateur de cette tendance n'a pas pu, cependant, rendre compte de toute la diversité de la vie photographique. Il conduisait à une hiérarchie de valeurs entre la photo comme simple copie de la réalité, la photo comme interprétation personnelle et la photo comme pure création. Hiérarchie qui se détournait de cette donnée première qu'est la soumission à la réalité. C'est pourtant là l'originalité irremplaçable de la photographie. Alfred Stieglitz l'avait compris, et Paul Strand l'avait proclamé : « L'objectivité est l'essence même de la photographie [...] et chaque médium n'atteint le maximum de ses possibilités que par la pureté dans son utilisation. »PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Td_photo Et rien ne peut aller contre la phrase de Villem Flusser : « L'objet est la signification de la peinture et la cause de la photographie. »
PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Ph060078Photographie
The White Fence, P. StrandPaul Strand, The White Fence, Port Kent, New York, 1916, tirage argentique, 16,5 cm x 21,5 cm. La Barrière blanche est l'une des plus célèbres images du photographe, prise la même année que le saisissant portrait d'une aveugle (Blind), à un moment charnière de son œuvre, e… 
Crédits: By courtesy of Paul Strand[/size]
Consulter
[size]
Certaines œuvres, bien qu'apparentées à l'art abstrait, ont su respecter les données profondes de la photographie et maintenir leur présence auprès des jeunes créateurs. En 1961, l'Anglais Bill Brandt – déjà connu par son regard hautain, ironique et sombre sur la société de son pays – fait scandale par son livre Perspective sur le nu. Un objectif grand angulaire y transforme le corps humain en sculptures dignes de Henry Moore. Mais c'est bien plus encore une méditation sur la vision photographique. Ami des peintres gestuels américains, qu'il inspira parfois, Aaron Siskind retrouva leurs formes dans les maculatures des murs et des affiches déchirées, mais son exaltation de l'objet trouvé par le cadrage reste avant tout une démonstration photographique. Harry Callahan a su ne rien rejeter des possibilités de son art, y compris les subtilités de laboratoire, mais c'est pour atteindre au chant d'amour de la série Eleanor (1984) et à la pureté infinie de cette série de plages. Yasuhiro Ishimoto, quant à lui, a porté son influence au Japon. Mais pour Callahan et ses disciples, l'influence de Minor White fut aussi importante que celle de Moholy-Nagy.

  L'intériorisation

Minor White est le représentant le plus typique du troisième courant d'influences qui a marqué la photographie créatrice contemporaine. En 1952, il fonde, avec Walter Chappell et quelques autres, la revue Aperture consacrée au problème de la communication en photographie. Mû par un intense désir de fusion spirituelle avec la nature et avec Dieu, White en vient à saisir une réalité totalement transfigurée par la vision intérieure ; regardant et regardé se confondent dans une union mystique. MirrorsMessagesManifestations(1969) est à la fois un livre de photographies, de poésie et de religion (le catholicisme aussi bien que le bouddhisme zen). L'enseignement de White (au Rochester Institute of Technology, puis au Massachusetts Institute of Technology de Boston) eut une influence considérable. Mais il aboutissait à une attitude purement contemplative et idéaliste qui, elle aussi, négligeait la part d'objectivité essentielle à toute photographie.
Très différente et cependant parallèle à celle de White, l'œuvre de Walker Evans a pris une importance grandissante. Partisan d'une photo « totale, franche et pure », pour lui la qualité suprême d'une photographie est d'enregistrer les détails précis de la réalité. Ses constats directs de la condition américaine après la grande dépression, dans le cadre de la Farm Security Administration, en témoignentPHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Td_photoPHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Td_photo. Mais en même temps Evans refuse de croire à l'objectivité parfaite du document photographique. Même et surtout lorsqu'elle est pure de toute manipulation intentionnelle, une photographie apporte aussi un témoignage sur un moment de la vie intérieure de son auteur. Et le titre du livre Messages from the Interior(1966) le dit bien.
PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Ph999535Photographie
At Home in Alabama, W. EvansWalker Evans, At Home in Alabama, 1936, tirage argentique. Lors du reportage entrepris en 1936 en Alabama avec l'écrivain James Agee, Walker Evans photographie Bud Fields, cultivateur de coton, avec sa femme et le plus jeune de leurs trois enfants, dans le dénuement de leur intérieur. Le pr… 
Crédits: Hulton Getty[/size]
Consulter
[size]
PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Ph999534Photographie
Sitting by the Shop, W. EvansWalker Evans, Sitting by the Shop, 1936, tirage argentique. En octobre 1935, la Farm Security Administration commande au photographe un reportage dans le sud des États-Unis. Dans le quartier noir d'une ville du Mississippi, Walker Evans (1903-1975) photographie un groupe d'hommes désœuvrés, devant l'échoppe d'un barbier. 
Crédits: Hulton Getty[/size]
Consulter
[size]
Ayant cité quelques phares dont l'œuvre, interrompue ou continuée, exerce une fascination particulière sur la jeune photographie, reprenons les trois grands aspects (le documentaire, l'imaginaire, l'intériorisation), et tâchons de suivre les développements actuels des tendances principales de la photographie.[/size]
الرجوع الى أعلى الصفحة اذهب الى الأسفل
مُشاطرة هذه المقالة على: reddit

PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple :: تعاليق

فدوى
رد: PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple
مُساهمة الأحد فبراير 14, 2016 5:14 am من طرف فدوى

3.  Les développements actuels

  Du reportage classique aux expressionnismes

Le reportage classique est toujours vivant. Pensons à la tradition parisienne des Brassaï et des Izis (Paris des rêves, 1950). Même face aux idées les plus avancées, un Robert Doisneau garde sa présence, car sa bonté et son humour restent ouverts sur l'ambiguïté de la condition humaine. Au Royaume-Uni, Bert Hardy a aussi cette qualité comme l'eut le Suisse Gotthard Schuh. Aux États-Unis, Bill Owens, illustrateur des petits bourgeois banlieusards (Suburbia, 1973), en présente une version plus grinçante. L'agence Magnum reste fidèle à sa réputation, grâce, entre autres, au Français Marc Riboud, à l'Indien Raghu Raï, au Japonais Hiroshi Hamaya. Le Suisse René Burri y apporte sa version coupante très actuelle, Leonard Freed, sa grandeur dramatique (reportage sur la police à New York), l'Américaine Mary Ellen Mark, son ironie et sa pitié. Des agences plus jeunes comme Viva (Paris) répugnent au sensationnel pour se consacrer à la condition ordinaire des gens : Claude Raimond-Dityvon, Guy Le Querrec, Hervé Gloaguen, l'Américain Richard Kalvar.Jean-Philippe CharbonnierPHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Td_photo unit richesse des formes et qualité humaine.
PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Ph991939Photographie
[size=13]Anshan, combinat sidérurgiqueAnshan (Mandchourie), la ville chinoise de l'acier, vers 1950. Photographe : Jean-Philippe Charbonnier. 

Crédits: Hulton Getty[/size]
Consulter

Ce goût du banal quotidien rejoint souvent le grand courant américain que Nathan Lyons a dégagé dans ses expositions collectives de Rochester. Ce courant, issu de Robert Frank, ne cherche plus à mettre en valeur le sens supposé des situations mais le non-sens que seul révèle le hasard photographique. Démolissant l'ordonnance ordinaire des choses par une subversion systématique de tous les points de repère, l'Américain Lee Friedlanderreconstitue à partir de ces débris une structure nouvelle et extraordinairement rigoureuse (The American Monument, 1977) qui n'est pas dénuée de poésie, comme dans sa série des jardins. Friedlander maîtrise la surabondance écœurante des objets artificiels commeGarry Winogrand exprime les solitudes ou les étranges rencontres d'une humanité hagarde et automatisée. Burk Uzzle, avec une élégante sûreté, Charles Harbutt, avec un lyrisme parfois visionnaire. Elliott Erwitt, avec beaucoup d'humour, le Japonais Ikko, avec son impeccable froideur, et Tony Ray-Jones, sans renier, lui, son humour britannique, évoquent notre monde tronçonné en situations incommunicables. L'Europe a suivi largement avec les compositions rigoureuses et poétiques du Britannique Raymond Moore, de l'Allemand Heinrich Riebesehl, du Belge John Vink, de l'Italien Roberto Salbitani. En France, après le précurseur Jacques Darche, Bernard PlossuBruno Réquillart, Edouard Kuligowski, Bernard Descamps explorent aussi cette voie. Au Japon, Shoji Ueda, Shōmei Tōmatsu, Daidoh Moriyama ont réalisé des visions très intériorisées et pourtant objectives.
Depuis peu d'années, cette manière à la fois impassible et corrosive s'est exprimée par la couleur, notamment chez les Américains Stephen Shore, Joel Meyerowitz, William EgglestonPHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Td_photo, Neal Slavin, chez le Français Hervé Gloaguen, et, avec une ironie plus efficace encore, chez l'Italien Luigi Ghirri.
PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Ph060050Photographie
[size=13]Memphis (Tricycle), W. EgglestonWilliam Eggleston, Memphis (Tricycle), 1969-1970, dye transfer, 30,3 cm x 44,3 cm. Institut d'art contemporain, collection F.R.A.C. Rhône-Alpes, dépôt au musée d'Art moderne de Saint-Étienne. 

Crédits: Y. Bresson/ Musée d'art moderne, Saint-Etienne-Métropole[/size]
Consulter

Tous ces constats décapants de l'absurdité quotidienne, de la solitude figée et fascinante des objets et des gens, laissent cependant sa place à une photographie qui s'accommode d'une grande sérénité, et même d'un sens du bonheur, et sans pour cela tomber dans l'anecdote, les clichés moraux ou sociaux désormais si souvent dénoncés. Ses maîtres plus lointains sont l'Américain Paul Strand et l'Allemand Auguste Sander et aussi le Mexicain Manuel Alvarez BravoPHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Td_photo, chantre des beautés profondes de son pays. En France, Édouard Boubat symbolise cette tendance (La Survivance, 1976), tout est pour lui émerveillement devant la noblesse du geste et la pureté de la lumière. Pureté que rejoignent, par le refus de tout effet, Gilles Ehrmann et le grand portraitiste Bernard Poinsot. Même dans les ghettos noirs misérables, l'Américain Bruce Davidson sait voir la dignité humaine (East 100th. Street, 1970) qu'expriment aussi Constantine Manos avec ses paysans grecs, et le Français Claude Sauvageot jusque dans ses témoignages sur la misère du Tiers Monde, selon la grande tradition du Suisse Werner Bishof.
PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Ph060038Photographie
[size=13]Ouvrier gréviste assassiné, M. Alvarez-BravoManuel Alvarez-Bravo, Ouvrier gréviste assassiné, Mexico, 1934, tirage argentique, 20,2 cm x 25,3 cm. F.R.A.C.-Aquitaine, Bordeaux. 

Crédits: F. Delpech/ Frac-collection Aquitaine[/size]
Consulter

L'abus de la couleur dans les publications contraint beaucoup de reporters à en faire malgré eux. Mais certains artistes, l'Américain Helen LevittPHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Td_photo, les Français Marc Garanger et Bruno Barbey, l'Allemand Hans Silvester, y ont montré un talent exceptionnel.
PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Ph060062Photographie
[size=13]New York, H. LevittHelen Levitt, New York, 1980, dye transfer, 24,2 cm x 37 cm. Institut d'art contemporain, collection F.R.A.C. Rhône-Alpes, dépôt au musée d'Art moderne de Saint-Étienne. 

Crédits: Y. Bresson/ Musée d'art moderne, Saint-Etienne-Métropole[/size]
Consulter

La réalité atroce de la guerre ne supporte pas la stylisation ni l'indifférence, et ici l'image photographique tire sa triste beauté de sa véracité même. Comme les pionniers Robert CapaPHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Td_photo et David « Chim » Seymour, Gilles CaronLarry Burrows y sont morts. Après l'Américain David Douglas Duncan, les Britanniques Philip Jones Griffiths et Don McCullin, l'Italien Romano Cagnoni dénoncent au monde les souffrances du Vietnam, du Biafra, de Chypre et d'Irlande. L'expressionnisme intense de leurs images, issu du sujet même, évoque la violence d'un William Klein et tout un courant où le reportage et l'illustration se servent des oppositions puissantes du noir et blanc, et finissent par rejoindre, à force de volonté expressive, les démarches les plus subjectives. Le Britannique David Hurn, montrant la fatuité de la high society, l'Allemand Jürgen Heinemann, la tristesse des tropiques, l'Italien Mario Giacomelli, avec une intensité inégalée, le Français d'origine tchèque Joseph Koudelka, avec une grandeur et une compassion admirables (Gitans, 1975), le Lituanien Aleksandras Macijauskas atteignent à une vision épique et ont parfois recours à la déformation.
PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Ph999549Photographie
[size=13]Les Collaborateurs, R. CapaRobert Capa, Les Collaborateurs, 18 août 1944, tirage argentique. À la Libération, une Française, le crâne rasé, accusée d'avoir porté l'enfant d'un soldat allemand, se fait conspuer par la foule. 

Crédits: Hulton Getty[/size]
Consulter

C'est ici que la distinction peut paraître arbitraire entre une photographie documentaire et une photographie soumise à l'imagination. Ainsi le reporter illustrateur hollandais Aart Klein évoque les grands travaux d'aménagement de son pays à travers un système de simplification graphique, tandis que l'Américain Wynn Bullock enregistrait toutes les finesses de détails de paysages qui n'en sont pas moins imprégnés d'une philosophie très personnelle. Le plus parfait équilibre entre l'auteur sujet et le modèle objet avait été atteint par l'Américain Edward Weston, mais même alors une inquiétude s'était glissée dans ses derniers paysages de cyprès tordus et d'érosions étranges (My Camera on Point-Lobos, 1950). Et si les compositions majestueuses et froides d'Ansel Adams, célébrant la nature grandiose de l'Ouest américain, prolongent une imagerie ailleurs dépassée, le fils même d'Edward Weston, Brett Weston, utilisa des formes volontairement très contrastées. Art Sinsabaugh déroule des espaces immenses dans ses vues panoramiques. Lewis Baltzsaisit l'architecture moderne avec rigueur et subtilité (Industrial Park, 1974).PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Td_photo
PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Pa080103Photographie
[size=13]Mount Williamson-Clearing Storm, Ansel AdamsAnsel Adams, «Mount Williamson-Clearing Storm», 1944. Tirage argentique, 38,7 cm X 47,6 cm. 

Crédits: Ansel Adams/ d.r.[/size]
Consulter

  Du document personnalisé au monde fantastique

La différence entre la tendance documentaire et la tendance subjective réside moins dans l'apparence des images que dans l'attitude spirituelle initiale du photographe, attitude évidemment difficile à prouver. Aux photographes soucieux de la relation de la forme et du fond – cherchant à montrer au mieux une réalité, même s'il faut pour cela l'interpréter – s'opposeraient des photographes inquiets de la relation entre le sujet et l'objet, s'interrogeant sur leur inévitable interrelation, même s'ils choisissent de se retirer eux-mêmes le plus possible pour laisser place à la présence inaltérée du modèle.
Cela fut la leçon de Weston et aussi de l'Allemand Albert Renger-Patzsch et en France des natures mortes d'Emmanuel Sougez et des portraits de Daniel Masclet (1892-1969). Ainsi le regard intense posé par Jean Dieuzaide sur un bac de goudron, par le Belge Robert Morian sur des végétaux, par Jean-François Malamoud sur les surfaces rocheuses va aboutir à des images totalement personnalisées à force de se vouloir fidèles au modèle. De même les roseaux, les sables, les charognes de l'Arlésien Lucien Clergue. Le sentiment de la nature de l'Américain Paul Caponigro se nuance d'une extrême délicatesse. Tandis que celui du Français Denis Brihat s'exprime par tous les raffinements de l'artisanat. La mélancolie de la mort imprègne non seulement les monuments funéraires de l'Américain George Krause mais aussi les natures mortes du Français Jean-Pierre Sudre. Pour l'Allemand Detlef Orlopp, la mer et la montagne s'étagent en austères murailles. Et le Japonais Keiichi Tahara découvre un monde mystérieux dans la lumière d'une fenêtre.
En couleur, l'Américain Eliot Porter est, comme Ansel Adams, amoureux de la nature qu'il contemple du plus petit détail au plus vaste panorama. l'Autrichien Ernst HaasPHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Td_photo, par ailleurs puissant reporter, saisit les rythmes cosmiques dans un livre admirable : La Création (1971). L'Italien Franco Fontana ramène le sujet à quelques plans dépouillés. Au contraire, André Martin a une sensibilité très impressionniste. John Batho respecte infiniment la douce présence des choses.
PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Ph999492Photographie
[size=13]Yellow Cabs, E. HaasErnst Haas, Yellow Cabs, 1971, tirage argentique. Les célèbres taxis jaunes à New York vus à travers une vitre : effet de dédoublement, reflets et puissance de la couleur, pour dépeindre le mouvement rapide de la vie moderne dans la grande ville. 

Crédits: Ernst Haas / Hulton Getty[/size]
Consulter

La photo a une capacité inégalable pour enregistrer les textures de la matière. Mais elle ne le fait que par l'intercession de la lumière. Et comme dans une « recherche fondamentale » propre à la photographie, certains vont descendre dans ces phénomènes de la lumière pour explorer plus profondément leur art. Jean-Pierre Sudre fait passer la lumière à travers la matière même des cristaux, sans l'intermédiaire d'un négatif, et obtient des paysages cosmiques de l'imaginaire. Le Belge Pierre Cordier, prenant le processus habituel à rebours, travaille sélectivement avec les produits révélateurs sur une surface uniformément touchée par la lumière. Ses chimigrammes juxtaposent des éclosions de formes toujours inattendues et pourtant ordonnées. En photographiant des mobiles, Étienne-Bertrand Weill constitue des corps imaginaires dont la matière s'est transmuée en lumière. L'Allemand Heinz Hajek-Halke stratifie des matières qu'il met en contact direct avec la surface photographique. Dans les solarisations de l'Américain Todd Walker, les personnages apparaissent comme enveloppés d'une soie doucement phosphorescente. Et, chez l'Américain Robert Heinecken, la lumière, délicatement filtrée par les épaisseurs des formes en négatif, est comme mêlée à l'intimité de la matière.
Les magies du laboratoire peuvent servir de tremplin à toutes les envolées de l'imagination. L'Américain Jerry Uelsmann (États-Unis) se sert de ses divers négatifs comme une simple matière première. Il les juxtapose dans son image, conciliant des objets venus de mondes différents par les éclats et les douceurs d'une lumière surréelle, dans un même espace fantastique. Ray Metzker, au contraire, part du choc de plusieurs images hétérogènes et de la tension des noirs et des blancs, pour les ramener à un graphisme presque abstrait mais où il subsiste assez de gris légers pour que son espace reste proprement photographique. Le Lituanien Vitaly Butyrin crée des mondes imaginaires en inversant les rapports ordinaires entre le ciel, les nuages et la terre.
Dans la lancée de cette exploration, rien n'interdit plus aux photographes d'y mêler les éléments venus d'autres arts. Robert Heinecken a fait des photos-sculptures. Désormais, on ose mêler les techniques les plus diverses, surtout chez les photographes issus de Rochester (États-Unis) mais aussi en Californie et de plus en plus en Europe. On peut couler soi-même une émulsion sensible sur un papier choisi (Betty Hahn), ou combiner sérigraphie et lithographie (Syl Labrot), on emploie le cyanotype (Bea Nettles), la xérographie (Joan Lyons, Ruth Breil). On ressuscite la gomme bichromatée, les procédés au charbon. Naomi Savage, Keith Smith transforment leurs photos en gravures, et les épreuves de John Wood défient l'analyse technique. Ces recherches admettent le plus souvent la couleur, pour laquelle Todd Walker et le Belge Hubert Grooteclaes expérimentent la sérigraphie, l'Américain Scott Hyde superpose les passages en offset. La photographie coloriée à la main s'est répandue depuis quelque temps, et Gail Skoff l'enseigne. La frontière devient indistincte avec des peintres comme Rauschenberg ouWarhol qui utilisent la photo à travers des procédés d'impression. Triturant la surface des polaroïds couleurs, le peintre Lucas Samaras et le photographe Les Krims obtiennent des résultats comparables.
Auprès de l'art moderne, les sciences sont à l'origine d'un jaillissement inépuisable de formes. Nous ne citerons que quelques photographes scientifiques dont le travail rejoint la pure création. L'Américain Harold Edgerton, dans ses expériences d'instantanés ultrarapides (stroboscopie), rejoint la beauté involontaire des images du Français Étienne-Jules Marey, précurseur du cinéma. Les photos aériennes du Suisse Georg Gerster et du Français Alain Perceval nous émerveillent par leur beauté. Et le Suédois Lennart Nilsson a révélé en de prodigieuses images les structures internes du corps humain.

4.  L'espace du rêve

فدوى
رد: PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple
مُساهمة الأحد فبراير 14, 2016 5:15 am من طرف فدوى
La troisième grande source de nos images ce sont nos rêves, endormis ou éveillés. Depuis longtemps, certains photographes se sont essayés aux compositions surréalistes, à la manière des Magritte et des Dalí, mais avec un succès inégal. La photo, à la fois exacte et manipulable, s'y prêterait pourtant si elle n'aboutissait alors à des montages très artificiels dont les dadaïstes des années 1920 ont épuisé la verve. Bien plus importantes pour la génération actuelle sont les œuvres du poétique Américain Clarence Laughlin, ses paysages mélancoliques de Louisiane, l'univers hanté du grand aîné Josef Sudek, le vieux magicien de PraguePHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Td_photo, et le monde à la fois familier et empreint d'un mystère bouleversant l'Américain Ralph Eugene Meatyard. Nous avons déjà vu des auteurs, comme Velsmann, qui atteignent le fantastique par des manipulations de l'image en laboratoire. On pourrait lui comparer le Suisse Rudolf Lichtsteiner pour ses rapprochements d'objets insolites. Mais plus décisive est la conscience qu'une photo est aussi et d'abord un témoignage sur un moment de la vie intérieure de celui qui l'a faite, le Japonais Eikoh Hosoe se sert tantôt de la photo directe pour raconter une mystérieuse histoire (Kamaitachi, 1969), tantôt des superpositions pour évoquer un univers sensuel et cruel (Ordeal by Roses, 1971). Le Tchèque Jan Saudek poursuit un rêve étrange et familier. Le Néerlandais Paul de Nooijer agence minutieusement ses cauchemars irrespirables, le Brésilien Boris Kossoy, ses rencontres inquiétantes. Quant à l'Américain Arthur Tress, il s'intitule le collectionneur de rêves. Parmi ses nombreuses expériences, l'Allemand Floris Michael Neusüss fait l'inventaire des apparences de la mort. Mais c'est à la racine de nos idées conventionnelles que Les Krims s'en prend, soit en montrant objectivement des situations ambiguës (The Deers Layers) ou doucement délirantes (The Last Minority), soit en dévoilant crûment ses fantasmes les plus intimes, après les avoir reconstitués avec minutie devant son appareil. L'Américain Duane Michals affirme que les neuf dixièmes de son travail se font dans sa tête et, pour développer le récit complet de sa rêverie, procède par séquences d'images à la fois liées et discontinues. Le Français Roger Lautru lui est comparable, et la séquence (déjà inventée par Minor White) a fait depuis beaucoup d'adeptes. Cela alors même que Duane Michals retournait à l'image solitaire, qu'il accompagnait d'un texte, non pas légende limitative mais méditation poétique ouverte à partir de l'incertitude même de toute signification photographique. Il rejoint dans cet esprit poétique l'œuvre de l'Américain Ralph Gibson menée avec maîtrise depuis les fantaisies surréalistes (The Somnambulist, 1970) jusqu'à la présence d'objets d'une plastique monolithique (Days at Sea, 1974) mais toujours émergés du monde intérieur des souvenirs et comme « déjà vus ». Roger Mertin est passé, lui aussi, de scènes discrètement fantastiques à la présence fascinante d'un arbre brutalement éclairé.
PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Ph060231Photographie
[size=13]Pain, Œuf et Verre, J. SudekJosef Sudek, Pain, Œuf et Verre, 1950, tirage argentique, 29,8 cm x 19,8 cm. F.R.A.C.-Collection Aquitaine, Bordeaux. L'image fait partie d'un portfolio de dix photographies réunissant des tirages appartenant à différentes séries majeures de l'artiste entre 1940 et 1964, dont Fenêtre de… 

Crédits: Frac-collection Aquitaine[/size]
Consulter

Les jeux de l'imagination sont la grande ressource de la photo de mode et de publicité lorsqu'elle ne s'en tient pas à la routine. Certains y ont atteint une richesse baroque qui rejoint par moments le talent créateur. D'autres, pourtant adulés dans leur profession, réussissent à échapper à la facilité pour s'exprimer sincèrement dans des œuvres remarquables. Ainsi Richard Avedon déjà cité, l'Américain Irving Penn et ses portraits de types humains du monde entier, le Français Jeanloup Sieff, ses nus et ses paysages d'un élégant dandysme. Tandis qu'un Harry Meerson, un Guy Bourdin, une Sarah Moon, un Hiro savent trouver dans leur travail quotidien l'occasion d'images intensément personnelles et qui resteront.

5.  Au-delà des étiquettes

Mais la grande découverte des années 1970 est que toute photo est surréaliste. Susan Sontag l'a bien montré. La photographie de famille ordinaire, dans sa spontanéité naïve, mais aussi avec ses conventions étroites, non seulement rejoint le « banalisme » d'un Robert Frank, mais dépasse en bizarrerie les recherches les plus élaborées. Ken Graves et Mitchell Paynes en font un choix extraordinaire dans leur livre Snapshots (1977), tout comme le Canadien Dave Heath dans le Grand Album ordinaire. Dans Portraits of Violet and Al, l'Américain William De Lappa évoque la vie d'une petite bourgeoise imaginaire dont il fabrique les photos. Il est alors très proche du travail d'un Christian Boltanski ou d'un Jean Le Gac. Rétrospectivement, le journal intime photographique qu'est l'œuvre de Jacques-Henri Lartigue depuis 1901 prend de ce point de vue un singulier relief. Dans The Lines of my Hand (1972), Robert Frank revoit sa vie à travers ses photos quotidiennes. Et Tulsa(1971) de l'Américain Larry Clark est une confidence assez poignante. Même un photographe aussi raffiné dans son art que l'Américain Emmet Gowin prend son inspiration dans la vie familiale. Quant à Nancy Rexroth (Iowa, 1977), elle utilise un objectif très bon marché pour atteindre la qualité intime et rêveuse de ses épreuves.
Acceptée la nature très intérieure de la démarche créatrice en photographie, même de froids constats, même des inventaires impassibles peuvent relever de la création s'ils reconstituent un monde original, une mythologie particulière née d'une passion individuelle. Ainsi des parkings et des stations d'essencePHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Td_photo recensés par le Californien Ed RuschaAinsi la beauté neutre des bâtiments industriels enregistrés par les Allemands Berned et Hilla BecherPHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Td_photo. Ainsi le livre-somme photographique de l'Italien Mario Cresci sur Matera(1975) ou l'exposition de l'Allemand Hans-Peter Feldmann sur Essen (1977).
PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Ph060075Photographie
[size=13]TwentySix Gasoline Stations, E. RuschaEd Ruscha, Knox Less, Oklahoma City, Oklahoma, extrait de la série TwentySix Gasoline Stations, 1962, épreuve gélatino-argentique, 12,5 cm x 26,8 cm. Whitney Museum of American Art, New York. Le premier livre de l'artiste, qui se met «dans la peau d'un grand reporter» pour fixer l'… 

Crédits: Edward Ruscha/ service de presse/ Musée du Jeu de Paume[/size]
Consulter

PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Ph050639Photographie
[size=13]Châteaux d'eau, Bernd & Hilla BecherBernd & Hilla Becher, Châteaux d'eau, épreuves gélatino-argentiques. Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen, Düsseldorf. À partir de vues prises en Allemagne, en Belgique, en France, aux États-Unis, en Italie et en Grande-Bretagne, de 1970 à 1997, les artistes composent une typologie montran… 

Crédits: B. et H. Becher[/size]
Consulter

Nous avons déjà remarqué que la distinction entre « photographes » et « artistes » n'a plus guère de sens. Parmi les peintres abstraits, un Wols, un Hartung ont mené une œuvre photographique parallèle à leur peinture. Le Français Jacques Monory s'inspire, pour ses tableaux monochromes, de la poésie froide et énigmatique de ses propres photos. Le Britannique David Hockney retrouve dans les siennes la délicatesse de son univers coloré. Mais la distinction devient encore plus arbitraire lorsqu'il s'agit d'explorer, par le moyen de la photo, les confins de l'art. Les natures mortes en couleurs (1977), savamment conventionnelles, de Boltanski sollicitent les limites du goût. Et l'Allemand Jochen Gerz crée des sortes d'incidents à la frontière des notions reçues.
L'espace, thème très photographique (mais plus abstrait encore que la lumière), peut être exploré à l'échelle des paysages ou à celle d'une présence intimePHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Td_photo. Le Britannique Hamish Fulton communique par la photo les monuments les plus purs de ses grandes randonnées solitaires à travers les pays encore vierges. Les Allemands Michael et Barbara Leisgen enregistrent les rapports entre leur propre corps et les paysages. Klaus Ritterbusch regarde ces paysages en démontant subtilement leurs façons d'être vus. Le Néerlandais Ian Dibbets assemble les horizons en élégantes compositions graphiques. Le Britannique John Hilliard utilise les effets de profondeurs de champ et de bougé. L'Allemand Ursula Schulz-Dornburg analyse poétiquement les variations du point de vue (Ansichten von Pagan, Burma, 1978). L'Américain John Pfahl joue des ambiguïtés du regard et de la perspective. Alors que le Hollandais Michel Szulc Krzyzanowski condense en de puissantes séquences son aventure plastique au contact de son corps, de son ombre et du paysage.
PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Ph060080Photographie
[size=13]Regency, San Francisco, H. SugimotoHiroshi Sugimoto, Regency, San Francisco, tirage argentique, extrait de la série Interior Theaters, 1992. Depuis plus de vingt ans, le photographe japonais poursuit une série de vues de salles de cinéma vides de leurs spectateurs, avec un temps de pose égal à la durée du film proje… 

Crédits: Hiroshi Sugimoto[/size]
Consulter

Sentant venir sa mort, le reporter et portraitiste italien Ugo Mulas concentra et résuma toutes les notions photographiques fondamentales dans la série des Verifiche. L'Américain Ken Josephson, dans des images d'aspect subtilement banal ou faussement simpliste, rend sensibles les mystères d'où jaillissent les inépuisables possibilités créatrices de la photographie
Jean-Claude LEMAGNY

6.  La photographie contemporaine

Après la photographie ancienne qui s'étend de la naissance officielle du médium, en 1839, au début des années 1920, et la photographie moderne qui couvre le demi-siècle 1920-1970, la période contemporaine constitue le troisième grand chapitre d'une histoire relativement courte. Cette partition schématique, qui suppose naturellement un ajustement des dates selon les genres concernés et les périodes de production des artistes, doit aussi prendre en compte les transitions et les filiations des nombreux mouvements et courants. À ces nuances propres à l'évolution de chaque domaine de la création artistique s'ajoute la relation étroite et ambiguë qui existe entre photographie et peinture.
Nous tiendrons pour contemporaine la photographie qui s'éloigne de la photographie classique à la fin des années 1960, au moment où la vague du pop art achève sa conquête des arts plastiques. Cette tranche de près de quatre décennies affiche un réseau particulièrement complexe de tendances souvent indépendantes et simultanées, pour la plupart héritées de précurseurs isolés et de plus en plus étroitement liées au contexte commercial et institutionnel de l'art contemporain.

  Format et couleur : le tableau

La couleur qui, au début des années 1960, fait son entrée dans la photographie d'amateur et dans le secteur publicitaire, n'intéresse guère le marché naissant de la photographie d'art, visant le seul noir et blanc. C'est dans ce contexte élitiste qu'apparaissent en 1971 les travaux des Américains Joel Meyerowitz et William Eggleston, qui sacrifient le spectaculaire et l'émotion au profit d'une vision banale du paysage, qu'il soit naturel ou urbain. Servis par les techniques maîtrisées du Dye Transfer, du Cibachrome et du tirage Fresson, les coloristes John Batho, l'Américain Ernst Haas, les Italiens Luigi Ghirri et Franco Fontana ou le Taïwanais Ko Si-Chi ne tardent pas à produire des pièces capables d'intéresser les galeries et les collectionneurs.
Par son œuvre mais aussi par son influence, le couple Bernd et Hilla Becher s'impose comme la figure la plus marquante de la photographie contemporaine. Mariés en 1961, Bernd et Hilla Becher entreprendront à deux de photographier, toujours de manière frontale, en noir et blanc et par temps gris, les éléments du paysage minier de la Ruhr, de l'Europe et des États-Unis. L'œuvre ne connaît qu'une reconnaissance relativement restreinte quand, en 1976, Bernd Becher commence son enseignement à la Kunstakademie de Düsseldorf. L'empreinte des Becher sur toute une génération de photographes reste connue sous le nom d'école de Düsseldorf, dont les disciples atteignent une reconnaissance internationale : Candida Höfer avec des vues de lieux de cultures ; Axel Hütte et ses paysages naturels ; Thomas Struth et ses photographies de musées visitésPHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Td_photo ; Thomas Ruff et ses portraits ; Andreas Gursky avec des champs larges consacrés aux espaces d'activité collective ou à l'architecture des édifices publics. Peintre et sculpteur,Jean-Marc Bustamante privilégie à la fin des années 1970 une forme proche du tableau aboutissant à une représentation apparemment neutre du réel, souvent vide de tout être vivant, et qui connaîtra un large développement, notamment auprès de Stéphane Couturier, et d'Antoine Stefani qui se focalisent sur la thématique de l'architecture, ou d'Édith Roux qui recherche ses contrastes de couleur en Europe et en Chine. Le tableau est sujet à des variantes : pâleur du paysage chez Thibaut Cuisset, architectures plombées au noir chez Bruno Delamain, recherche de nuances pastel-chromo en Polaroid pour Marion Dubier-Clark. Recourant à la forme primitive du sténopé (chambre noire sans objectif, percée d'un petit trou) qu'elles reproduisent en échelle géante, Christine Felten et Véronique Massinger renouvellent l'aventure de la pose longue obligée. Également hors tendance, le Japonais Hiroshi Sugimoto atteint l'abstraction pure avec ses horizons, lignes médianes de cadrages noir et blanc, tandis que l'Américain Richard Misrach donne à ses rivages la connotation d'un cataclysme nucléaire annoncé.
PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Ph060079Photographie
[size=13]Eleonor et Giles Robertson, Édimbourg, T. StruthThomas Struth, Eleonor et Giles Robertson, Édimbourg, 1987, tirage couleur à développement chromogène, 60 cm x 80 cm. Institut d'art contemporain, collection F.R.A.C. Rhône-Alpes, dépôt au musée d'Art moderne de Saint-Étienne. 

Crédits: Y. Bresson/ Musée d'art moderne, Saint-Etienne-Métropole[/size]
Consulter

  Le paysage, trace d'une histoire

Parallèlement à la recherche formelle sur l'espace, la photographie de paysage produit des œuvres impliquées dans le contexte d'une réalité de terrain ou d'une actualité géopolitique. Le mouvement des Nouveaux Topographes apparu aux États-Unis au début des années 1970 présentait, en 1975, des auteurs fédérés par l'intention de restituer la réalité du paysage américain en transformation : Robert AdamsJoe Deal (1947-2010), Frank Gohlke Nicholas Nixon, John Schott, Stephen Shore, Henry Wessel Jr. Le Britannique John Davies qui commençait alors sa carrière par une série de photographies sur les îles Britanniques devait, à partir du début des années 1980 et toujours en grand format noir et blanc, orienter son travail vers les incongruités urbanistiques des grandes villes d'Angleterre. Le paysage, rural ou urbain, perçu comme empreinte de l'histoire contemporaine, marque le territoire d'artistes tels que Stéphane Duroy dont une grande part de l'œuvre est consacrée à l'atmosphère des pays de l'ex-bloc soviétique, Françoise Huguier dans sa quête d'empreintes d'Afrique et d'Asie, Claudine Doury et le Britannique Rip Hopkins dans leur propres investigations en Asie centrale, culturelle chez l'une, socio-historique chez l'autre. Plus intimistes sont la description impressionniste de la ville du Caire de Denis Dailleux et les recherches de l'Américaine Frances Dal Chele sur la relation d'appartenance qui existe entre les êtres et les lieux. Le sens de l'histoire contemporaine marque encore les photographies prises en grand format au cœur des villes par Jean-Christophe Ballot, l'important travail sur les traces aujourd'hui ténues mais définitives du Mur de Berlin de Patrick Tournebœuf, l'interrogation de façades occultes par le Japonais Takuji Shimmura ou l'investigation esthétique menée en Corée du Nord par Philippe Chancel.

  La photographie plasticienne

À partir des années 1980 et en dehors des polémiques soulevées autour de son rôle et de son pouvoir au sein de la société, la photographie a intéressé plusieurs peintres et sculpteurs, en particulier l'Américain Robert Rauschenberg (1925-2008) dans l'utilisation qu'il en fait depuis 1974 sur divers supports. On la retrouve en éléments incrustés dans le travail d'Alain Fleischer, comme autant de réminiscences ou d'évocations fictionnelles, parfois pornographiques. Elle côtoie diverses disciplines relevant des arts plastiques chez les Britanniques Gilbert & George. La photographie domine l'œuvre singulière de Patrick Bailly-Maître-Grand qui recourt à toutes les techniques, archaïques ou contemporaines, pour d'imprévisibles productions. Elle est également présente dans l'œuvre de Christian Boltanski dominée par le thème récurrent de l'Holocauste, avec des images d'archives de la Shoah, ainsi que chez la Canadienne Ève Cadieux qui, par le texte, recentre ses photographies sur la personnalité de modèles, ou encore chez l'Américaine Roni Horn qui s'exprime en séries d'images simples par le biais de montages polyptyques de tirages en couleurs. La photographie en noir et blanc est amplement présente dans le registre du questionnement sur la féminité chez Annette Messager, dans des installations murales associant tirages et matériaux textiles. Éric Rondepierre joue sur l'ambiguïté permanente entre sens et apparence à partir de photogrammes empruntés à la photographie. À partir d'un discours orienté sur la condition féminine dans la société de consommation, l'Américaine Barbara Kruger associe en collage des photographies extraites de la presse à des injonctions aux allures de slogans publicitaires. L'artiste le plus représentatif de la photographie plasticienne reste Georges Rousse qui rend à l'objectif un rôle essentiel : placé au « point de vue de Rousse », l'appareil photographique ramène un décor peint par l'artiste à une figure en deux dimensions. Cette appropriation d'un espace préparé et photographié se retrouve chez le couple d'Italiens Gianfranco Botto et Roberta Bruno et dans une certaine mesure dans le travail de Philippe Ramette et ses montages d'apesanteur. Les natures mortes, le vêtement, le matériau et le corps se rejoignent chezPatrick Tosani pour construire une œuvre personnelle différente de la relation esthétique etpolitique que Jean-Luc Moulène entretient avec les objets manufacturés qu'il photographie. L'objet peut être détourné avec esprit comme chez l'Espagnol Chema Madoz ou figurer dans le néo-clacissisme de Jérôme Soret.

  La fiction ou l'instantané scénarisé

Héritière de la scène de genre visitée par la photographie dès sa période pictorialiste, la fiction intéresse bon nombre de photographes contemporains qui s'essaient à la mise en scène des situations de la vie courante voire du fait-divers, où les modèles tiennent rang d'acteurs sinon de statues de musée de cire. Avec ces séquences imaginaires, fréquemment érotiques, Duane Michals crée un monde parfois absurde et souvent drôle. La série poétique des Grandes Vacances, dans laquelle il place des enfants avec des mannequins de vitrines des années 1950, est au départ de la carrière que Bernard Fauconorientera peu à peu vers une symbolique de l'espace, du paysage et du voyage. L'idée de l'enfance mise en action a été reprise sur la dimension spectaculaire et maniérée du thème de la guerre par le groupe russe AES + F formé en 1987 par Tatiana Arzamasova, Lev Egovitch, Evgueni Svyatsky et Vladimir Fridkes. L'adolescence est également au cœur des mises en scène de l'Américaine Beth Yarnelle Edwards et de l'approche érotique menée par l'Australien Bill Henson, dont la sensualité en clair-obscur contraste avec les images colorées jusqu'à l'excès proche du « chromo » de sa compatriote Tracey Moffat. L'école américaine montre une production particulièrement féconde. Hannah Starkey place ses personnages dans l'environnement aseptisé du bureau ou dans le confort de villas californiennes, quand Sharon Lockhart préfère organiser ses compositions à plusieurs acteurs selon des séquences proches de la vidéo qu'elle pratique par ailleurs. L'univers calme des banlieues de la middle class américaine devient pour Gregory Crewdson le décor de mises en scène dans lesquelles s'infiltrent les angoisses ordinaires suscitées par la vague sécuritaire qui traverse l'Amérique et l'Europe.
Remarqué par ses images montées sur caisson lumineux, le Canadien Jeff Wallrapproche ses compositions de scènes de la vie courante de la forme propre au tableauPHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Td_photo. Questionnée par les conflits historiques du XXe siècle, Collier Schorr réalise des portraits de jeunes gens en uniforme de la Wehrmacht ou des G.I. de la guerre du Vietnam. La recherche que Corinne Mercadier conduit en noir et blanc fait converger ses diverses séries vers une œuvre intime et poétique, alors que Sophie Calle étonne le public de chacune de ses expositions ou installations, dans lesquelles le projet photographique implique une expérience vécue par l'artiste, comme l'actrice d'un événement improvisé sur la réaction de tiers non prévenus.
PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple Ph060082Photographie
[size=13]The Destroyed Room, J. WallJeff Wall, The Destroyed Room, 1978, diapositive sous caisson lumineux, 159 cm x 234 cm. National Gallery of Canada, Ottawa. Parmi les premiers « tableaux » de l'artiste, qui « revisitent l'art du XIX[size=7]e siècle », cette vue d'une pièce dévastée, « photographie cinématographique » i… 
[/size]
Crédits: National Gallery of Canada, Ottawa[/size]
Consulter

  La pose de l'introspection

En faisant de sa vie privée l'élément essentiel de son œuvre, le Japonais Nobuyoshi Arakiexpérimente dès le début des années 1970 un emploi singulier de la photographie. Systématiquement datée, celle-ci devient la compagne de tous les instants vécus que résume la monographie Moi, la vie, la mort (2007). Modèle de toute une génération de jeunes photographes, l'œuvre essentiellement autobiographique de l'Américaine Nan Goldin occupe une place à part dans la photographie contemporaine. La constance d'un regard qui cerne parfois sa propre identité a construit une œuvre reconnue dans le monde entier, dont la valeur esthétique n'altère pas l'aspect documentaire sur une jeunesse réfractaire à la normalité, souvent touchée par les fléaux de la drogue et du sida. Dans un contexte différent, l'œuvre d'Antoine d'Agata trouve sa matière dans l'exploration, durant dix années, de l'atmosphère nocturne des bars et de la prostitution en Amérique centrale. Parmi les rares auteurs impliquant étroitement leur vie privée dans leur travail citons les Américains Larry Clark, Ryan Mckinley et l'Allemand Wolfgang Tillmans. La photographie autobiographique revêt une dimension littéraire chez Denis Roche, avec une œuvre tournée sur l'intimité, le voyage, le couple ou le temps, et en perpétuel dialogue avec l'écriture. Elle est aussi au cœur du travail de Bernard Plossu sur une vie de voyages, de rencontres humaines et de découvertes poétiques. En photographiant les six mois de l'année régulièrement passés dans le même vieil hôtel du Caire, Bernard Guillot rejoint ces auteurs dont l'expérience vécue devance la production artistique.

  Le corps, extension du nu

Le nu qui avait intéressé la photographie dès son invention pour venir en aide aux études académiques des peintres avant de devenir un genre majeur du courant pictorialiste est servi par plusieurs auteurs dans le courant des années 1970, notamment à travers la sensualité épurée du Japonais Eikoh Hosoe et l'approche libre de Jean-François Bauret. La période contemporaine fait une large place à l'homosexualité masculine, dans le sillage revendicatif des gay prides qui ont commencé à la fin des années 1960 en Californie. En dehors des représentations d'une presse gay qui a rattrapé, voire dépassé, les revues de charme hétérosexuelles, de nombreux artistes ont concouru à cette reconnaissance, à la suite des autoportraits travestis de Pierre Molinier. Pierre et Gilles construisent depuis 1976 une œuvre abondante, à caractère souvent anecdotique et allégorique, dans laquelle les photographies du premier sont rehaussées en peinture par le second. L'Espagnol Toni Catany conjugue la beauté de ses modèles avec une poésie pictorialiste, l'Allemand Andreas Mahl est passé de la facture kitsch représentant des torses magnifiés par des éléments floraux à la thématique récurrente d'anges et de démons sexués, quand, à la suite du Japonais Tamotsu Yato, Patrick Sarfati s'attache, parfois non sans ironie à une sensualité culturiste. Les Américains Robert Mapplethorpe et Herb Ritts atteignent le fine art à travers l'intimité de leurs modèles, playboys musclés mis en situation pour le second, athlètes noirs ou partenaires sadomasochistes pour le premier. Citons dans ce dernier registre les travaux du Brésilien Alair Gómez et ses « sonatines », montrant des jeunes gens photographiés en séquences et au téléobjectif sur la plage d'Ipanema. Cette démarche, qui se situe au carrefour de la subversion, du militantisme et de la création, contraste avec les recherches personnelles que mènent certains artistes sur leur propre corps manipulé comme objet articulé avec le Finlandais Arno Rafael Minkkinen, comme sculpture par le Britannique John Coplans, comme une figure momifiée dans la minéralité par l'Allemand Dieter Appelt, ou encore comme totem scarifié par le Taïwanais Chih-Chien Wang. Parmi ces auteurs sans école, les artistes inclassables que sont l'Américain Les Krims et l'Espagnol Joan Fontcuberta trouveront leur place par le biais de leurs relations différentes au surréalisme, à la provocation et au blasphème. Ces démarches singulières remarquées, le marché global de l'art contemporain intègre le nu-photographie comme un élément banal de la vie, fragmentée en volumes par l'Américaine Ernestine Ruben, visitée avec douceur par l'Allemande Mona Kuhn, ou encore comme l'irruption appelée par une œuvre globalement suscitée par le corps, l'érotisme ou la mort, et servie par des techniques mixtes à l'exemple d'Yves Trémorin ou de Florence Chevallier. Remarquons enfin les recherches esthétiques de l'Espagnole Isabelle Muñoz sur des modèles d'Afrique et d'Asie et le travail de la Suissesse Léa Crespi sur son propre corps longiligne photographié en décors naturels.

  Le champs esthétique du reportage

Concurrencé depuis cinq décennies par la télévision dans sa dimension événementielle, le reportage investit le marché de l'art depuis le milieu des années 1990 avec des photographes qui s'éloignent du photojournalisme né de la Seconde Guerre mondiale et entravé par la censure américaine lors de ses opérations au Koweït en 1991. Cinéaste autant que photographe, Raymond Depardon est un des premiers à puiser dans l'actualité matière à réflexion, suivi par le Brésilien Sebastião Salgado dont le témoignage en noir et blanc, souvent spectaculaire, fait l'objet d'expositions et de ventes de tirages. Nombre de photographes ont su lier les événements géopolitiques à une vision personnelle qui vaut œuvre. Ainsi l'Américaine Jane Evelyn Atwood, attachée aux souffrances héritées des conflits du Tiers Monde, le travail singulier de l'Israélien Barry Frydlender sur ses manipulations numériques du temps, ou Guillaume Coadou dont l'œuvre autobiographique est construite au sein de la population haïtienne pauvre. Le cas le plus emblématique est celui de Luc Delahaye, photographe de guerre solitaire dont les images tragiques tirées au grand format des tableaux ont d'abord touché le marché des galeries américaines. Le même accueil est fait au regard à la fois impliqué et esthétique de Laurence Leblanc et d'Éric Baudelaire pour leurs travaux sur diverses régions du monde. Citons encore Denis Darzacq, Valérie Jouve et Mathieu Pernot pour leurs recherches distinctes sur leurs contemporains des villes de banlieue.
Ce tournant sera suivi par l'agence Magnum Photos dont les nouveaux membres apportent une vision d'auteur à connotation littéraire. L'Américain Alec Soth et l'Australien Trent Parke rejoignent ainsi le Britannique Martin Parr, dont la vison caustique du tourisme de masse reste le travail le plus remarqué. Le début du XXIe siècle voit émerger plusieurs collectifs de jeunes photographes regroupés autour d'une sensibilité esthétique exprimée à travers leurs styles individuels, à l'image de l'agence Métis montée en 1989 avec d'autres confrères par Xavier Lambours et Luc Choquer, dont les œuvres respectives dessinent, en noir et blanc pour l'un, en couleurs pour l'autre, une passerelle remarquée entre l'art et une forme moderne de la photographie humaniste. Citons Gilles Coulon, Olivier Cullmann, Patrick Tournebœuf ou Flore-Aël Surun pour le collectif Tendance floue, fondé en 1991, et Guillaume Herbaut, Samuel Bollendorf, Johann Rousselot pour l'Œil public créé en 1995.

  Portrait : la tête et la face

De même que la forme tableau s'apparente au paysage sans intention documentaire, le visage n'intéresse plus la photographie contemporaine selon ce qui était la vocation immémoriale du portrait. Les « sans titre » que l'Allemand Thomas Ruff réalise de face, en grand format, avec l'expression neutre de documents d'identité, sont particulièrement représentatifs de la tendance contemporaine de l'utilisation du visage, même si plusieurs auteurs restent attachés à l'expression particulière de leurs modèles. L'Américain Roger Ballen commence son œuvre par une série de portraits pour la plupart tragiques de petits blancs victimes de la misère et de la consanguinité en Afrique du Sud ; la Hollandaise Rineke Dijkstra s'attache aux problèmes existentiels de l'adolescence ; Philippe Bazin associe dans le même cadrage serré les visages grimaçants de nouveau-nés et les faces ravagées des vieillards ; Éric Nehr dénude dans son studio des inconnus, dans un rendu de couleur proche des groupes sociaux inventoriés sur fond neutre par Charles Fréger. Photojournaliste, la Hollandaise Désirée Dolron (née en 1963) introduit dans ses recherches personnelles une facture mystérieuse, évoquant une peinture flamande qu'aurait visitée la palette numérique. Dans leur belle frontalité, les portraits posés deValérie Belin s'apparentent davantage au masque qu'à l'effigie, à la différence des travaux politiquement engagés du Chinois Gao Bo sur les condamnés à mort. La mort elle-même élargit l'exploration de l'échantillonnage humain en laissant ses morgues fournir leurs modèles aux artistes : victimes du sida pour le Sud-Africain Peter Hugo ; « Sans titres » de la série Visages de morts (1986) de l'Allemand Rudolf Schäfer ; Voyageurs que l'Américaine Elizabeth Heyting photographie dans l'apparence élégante et paisible que leur donne un embaumeur du quartier new-yorkais de Harlem. Les allégories baroques et morbides de l'Américain Joel Peter Witkin font également appel à la figuration de cadavres costumés ou mutilés.
L'autoportrait, tel que l'avait initié en son temps Claude Cahun, tient une place importante dans la production contemporaine, parfois jusqu'à constituer l'intégralité de l'œuvre de l'auteur. L'Américaine Cindy Sherman se met en scène depuis 1977, tout au long de plusieurs séries empruntées tant à la vie courante qu'à l'évocation historique ou à la fiction. À la suite des transformations par lesquelles Michel Journiac s'identifiait à ses propres parents, Arnaud Delrue recourt aux manipulations numériques pour se représenter à travers diverses jeunes femmes sans occulter la limite subtile du travestissement. Orlanreste celle qui a poussé à l'extrême le travail sur soi, d'abord par le recours à de réelles interventions chirurgicales, photographiées et filmées, jusqu'à ses manipulations numériques en figures précolombiennes.
Les technologies numériques introduites dès le début des années 1990 ont permis à nombre d'artistes de contourner la réalité du portrait, jusqu'à inventer des visages de modèles virtuels. Dans leur série Dystopia (1994-1995), les Américains Aziz + Cucher donnent une image de l'enfermement absolu en effaçant les organes sensoriels de la communication – yeux, bouche, oreilles ou narines. Le couple allemand formé par Friederike van Lawick et Hans Müller ordonne en ses Métaportraits (depuis 1990) la succession des stades de métamorphoses d'une personne en une autre, quand son compatriote Michael Najjar questionne l'évolution de l'espèce humaine en imaginant le visage de futurs dominants. Les Américains Nancy Burson et Keith Cottingham forcent à leur tour le réel, la première par le métissage des races ou la fusion de visages de dirigeants, le second en créant des êtres par l'assemblage de pièces inventées.
Hervé LE GOFF
 

PHOTOGRAPHIE (art) Un art multiple

الرجوع الى أعلى الصفحة 

صفحة 1 من اصل 1

صلاحيات هذا المنتدى:تستطيع الرد على المواضيع في هذا المنتدى
** متابعات ثقافية متميزة ** Blogs al ssadh :: Pensée-
إرسال موضوع جديد   إرسال مساهمة في موضوعانتقل الى: