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 Grèce, l’impasse d’un « mouvement », l’implosion d’une société

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جنون
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Grèce, l’impasse d’un « mouvement », l’implosion d’une société  Empty
18092010
مُساهمةGrèce, l’impasse d’un « mouvement », l’implosion d’une société

Andreas Pantazopoulos est politologue, professeur assistant au Departement de Sciences politiques de l’Université Aristote de Thessalonique Grèce, l’impasse d’un « mouvement », l’implosion d’une société  Andreas_Pantazopoulos– La Grèce a vécu en décembre 2008 des émeutes retentissantes, déclenchées par la mort d’un adolescent tombé sous le coup de feu d’un policier. Quelle fut l’ampleur et la profondeur de ses mobilisations ?Andreas Pantazopoulos – Les manifestations qui ont suivi le meurtre d’un collégien de 15 ans, Alexandros Grigoropoulos (le 6 décembre 2008), atteint d’une balle tirée par un policier à Exarchia (quartier au cœur d’Athènes considéré comme le « centre » des groupes gauchistes et anarchistes) ont été massives, immédiates, souvent violentes : jets de pierres, de cocktails Molotov, incendies volontaires et pillages de magasins, de banques, de bâtiments publics. Les manifestations se sont prolongées par des défilés et des occupations d’écoles dans de nombreux quartiers d’Athènes et dans presque toutes les grandes villes du pays.Au cours de la semaine qui a suivi ce meurtre, de nombreux élèves venus de différents lycées et indépendamment de leurs origines socio-économiques, mais provenant essentiellement de la petite et moyenne bourgeoisie, sans exclure bien entendu les couches les plus modestes, se sont rassemblés non seulement dans les rues centrales de la capitale mais aussi dans divers quartiers pour protester. Le phénomène s’est reproduit dans plusieurs autres villes.La vindicte anti-policière et anti-répression s’est aussi emparée, naturellement, d’une fraction politisée de la jeunesse, d’extrême gauche et surtout anarchiste, en poussant un certain nombre de manifestants, le visage dissimulé par des cagoules, à commettre des actes de violence, à faire le siège de commissariats de police, les bombardant de pierres. Des jeunes de 15 à 18 ans, qui manifestaient dans les rues pour la première fois, se sont adonnés à une protestation violente, sans revendications, ni slogan dominant, hormis, bien sûr, la punition exemplaire du policier responsable.Les heurts violents avec la police ont été quotidiens, notamment à Athènes mais aussi à Thessalonique. Les écoliers se sont « identifiés » à leur camarade assassiné, le facteur « émotion » et la colère ont envahi l’espace public. On trouve l’écho de ces dispositions dans le large consensus, ou du moins, dans l’acceptation passive qu’a suscitée dans un premier temps la mobilisation spontanée des jeunes auprès d’une grande part de l’opinion publique.À la base de cette acceptation, il faudra peut-être chercher un sentiment diffus de « justice » rendue et de « châtiment » du coupable. Cette mobilisation a utilisé pour la première fois à une vaste échelle l’Internet et le téléphone portable comme moyens d’action immédiate, d’échange d’informations, d’expression de sentiments, de dialogue, etc. L’élément spontané, émotionnel, mais aussi la violence sont peut-être les ingrédients les plus significatifs de cette mobilisation sans précédent qui a secoué le pays en décembre 2008, prenant par surprise un pouvoir politique totalement impréparé.La mobilisation des lycéens s’est accompagnée de celle d’un certain nombre d’étudiants. Des facultés ont été occupées, et même le bâtiment de la Confédération générale des travailleurs de Grèce (GSEE), par des travailleurs « autonomes ». On repère aussi dans certains cas la participation de jeunes immigrés, mais aussi de hooligans. La participation de groupes gauchistes et surtout anarchistes a été réelle.Mais ce constat factuel ne change rien au caractère spontané de la mobilisation enragée de la jeunesse. Quelle que soit l’importance du rôle que ces groupes ont joué, on ne saurait considérer qu’ils étaient à l’origine de l’action. La mobilisation juvénile, en adoptant souvent un comportement plus ou moins violent, a dépassé les clivages sociaux et les réflexes partisans avec ses caractéristiques historiquement inédites, sa durée et son intensité, sa portée territoriale et sociale.– Quelles sont les causes politiques, économiques et sociales de cette contestation juvénile ?Andreas Pantazopoulos – Il serait risqué de rattacher cette mobilisation à une quelconque des caractéristiques qui définissent la vie sociale, économique et politique grecque. Certes, la crise économique se fait gravement sentir ; sans être exclusivement due à la crise financière internationale, elle est sérieusement confortée par elle. L’affaiblissement du lien social est un phénomène visible.La scène politique est durablement enfermée dans le cercle vicieux des scandales financiers qui, sur fond de pratiques partisanes clientélistes, frappent aujourd’hui davantage le gouvernement de droite de la Nouvelle Démocratie, aux commandes depuis 2004. Sans toutefois laisser indemnes les socialistes du Pasok, dans l’opposition depuis 2004 mais prêts aujourd’hui, selon les sondages, à assumer à nouveau des responsabilités gouvernementales.Le déficit de confiance à l’égard de ces deux partis et du système politique en général est patent. C’est sur ce point que se focalise un profond malaise social. Néanmoins, ce malaise ne peut pas être investi par les partis de gauche, les communistes orthodoxes du KKE (Parti communiste grec) et le Syriza (Rassemblement de la gauche radicale), même si ce dernier parti est la seule formation qui ait voulu jouer les « compagnons de route » de la mobilisation des jeunes en décembre. Évidemment, tous ces facteurs ont pu jouer leur rôle dans la crise sociale, sans qu’il soit possible, toutefois, d’ériger l’un d’eux en « raison véritable » de la contestation.Tout en les prenant en compte, surtout dans leur interaction combinée, je penche plutôt pour une autre dimension à explorer, mal connue et même méconnue : c’est la « condition jeune » dans la Grèce contemporaine, en dehors de tout cadre de victimisation de la jeunesse lycéenne qui est l’autre face, non moins trompeuse, de sa célébration. Comme c’est aussi le cas en France, ce devenir-jeune obéit à une culture de la réussite à travers l’institution scolaire à laquelle les parents accordent la priorité.– Comment ces dispositions se manifestent-elles dans le cadre particulier des structures familiales en Grèce ?Andreas Pantazopoulos – La famille grecque est capable de faire d’énormes sacrifices matériels, en payant, par exemple, d’innombrables cours privés, quelquefois dès l’école primaire ! Elle se soucie au plus haut point du confort matériel de ses enfants − presque tous les lycéens possèdent un portable. En même temps, elle laisse de côté la surveillance, le sens de l’éducation, le comportement juvénile, etc. La crise d’autorité est donc un élément à retenir. Cette famille ne conçoit l’éducation qu’à travers le prisme utilitariste de promotion sociale.Une fois la famille grecque devenue consumériste, et partant, « démocratisée », les enfants n’ont d’autre idéal que de lui emboîter le pas dans une projection individualiste. Mais cette ambition individualiste hédoniste est aujourd’hui intenable, presque hors-système, compromise par la crise multiple évoquée plus haut. La promesse de réussite est démonétisée ; la génération aux commandes et une école à bien des égards archaïque, mal préparée à suivre les évolutions en cours, ne peuvent guère assurer la promotion sociale.En Grèce, aussi, l’ascenseur social est bloqué. Les rythmes scolaires, et parascolaires, avec les cours privés, sont particulièrement soutenus. La vie juvénile est dans l’impasse et l’avenir des jeunes, en général, plutôt sombre. On vit dans un climat d’espérances perdues.C’est pourquoi cette mobilisation dépourvue de médiations qui sont en faillite, voire contre elle, comporte des caractéristiques générationnelles/interclassistes, du moins en partie, tout en étant violente, vaguement anti-systémique, dévoyée même, fixée sur l’aspect exutoire anti-policier, « anti-répression ».On peut aussi suggérer, comme hypothèse de travail, que l’absence de slogan dominant lors de ces mobilisations, la difficulté propre à envoyer un message clair et structuré à la société, au-delà d’une passion-motrice ancrée sur l’événement (le meurtre du jeune élève qui a provoqué un sentiment d’identification et de colère), se coagulent dans le « chaos » provoqué pendant quelques jours, surtout dans les rues d’Athènes. Est-ce un hasard que ce « chaos » ait été transformé en mot d’ordre préféré par les anarchistes grecs, avec celui de « justice sociale » ?– De quoi ce mouvement est-il finalement le nom, si l’on peut parler de mouvement au sens fort du terme ?Andreas Pantazopoulos – J’hésite à parler de mouvement social, même « défensif », compte tenu du fait qu’un mouvement social présente certaines caractéristiques, disons, reconnues. Le mouvement social est une émanation d’un sujet collectif associé à un projet créatif. Il a une fonction de contestation mais s’accompagne de revendications plutôt précises qui s’inscrivent dans une certaine durée. Il affiche une volonté de faire changer la structure sociale et politique ; il propose une perspective alternative, des valeurs nouvelles, etc. Dans le cas des événements de décembre 2008 en Grèce, il y a vacance de concept.Pour ma part, j’utiliserai le terme descriptif de « mobilisation », dont le contenu reste à définir. Une mobilisation sans doute « authentique », notamment pour ce qui concerne les lycéens. Toutefois, il convient de rester prudent sur l’authenticité événementielle lycéenne. Comme beaucoup d’observateurs l’ont déjà souligné à juste titre, il existe une culture violente dans les milieux anarchistes qui ne cessent de se développer et de s’étoffer ces dernières années, souvent au détriment des groupes traditionnels. On pourrait parler d’une violence politique « tolérée » par le pouvoir politique, de crainte que les manifestations ne « fassent des morts ».Dans le cas d’un gouvernement conservateur en place, cette crainte est amplifiée en raison du précédent historique du début des années 1990, où un professeur de lycée a été abattu à Patras par un membre de l’organisation de jeunesse de la Nouvelle Démocratie (parti gouvernemental).Si l’on tient compte, en outre, de l’identification, dans l’imaginaire progressiste, de la droite avec une certaine violence réactionnaire (produit des périodes obscures de la vie politique grecque, telle la dictature des colonels), on peut aisément comprendre la permissivité atypique accordée à de telles pratiques, devenues banales.Dans ce contexte d’exception grecque en la matière, où l’histoire est placée sous la haute surveillance d’une certaine mémoire anti-autoritariste toujours réactualisée, compte tenu aussi de la faillite de la représentativité partisane de gauche, on peut suggérer l’idée que ces milieux autonomes ont prêté à la mobilisation des lycéens leurs pratiques, et qu’en ce sens, ils « l’ont emporté ». Le phénomène s’est propagé ensuite dans tout le pays, porté par le mimétisme médiatique. En fait, dans la plupart des cas les chaînes de télévision diffusaient en direct les défilés, les incidents, les heurts avec la police. Au point que les lycéens, parallèlement à différents autres groupes (jeunes immigrés, hooligans), ont adopté et reproduit un comportement anarchisant, en jouant parfois la surenchère.Pour conclure provisoirement, je dirais qu’on a assisté à une mobilisation aux contours fluides, à un agrégat chaotique dans lequel on peut trouver ce que l’on veut (certains ont même discerné la « multitude » agissante, d’autres l’« Evénement » presque d’ordre messianique), sous la marque de pratiques nihilistes violentes, voire anti-politiques. Une ambiance de rejet sommaire d’un monde sans repères, articulant des ressentiments profonds : telle est une image vraie de cette crise, même si elle n’est pas la seule à retenir.De ce point de vue, on ne peut pas exclure l’hypothèse d’un « contre-mouvement » au sein d’une mobilisation jeune. La crise du politique est apparue, à mon sens, comme une caractéristique importante de cette mobilisation, accompagnant et renforçant une crise existentielle de la jeunesse grecque.La Grèce est devenue à bien des égards ingouvernable, et les mouvements qui la traversent sont muets et/ou corporatistes, quand ils ne sont pas violents, souvent les deux, avec la complicité active du système politique lui-même. Et je n’y vois pas d’exutoire possible, au moment même où cette crise s’amplifie dans la représentation politique.En tout cas, cette mobilisation n’incarne pas une alternative fiable. Le maximum qu’on puisse lui accorder, me semble-t-il, c’est d’avoir ouvert une brèche pour qu’on y aperçoive le miroir brisé d’une représentation avortée. On y voit que le symbolique est vide de substance. Et que le pays est livré à lui-même. Tel est le sentiment d’impuissance du collectif à incarner une autre voie d’intérêt général, à « s’auto-institutionnaliser ». Il n’y a donc pas eu une explosion sociale, mais plutôt une implosion systémique. On est dans le trauma !– Que reste-t-il de cette mobilisation aujourd’hui ?Andreas Pantazopoulos – À l’heure qu’il est (mai 2009), en dehors d’un mouvement anarchiste fort et de quelques actes de violence au centre d’Athènes et de Thessalonique qui se poursuivent sporadiquement et sont dus à des groupes anarchistes (incendies de banques, dégradations de magasins, pratiques susceptibles d’être reconnues dans un imaginaire plutôt populiste-nihiliste sauvage), rien ne vient rappeler qu’en décembre dernier, le pays a connu une implosion sociale impressionnante.Tout se passe comme si de rien n’était. Militantisme violent de combat, violence destructive, engagement/désengagement momentanés, puis retour mélancolique à la normale. Il s’agit sans doute d’une exception grecque.– Comment le pouvoir politique a-t-il géré cette crise ?Andreas Pantazopoulos – L’impasse apparaît aussi dans les positions prises par les forces politiques. Le rejet incantatoire, quasi unanime, de la violence n’a pas pu dissimuler le fait que ces forces ont été débordées par un événement sans précédent.Le gouvernement de droite a délibérément laissé, les deux ou trois premiers jours qui ont suivi la mort du collégien, la possibilité aux manifestants d’exploser, de « se défouler » ; la présence de la police s’est faite « discrète ». Mais ensuite, quand la situation est devenue incontrôlable, le gouvernement a semblé perdre pied, tout comme la police.La rumeur d’une intervention éventuelle de l’armée pour rétablir l’ordre s’est avérée évidement fausse, mais cela montre l’ampleur de l’inquiétude, voire même de la « peur » qui s’était emparée de certains membres, à tout le moins, du gouvernement. En tout état de cause, la droite est sortie profondément atteinte de cette crise, après avoir montré qu’elle n’était pas capable de gérer la situation, de maintenir l’ordre.– Quel fut le positionnement de l’opposition socialiste ?Andreas Pantazopoulos – L’embarras des socialistes du Pasok a été manifeste. Son action s’est limitée à la condamnation, qui allait de soi, du meurtre du jeune écolier, à la condamnation du fonctionnement antidémocratique et inefficace de la police (et du gouvernement qui l’avait désorganisée en suivant une politique partisane), à des déclarations contre la violence et à un maigre rassemblement pacifique de ses partisans (en présence de son président) avec des bougies allumées en hommage au collégien injustement disparu.L’attitude du Pasok et de son président en personne, Georges Papandréou, adversaire intransigeant de toute forme de violence (car partisan de la « concertation », de la « négociation », de la « démocratie participative »), permet de repérer une autre crainte : vu l’imprévisibilité des événements, l’éventualité d’un bouleversement de la scène politique qui aurait pu hypothéquer la préséance du Pasok dans les sondages (pour la première fois ces derniers mois depuis 2004).De plus, le Pasok actuel n’a aucun rapport avec le mouvement socialiste des décennies passées, quand son organisation partisane avait ses entrées solidement implantées dans le monde de la jeunesse en particulier. Il s’agit d’un « parti d’État » bureaucratisé, qui appartient à l’establishment, pour parler la langue de la critique de gauche (mais aussi de droite).Sa préséance actuelle dans les sondages est due en très forte part à l’échec du gouvernement de droite, et fort peu, voire pas du tout à son propre projet politique de « bonne gouvernance », qui se résume au slogan un peu flou d’une « société juste » et à un « développement vert » non moins flou. Et sa crise interne, ouverte depuis les élections parlementaires de septembre 2007, où il s’est retrouvé dans l’opposition pour la seconde fois depuis les élections de mars 2004, est loin d’être réglée.Aujourd’hui, il est sauvé par le tassement de la droite, dû principalement à la prise de mesures d’austérité économique en septembre 2008, peu avant le déclenchement de la crise financière internationale.– Quelle fut l’attitude des autres partis de gauche à l’égard de la mobilisation ?Andreas Pantazopoulos – De même que le Pasok, mais pour des raisons totalement différentes, le parti communiste traditionnel, le KKE, n’a pas pu encadrer les mobilisations. Dans le cas des communistes, on pourrait aussi y voir une dimension d’« hostilité » à ces mobilisations dans la mesure où elles échappent au schéma traditionnel de la mobilisation ouvrière collective, portée par des slogans « matérialistes » concrets, contrôlée par le parti, et qui ne se laisse pas entraîner à des actes de violence.D’après les sondages, le KKE semble être sorti légèrement renforcé de la crise sociale, parce que sa ligne était nettement critique à l’égard des manifestations « sauvages », en rejoignant ainsi les réflexes « conservateurs » d’une partie de la société. Il est significatif qu’il ait organisé ses propres manifestations et défilés dans les rues d’Athènes et que la critique qu’il a exercée envers son rival électoral et politique, le Syriza, ait été particulièrement sévère, lui reprochant son assentiment « dénué de jugement » aux « porteurs de cagoule » et aux « casseurs ».Le cas du Syriza mérite d’être considéré à part, parce que c’est la seule formation politique à avoir soutenu la mobilisation, au point, selon ses détracteurs, d’avoir été « complice » des violences. Accusation excessive en soi, mais il est vrai que le Syriza a voulu « comprendre » la colère d’une jeunesse « en révolte », en minimisant sa critique à l’égard de pratiques violentes non-démocratiques.Le but était, à travers un choix stratégique qui le positionnait en relais du mouvement social, et surtout du mouvement de la jeunesse (estudiantine au premier chef, mais aussi celle de la génération dite des « 700 euros »), de construire un « espace radical » où le mot d’ordre, « résistance », entendait traduire toutes les colères, tous les mécontentements.Ce pôle de radicalité politique, empreint d’un « tropisme mouvementiste » et d’un parfum altermondialiste (vivement antiraciste et droits-de-l’hommiste), a pu conférer ces dernières années une certaine consistance, voire une « identité » à une gauche d’origine communiste, dite rénovatrice/réformiste, en voie de nivellement, issue, d’un côté, de l’ancien eurocommunisme (version grecque, proche du défunt PCI italien, mais aussi nourrie des apports de Nikos Poulantzas, Pietro Ingrao, etc.), et de l’autre côté, d’une scission du KKE au début des années 1990.Lors de la crise interne qui a secoué les socialistes du Pasok (2007-2008), le Syriza (qui compte aussi en son sein des composantes gauchistes), crédité dans les sondages d’un taux impressionnant de 15 à 18 % (au lieu des 5 à 6 % obtenus aux élections), semblait incarner un espoir pour beaucoup dans la gauche et le centre-gauche.Sa rhétorique anti-establishment était un cri de ralliement pour les socialistes déçus (nourris du populisme pasokiste d’antan), tandis que sa critique des communistes orthodoxes, qui ont refusé avec obstination toute alliance avec lui, lui donnait un élan visible, laissant même entrevoir un risque de renversement des rapports de force.Mais aujourd’hui, comment interpréter son échec relatif (selon les sondages, toujours, sa force électorale se situe autour de 7 à 8 %) ? Certains avancent l’hypothèse que c’est sa position dure pendant la mobilisation de décembre qui lui a valu une nette perte électorale. Hypothèse fondée, à mon avis, compte tenu, en plus, d’un certain « conservatisme » de la culture politique grecque.Cependant, cette hypothèse n’est pas une cause, mais plutôt un symptôme plus général concernant l’intenable stratégie adoptée. Le mouvementisme stratégique, souvent jeuniste et post-matérialiste, comme forme privilégiée de ressourcement dans les « mouvements », en « résistance » perpétuelle contre l’« ordre établi », est confondu avec un gauchisme culturel sans réel contact avec le peuple. En d’autres termes, ce qui a été révélé en décembre, c’est que le Syriza n’était pas « une force sereine et responsable », et qu’il a donc manqué le coche.Cette perception va de pair avec une certaine posture revendiquée par son équipe dirigeante, selon laquelle sa politique, pour rester toujours ancrée à gauche, ne doit pas être diluée dans un « auditoire national », perdant ainsi la radicalité requise. On est plutôt du côté d’un « populisme gauchiste » qui ne peut pas (et ne veut pas) se perdre dans le « national ». L’imaginaire de contestation a donc prévalu sur celui du projet. À suivre…
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