L’alcool contenu dans les boissons attaque les neurones de trois manières différentes. – Ph. via Pixabay / CC0
C’est la saison des apéritifs… Qui mettent de bonne humeur mais produisent également des réactions néfastes pour les cellules du cerveau. Jusqu’à les tuer ?“Assurément, oui”, répond Mickaël Naassila, directeur du Groupe de recherche sur l’alcool et les pharmacodépendances à l’université de Picardie. Et cela de plusieurs façons.
“L’alcool modifie d’abord l’activité de récepteurs situés à la surface des neurones. Il favorise ou empêche le passage de certains ions, entraînant un déséquilibre des échanges entre le neurone et le milieu extérieur, et ce déséquilibre finit par induire sa mort.” L’alcool a une action à la fois intérieure et extérieure
A cette attaque aux frontières s’ajoute une attaque de l’intérieur.
“L’alcool pénètre dans les cellules et y augmente le stress oxydant, avec pour conséquence la dégradation de différentes protéines essentielles et même de l’ADN. Enfin, il provoque la libération de molécules inflammatoires, qui, là encore, concourent à augmenter la mort neuronale.”Schéma d’un neurone, avec la myéline en jaune et le noyau en vert. – Ph. Pixabay / CC0
Non seulement les neurones sont plus nombreux à mourir mais ils sont aussi… moins nombreux à naître ! Surtout en cas
d’ivresse prononcée et rapide, ou “binge drinking”.
“Nous avons montré que le binge drinking réduit la neurogenèse dans le cerveau adolescent”, indique le chercheur.
L’alcool réduit également le nombre de connexions entre neurones
Outre cet effet sur le nombre de neurones, l’alcool induit également une diminution du nombre de connexions entre neurones et une disparition progressive de la myéline, la gaine qui entoure les fibres nerveuses. Autant d’effets qui sont visibles même sans microscope (le volume du cerveau diminue fortement chez les alcooliques) et qui impactent son fonctionnement.
Alors, bien sûr, tempère le chercheur,
“les effets de l’alcool sont très dépendants de la dose mais aussi de la période à laquelle il est consommé. L’alcool tue ainsi 2 à 3 fois plus de neurones dans le cerveau adolescent que dans le cerveau adulte”.
L’effet le plus grave concerne certainement le fœtus. Mickäel Naassila rappelle ainsi que le syndrome d’alcoolisation fœtale est la première cause de handicap mental non génétique