JUIGNET Patrick, Psychisme, 2011.
Le rapprochement entre les troubles cognitifs des personnes jeunes survenus suite à un traumatisme ou à une encéphalite, et ceux de personnes d’un certain âge (vers 60-65 ans) présentant une baisse des facultés sans que l’on puisse parler de démence, montre l’existence d’un syndrome commun, le d’affaiblissement intellectuel. La recherche de signes précoces permet une action thérapeutique efficace. Le syndrome d’affaiblissement intellectuel est constitué par un ensemble de troubles intellectuels acquis, d’origine organique partiellement ou totalement réversibles.
PLAN
CLINIQUE DU SYNDROME
Il s’agit d’un syndrome repérable chez l’adulte jeune et au début du vieillissement qui comporte une dimension purement intellectuelle, des modifications du comportement qu’il est important de situer dans leur contexte.
1/ Les capacités intellectuelles
Dans l'affaiblissement, il n'y a pas de difficulté dans l'attention immédiate , mais seulement une baisse due à la fatigabilité. La perte de la capacité à enregistrer plusieurs informations simultanément est très caractéristique. Elle se manifeste par l'impossibilité d'avoir une activité multitâche. Il y a une diminution dans la complexité des tâches que le sujet peut effectuer. Le degré d'abstraction auquel le sujet peut avoir accès diminue. De plus, les travaux intellectuels demandant une inventivité deviennent très difficiles.
Les raisonnements acquis, l'expérience et le niveau culturel sont conservés. La cohérence du raisonnement (enchaînement de causalité et enchaînement temporel) n'est pas touchée, et les capacités de calcul arithmétique sont conservées. La fatigabilité est supérieure à ce qu'elle était précédemment. Le temps pendant lequel les capacités se maintiennent opérationnelles est réduit. Le sujet se rend compte que son efficience est moindre et cela occasionne souvent une plainte. La rapidité de réalisation d'une tâche est diminuée. Le sujet peut exécuter la même tâche, mais cette activité lui demandera plus de temps. En particulier cela se repère dans son activité professionnelle.
Il y a un trouble de la mémoire des événements proches, c'est-à-dire concernant les jours précédents. Le rappel libre (à l’initiative du sujet) est altéré. L’altération du rappel libre des faits récents, est caractéristique d’autant plus qu’il contraste avec la reconnaissance qui est parfaitement préservée. Il y a le plus souvent une plainte directe de ces oublis et de ces confusions. [1] La mémoire de travail est diminuée. Son déclin est ressenti très rapidement en cas d’affaiblissement. La capacité différentielle de calcul (conservée avec support mais déficiente si le calcul est mental) est très caractéristique de l’affaiblissement intellectuel.
2/ Les réactions aux situations
La capacité de jugement dans des situations complexes diminue. C'est un élément dont on peut dire qu'il marque un virage évolutif. Ceci a été repéré depuis longtemps par le savoir commun. La sidération devant la nouveauté, surtout en cas de surprise, est caractéristique. Le sujet a un vécu de perplexité et de désarroi et ses réactions émotionnelles sont trop vives.
Si le sujet s'attaque à des tâches difficiles, il ressent une impression pénible d’incapacité et d’échec anticipé. La personne a l'impression d'une difficulté insurmontable car elle ne sait plus élaborer une stratégie de résolution progressive. L'acquisition et l'invention de nouveaux raisonnements sont grevées par un affaiblissement même léger, si bien que la personne a tendance à vivre sur ses acquis et à éviter de se confronter à de nouveaux problèmes.
Une difficulté à prendre des décisions ou à initier une action peut exister. La personne met longtemps à se décider ou même reste dans l'expectative et n'accomplit plus les actions rendues nécessaires par la situation. Cette aboulie donne un aspect sub-dépressif.
3/ Le contexte psychologique
Le trouble est toujours perçu. L'attitude devant la diminution intellectuelle est variable. Généralement le sujet se plaint, et vient en consultation dans l’espoir d’une guérison. On assiste souvent à la mise en place de stratégies palliatives. La personne note tout, se promène avec des aides mémoire, délègue certaines tâches.
Si le trouble est mal accepté la personne est inquiète et une angoisse peut apparaître. Cette angoisse augmente devant les échecs concernant les nouveaux apprentissages qui, malgré des efforts importants, sont parfois impossibles. Par exemple le recyclage professionnel prévu ne peut pas avoir lieu (surtout s’il s’agit d’un recyclage technique dans un domaine nouveau pour le sujet). Dans ce cas il y a une anxiété d’accompagnement et parfois une note dépressive.
En cas d'acceptation passive la personne s'enferme dans une routine, un conformisme, ce qui constitue un élément diagnostic. Plus évocateur encore est le sentiment désagréable et inquiétant de s'engourdir, de s'encroûter, de devenir indifférent, de ne plus pouvoir s'intéresser à la nouveauté.
La personne chez qui survient ce trouble en est à un certain moment de son histoire et vit dans un contexte social et familial déterminé. Un diagnostic de personnalité ajoute à la cohérence et à la pertinence de la démarche diagnostique en plaçant le trouble dans un contexte plus large.
الجمعة فبراير 19, 2016 10:02 am من طرف سوسية